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épidémiologiques et géologiques

5.1. Objectifs et étapes

5.1. Objectifs et étapes

L’objectif principal de ces travaux était de déterminer la (ou les) source(s) possible(s) d’exposition environnementale à l’amiante en Nouvelle-Calédonie, afin d’évaluer le risque sanitaire d’exposition à l’amiante environnemental et que des actions de prévention puissent être menées, de façon à compléter celles déjà entreprises concernant le Pö. L’enquête épidémiologique devait déterminer les zones de résidence des cas au moment probable de l’exposition à l’amiante et les activités professionnelles ou domestiques qui pouvaient être à l’origine de l’exposition ; l’enquête géologique avait pour but d’identifier les substrats potentiellement amiantifères dans l’habitat et dans l’environnement géologique proche des cas étudiés ; la confrontation des données épidémiologiques et géologiques devait permettre la hiérarchisation de ces substrats.

L’équipe de recherche était constituée de Pierre Maurizot, expert senior en géologie, directeur de l’antenne BRGM de Nouvelle-Calédonie, Bernard Robineau, enseignant-chercheur en géologie de l’environnement détaché à l’Institut de Recherche pour le Développement (UMR 161), Jean-Paul Ambrosi, géochimiste de l’environnement, chargé de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique, détaché à l’Institut de Recherche pour le Développement (UMR 161) et moi-même, épidémiologiste à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et responsable scientifique du registre du Cancer de Nouvelle-Calédonie,

Nos enquêtes se sont déroulées en trois étapes, suivant les trois projets successifs financés par le Ministère de l’Outre-Mer et complétés par le Gouvernement de la

Mésothéliome et amiante environnemental en NC Page 103 Nouvelle-Calédonie. La première série d’enquêtes a été réalisée dans les communes de Houaïlou et Bourail, qui représentaient le secteur à plus haut risque de mésothéliome avec 35% des cas enregistrés (figure 11). La seconde série a été réalisée dans les communes de Koné, Touho et Poindimé, second secteur à haut risque avec environ 20% des cas. Enfin tous les cas restants, enregistrés sur la période 1984-2008 en Nouvelle-Calédonie, ont été investigués dans une troisième étape.

Figure 11 – Cartographie des nombres de cas de mésothéliomes recensés par commune, NC1984-2002

Les deux secteurs à risque identifiés figurent cerclés en rouge: autour de la transversale Houaïlou-Bourail (35% des cas) au centre, et autour de la transversale Koné-Touho-Poindimié, (19% des cas) au Nord.

Les deux centroïdes au sud correspondent aux cas enregistrés à Nouméa et au Mont Dore, les communes les plus importantes de Nouvelle-Calédonie, qui regroupent plus de 50% de la population. En termes d’incidence, ces deux

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communes présentent les chiffres parmi les moins élevés de Nouvelle-Calédonie (cf chapitre précédent).

5.2. Méthodologie

5.2.1. Enquêtes épidémiologiques et géologiques

Les enquêtes sur le terrain avaient lieu après avoir pris contact et informé les mairies des communes concernées. L’enquête épidémiologique consistait à reconstituer les histoires résidentielles, scolaires et professionnelles des cas. Les services de l’état-civil ont été interrogés afin de situer la famille de chacun des cas de mésothéliome enregistrés sur la commune; nous avons obtenu de la sorte des contacts dans les différentes tribus concernées, à partir desquels nos recherches ont été facilitées. Au moins deux membres de la famille étaient rencontrés pour chaque cas étudié : conjoint, frère/sœur, ou enfant.

Un questionnaire a été élaboré, afin de recueillir les données suivantes : - date et lieu de naissance

- date de décès

- lieux successifs d’habitation (coordonnées GPS, années de début et fin) - description des habitations (matériau de construction, Pö)

- écoles fréquentées (coordonnées GPS, internat, années de début et fin) - activités professionnelles (lieux successifs, années début et fin)

- activités professionnelles du conjoint pour les femmes

- activités domestiques: travaux aux champs, préparation du Pö (lieux, années de début et fin)

- autres activités (années de début et fin).

Les lieux de résidence successifs étaient repérés au GPS ; dans le cas où des cases recouvertes de Pö existaient encore sur les sites d’études, des échantillons étaient prélevés sur les murs extérieurs et intérieurs. Si le cas étudié avait vécu dans une case recouverte de Pö maintenant détruite, les anciens de la tribu étaient interrogés afin de situer les lieux de prélèvement du Pö, une observation

Mésothéliome et amiante environnemental en NC Page 105 macroscopique du matériau était réalisée et des échantillons prélevés si le matériau présentait une potentialité de contenir des fibres.

La géologie des environs de la tribu (affleurements, pistes d’accès, talus, carrières) était examinée, repérée au GPS et échantillonnée, en particulier toutes les variétés de roches serpentineuses et/ou métamorphiques potentiellement sources d’amiante (serpentines, amphiboles). Des prélèvements étaient également réalisés sur les secteurs miniers proches des tribus.

La fiabilité des cartes géologiques a été examinée et vérifiée sur le terrain, afin de corriger et éventuellement compléter ces cartes concernant les zones d’affleurement des roches potentiellement amiantifères.

5.2.2. Analyses mineralogiques

Les différents prélèvements réalisés sur les cases recouvertes de Pö, sur les sources de Pö, sur les roches rencontrées autour des lieux d’habitation, sur les routes et carrières, sur les mines, ont été analysés dans un premier temps par microscopie optique en lumière polarisée (MOLP) au service de la DIMENC. Une partie de chaque échantillon est écrasée finement au mortier et la poudre obtenue diluée dans l’eau. La solution est ensuite étalée et séchée sur une lame de verre. Le dépôt est ensuite observé sur un microscope pétrographique, en lumière naturelle, pour constater et quantifier la présence de fibres et leur dimension moyenne grâce au réticule gradué sous plusieurs grossissements, puis sous lumière polarisée pour vérifier la nature minérale de ces fibres. Cette étape permet de décrire le matériau et de sélectionner les éléments fibreux. Le MOLP ne permet cependant pas de détecter les fibres de très faible diamètre.

Une analyse par diffraction des rayons X était ensuite réalisée au CEREGE, Aix-en-Provence, ou au BRGM, Orléans, afin d’identifier les minéraux principaux constituant les matériaux. La poudre d’échantillon est placée dans un portoir qui est soumis au rayonnement. Les pics de diffraction étant spécifiques de la structure de chaque minéral, leur analyse permet une détermination fine de tous les minéraux présents dans la poudre. Cette technique est surtout qualitative et ne peut donner qu’une

Mésothéliome et amiante environnemental en NC Page 106 indication semi-quantitative de la présence des minéraux. Le seuil de détection est de l’ordre de 5%, mais peut largement varier en fonction de la nature des différentes phases.

Les observations au microscope électronique à balayage (MEB) ont été effectuées sur des échantillons choisis au CRMCN de Luminy, Marseille, ou au microscope électronique à transmission (MET) au BRGM.

5.2.3. Présentation des résultats et cartographies

L’ensemble des données (incidences des cas par tribus, divers facteurs de risque étudiés : exposition professionnelle, habitat recouvert de Pö « trémolitique », présence d’affleurements contenant des fibres d’amphiboles ou de serpentines, proximité de sites miniers…) ont été rassemblés dans un Système d’Information Géographique (ArcGis d’ESRI) afin de construire des cartes de la région étudiée, pour une meilleure évaluation du risque amiante environnemental.

Les taux d’incidence par tribu (pour 100 000 personnes années) ont été calculés à partir des données des recensements de 1983, 1989 et 1996.

Les cartes géologiques sur lesquelles sont superposées les différentes informations recueillies (incidences, résultats d’analyses minéralogiques) sont basées sur l’édition de la carte géologique à l’échelle du 1 / 200 000 [Paris 1981]. Cette échelle très synthétique a été utilisée dans un souci de simplification de lecture de l’information. Sur le terrain, nous avons utilisé une couverture plus détaillée à l’échelle du 1 / 50 000. Cette couverture est de qualité très inégale et les cartes n’ont pas été révisées depuis plus de 20 ans. La carte de Houaïlou a été levée dans les années 1971 à 1975 pour être publiée en 1983. La carte de Mé Maoya a été levée dans les années 1972 à 1980 pour être publiée en 1983. La base de données constituée est géoréférencée dans le système Lambert RGNC 1991.

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5.3. Confrontation des données épidémiologiques et des