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La nature atypique de la croissance de

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l’endettement des ménages n’a pas eu d’effet négatif marqué sur l’économie, du moins jusqu’à maintenant.

25 Site Web de la Banque du Canada (http://credit.bank-banque-canada.ca/conditionsfinancieres).

La dynamique récente de certains indicateurs économiques ajoute vraisemblablement du poids à l’hypothèse selon laquelle le ralentissement de l’expansion de l’endettement des ménages s’explique surtout par des facteurs liés à la demande. La Banque du Canada a mis au point récemment un outil permettant d’évaluer les vulnérabilités financières dans le secteur des ménages qui fournit un nouveau cadre pour simuler l’incidence de différents chocs économiques sur le bilan des ménages. Les résultats de la simulation indiquent une relation négative et importante entre les variations des taux d’intérêt et la croissance du crédit et une relation positive et significative entre les variations du revenu et l’évolution de la valeur nette des maisons et du crédit26. Par conséquent, on s’attend à ce que l’expansion de l’endettement des ménages s’accélère dans un environnement de baisse des taux d’intérêt et (ou) d’accroissement du revenu des ménages et de la valeur nette des maisons. En revanche, la hausse des taux d’intérêt et la baisse du revenu et de la valeur nette freinent la progression de l’endettement des ménages.

26 Banque du Canada. Revue de la Banque du Canada, été 2008, p. 53.

Figure 8 —Conditions financières et dynamique des composantes de la dette

Indice des conditions financières Variation de la dette d’une année à l’autre

8

6

4

2

0

-2

-4

12 % 10 % 8 % 6 % 4 % 2 % 0 % -2 % -4 % -6 % 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Mois de récession

Indice des conditions financières (Gauche) Crédit hypothécaire (Droit)

Crédit à la consommation (Droit)

Note : Crédit hypothécaire et crédit à la consommation corrigés pour tenir compte de l’inflation et de la croissance démographique. L’année indiquée sur l’axe horizontal débute en octobre.

Source : Tableaux CANSIM 176-0032, 326-0020 et 051-0001; site Web de la Banque du Canada (http://credit.bank-banque-canada.ca/conditionsfinancieres); calculs de CGA-Canada.

En 2010, le revenu disponible personnel s’est accru de 4,6 %, un niveau assez semblable à celui observé pendant les années de forte croissance économique qui ont précédé la récession. Les taux d’intérêt sur le crédit des ménages, qui se situaient déjà à des niveaux historiquement bas depuis plus de un an, se sont repliés davantage en 2010 et au premier trimestre de 2011 (bien que légèrement). Par exemple, le taux moyen des prêts hypothécaires à l’habitation sur cinq ans s’établissait à 4,8 % en janvier 2010, mais a reculé à 4,6 % au premier trimestre de 2011, et le taux des prêts à la consommation des banques à charte s’est infléchi de 9,8 % à 9,4 % au cours de la même période. De même, la valeur nette des maisons, comme on a pu le voir à la figure 5, n’a pas changé beaucoup en 2010. Compte tenu des résultats de la simulation de la Banque du Canada, ces chocs économiques positifs (même si leur ampleur est relativement limitée) devraient avoir mené à une expansion accrue (ou au moins stable) de l’endettement des ménages. En réalité, les choses ne se sont pas passées ainsi;

il semble que les ménages aient fait le choix rationnel de limiter l’accumulation de crédit.

Il faut mentionner, cependant, que la nature atypique de la croissance de l’endettement des ménages que nous venons de décrire n’a pas eu d’effet négatif marqué sur l’économie, du moins jusqu’à maintenant. Les taux élevés de croissance de l’endettement pendant la dernière récession ont joué un rôle important dans le maintien des dépenses des ménages et ont contribué à éviter que des pressions supplémentaires s’exercent sur l’économie. Les perspectives économiques postrécession semblent relativement positives. Par exemple, la Banque du Canada continue d’ajuster à la hausse ses prévisions de croissance économique au Canada pour 2011. De 2,3 % en octobre 2010, les prévisions de croissance du PIB pour 2011 sont passées à 2,4 % et 2,9 % lors des publications ultérieures des perspectives de l’économie canadienne27.

Pour résumer, il vaut la peine de revenir sur certains points. Premièrement, les indicateurs économiques qui reflètent la capacité des ménages à gagner un revenu, à constituer un patrimoine et à consommer se sont nettement améliorés et stabilisés au cours de 2010. Deuxièmement, le niveau d’endettement des ménages a atteint un nouveau sommet historique en mars 2011, mais le rythme d’expansion de la dette s’est nettement replié en raison principalement de l’affaiblissement de la croissance du crédit à la consommation, phénomène s’expliquant davantage par des facteurs liés à la demande qu’à l’offre.

Troisièmement, le fait que le crédit renouvelable (marges de crédit personnelles et prêts sur cartes de crédit) soit devenu un élément prédominant du crédit à la consommation peut être vu comme un danger croissant de spirale de l’endettement. La baisse de la valeur nette des propriétaires a cependant miné la capacité des ménages d’utiliser la valeur nette des résidences comme garantie

27 Banque du Canada. Rapport sur la politique monétaire, octobre 2010, p. 24, Rapport sur la politique monétaire, janvier 2011, p. 26, et Rapport sur la politique monétaire, avril 2011, p. 28.

pour les marges de crédit personnelles. On observe toutefois une certaine modération dans le recours au crédit pour acheter des biens de consommation et des services. Quatrièmement, il se pourrait que la situation financière de certains groupes de ménages soit bien pire que ne le laissent supposer les tendances générales à l’amélioration et qu’elle soit en voie de se détériorer davantage.

Cinquièmement, la dynamique de l’endettement des ménages pendant le présent cycle de récession-reprise est grandement différente de celle qui a marqué les cycles précédents.

Actuellement, les spécialistes ont en général recours à une ou plusieurs des trois mesures suivantes pour évaluer le niveau d’endettement des ménages : i) le ratio dette-revenu, ii) le ratio dette-actif et iii) le ratio du service de la dette.

Pour les besoins de notre analyse, nous examinons d’abord l’endettement par rapport au revenu et à l’actif, puis nous nous intéressons au ratio du service de la dette.

5.1. L’endettement par rapport au revenu et à l’actif

La reprise économique qui suit une récession se traduit généralement par une amélioration de la situation des ménages sur le plan du revenu et des actifs, car les marchés des actifs financiers et non financiers se redressent et le marché du travail offre un plus grand choix de possibilités d’emplois ainsi que de meilleures perspectives de revenus. Comme nous l’avons vu au point 4.1, les indicateurs économiques qui reflètent la capacité du secteur des ménages à gagner un revenu et à constituer un patrimoine se sont tous nettement améliorés en 2010. Cependant, les mesures globales de l’endettement des ménages ne révèlent pas la même tendance et sont demeurées assez stables pendant cette année. Le ratio dette-revenu et le ratio dette-actif — les deux principaux indicateurs de l’endettement des ménages — le montrent bien.

Comme on le voit sur le graphique supérieur de la figure 9, le ratio dette-revenu a atteint un nouveau sommet de 146,9 % au premier trimestre de 2011, mais sa croissance avait quelque peu ralenti et il avait même reculé à 141,6 % au deuxième trimestre de 2010. Il est toutefois trop tôt pour dire s’il s’agit d’une amélioration tendancielle ou de variations saisonnières; ainsi, le ratio

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