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L’obésité se caractérise par un excès de tissu adipeux blanc (Figure 17). Ce syndrome accroit fortement le risque de développement de nombreuses pathologies comme le diabète de type II, l’hypertension, l’accident vasculaire cérébral et l’infarctus du myocarde (Figure 17). L’obésité est un syndrome de plus en plus répandu. Dans le monde, un milliard d’adultes sont en surcharge pondérale, dont 300 millions d’obèses. Aux États-Unis, les données collectées entre 1999 et 2002 indiquent qu’environ 1/3 des adultes sont obèses (27,6 % des hommes et 33,2 % des femmes) et qu’un enfant ou adolescent sur six est en surpoids. En France, en 2012 l’étude Obepi montre que 32 % de la population est en surpoids et 15 % est obèse.

Du point de vue clinique, l’obésité se mesure par l’indice de masse corporelle (IMC) correspondant au rapport du poids en kilogramme sur le carré de la taille en mètre. Ce rapport permet pour chaque individu de déterminer s’il est à son poids idéal, s’il est au contraire trop maigre, s’il est en surpoids ou obèse. L’OMS a défini l’obésité de l’adulte pour un IMC ≥ 30 kg/m2 (Tableau 1). Néanmoins, cette mesure manque de précision puisqu’elle se base sur le poids total de l’individu. L’IMC ne s’applique donc pas aux personnes ayant une masse musculaire ou osseuse importante. Il existe donc d’autres indicateurs en complément de l’IMC, tels que la mesure du tour de taille par rapport au tour de hanche, ou encore la mesure du pourcentage de la masse grasse qui reste la méthode la plus précise.

Figure 17 : Schéma représentant les risques

métaboliques associés aux différents dépôts de tissu adipeux dans le cadre de l’obésité. Illustration d’après (Gesta et al, 2006).

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V.1 Apparition de l’obésité

L’obésité est un processus évolutif qui passe par plusieurs phases. Elle débute par une phase où il n’y a pas de surcharge pondérale, et qui correspond à une absence clinique de tous signes pathologiques. Suit une phase initiale de prise de poids constituant un surpoids sans aucune conséquence pathologique. Si la prise de poids se poursuit elle aboutit selon une cinétique variable au stade d’obésité. Durant la phase d’obésité, la prise de poids va laisser la place à une phase dite en plateau qui, généralement s’installe dans la durée en absence d’intervention. Les phases amenant à l’obésité sont longues et sont souvent entrecoupées de tentatives de perte de poids induites médicalement, chirurgicalement ou par diverses méthodes. Ces tentatives, suivant la stratégie employée, n’aboutissent qu’assez rarement et conduisent parfois à une aggravation. On parle alors de phase de récidive. L’obésité suit donc une évolution chronique et aboutit à un dérèglement important des systèmes contrôlant le stockage des réserves énergétiques.

L’augmentation de la masse grasse résulte d’une augmentation du volume des adipocytes (hypertrophie) et d’une augmentation de leur nombre (hyperplasie). L’hypertrophie s’explique de plusieurs manières. Tout d’abord par une prise alimentaire trop riche qui peut amener à une augmentation de taux de captation des acides gras par les adipocytes, mais aussi par une perturbation de la balance entre lipogenèse et lipolyse (Laharrague and Casteilla, 2010; Langin, 2011). L’augmentation du nombre d’adipocytes se fait par le recrutement des progéniteurs adipeux lors de l’adipogenèse (Arner et al., 2011). Il apparait que l’hyperplasie n’est pas un processus réversible. Une fois différenciés en adipocytes les cellules ne peuvent pas retourner au stade de progéniteur. Ces cellules ont une durée de vie particulièrement longue. De ce fait, elles restent disponibles dans le tissu contribuant ainsi au fort potentiel de stockage

Tableau 1 : Les différentes catégories de l’IMC (BMI) et du facteur de risque

relatif au poids normal et à la circonférence de la taille. Tableau d’après (Nia Mitchell et al, 2011).

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de l’énergie. Une fois l’hyperplasie installée, il est difficile de diminuer le volume du tissu adipeux en dessous d’un certain seuil.

Il y a donc deux composantes potentielles dans le développement de l’obésité : - Le comportement alimentaire ;

- Les dépenses énergétiques engendrées par le métabolisme basal, l’exercice physique et la capacité de stockage de l’énergie ;

V.2 Conséquences

Lors de l’obésité, l’augmentation de la masse adipeuse va avoir différentes conséquences pathologiques sur les niveaux plasmatiques de différentes cytokines et hormones.

L’obésité est généralement connue pour être associée à une augmentation du niveau des marqueurs de l’inflammation tels que le TNFα, l’IL6 et le CRP, incitant à la considérer comme étant associée à un état inflammatoire de bas grade chronique (Keophiphath et al., 2009; Lacasa et al., 2007). Le taux élevé de ces molécules est directement impliqué dans l’apparition de la résistance à l’insuline (Tanti et al., 2012). Celle-ci provoque une augmentation de la sécrétion d’insuline par le pancréas. À terme, les concentrations élevées d’acides gras circulants vont affecter le pancréas qui ne pourra plus produire assez d’insuline ce qui provoque un état diabétique. De plus, l’une des principales conséquences du TNFα est d’induire la phosphorylation d’IRS-1 ce qui provoque une perturbation de la signalisation de l’insuline (Alonso-Castro et al., 2012). L’augmentation de la production de ces facteurs pro- inflammatoires peut s’expliquer par une infiltration importante des macrophages (Tang et al., 2014) qui pourraient être responsable de leur sécrétion au niveau du tissu adipeux. On observe également une forte perte de la production d’adiponectine chez les obèses. Or l’adiponectine est notamment connue pour favoriser la sensibilité à l’insuline (Liu et al., 2015), ce qui contribue à la mise en place du diabète. De plus, cette perte d’adiponectine est connue pour être associée à une insuffisance rénale chez l’obèse (Sharma et al., 2008). On retrouve également une forte expression de PAI-1 (plasminogen activator inhibitor-1), généralement connu pour bloquer la

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dissolution des caillots intravasculaires, ce qui favorise la thrombose, et le développement des pathologies cardiovasculaires (Hotamisligil, 2006).

Il existe un grand nombre de déterminants de l’obésité :

- Les déterminants biologiques : génétiques, épigénétiques, métaboliques, hormonaux, pharmacologiques ou autres.

- Les déterminants comportementaux : phycologiques, sociaux, stress, etc

- Les déterminants environnementaux : polluants, nourriture disponible, niveau de vie, etc Bien que les déterminants liés à l’obésité soient extrêmement nombreux, il existe des formes d’obésité purement génétiques engendrées par de rarissimes mutations, comme la mutation du gène de la leptine ou de son récepteur ou bien qui affectent des gènes spécifiques à une organelle cellulaire appelée cil primaire.