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Niveau d’études et situation vis-à-vis de l’emploi

subies par les jeunes femmes

3.3.4 Niveau d’études et situation vis-à-vis de l’emploi

55% des jeunes femmes entre 18 et 25 ans qui ap-pellent le 3919 en Île-de-france sont sans activité professionnelle en 2014 (contre 15% pour l’ensemble des appelantes). Notons également que la situation des femmes victimes de violences conjugales ayant entre 18 et 25 ans est bien moins favorable que celle de leur agresseur. 23 d’entre elles déclaraient au moment de l’appel n’exercer aucune activité professionnelle, être au chômage ou en étude. Seuls 7 des hommes auteurs de violences conjugales ont été signalés dans la même situation.

GRAPHIqUE 34

Situation professionnelle des jeunes femmes vic-times de violences 18-25 ans accueillies dans les associations specialisees (effectif : 1236 femmes ; 16

associations)

5%

67%

28%

Près de 67% des jeunes femmes accueillies dans les 16 structures spécialisées franciliennes pour lesquelles nous avons les données,56  sont sans emploi (cf. graphique 34).

Cette situation défavorable par rapport à l’emploi est spécifique à cette catégorie d’âge. Par exemple, la part des femmes victimes de violences sans emploi accueil-lies par les CIDFF est de 45% contre 65% en moyenne pour les jeunes femmes entre 18 et 25 ans, soit plus de 20 points d’écart. (cf. graphique 35).

56 11 CIDFF, FIT, Etincelle, Le Relais 77 Solidarité femmes, SOS Femmes de Meaux, Voix de Femmes.

prononcées alors même que les droits de visite et ou d’hébergement sont maintenus. (entretien avec Anne Charlote Jelty, directrice CIDFF de Nanterre).

« L’enfant est souvent leur seule raison de vivre ; mais c’est aussi cet enfant qui les oblige à maintenir des liens avec le père, ce qui peut générer des sentiments ambivalents […]. Elles ressentent souvent une forte culpabilité à porter la parentalité seule, et ne pas être la cellule familiale idéale. » (Extrait entretien avec Farida Dammene Dehbi, directrice de Tremplin, 26/07/2016).

les jeunes mères victimes de violences avec des enfants de moins de trois ans cumulent les diffi-cultés pour sortir des violences.

Certaines associations qui ont des CHRS accueillant des femmes avec leurs enfants proposent des dispositifs d’accompagnement collectif autour de la parentalité qui correspondent en partie aux besoins des jeunes mères.

L’association Solidarité Femmes Le Relais propose ain-si depuis un an un groupe «  mères  »  : il répond aux constats de difficultés observées dans la gestion au quotidien de la parentalité. « Il ne s’agit pas de travailler autour du lien mère-enfant, mais plutôt de proposer des cadres structurants autour des soins, des conseils pour le coucher, le respect des rythmes biologiques, l’alimen-tation etc ». (Extrait entretien avec Mélanie Siehen, di-rectrice Solidarité Femmes Le Relais, 15/06/2016).

Au FIT -Une femme un toit, les résidentes n’ont pas d’en-fant ce qui est inscrit dans les critères d’admission. Peu de dispositifs accueillent les jeunes femmes victimes de violences sans enfant. Pourtant « c’est important d’aider les jeunes femmes à sortir des violences avant d’entrer dans la maternité, pour éviter des situations familiales compliquées ». (Extrait entretien avec Marie Cervetti, directrice du FIT, 05.2016).

3.3.4 Niveau d’études et situation vis-à-vis de l’emploi

NiveaU D’ÉtUDes

57% des jeunes femmes 18-25 ans hébergées au FIT-Une femme un toit en 2014 sont sans diplôme. Elles sont souvent sorties du système scolaire du fait des vio-lences subies

Cette proportion est bien supérieure à la situation moyenne des jeunes de cette tranche d’âge. Par exemple, d’après les données de l’Education nationale, en 2011, 10% des jeunes entre 16 et 25 ans quittent le système scolaire sans diplôme.55

Le décrochage scolaire peut être une conséquence des violences subies (absentéisme, …) mais peut aussi résul-ter du « contrôle exercé sur certaines jeunes femmes as-signées dans leur famille aux soins aux frères et sœurs et aux tâches domestiques en décourageant la poursuite des études  […] Le décrochage scolaire et l’absentéisme des jeunes femmes devrait être un signal d’alerte, no-tamment parce que bien souvent cela traduit des vio-lences subies. Mais les institutions scolaires ne prennent pas le sujet en main. Ils n’identifient pas, ils n’interrogent pas. » (Extrait entretien avec Marie Cervetti, directrice

55 Note

3. LES JEUNES FEMMES VICTIMES DE

41 41

GRAPHIqUE 35

Comparaison des situations professionnelles par âge des femmes victimes de violences accueillies dans les

associations d’information juridique en Île-de-France en 2015 (effectif: 1397 femmes; 11 associations CIDFF)

Concernant les résidantes du FIT  spécifiquement : en 2014, 68% sont sans emploi à leur arrivée, et 13% en formation. 22% sont sans activité déclarée, c’est-à-dire sans aide, car non enregistrée au chômage comme demandeuse d’emploi. Cette situation fait l’objet d’un accompagnement ciblé, si bien qu’à la sortie du dis-positif  la proportion s’inverse  : 47% d’entre elles sont en emploi, 11% en formation et seulement 39% sans emploi.

D’après les données sociodémographiques57 : les jeunes femmes et hommes de 18-25 ans ont une moindre au-tonomie financière et souvent davantage de difficultés pour accéder au marché de l’emploi. Les jeunes franci-liennes de moins de 25 ans sont généralement moins actives professionnellement que les hommes car elles font des études plus longues. En 2011, le taux d’activité des moins de 25 ans est de 40,5% contre 43,7% pour les hommes, et le taux d’emploi est de 31,3% pour les femmes contre 32,5% pour les jeunes hommes. C’est ce que l’on retrouve dans le public de jeunes femmes accueillies, pour qui l’absence d’autonomie pèse en-core plus dans leur parcours de sortie de violences.

3.3.5 ressources

seules 28% des jeunes femmes victimes de vio-lences qui s’adressent aux associations spéciali-sées disposent de ressources propres (cf. graphique 36).58 Plus d’une sur trois (36%) n’a aucun revenu propre ce qui peut les placer dans des situations de précarité et mais aussi de dépendance et de vulnérabilité.

57 Source : Insee Flash Ile-de-France – No 4, 5/03/2015.

58 11 CIDFF, FIT, Etincelle, Le Relais 77 Solidarité femmes, SOS Femmes de Meaux, Voix de Femmes.

GRAPHIqUE 36

Types de ressources des jeunes femmes 18-25 ans victimes de violences accueillies dans les associations

spécialisées en Île-de-France en 2014 (effectif : 1236 femmes ; 16 associations)

28%

36%

21%

11%

5%

Dans les associations d’information juridique spécifique-ment, près d’un tiers des jeunes femmes victimes de violences est « sans ressource » (32,43%), contre 12,5% pour l’ensemble des femmes accueillies par ces structures, soit plus de 2,5 fois plus. Près de 9% des jeunes femmes dépendent du RSA (soit parce qu’elles ont travaillé suffisamment, soit parce qu’elles ont des charges d’enfants). Elles sont bien moins nombreuses à disposer d’un salaire propre (28% contre 45% pour l’ensemble des femmes). Elles sont deux fois moins nombreuses à bénéficier de l’allocation chômage. Elles sont un peu moins nombreuses à avoir des prestations familiales, ou des pensions alimentaires et prestations compensatoires.

la moitié des jeunes femmes victimes de violences accueillies par les associations d’information juri-dique est en situation de précarité (49%). Les jeunes femmes sont davantage dans une situation de précarité que l’ensemble des femmes de tous âges (l’écart est de 10 points) accueillies par ces structures ; ce qui s’explique par le faible niveau de ressources décrit précédemment.

90% des résidentes au FIT – une femme un toit en 2014 ont des ressources inférieures au seuil de pauvreté.

Au-delà de la précarité financière, d’autres indicateurs peuvent être pris en compte pour mesurer la situation globale des jeunes femmes victimes de violences ac-cueillies par les associations spécialisées. Parmi les autres indicateurs figurent notamment l’accès au logement (cf.

supra), mais aussi l’accès à la santé. Par exemple, la majorité des femmes accompagnées par l’association Amicale du Nid Paris n’a pas de couverture médi-cale (52%), mais cela est encore plus accentué pour les jeunes femmes car 60% d’entre elles déclarent n’avoir aucune couverture médicale. Parmi les résidantes du FIT, 18 (sur 52) n’avaient aucun droit ouvert en matière de sécurité sociale à leur arrivée dans le dispositif.

Ces données sont à replacer dans le contexte social : en effet d’après l’Insee en 2009, le taux de pauvreté des 18-25 ans est 60 % plus élevé que celui de l’ensemble de la population française, et le taux de pauvreté des jeunes femmes est plus élevé de 4 points de pourcen-tage par rapport à celui des jeunes hommes, avec 23

% et 19 % respectivement.59 Dans les données dont nous disposons, les jeunes femmes précaires sont

59 « Les revenus des jeunes », Observatoire des inégalités, 2009.

Accessible en ligne sur : http://www.

inegalites.fr/spip.

php?article1032&id_

mot=107

3. LES JEUNES FEMMES VICTIMES DE

42

GRAPHIqUE 38

Nationalité des jeunes femmes 18-25 ans accuellies par les structures spécialisées en Île-de-France (effectif :

1248 femmes; 15 associations)

Alors que les jeunes femmes étrangères de moins de 25 ans représentent 13% de la population (Insee, RP 2013), elles sont près de 40 % dans les dispositifs spécialisés pour femmes victimes de violences. Comment com-prendre qu’elles soient surreprésentées dans ces disposi-tifs ? Quels sont les difficultés de ce public ?

Pour les femmes étrangères victimes de violences conjugales, la situation administrative relative au séjour en France peut être un frein dans leur démarche pour signaler les violences subies. C’est même un des éléments de l’emprise que l’auteur des violences peut exploiter dans certains cas.

En effet, la délivrance du titre de séjour en tant que conjointe de français par exemple, dépend de la preuve de la vie commune en préfecture, vie commune très souvent rompue en raison des violences. Ces jeunes femmes, dont l’accès au séjour dépend de la situation matrimoniale, sont davantage confrontées à une se-conde violence, dite administrative cette fois (cf. infra).

En cas de séparation dans un contexte de violences conjugales, les femmes étrangères pourront voir leur titre de séjour renouvelé malgré la rupture de la vie com-mune, mais si elles apportent la preuve des violences.

« Ces dispositions protectrices restent cependant diffi-ciles à faire appliquer.  » (Extrait entretien avec Céline Roche, CIMADE, 28/06/2016).

La CIMADE dispose à Paris d’une permanence juridique pour les femmes étrangères victimes de violences : près de 20% des femmes accueillies ont moins de 25 ans.61 Ce sont essentiellement des situations de violences conjugales, mais également de traite des êtres humains ou de persécutions liées au genre dans le pays d’origine.

Beaucoup de situations concernent des jeunes femmes arrivées récemment en France et pour les-quelles les violences commencent dès leur arrivée.

Souvent la vie commune n’aura même pas pu com-mencer et la possibilité d’obtenir le titre de séjour qu’elles étaient en droit de solliciter est très complexe.

Parfois même le conjoint qu’elles rejoignent, qui est français ou étranger en situation régulière, leur vole l’ensemble leurs documents pour les maintenir dans un lien de dépendance administrative absolu, élément constitutif des violences. « Les jeunes femmes ont gé-néralement nourri beaucoup d’espoir dans leur mariage.

61 Estimation car l’association ne dispose pas de données statistiques par âge pour 2014.

cependant clairement sur-représentées dans les structures spécialisées qui accueillent les femmes victimes de violences. Cette précarité est à interroger de deux manières :

/dans les situations de violences conjugales, l’absence d’autonomie peut être une stratégie des agresseurs pour maintenir la dépendance et rendre plus difficile le fait de signaler les violences subies ; on retrouve cela également dans les situations de traite à des fins d’ex-ploitation sexuelle.

/la situation de précarité peut aussi être le résultat des violences subies (contrôle sur les revenus, interdiction de travailler), y compris dans l’enfance : des ruptures familiales précoces par exemple peuvent expliquer un décrochage scolaire. la précarité économique s’accom-pagne aussi d’une forme d’isolement social. On peut donc aussi émettre l’hypothèse que les jeunes femmes victimes de violences précaires s’adressent ainsi davan-tage aux associations spécialisées que d’autres jeunes femmes victimes de violences faute de pouvoir avoir d’autres ressources personnelles (connaissances, rela-tions) pour les conseiller.

Dans tous les cas, dans le parcours de sortie de violences des jeunes femmes ces situations de précarité incitent à un accompagnement qui contribue à lever les freins dans l’accès à l’autonomie pour ces femmes : accompagnement renforcé vers la formation et l’emploi, mais aussi travailler sur les freins périphériques (modes de garde des enfants, santé, logement, estime de soi etc.). Ces actions auront pour effet de prévenir des si-tuations de grande précarité.

3.3.6 Nationalité

Parmi les aPPelaNtes fraNCilieNNes aU 3919 Près de 60% sont de nationalité française. C’est à peu près la même proportion que pour l’ensemble des ap-pels au 3919 IDF. Il n’y a donc pas à priori ici de spécifi-cité concernant l’âge. (cf. graphique 37).

GRAPHIqUE 37

Nationalité des appelantes franciliennes au 3919 par âge en 2014 (effectif: 984 femmes)

61%

39%

57%

43%

mÊme PrOPOrtiON DaNs l’eNsemble Des assOCiatiONs sPÉCialisÉes

Pour les (15) associations spécialisées pour lesquelles les données par nationalité sont disponibles,60 près de 60% des jeunes femmes sont de nationalité fran-çaise (cf. graphique 38).

60 11 CIDFF, ADN 75, Etincelle, FIT, Le relais 77 Solidarité Femmes, SOS Femmes de Meaux.

3. LES JEUNES FEMMES VICTIMES DE

43 43

Elles vont découvrir que leur famille n’est pas un soutien si elles dénoncent les violences subies. Les femmes plus âgées ont généralement davantage anticipé quel serait le coût de cette dénonciation au sein de leur famille, et elles peuvent mobiliser d’autres ressources en France, notamment amicales. Par contre, une fois que les jeunes femmes ont commencé les démarches, elles font beau-coup moins d’aller-retours avec leur agresseur [que leurs aînées] ». (Extrait entretien avec Céline Roche, CIMADE, 28/06/2016).

Parmi les femmes en situation de prostitution ou vic-times de traite, la majorité est étrangère. Par exemple pour l’association prostitution pour laquelle nous avons les données statistiques (Amicale du Nid 75), les jeunes femmes sont moins de 20% à être de nationalité fran-çaise. Les jeunes femmes qui sont originaires hors UE sont plus souvent originaires d’Afrique subsaharienne (64%) que l’ensemble des femmes accueillies par cette structure (58%), ce qui est donc une spécificité des jeunes femmes. Il est intéressant de noter également au sein du public accueilli par cette association, que les jeunes femmes sont plus souvent (47%) sans aucun pa-pier que l’ensemble des femmes accueillies, c’est-à-dire qu’elles sont davantage dans des situations (administra-tives) très fragiles.

Les femmes étrangères sont aussi souvent isolées volon-tairement par les auteurs de violences (conjoint, réseau de proxénétisme) afin de maintenir l’emprise.

Les jeunes femmes étrangères vivent une situation de

« double violence  »  : en plus des violences subies directement, elles sont confrontées à des difficultés pour accéder à leurs droits et entamer des démarches : non maîtrise de la langue, manque d’information et de connaissance des dispositifs, non éligibilité à certaines prestations sociales ou à l’aide juridictionnelle (sauf si elles font une demande d’ordonnance de protection) sans laquelle la plupart des femmes étrangères ne pour-ront pas entamer des procédures judiciaires qui sont couteuses (par exemple avoir un-e avocat-e).

3.3.7 Contexte familial