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NOUVELLES UTILISATIONS DE LA TECHNOLOGIE EN RDC

SECTORIELLES (ET SOLUTIONS

ENCADRÉ 4.1 NOUVELLES UTILISATIONS DE LA TECHNOLOGIE EN RDC

Réponse à Ebola : Reconnaissant le rôle que la technologie peut jouer dans la lutte contre l’épidémie d'Ebola, le Ministère de la Santé, en collaboration avec Kinshasa Digital, a organisé le premier Hackathon à Kinshasa, centré sur Ebola. Une application développée par des étudiants congolais, appelée « Lokele », a remporté le premier prix. Lokele est un prototype d’application développé par de jeunes congolais pour faciliter la transmission en temps réel des données et des informations entre les communautés et les équipes de lutte contre le virus Ebola. L’application permet aux travailleurs communautaires de reconnaître les symptômes d’Ebola en remplissant un questionnaire et en alertant ensuite l’équipe d’intervention. L’application permet la communication entre les travailleurs communautaires et les équipes d’intervention Ebola, et envoie également un rapport final sur les cas d’Ebola au Ministre de la Santé. Les fondateurs participent actuellement à un programme d’incubation de trois mois, afin de développer une version de l’application à l’échelle nationale.

Sécurité alimentaire : S’appuyant sur la pénétration croissante des téléphones mobiles dans l’Est de la RDC, le Programme alimentaire mondial a piloté puis développé une application appelée « système d’analyse et cartographie de la vulnérabilité fondé sur la téléphonie mobile (mVAM) » en RDC pour recueillir des données en temps réel sur la sécurité alimentaire. Le projet mVAM collecte des données par SMS, appels téléphoniques et systèmes de réponse vocale interactive (RVI), et plus récemment par le biais de Messenger sur Facebook et autres applications de messagerie, pour fournir des informations en temps réel sur le fonctionnement des marchés alimentaires, la sécurité alimentaire et, plus récemment, le virus Ebola. Les informations sont ensuite utilisées pour une réponse ciblée en termes d’accès aux ressources et aux actions nécessaires, et également pour suivre l’efficacité et l’adéquation du soutien fourni.

En RDC, le mVAM s’est également développer pour suivre les personnes déplacées internes (IDP dans

son acronyme anglais) et leur accès à la nourriture.

Plus récemment, la province de l’Équateur, qui a été touchée par l’épidémie d’Ebola, a conclu un partenariat avec le mVAM pour suivre les besoins nutritionnels et alimentaires des communautés touchées.

Énergie : L’adoption croissante de la technologie a également permis d'améliorer l’accès aux services de base comme l’énergie. L’offre de produits a commencé avec de petits systèmes solaires domestiques (SHS) pour accroître l’accès à l’électricité (de nombreux ménages en étaient à leur première utilisation) et s’est développée pour fournir de systèmes de mini-réseau plus vastes afin de permettre l’accès à l’énergie aux petites entreprises et aux écoles, entre autres.

Éducation : L’accès au matériel pédagogique et aux livres est un énorme défi en RDC, et les bibliothèques sont rares. Compte tenu de la

pénétration croissante de l’Internet, Schoolap relève ce défi en offrant aux enseignants et aux étudiants un accès numérique à du matériel pédagogique de qualité. Il fournit également une plateforme SIG pour la gestion et le suivi des performances des élèves et permet un plus grand engagement entre les parents et les autorités scolaires. Schoolap travaille avec le Ministère de l’ESPT (Enseignement Primaire, secondaire et Technique) pour créer un contenu de qualité et s’aligner sur les programmes d’études du Gouvernement. La startup travaille avec les gouvernements et les institutions plutôt qu’avec les écoles individuelles, ce qui lui a permis de se développer rapidement. Début 2019, Schoolap couvrait 8000 écoles dans le pays. Elle a été reconnue comme la meilleure start-up de la RDC — en étape d’un concours mondial qu’elle a remporté—

et cherche désormais à étendre ses solutions à tout le pays. Compte tenu de la forte utilisation de la plateforme, elle vise à atteindre 2 % des écoles du pays d’ici 2020.

Source : auteurs

Des améliorations ont été apportées à l’infrastructure des télécommunications et devraient fournir un socle à de nouvelles opportunités :

Le pays a été connecté à la bande passante internationale par le câble sous-marin à fibre optique de WACS en 2013. Le Gouvernement a déployé un réseau dorsal national en fibre optique avec le soutien de la Chine. Toutefois, la bande passante internationale est encore limitée, ce qui explique que les prix de l’Internet restent élevés et que la capacité de backhaul (pour les services Internet fixes et mobiles) soit faible.

Les premiers réseaux mobiles Long-Term Evolution (LTE) commerciaux du pays ont été lancés, bien que géographiquement limités, peu après l’octroi des licences LTE en mai 2018. Les opérateurs de téléphonie mobile sont désireux de développer des services de données mobiles, en capitalisant sur la croissance de l’utilisation des smartphones, mais à la mi-2016, leurs tentatives d’augmenter considérablement la tarification de l’Internet mobile ont été critiquées par le régulateur.

Il est possible d’étendre la couverture des antennes-relais de téléphonie mobile pour répondre à une demande inexploitée. Helios Towers a acheté des antennes-relais mobiles à Bharti Airtel et travaille à la modernisation de l’infrastructure, notamment en intégrant des panneaux solaires pour les alimenter. Comme mentionné précédemment, la BEI soutient également le financement de la construction de antennes-relais mobiles à énergie solaire.

Le projet Central Africa Backbone (CAB-5) d’un montant de 92 millions de dollars É.-U soutient le déploiement de 3000 km de réseau national de fibre optique pour connecter les pôles économiques disparates les plus peuplés du pays, à savoir Kinshasa (Ouest), Goma (Est) et Lubumbashi (Sud). Le projet soutient également la commercialisation de la capacité de la nouvelle infrastructure dorsale grâce à une structure de partenariat public-privé (PPP) et fournit une assistance technique pour renforcer le ministère de tutelle, le Ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’information et de la Communication (MPTNTIC) et l’autorité de régulation des télécommunications, l’Autorité de régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC, créée en 2002) pour améliorer la gouvernance du secteur.

Compte tenu de la croissance de la population jeune en RDC, il y a une opportunité et un besoin de développer l’écosystème de l’entrepreneuriat. Les secteurs agricole et extractif ont un potentiel d’emplois limités, et étant donné le taux élevé de sous-emploi, il est nécessaire de développer l’écosystème de l’entreprenariat pour offrir des opportunités productives aux jeunes. Compte tenu de l’importance de la population nationale, du plus grand marché francophone en termes de nombre de consommateurs, et du manque de systèmes et de prestataires de services traditionnels, il y a un marché captif pour les solutions numériques transversales. En outre, les centres urbains en pleine croissance abritent une population de plus en plus avisée en matière de technologie.

Comme discute dans l’encadré 4.1 ci-dessus, les nouvelles technologies de l’information offrent de nombreuses opportunités d’améliorer la performance de secteurs clés en RDC.

Contraintes et solutions possibles

Même si la nouvelle loi sur les télécommunications abolira le monopole de l’opérateur historique la SCPT, restructurer l’opérateur sera crucial pour soutenir le développement de l’infrastructure des télécommunications. C’est l’une des plus grandes contraintes au développement du secteur. Actuellement, la SCPT a le monopole sur la station d’atterrissement de Muanda et facture une redevance pour la connexion au réseau.

Conjugués à la mauvaise qualité des infrastructures, les coûts de connexion au réseau sous-marin de fibre optique restent élevés, et la qualité des connexions reste faible.

La faiblesse du cadre juridique et réglementaire constitue une autre préoccupation.

Les opérateurs privés rencontrés lors des consultations sur le terrain se sont plaints des décrets arbitraires publiés par les autorités les obligeant à divulguer des données et des informations sur les consommateurs. Le nouveau cadre juridique des TIC est conçu pour combler les principales lacunes et faiblesses de la loi de 200259 en proposant des améliorations à la loi sur les technologies, aux cadres juridiques et institutionnels, au « cyber », et traite de sujets tels que la cybersécurité, la cybercriminalité, la protection de la vie privée, la promotion de l’innovation dans le secteur des TIC, et le soutien aux entités nationales chargées des TIC.

La faible qualité de l’électricité et des infrastructures routières a limité le développement du secteur. Des études de faisabilité menées en 2007 ont souligné que le développement d’un réseau national de fibres optiques pour la RDC nécessiterait un investissement énorme et ont suggéré de combiner le développement du réseau de fibres optiques avec les services publics d’énergie et de chemin de fer pour bénéficier des avantages en termes de rentabilité. Toutefois, peu de progrès ont été réalisés concernant un plan de développement des infrastructures cohérent. Compte tenu de la faiblesse et du manque de fiabilité de l’alimentation électrique, les antennes-relais mobiles sont alimentées par des générateurs augmentant le coût d’exploitation. En outre, compte tenu de la mauvaise qualité des infrastructures routières, le coût du transport du combustible pour alimenter les générateurs augmente également, ce qui accroît encore les coûts d’exploitation globaux. Les tentatives d’utilisation de l’énergie solaire pour les antennes-relais mobiles ont également échoué, des incidents ayant été signalés concernant les vols des panneaux solaires.

59 En vertu de la loi de 2002, l’opérateur public de télécommunications SCPT détenait des droits exclusifs temporaires sur le « réseau fédérateur national », ce qui laisse entrevoir la possibilité que tout « réseau fédérateur national » soit exploité commercialement par la SCPT. Toutefois, la loi sur les télécommunications (n° 013 de 2002), à l’article 12, permet à l’État, par l’intermédiaire de l’autorité de régulation des télécommunications, d’autoriser (exceptionnellement) un autre opérateur (autre que la SCPT) à installer et à exploiter une partie du « réseau dorsal national ».

La tarification des services de télécommunications, l’application de la réglementation et le recouvrement des coûts sont des questions essentielles. L’Autorité de régulation des télécommunications fixe le prix des appels et des messages vocaux. Par exemple, en 2013 et 2014, un appel entre deux réseaux a été fixé à 0,037 dollar É.-U, puis réduit à 0,031 dollar É.-U les années suivantes. En dépit d’une ordonnance de la Haute-Cour qui stipule que l’Autorité de régulation des télécommunications doit fixer le prix de base et non contrôler la tarification, l’Autorité de régulation reste sensible au contrôle des prix. Par exemple, en 2016, le régulateur a ordonné aux ORM d’annuler les nouvelles offres Internet en raison d’une augmentation des prix (de 35 % à 500 %) imposée sans consultation avec le régulateur. Malgré ces contrôles des prix, l’application reste limitée compte tenu de la faible aptitude du Gouvernement. La qualité des services fournis par les ORM reste médiocre en raison de l’application et du contrôle insuffisants de la part du Gouvernement. Un problème connexe est le recouvrement des coûts par les ORM

—compte tenu des coûts d’exploitation élevés et des taxes non coordonnées, les coûts élevés des ORM sont répercutés sur les consommateurs, ce qui se traduit par le prix élevé des services mobiles.

Une fiscalité et des réglementations complexes et non coordonnées augmentent le coût de la fourniture des services mobiles, et par conséquent du prix final payé par les consommateurs (Figure 4.7). Les opérateurs de téléphonie mobile en RDC sont soumis à la réglementation de nombreux ministères dont les intérêts se chevauchent malgré la création de l’ARPTC. Il existe plusieurs autres institutions comme le ministère de tutelle MPTNTIC, le ministère de la presse et de l'information et la Haute autorité des médias qui ont des responsabilités dans le secteur, avec des mandats qui se chevauchent. De ce fait, les opérateurs sont soumis à plusieurs redevances réglementaires. En outre, les opérateurs de téléphonie mobile sont également soumis à des taxes non coordonnées, comme les droits d’accises sur les services de télécommunications et la TVA sur les données et les appels vocaux, qui est répercutée sur les clients sous forme de coûts plus élevés. Selon les estimations, un tiers du montant payé pour les services mobiles est

FIGURE 4.7 TAXES À LA CONSOMMATION EN POURCENTAGE DU COÛT