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Chapitre 4. Étude N°2 : comment ça marche un écran tactile ? Lexique, représentations et

4.3. Échantillon de collégiens : résultats

4.3.3. Entretiens de groupe : réponses de collégiens

4.3.3.5. Des nouvelles idées

Soulignons enfin que l’aspect le plus marquant des entretiens tient au débat qui a eu lieu entre les élèves, notamment aux arguments et contre-arguments qu’ils avancent pour défendre et/ou écarter leurs « hypothèses ». La confrontation des positions défendues par les élèves lors des entretiens a ainsi permis l’émergence de nouvelles idées et hypothèses qui n’avaient pas été mentionnées dans leurs textes (cf. Annexe).

En effet, de manière générale, l’ensemble des interviewés (toutes classes confondues) défendent des hypothèses diverses : les écrans tactiles réagissent à la force qu’on exerce sur lui ; ils détectent la pression sur l’écran, la chaleur des doigts ; ils sont sensibles au frottement des doigts, à la lecture des empreintes digitales, ou encore aux mouvements des doigts sur

l’écran. Cependant, la discussion dans les groupes d’interviewés, la défense et le rejet des hypothèses, ainsi que la manipulation des différents objets et artefacts dont les élèves disposaient, rendent leurs explications initiales et spontanées instables et contradictoires. Ainsi, au fur et à mesure que le débat avance et que leurs contradictions s’imposaient, les élèves rejetaient les hypothèses inopérantes et ciblaient de plus en plus la situation.

À l’intérieur de ce « jeu », les élèves aboutissent effectivement à l’exposition des nouvelles hypothèses non repérées dans le corpus des questionnaires, comme par exemples : « ah non, c’est à cause de l’humidité de la peau » ; « c’est le sang, oui parce qu’on est vivant » ; ou bien ça marche avec les doigts parce que « les doigts ne glissent pas, ils tirent » sur l’écran. Cette dernière idée est une idée trouvée dans quatre groupes des classes de 6e mais elle n’apparaît pas dans les classes de 3e. Finalement, tant les classes de 3e que celles de 6e concluent que parce que ça ne marche qu'avec la peau, le lien entre l'action et la détection sur l’écran doit avoir « forcément » un lien avec la peau.

Voyons en quelques extraits illustrant certains des résultats précédents :

Élèves de 6e :

(Extrait d’entretien n° 1 : élèves de 6e : ça ne glisse pas)

Élève 3 : Alors, ça doit être l’empreinte des doigts.

Élève 2 : mais non, parce que tout le monde a une empreinte [différente] et on peut utiliser n’importe quel portable.

Élève 4 : C’est parce que « ça tire ». Oui, regarde, faites comme ça sur la table et tu verras que « ça tire » [l’élève posse son doigt sur la table et « tire » vers lui. Il veut montrer que son doigt a du mal à glisser]. Avec l’ongle, regarde [il touche l’écran], ça ne fonctionne pas parce que ça ne tire pas. Alors, c’est parce que les doigts de l’homme ils tirent sur l’écran. C’est ça non ?

(Extrait d’entretien n°2 : élèves de 6e : ça vient du corps)

Élève 1 : dans le stylet, au bout, il y a quelque chose de blanc, comme de la cire : ça doit marcher pour ça. Élève 2 : oui mais avec le doigt comment on fait ?

Élève 1 : avec les doigts ? Bah ça vient du corps, donc ça veut dire que le stylet a quelque chose qui vient du corps...

(Extrait d’entretien n° 4 : élèves de 6e : l’empreinte)

Élève 2 : c’est le truc qu’ont les policiers, comment ça s’appelle ? Élèves 3 : les empreintes ?

Élèves 3 et 1 : bah non, parce que ça veut dire qu’il faut d’abord prélever ton empreinte, et en plus ça marche avec n’importe quelle empreinte.

Élève 3 : peut-être c’est le mouvement, le frottement c’est ça.

Élève 1 : bah non, regarde (il touche sans faire bouger son doigt) ça marche même si l’on ne déplace pas le doigt...

Élève 2 : c’est la bioénergie alors ; c’est parce qu’on est vivant.

(Extrait d’entretien n° 3 : élèves de 6e : les vibrations)

Élève 2 : ah oui, c’est le son !

Élève 4 : Mais non, ces appareils (ceux qui sont sur table) ne réagissent pas au son !

Élève 2 : non, c’est que quand on touche on fait obligatoirement du bruit. Comme les scorpions : ils entendent le bruit des insectes avec des poils spéciaux qu’ils ont dans les pattes...

Élève 3 : mais si tu touches avec ça [l’élève prend un stylo], ça fait du bruit aussi mais ça ne marche pas ; ce n’est pas le bruit ; je crois.

Élèves 1 : c’est quelque chose qui est dans la peau... Élève 4 : c’est l’ADN ?

Élève 2 : non. C’est parce que nos doigts ils accrochent ; la peau elle a des imperfections ; c’est le relief de la peau qu’est spécial...

(Extrait d’entretien n°5 : élèves de 6e : le sang)

Élève 1 : c’est uniquement avec le corps que ça marche. Élève 2 : oui voilà, ce qu’avec la main.

Moi : Ok, avec le corps, mais comment ?

Élève 3 : c’est parce que nous avons quelque chose dans les veines. Élève 2 : Dans les veines ? Mais qu’est-ce qu’il y a dans les veines ? Élève 1 : il y a du sang...

Élève 3 : voilà ! C’est ça : c’est le sang !

(Extrait d’entretien n°6 : élèves de 6e : quelque chose passe au travers de la feuille)

MOI : mais rappelez-vous de l’expérience avec le papier : on a vu que pour que l’écran réagisse, la peau ne doit pas être forcément en contact avec l’écran.

Élève 2 : oui mais avec le papier tout seul ça ne marche pas, il faut mettre le doigt dessus pour que ça marche. MOI : c’est vrai, et qu’est-ce que cela veut dire ?

Élève 1 : que le toucher de la main avec quelque chose ça peut marcher.

Élève 2 : parce ce que c’est tellement fin que ça passe [il fait référence à l’épaisseur de la feuille interposée entre le doigt et l’écran tactile].

MOI : « ça passe » ? qu’est-ce qu’il laisse passer le papier ? Élève 2 : les fibres… la matière du papier.

Élève 1 : les microparticules électriques qu’on a dans notre corps !

MOI : voilà une très bonne idée ! Qu’est-ce que c’est ces « microparticules » ?

Élève 1 : On a appris ça en sciences : on a des mini-particules électriques c’est pour ça que dès fois quand on touche le gens on passe de l’électricité.

Élève 2 : Oui ! Et ça active de milliers de puces … enfin pas de puces : quelque chose qui est dedans et qui reconnaît la partie électrique [les puces auxquelles l’élève 2 fait référence ce sont des « capteurs »].

Élèves de 3e :

(Extrait d’entretien n°11 : élèves de 3e : c’est la chaleur)

Élève 2 : il y a un capteur de chaleur.

Élève 3 : mais on n’a pas tous la même chaleur corporelle et on peut tous allumer un portable... Élève 2 : si, justement, on a tous entre 37°C et 38°C de chaleur corporelle ...

Élève 3 : d’accord, mais si quelqu’un a de la fièvre il n’aura pas de mal à allumer un portable qu’un autre qui n’est pas malade.

(Extrait d’entretien n°12 : élèves de 3e : c’est la force et la matière)

Élève 4 : bah non, il n’y a pas que la chaleur parce que si l’on chauffe une casserole et puis on appuie ça ne va pas réagir.

Élève 2 : non... c’est parce que c’est la circulation sanguine... Élève 3 : à mon avis c’est la force qu’on fait.

Élève 1 : non, ce n’est pas la force parce si l’on appuie très doucement, comme ça (elle le fait), ça marche également.

Élève 2 : Donc ça veut dire qu’il y a quelque chose en plus de la chaleur, quelque chose avec la matière.

(Extrait d’entretien n°15 : élèves de 3e : c’est l’énergie)

Élève 2 : ça détecte le mouvement des doigts Élève 3 : non, c’est parce qu’on émet de l’énergie Élève 1 : dans le mouvement il y a de l’énergie

Élève 2 : dans les empreintes il y a aussi de l’énergie thermique

Élève 1 : c’est l’énergie thermique qui est dans notre corps parce qu’on est à 37°C

(Extrait d’entretien n°14 : élèves de 3e : c’est l’humidité)

Élève 2 : c’est l’empreinte des doigts alors.

Élève 3 : ça doit être ça parce que si l’on touche avec des gants ou avec un tissu ça ne répond pas... Élève 1 : ça veut dire qu’il faut que le doigt soit en contact avec le téléphone.

Élève 2 : non, pas forcément le doigt. Ça peut être avec une autre partie du corps. Regardez ça marche avec le coude aussi.

Élève 3 : c’est la peau alors.

Élève 1 : non, c’est parce que la peau est humide, c’est l’humidité !

Nous constatons dans ces extraits la manière dont les représentations des élèves évoluent en fonction des échanges verbaux et des manipulations sur les écrans tactiles à leur disposition. Ces extraits mettent aussi en évidence la similitude entre les propositions des élèves de 6e et les propositions des élèves de 3e.

Ces extraits clôturent la partie relative à l’exposé des réponses fournies par notre échantillon de collégiens pour satisfaire la consigne du questionnaire et des entretiens, à savoir : comment ça marche un écran tactile ? Nous y avons présenté, d’une part, les réponses de l’ensemble de l’échantillon de collégiens (tous niveaux confondus) et, d’autre part, nous avons mis en parallèle les réponses recueillies dans les classes de 6e avec celles recueillies dans les classes de 3e. La section suivante présente la discussion de l’ensemble de ces résultats.