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PARTIE II : LES FACTEURS D’INFLUENCE DU VIEILLISSEMENT COGNITIF

II. Méthode

3.3. Niveau Socio-Culturel

Comme nous l’avons vu en cadre théorique, certains travaux montrent que le niveau de scolarité (ou d'éducation) serait un important facteur agissant sur la cognition (e.g., Rouillard et al., 2016), tandis que d'autres résultats suggèrent que la profession (sollicitation intellectuelle liée à l'emploi) pourrait être un meilleur prédicteur à long terme du déclin cognitif que l'éducation (e.g., Chung-Yi & Wu, 2002). Par ailleurs, les années de scolarité actuelles sont généralement plus nombreuses que celles des générations antérieures (parfois pour le même métier). Par exemple, sur les 45 participants âgés de 25 à 45 ans, 27 personnes (soit 60%) ont obtenu un diplôme de bac + 5 ans ou plus. Ce nombre chute à 8 personnes chez les 45 participants âgés de 60 à 80 ans (soit moins de 17%). Un bas niveau d’étude n’empêchait cependant pas les membres des anciennes générations d’obtenir des postes à responsabilités et enrichissants sur le plan cognitif. Ainsi, se baser uniquement sur les années d’études pourrait constituer un biais dans cette étude. Aux vues des caractéristiques de notre échantillon (i.e., participants âgés de 18 à 80 ans), il semble d’autant

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plus pertinent de s’intéresser au « niveau socio-culturel » (NSC), variable qui prend en compte la profession ainsi que le « niveau de scolarité » (NS) ou « niveau d’éducation » (NE) comme cela figure souvent dans la littérature scientifique (Poitrenaud & Moreaux, 1976). Le niveau socio-culturel (NSC) a donc été calculé afin de considérer la stimulation cognitive professionnelle, en plus des années d'études (Kalafat, Hugonot-Diener, & Poitrenaud, 2003 ; Poitrenaud & Moreaux, 1976)). Le calcul du niveau socio-culturel s’appuie sur le niveau du dernier diplôme obtenu (niveau scolaire) et peut conduire à une amélioration du classement du sujet en fonction de son niveau socio-professionnel. Par exemple, un participant sans diplôme, considéré « Niveau de Scolarité 1 », ayant atteint le poste d’agent de maitrise, a été classé « Niveau Socio-Culturel 2 » (au lieu de « Niveau Socio-Culturel 1 » qui aurait correspondu à son niveau de scolarité seul) (Kalafat, Hugonot-Diener, & Poitrenaud, 2003). Une amélioration de 2 échelons peut exceptionnellement être attribuée. En revanche, un sujet présentant un niveau socio-professionnel inférieur à son niveau scolaire ne sera pas rétrogradé et son niveau socio-culturel correspondra à son niveau scolaire (Kalafat et al., 2003). En tout, 9 sujets de l’échantillon (soit 6.6%) se sont vus attribuer un échelon de plus. Cette précaution vise à limiter les effets de cohorte liés à l’importante amplitude d’âge que présente notre échantillon au sein de cette étude.

Traitement des données

L’ensemble des analyses statistiques a été réalisé à partir du logiciel SPSS Statistics 19. Cinq analyses préliminaires ont tout d’abord été menées.

- Dans un premier temps, une analyse en composante principale (e.g., Wilson, Scherr, Schneider, Tang, & Bennett, 2007) ainsi qu’un calcul du coefficient alpha de Cronbach (e.g., Boucard et al., 2012) ont permis d’évaluer dans quelles mesures les cinq tests choisis pour constituer le score composite de cognition mesuraient un seul facteur latent. Le but de cette analyse était de vérifier la validité du score composite de « fonctions exécutives ».

- Dans un deuxième temps, des tests-t ont permis de comparer les hommes et femmes de l’échantillon en ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques, la pratique physique (récente et long terme) et les scores cognitifs. Ces analyses préliminaires ont pour but de mesurer le rôle de la variable sexe au sein de l’échantillon.

- Dans un troisième temps, des corrélations de Pearson ont servi à mener une observation préliminaire des liens existants entre les différentes variables de l’étude.

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- Dans un quatrième temps, une analyse de régression linéaire simple a permis de mesurer la relation de base entre l'âge et la cognition. L’objectif de cette analyse était de vérifier la validité de notre postulat de base selon lequel les performances cognitives diminuent avec l'âge (Hertzog, Kramer, Wilson & Lindenberger, 2009), et ce dès le début de l’âge adulte (Anguera et al., 2013 ; Li et al., 2004 ; Salthouse, 2009).

- Enfin, une analyse de régression linéaire a été utilisée pour tester la résistance de la relation de base âge-cognition après l’ajout du NSC en variable contrôle.

Suite à ces analyses préliminaires, nous avons suivi la procédure décrite par Aiken et West (1991) pour réaliser des analyses de régression modérées. Toutes les variables prédictives ont été centrées (par rapport à leur moyenne) avant d'être introduites dans les analyses. Deux modèles de régressions multiples ont été utilisés afin de tester les hypothèses de cette étude.

Test de H1 : Effet de l’activité physique sur le déclin cognitif

Un premier modèle (modèle 1) a été utilisé pour mesurer le rôle modérateur de l’activité physique sur le vieillissement cognitif (voir Figure 13).

Le test du modèle 1 se décompose en plusieurs étapes d’analyses statistiques, qui seront présentées comme suit :

a) Analyse des effets simples de l’âge et de l’activité physique sur la cognition. b) Analyse de l’effet d’interaction entre l’âge et l’activité physique sur la cognition.

c) En cas de significativité de l’interaction à l’issu de l’étape b : test de la résistance du modèle à l’ajout du niveau socio-culturel (NSC) en variable contrôle.

d) En cas de significativité de l’interaction à l’issu de l’étape c : analyses séparées de l’effet simple de l’âge sur la cognition pour différents niveaux d’activité physique (haut / moyen / bas).

Enfin, un tableau récapitulatif de l’ensemble de ces étapes sera proposé pour chaque analyse, afin de livrer le détail des résultats.

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Chacune de ces étapes a été effectuée pour mesurer l’impact de l’activité physique récente dans un premier temps (modèle 1A correspondant à H1A), puis l’impact de l’activité physique sur le long terme dans un second temps (modèle 1B correspondant à H1B).

Figure 13 : Modèle 1_Effet modérateur de l'activité physique sur la relation âge-cognition, avec contrôle du niveau socio-culturel (NSC).

Test de H2 : Rôle modérateur du sexe sur l’impact de l’activité physique sur le déclin cognitif

Un deuxième modèle (modèle 2) a été testé afin de mesurer le rôle modérateur additif du sexe sur l’impact de l’activité physique sur le déclin cognitif lié à l’âge (voir Figure 14). Le modèle 2 comporte plusieurs étapes, qui seront présentées comme suit :

a) Analyse des effets simples de l’âge, du sexe et de l’activité physique (AP) sur la cognition.

b) Analyse des effets d’interactions doubles âge x sexe, âge x AP, sexe x AP sur la cognition.

c) Analyse de l’effet d’interaction triple âge x sexe x AP sur la cognition.

d) En cas de significativité de l’interaction triple à l’issu de l’étape c : test de la résistance du modèle à l’ajout du niveau socio-culturel (NSC) en variable contrôle.

e) En cas de significativité de l’interaction triple à l’issu de l’étape d : analyses séparées de l’effet d’interaction âge x AP sur la cognition pour les femmes vs. les hommes.

Enfin, un tableau récapitulatif de l’ensemble de ces étapes sera proposé pour chaque analyse afin de livrer le détail des résultats.

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Comme pour le modèle 1, chacune de ces étapes a été effectuée pour l’activité physique récente dans un premier temps (modèle 2A correspondant à H2A), puis pour l’activité physique sur le long terme dans un second temps (modèle 2B correspondant à H2B).

Figure 14 : Modèle 2_Effet modérateur du sexe et de l'activité physique sur la relation âge-cognition, puis test de résistance du modèle à l’ajout du NSC en variable contrôle.

Dans les modèles 1 et 2, le score composite de fonctions exécutives constitue la variable critère, l’âge est traité en tant que variable continue, et l'activité physique est considérée comme une variable modératrice continue de la relation âge-cognition. Pour le modèle 2, le sexe est traité en tant que variable modératrice dichotomique. Enfin, la résistance de chacun des modèles est testée par l’ajout du NSC en tant que variable contrôle, afin d’éviter le biais théorique lié à cette variable jouant un rôle capital sur la cognition.