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1981-1988 : NUITS MAGNETIQUES SE FOND AU SEIN DE RADIO FRANCE

PREMIERE PARTIE

1981-1988 : NUITS MAGNETIQUES SE FOND AU SEIN DE RADIO FRANCE

En 1981, c’est la libéralisation des ondes. Après des années radiophoniques tumultueuses, les radios pirates sont désormais autorisées. Le paysage radiophonique est chamboulé, Nuits magnétiques aussi. Il n’y a plus ni corsaire ni pirate qui vaillent, tout le monde se vaut dans une grande légalité généralisée. Le monde radiophonique évolue, Nuits magnétiques aussi.

Nuits magnétiques garde-t-elle alors un statut à part au sein de France Culture ou se fond- elle dans une grille en pleine mutation ? S’inspire-elle des évolutions radiophoniques de son temps ou inspire-t-elle ces évolutions ?

3-1 – Une révolution sur les ondes hertziennes : François Mitterrand et les radios libres

 

Après des années de lutte des radios pirates, l’élection de François Mitterrand en mai 1981 et le passage à un gouvernement de gauche soulève les espoirs d’un renouveau du paysage radiophonique français. La lutte contre le monopole porte ses fruits, sous l’initiative notamment du nouveau ministre de la communication Georges Fillioud : c’est la fin de la « bataille des radios libres »156. En effet, le 9 novembre 1981, François Mitterrand fait adopter un texte transitoire qui

autorise les radios locales à émettre, confirmé le 29 juillet 1982. La communication audiovisuelle est libre ! 157 Les radios libres se multiplient dans cette ruée vers l’hertz158. Ce ne sont plus les

radiolibristes des premiers temps, mais une foule de micro-entrepreneurs159 qui mettent en place des radios de plus en plus commerciales et convenues. C’est le début de la fin du bricolage et des expériences radiophoniques.

Un tel bouleversement change alors fondamentalement le rôle de la radio publique qui cesse d’être en position de quasi monopole. Le service public doit s’adapter à ce changement et cherche de plus en plus à attirer cet auditoire jeune qui se disperse. Radio 7, ancêtre du Mouv’ est alors créé pour attirer ce public jeune dans cette radio d’Etat remodelée160. Pour France Culture aussi, c’est la

plus grande mutation historique de son histoire161 d’après Jean-Marie Borzeix, le nouveau directeur

de France Culture qui arrive en 1984, en pleine restructuration de la radiophonie française. Elle se

                                                                                                                         

156 Titre de l’ouvrage de Thierre Lefebvre, La Bataille des radios libres, 1977-1981, Paris, Nouveau Monde, Institut

national de l’audiovisuel, 2008

157 Loi n°81-994.

158 Thierry Lefebvre, Carbone 14, Légende et histoire d’une radio pas comme les autres, Paris, Ina Editions, 2012, P.7 159 Ibid.

160 Marine Beccarelli, Les nuits du bout des ondes, Paris, INA Editions, 2014, p. 34 161 Jean-Marie Borzeix, Le débat, n°95, mai-août 1997

retrouve en situation de concurrence. La radio Festival162 qu’Alain Veinstein avait créée à Avignon pour trouver son espace de liberté sur les ondes de France Culture est alors vouée à disparaître avec la création de Radio Bleue Avignon, symbole même de la multiplication des radios locales du service public.

Finalement, face à cette révolution hertzienne, Nuits magnétiques perd sa spécificité. Son originalité venait du caractère légal de sa diffusion malgré l’avant-gardisme de ce qu’elle proposait. Maintenant, d’autres radios naviguent en toute liberté sur les ondes territoriales : Radio Nova par exemple, issue de la fusion des deux radios pirates Radio Ivre et Radio Verte, émet en toute liberté en 1981. La post-piraterie hertzienne complique finalement la situation et crée des situations de concurrence sur les ondes. Nuits magnétiques perd son originalité et sa singularité au sein des ondes françaises.

3-2 Normalisation de la radio nocturne

 

Une autre conséquence de cette ouverture hertzienne est la normalisation de la radio nocturne163. Alors qu’elle connaissait son heure de gloire dans la clandestinité, la radio nocturne se fond de plus en plus dans un flux continu et perd de plus en plus sa singularité. Peu d’émissions nouvelles se créent au sein du service public, la nuit n’est plus ce champ d’expérimentation qu’elle a été à la fin des années 70164. C’est toujours Allô Macha, Les choses de la nuit et le Pop Club les émissions-stars des nuits. C’est du côté des radios privées et des radios périphériques qu’aurait pu venir un renouveau. Pourtant, elles ne font qu’emprunter les codes et les formats pré existants, avec le développement fulgurant des libres-antennes165. L’espace hertzien étant désormais ouvert à toutes propositions, plus rien ne sort finalement du lot et plus personne n’a rien à dire. L’une des rares évolutions de la radio nocturne est de s’ouvrir de plus en plus à tous ces apprentis radioteurs, qui auraient pu trouver auparavant leur place dans la piraterie. Par exemple, l’émission les Bleus de la

nuit est créé sur France Inter166 : n’importe qui peut arriver avec son propre projet d’émission et il

est pris en charge toute une journée par un réalisateur qui aide à mettre en forme une maquette à diffuser167. L’amateur et le débutant ont de plus en plus leur place sur les ondes nocturnes. Nuits magnétiques perd alors sa spécificité à donner la parole à celui quel qu’il soit qui voudrait s’exprimer.

                                                                                                                         

162 Entretien avec Alain Veinstein, 29 janvier 2016, joint en annexe

163 Marine Beccarelli, Op. Cit, p. 34. Marine Beccarelli identifie les années 1985-1995 comme les années où la radio

nocturne se normalise

164 Ibid, p. 42 165 Ibid, pp. 43-44 166 Ibid, p. 34

La nuit se normalise donc au sein de la radiophonie française sous l’effet de la libéralisation des ondes et elle se normalise aussi au sein de France Culture. La nuit s’étend et se développe sur la radio publique. Nuits magnétiques ne clôt désormais plus la nuit. Alain Veinstein décide de repousser encore un peu les frontières de la nuit, en créant le 17 septembre 1985 une émission littéraire d’après minuit : Du jour au lendemain. Cette émission reste dans la continuité des Nuits

magnétiques et se présente souvent comme une rubrique de cette radio dans la radio168. La direction

lui permet de renouveler le pari et de transformer l’essai Nuits magnétiques encore plus tard dans la nuit. La même année, la direction de France Culture décide en outre d’étendre les nuits à leur maximum. Jean-Marie Borzeix crée alors les Nuits de France Culture169 avec le producteur Jacques

Fayet. Ces nuits proposent des rediffusions de une heure à sept heures de ce qui fait la richesse de la chaîne depuis sa création. Elles se présentent comme la mémoire patrimoniale de la chaîne. Nuits magnétiques perd alors une autre de ses singularités : elle n’accompagne plus les auditeurs jusqu’à l’extinction totale des ondes de France Culture170 et elle se fond alors dans un programme nocturne en flux continu sur France Culture. En outre, les soirées du week-end sont à partir de 1985 également consacrées à la création radiophonique, avec Clair de nuit, par le réalisateur et producteur Jean Couturier avec Irène Omélianenko.

Cependant, Nuits magnétiques continue de revendiquer son rôle précurseur sur les ondes du service public. Alain Veinstein introduit ainsi l’émission « Les années 80 » en 1984171 : C’est avec une semaine d’avance sur les autres programmes que Nuits magnétiques vous propose sa nouvelle grille de rendez-vous – on interprétera comme on voudra …

3-3 Passage de relais magnétique

3-3.1 Alain Veinstein sur d’autres fronts

Ma femme ne m’a jamais rien reproché sinon ce qu’elle appelait mon sens trop aigu de la

précarité des choses172. Les Nuits magnétiques à peine installées, Alain Veinstein cherche déjà à

aller plus loin. Il se réfugie alors non pas dans les Nuits mais cherche au contraire partout son espace de liberté. Sa conception de la culture est vaste, il va alors chercher à l’éclairer en expérimentant de nouvelles formes d’expression et en proposant de nouveaux formats en ce début des années 80. Ainsi, il devient en 1984 conseiller du président de France Culture pour la création

                                                                                                                         

168 Alain Veinstein, Op. Cit, p. 137 : J’ai donc imaginé une nouvelle émission, Du jour au lendemain, comme une sorte de second volet, un peu plus nocturne, de Nuits magnétiques.

169 Cette émission reste encore aujourd’hui un des temps forts de la chaîne. Elle est maintenant produite par Philippe

Garbit.

170 Voir annexe « Chronologie »

171 Monique Veaute, « Les années 80 », 02-04-1984

radiophonique173. La même année, il explore l’extrême inverse de ce qu’il a créé avec les Nuits magnétiques en prenant part aux premières heures de la matinée de France Culture avec le Goût du

jour174. Fini les nuits, c’est désormais aux odeurs du café qu’il est abonné. Il abandonne également

les émissions montées pour une émission de direct. Finalement, en 1985, il revient à la nuit, cette fois, en direct, puis en faux-direct en créant Du jour au lendemain. Il repousse alors encore les frontières de la nuit sur France Culture jusqu’à une heure du matin.

Il y a finalement toujours une certaine hésitation pour lui coller des étiquettes. Ainsi, dans la feuille préparatoire de France Culture175 pour annoncer les jurys du label France Culture en

1980 décerné au festival de Cannes, il est présenté comme associé à France Culture, après de multiples ratures à côté de son nom, notamment sur les Nuits magnétiques. Il est défini sous l’étiquette France Culture et non sous le nom de émission qu’il a crée. Pourtant, Jean-Pierre Ceton, autre nom présent sur cette feuille, est présenté comme « critique, cinéaste et animateur des Nuits magnétiques ». L’étiquette des Nuits magnétiques ne colle finalement jamais à la peau d’Alain Veinstein. Il n’est pas l’homme d’une seule émission mais il devient l’homme d’une chaîne.

A ce propos, il reconnaît avoir des ambitions de plus en plus grandes. Maintenant qu’il a réussi à convaincre avec son programme ambitieux de la nuit, il peut voir plus loin et gagner son indépendance dans un créneau de plus en plus grand. Et pourquoi ne pas agrandir ses ambitions à toute la chaîne ?

J’ai toujours voulu avoir ma radio. Mais je ne l’ai jamais faite, vraiment. A deux reprises, on m’a demandé de me préparer à prendre la direction de

la chaîne et à deux reprises, ça a échoué au dernier moment176.

Finalement, Alain Veinstein prend confiance et voit plus loin que son îlot de liberté que représente Nuits magnétiques. Il pourrait faire de France Culture sa propre radio libre. En voulant gagner son indépendance, il s’inscrit finalement de plus en plus dans les préoccupations de la chaîne. A tel point qu’il se confronte aux limites institutionnelles et il se fatigue dans une chaîne en pleine mutation :

Ca use la radio. Il était temps que je m'en aille. Je finissais par ne plus que gérer les affaires courantes, à ne plus trop y croire car il y avait trop de

pesanteur nouvelle que je n'ai pas connu au début. 177

Finalement, il quitte momentanément la coordination des Nuits magnétiques en 1983.

                                                                                                                         

173 Alain Veinstein, Radio Sauvage, Op. Cit, p. 42 174 Ibid, p.144

175 Documents consultés aux Archives Ecrites de Radio France 176 Entretien avec Alain Veinstein, 29 janvier 2016, joint en annexe 177 Entretien avec Alain Veinstein, 29 janvier 2016, joint en annexe

3-3.2 - 1983 : Arrivée de Laure Adler

 

Alain Veinstein laisse la main à Laure Adler178 en 1983. Laure Adler n’est pas une inconnue aux Nuits magnétiques quand elle prend en charge l’émission. Elle ne fait pas partie de l’équipe initiale qui crée Nuits magnétiques mais elle les rejoint très tôt. Elle a déjà quelques années de carrière radiophonique derrière elle : elle participe à Droit de réponse de Michel Polac à partir de 1974, au Pont des arts de Jacques Duchâteau à partir de 1976 et à Panorama179 de Jacques Duchâteau également. Elle commence par participer de loin comme présentatrice dans une émission en plateau à certaines Nuits magnétiques à partir de la fin de l’année 1978180. Puis, c’est une émission des Nuits magnétiques préparée de manière un peu improvisée qui va lancer Laure Adler dans l’aventure. Alain Veinstein apprécie ses interventions à Panorama, il la contacte au pied levé181 pour assurer la présentation d’une Nuit pour laquelle le producteur, Jean-Marie Geng, n’est

pas venu sans prévenir le 2 avril 1979 (il se serait cassé la jambe182). Ce changement de dernière

minute aurait brouillé Laure Adler avec Jacques Duchâteau183, alors producteur de Panorama, et sa participation aux Nuits magnétiques devient alors régulière dès la rentrée de 1979. Yves Jaigu accepte en effet de lui adjoindre Laure Adler dans son équipe. Elle intervient alors régulièrement en tant que productrice pour l’émission. Elle prend une part décisive dans la conception de nouvelles formules dès son arrivée en 1979, en créant avec Alain Veinstein par exemple Bruits de pages184 et Risques de turbulence. Elle prend également en charge des rubriques culturelles de l’émission, comme par exemple Liaisons dangereuses185 diffusée un jeudi par mois à partir de la rentrée 1982 à 22h30 ou Arrêts fréquents186 à partir de 1983.

Comme Alain Veinstein, la radio a été une présence réconfortante187 dans son enfance, alors qu’elle a grandi en Afrique188. Ils se retrouvent aussi dans leur conception de la culture, jamais enfermée sur elle-même. Je n’aime pas le mot culturel. Une émission réussie n’est pas forcément

                                                                                                                         

178 Voir annexe : « Biographies »

179 Panorama est l’une des émissions cultes de France Culture dans les années 90 et l’une des plus anciennes de la

chaîne : elle a été créee en 1968

180 Sa première participation date du 20 novembre 1978, « La nouvelle grille épistémologique » co-produite avec

Françoise Lévy. Elle se consacre principalement dans ces premières Nuits magnétiques à des entretiens avec des intellectuels : sociologues, historiens … Cette première émission de Laure Adler contredit les propos d’Alain Veinstein dans son autobiographie à la page 82 comme quoi sa première venue aux Nuits magnétiques daterait de 1979

181 Il ne s’agit pas de l’émission sur les boat people comme l’affirme Alain Veinstein dans son autobiographie Radio sauvage mais bien de l’émission du 2 avril 1979, « Enquête sur un écrivain au dessus de tout soupçon : 1ère partie ». 182 « Chapeau » de l’émission « Enquête sur un écrivain au dessus de tout soupçon » P1, 02-04-1979

183 Alain Veinstein, Op. Cit, p. 82

184 Ce magazine est sous-titré « Le magazine des livres qui ne font pas de bruit » : C’est un mensuel diffusé en direct sur

les essais et la littérature.

185 Ce magazine, pris en charge par Laure Adler avec Mehdi el Hadj, rassemble plusieurs ouvrages autour d’un même

thème, « met en relation des auteurs dont les livres connaissent des interférences ».

186 Ce magazine est sous-titré « L’émission qui s’arrête, quand elle peut commencer ». Il est un bi-mensuel diffusé le

vendredi. Elle mélange les genres, au travers de séquences brèves, nombreuses et variées.

187 Propos de Laure Adler dans l’émission d’Alain Veinstein, REA Gorges Haddadène, « La nuit sur un plateau », “Les

10 ans des Nuits magnétiques”, 04-01-1988

culturelle. Il ne s’agit pas d’apprendre des choses mais de les donner à entendre189. Mais finalement, ils ont deux trajectoires différentes au sein de la maison ronde. Alain Veinstein arrive avec cette connaissance de l’antenne, il l’a intégrée et l’exploite pour trouver une brèche. Laure Adler au contraire commence par le terrain pour ensuite vouloir exploiter ce petit chez soit à grande échelle en administrant la radio190. Nuits magnétiques incarne ce moment où ces deux trajectoires se croisent. Nuits magnétiques les réunit191 et ils ne se quitteront plus après. Vivre ensemble ne les

empêche pas de composer avec deux visions très différentes de la radio. Ne pas se quitter, c’est

prendre, s’il le faut, des chemins différents de la ligne de feu que la radio a tracée192.

3-3.3 Un tournant journalistique

 

Alain Veinstein a créé son programme nocturne en 1978 autour de figures d’écrivains. Pourtant, Laure Adler n’incarne pas cet idéal de l’écrivain-homme de radio : en 1983, quand elle reprend l’émission, elle n’a pas encore écrit de romans193, même si elle publie régulièrement des

essais194 ou des biographies depuis 1979. En outre, son profil s’apparente finalement plus à celui

d’une journaliste. Elle commence sa carrière radiophonique au Panorama de Jacques Duchâteau, émission de parole et d’information. L’arrivée de Laure Adler aux Nuits magnétiques signe un tournant dans la conception-même de l’émission. Alain Veinstein l’affirme lui-même, le sort de

Nuits magnétiques en fut changé195. Sa forme évolue beaucoup vers un format de type magazine.

Par exemple, le lundi laisse désormais place systématiquement à une rubrique des Nuits magnétiques : La nuit et le moment, pris en charge par Laure Adler elle-même. Elle y présente l’actualité culturelle en plateau. Cette rubrique a même son propre générique, beaucoup plus rapide et pragmatique qui rappelle plus un flash info qu’un générique nocturne. Les émissions en studio sont de plus en plus nombreuses. Pour preuve, un véritable calendrier est mis en place pour la saison 1984 pour organiser ces semaines, qui laissent de moins en moins de place au format documentaire. Alain Veinstein décrit la nouvelle grille des Nuits magnétiques en ces mots :

On va changer très légèrement l’architecture et l’économie de votre programme. D’abord, chaque lundi, place à l’actualité et à l’imprévu dans tous les domaines où il y a du mouvement. Il faut en effet déverrouiller la                                                                                                                          

189 Bénédicte Grison, Analyse d’une émission radiophonique : Les Nuits magnétiques sur France Culture, mémoire

sous la direction de Maurice Mouillaud, Université Paris II en information et communication de l’IFP, 1988, annexe 3 « Questions pour Laure Adler »

190 Elle devient directrice de France Culture en 1999.

191 Alain Veinstein, Op. Cit, p. 83 : Alain Veinstein y raconte leur premier baiser dans le bureau des Nuits magnétiques 192 Ibid, p. 84

193 Elle publiera ses premiers récits en 1995 avec L’année des adieux (Flammarion) et son premier roman Immortelles

(Grasset) en 2013

194 La plupart de ses publications concernent des recherches sur le féminisme ou des biographies de femmes célèbres. 195 Op. Cit, p. 82

grille pour ouvrir des espaces de liberté, des zones franches à l’intérieur de notre programmation, qui puissent échapper à une gestion trop technocratique du programme […] Le reste du temps, c’est-à-dire, les quatre jours de la semaine, séries et magazines alterneront une semaine sur deux. Mais les magazines seront tous entièrement nouveaux. Ainsi, la première semaine du mois : le mardi, il sera question de la politique, à travers une approche culturelle et radiophonique des événements ; le mercredi, du sport : le jeudi, du cinéma ; et le vendredi, une tentative de fanzine radiophonique, une autre manière de parler des autres cultures. Les autres magazines seront proposés chaque troisième semaine du mois. Ils traiteront de la ville le mardi ; de redécouverte le mercredi : de nouvelles technologies le jeudi ; et le vendredi des radios locales. […] La quatrième semaine du mois devenant notre semaine « haut de gamme » où on prendra le risque de la création

radiophonique196.

Même les thèmes laissent de plus en plus de place à des problèmes de société. Laure Adler reconnaît que les thèmes des émissions sont de moins en moins littéraires. Les temps changeaient,

la sensibilité aussi, j’étais plus portée aux problèmes de la vie réelle197, confiait-elle en 1988. De

moins en moins de jeunes écrivains s’emparent de l’outil radiophonique pendant ces années, ce sont finalement la première génération de nuits magnétiseurs qui continue à porter le flambeau d’une radio d’écrivain et qui prolongent leurs expérimentations. Laure Adler privilégie plutôt la venue de journalistes et de chroniqueurs, notamment issus de la revue Autrement. Cependant, quand bien même le ton est de plus en plus journalistique, Laure Adler maintient également que, si les thèmes peuvent venir de l’actualité ou d’une réflexion sur l’actualité, ils n’y sont pas directement liés198.