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2.4 Observations

2.4.1 Déchets marins flottants

2.4.1.1 Observations en mer - Distribution au large de la Côte d’Azur 69

Les observations visuelles de déchets marins flottants réalisées par l’association ÉcoO-céan institut31, et gracieusement fournies par François Galgani de l’Ifremer, ont été menées dans le cadre de la définition du bon état écologique des eaux françaises (Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin, voirGerigny et al.[2011]). Elles se présentent sous la forme de 801 mesures de densité (Fig.2.5) conduites entre les mois d’Octobre 2006 et 2008 à par-tir d’un bateau. Chacune d’entre elles a été établie en suivant le même protocole [Buckland et al., 2001], et correspond au nombre d’objets d’origine anthropique compté en surface durant 30 minutes de transect et dans une bande de 50 m de large autour du bateau, puis ramené à un nombre d’objets par km2. Durant toute la période de mesure le navire adopte

31. www.ecoocean-institut.org

Figure 2.5 – Mesures de densités en déchets marins flottants réalisées au large de la Côte d’Azur par l’association ÉcoOcéan institut, entre les mois d’octobre 2006 et 2008, et exprimées en items/km2. L’em-placement de chaque mesure est symbolisé par un cercle dont la taille est proportionnelle à la densité de déchets. La couleur de ces cercles renvoie à la date des observations. Les sites sur lesquels les services municipaux d’Antibes ont conduit une surveillance des échouages durant le mois de juin 2010 sont marqués par une étoile noire (La Salis). Enfin, les principaux fleuves de la région sont mentionnés en bleu.

Figure 2.6 – Répartition par mois des données ÉcoOcéan relatives à la distribution des déchets marins flottants au large de la Côte d’Azur. L’emplacement de chaque mesure est ici symbolisé par un cercle dont la couleur renvoie au jour de son acquisition.

une vitesse constante de 6± 0.5 nœuds. Trois observateurs sont alors chargés de compter les objets et se tiennent sur le pont de manière à couvrir un secteur angulaire de 180 vers l’avant du navire. Les coordonnées GPS au début puis à la fin de chaque transect sont notées. Enfin l’ensemble des observations est mené par mer calme afin d’éviter tout biais

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dû à des conditions climatiques défavorables. Cette série d’observations constitue le seul jeu de données sur la répartition des déchets marins en surface permettant actuellement une étude de leurs mécanismes de transport le long de la Côte d’Azur.

La Fig.2.5montre la présence de quantités significatives de déchets marins flottants au large de la Côte d’Azur, en particulier entre les villes de Toulon, Cannes et Nice. L’entrée du Golfe du Lion apparaît par contre relativement moins touchée. De manière générale, peu de déchets sont présents près des côtes et leur abondance augmente à mesure que l’on s’éloigne du littoral, avant de diminuer à nouveau plus au large. La répartition des déchets en surface est essentiellement conditionnée par les courants marins ainsi que par l’action locale des vents. Le trafic maritime dans la région ne semble pas avoir une influence majeure sur cette répartition. Il existe effectivement dans la région plusieurs voies de navigation importantes (Fig.2.7) qui passent dans des zones où l’on n’observe pas de densité significative de déchets marins.

L’échantillonnage temporel des observations est très hétérogène (Fig. 2.6) et s’étend sur 11 mois différents. Le nombre maximum d’observations réalisées en un mois sur la durée totale de la campagne ÉcoOcéan est de 175 (juin 2007), alors que le nombre minimum est de seulement 6 (décembre 2007). Dans ces conditions, toute analyse temporelle des variations de densités de déchets le long de la Côte d’Azur est extrêmement difficile. Les données sont donc traitées de manière globale dans la partie relative à l’étude du transport de déchets à l’échelle côtière (section 4.2) sans considération particulière sur leur date d’acquisition.

Figure 2.7 – Maillage créé par les principales voies de navigation maritimes en Méditerranée nord-occidentale, d’aprèsDi-Méglio et al. [2010].

2.4.1.2 Observations aériennes en Méditerranée nord-occidentale

Les campagnes d’observation SAMM (Suivi aérien de la mégafaune32 marine) font partie du Programme d’Acquisition de Connaissances sur les Oiseaux et les Mammifères Marins (PACOMM) dont la mise en œuvre revient à l’agence des Aires Marines Protégées. Elles ont pour objectif de produire un état des lieux de la distribution spatiale et de l’abondance relative des oiseaux et des grands animaux visibles en surface dans les eaux métropolitaines françaises. Plusieurs relevés ont été réalisés en Manche ainsi que sur les façades Atlantique et Méditerranéenne. Parallèlement aux observations de la faune marine, les campagnes SAMM répertorient également les activités humaines concernant la pêche et le trafic maritime ainsi que toute présence de déchets marins.

La méthodologie employée pour comptabiliser la faune ainsi que les déchets marins s’inspire des protocoles mis en place dans le cadre de campagnes précédentes33. On peut en trouver une description détaillée dans Certain and Bretagnolle [2008]; SCANS [2006]. Cette méthode s’appuie sur la technique de l’observation aérienne le long de transects préalablement établis décrite dansBuckland et al.[2001]. Le comptage des déchets marins intervient dans un couloir de 200 m de part et d’autre de l’avion, celui-ci étant matérialisé sur le train d’atterrissage. L’avion vole quant à lui à une vitesse fixe de 90 nœuds (167 km/h) et à une altitude de 600 pieds (183 m) au-dessus de la surface de l’eau. La mise en place d’un vol d’observation demande une mer relativement calme (vent inférieur à 15 nœuds, soit 28 km/h) et une houle qui ne déferle pas afin d’éviter tout biais dans les comptages. Lors des différentes sessions d’observations, deux observateurs sont positionnés face aux hublots-bulle de l’appareil, ces derniers offrant un champ de vision parfaitement vertical. Une troisième personne assure la fonction de navigateur et saisit instantanément les informations dictées par les observateurs.

La stratégie générale de l’échantillonnage comprend trois étapes distinctes. Des sec-teurs correspondant à chaque région marine sont d’abord définis. Puis des strates sont déterminées en fonction des caractéristiques bathymétriques telles que la profondeur, le relief et le relief de pente. Au total, quatre strates différentes sont retenues (Fig. 2.8) : une strate côtière restreinte à la limite administrative des 12 milles nautiques, une strate dite néritique34, une strate correspondant plus ou moins au talus continental, et enfin une strate océanique. Le recensement des déchets marins ne concerne que les strates néritique, de pente et océanique. Le secteur Méditerranéen, d’une surface de 181.857 km2, s’étend du Golfe du Lion aux côtes italiennes, et englobe le sanctuaire PELAGOS ainsi que le nord de la mer Tyrrhénienne (Fig.2.8).

32. la mégafaune désigne l’ensemble des espèces animales de grande taille

33. voir les rapports des campagnes sur le site des aires marines protégées http://cartographie. aires-marines.fr/?q=node/45

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Figure 2.8 – Stratification du secteur Méditerranéen durant les campagnes SAMM et design des transects. Figure basée sur le rapport de campagne SAMM de l’hiver 2011/2012.

2.4.2 Suivi des échouages