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HISTOIRES DE LA SORCELLERIE : LES ENJEUX D’UNE ÉNIGME

LA NATURE, SES ÉCARTS ET SES DÉMONS

De tous les motifs qui entrent dans la composition du crime de sorcellerie démoniaque, la marque insensible du diable est sans doute celui qui engage le plus directement la question du réel, à tout le moins pour les démonologues qui lui consacrent d’importantes discussions. De notre point de vue moderne, en revanche, on a plutôt l’impression que la question est réglée avant même d’avoir été posée. On voit mal, en effet, pourquoi cette marque que les juges « découvrent » et que les médecins piquent aurait plus de réalité que les banquets en compagnie des démons ou l’envol sur un balai. À cela on pourrait ajouter que les démonologues eux-mêmes n’aident pas tellement leur cause : ils ont beau chercher cette empreinte avec minutie, écouter attentivement les récits des accusés qui confessent l’avoir reçue et en discourir à pleine pages, la marque diabolique demeure étrangement, comme le signale le magistrat Pierre de Lancre, « à la vérité malaisé[e] à bien discerner77 ». La conclusion que nous tirons de ces

incertitudes est bien souvent la suivante : les savants avaient du mal à la trouver tout simplement parce qu’elle n’existait pas ; autrement, ils repéraient une

77 Pierre de Lancre, Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons, où il est amplement

traicté des sorciers et de la sorcellerie. Livre tres-utile et necessaire non seulement aux juges mais aussi à tous ceux qui vivent sous les lois chrestiennes, Paris, Jean Berjon, 1612, p. 143.

marque corporelle tout à fait naturelle et considéraient, par erreur ou à dessein, qu’elle était d’origine démoniaque.

Cette façon contemporaine d’aborder le réel en le réduisant d’emblée aux choses sensibles soumises aux exigences de la causalité logique, de la fréquence statistique et de la prévisibilité n’est cependant guère opératoire dans le cas qui nous occupe. Elle se fonde sur le postulat de départ que les lois de la nature, en tant que support indispensable du monde réel, sont inconciliables avec la surnature, celle-ci étant perçue comme un univers qui relève de la croyance personnelle et non des faits. Or, dans la cosmologie religieuse qui détermine la perception du réel à la Renaissance, le naturel et le surnaturel ne s’opposent pas, ils composent un seul et même regard posé sur le monde et sont considérés comme l’œuvre d’un unique Législateur78. Pour les savants comme pour la

plupart des gens de l’époque, l’ouvrage des démons entrelace étroitement la surface tangible du monde qu’ils observent. Leur invisible industrie fait ainsi partie intégrante, avec l’ensemble des phénomènes observables et des faits naturels, du savoir et de la connaissance que tout homme de lettres se devait d’approfondir. Que l’on juge cette façon de voir les choses valide ou non en regard de notre conception actuelle n’a que peu d’importance. Si l’on souhaite examiner les discours d’une autre époque qui se penchent sur l’extraordinaire, encore faut-il d’abord repérer la diversité des éléments qui informent la réflexion

78 Sur ces questions, nous nous appuyons sur les travaux de Lorraine Daston, notamment son

article « The Nature of Nature in Early Modern Europe », Configurations, vol. 6, no 2, 1998,

p. 149-172, qui propose une synthèse des définitions conceptuelles liées à l’idée de nature à la Renaissance, ainsi que « Marvelous Facts and Miraculous Evidence in Early Modern Europe », dans Questions of Evidence, op. cit., p. 243-289.

de leurs auteurs et les accepter comme tels, aussi fantastiques et imprécis puissent-ils nous paraître.

Dans les dernières décennies, nombreux sont les critiques qui se sont fait un point d’honneur à préciser que le réel, ce ne sont ni les choses, ni les êtres, ni l’univers pris en eux-mêmes de façon immuable, mais bien la représentation qu’une culture et qu’une époque se fait de tout cela, avec ses normes, son système de valeurs et son outillage théorique propres. Jean Céard, entre autres, dans ses travaux sur l’insolite à la Renaissance79, a bien montré comment

l’histoire des hommes est parsemée de phénomènes qui étaient autrefois l’objet d’un savoir rigoureux et qui, aujourd’hui, nous paraissent insensés et comme vidés de toute substance, tels les prodiges, les spectres, la divination, l’astrologie ou encore l’alchimie. De plus, cette image du monde ne se limite pas qu’à ses données savantes, elle englobe aussi les traditions, les coutumes, les sociabilités et l’imaginaire qui la façonnent, toutes choses sans doute plus difficiles à cerner, mais que l’on aurait tort de détacher arbitrairement de la manière dont la réalité se dit et s’éprouve. Que les penseurs de la Renaissance aient inclus, dans leur définition du réel, des êtres et des phénomènes qui n’existent pas dans la nature ou qui, de nos jours, sont déclarés biologiquement impossibles ne saurait donc être considéré trop vite comme le résultat de malencontreuses confusions ou l’indice d’une trop grande crédulité.

Pour n’en donner qu’un exemple, prenons le vaste éventail des monstres répertoriés par le médecin Ambroise Paré dans son livre Des monstres et

79 Jean Céard, La nature et les prodiges. L’insolite au XVIe siècle, en France, Genève, Droz, 1977.

prodiges, paru pour la première fois en 1573. Si l’on cherche à reconnaître, parmi la variété des monstres recensés, des espèces qui se rapportent à celles que nous connaissons aujourd’hui, plusieurs d’entre elles nous seront aisément identifiables : c’est le cas du toucan, du bernard-l’ermite, du rhinocéros ou de la description de certaines affections pathologiques toujours admises par la clinique d’aujourd’hui, tels les pierres aux reins, l’hermaphrodisme ou les malformations de naissance. D’autres, par contre, nous paraîtront franchement fabuleuses et leur répartition aux côtés des monstres bien réels renforcera le sentiment d’étrangeté éveillé par cette lecture. Ce qu’il y a de dérangeant à cet inventaire, ce n’est pas seulement le fait qu’Ambroise Paré donne à la notion de monstre une acception particulièrement large – elle accueille en effet aussi bien l’enfant à deux têtes et le tremblement de terre que l’aveugle-né de l’évangile, l’artifice des démons et encore l’imposture des gueux –, c’est également parce qu’il attribue à des êtres merveilleux comme la sirène le même degré de réalité qu’à des animaux aussi communs que la baleine.

Dans son édition des Œuvres complètes de Paré publiée en 1840-1841, le chirurgien Jean-François Malgaigne n’avait d’ailleurs pas manqué de signaler ce voisinage problématique et d’y mettre bon ordre. La longue note qui accompagne son établissement de l’ouvrage Des monstres et prodiges commence en ces termes : « Voici, de toute la collection de Paré, le livre dont les admirateurs ont cru avoir le plus à rougir, et Percy entre autres s’écriait : Plût à Dieu qu’il n’eût jamais vu le jour !80 ». S’élevant contre ces jugements précipités qu’il considère

80 Ambroise Paré, Œuvres complètes, revues et collationnées sur toutes les éditions, avec les

comme le fruit d’une lecture très superficielle de l’œuvre et de l’époque, le docteur Malgaigne estime quant à lui ce livre comme « l’un des plus curieux et des plus intéressants du XVIe siècle ». Afin de rallier les lecteurs à son avis, il n’hésite pas à y retrancher tout ce qu’il perçoit comme de « malheureuses digressions », à savoir les discussions sur les démons et l’art magique, celles sur les prodiges météoriques ainsi que la plupart des illustrations, lesquelles, précise- t-il, sont « tellement hors de nature qu’il ne faut pas s’étonner si leur simple aspect a suffi pour frapper beaucoup de lecteurs de nausée et de dégoût ». Plus encore, il morcelle la division en chapitres de l’ouvrage et reporte les parties retranchées en fin de collection, là où leur figuration lui semble plus logique. Le résultat, affirme l’éditeur, serait ainsi plus fidèle au dessein original de Paré, d’autant plus qu’après toutes ces coupures et ces remaniements, on retrouverait enfin « le bon sens, la saine observation et la science qui frappent dans son livre ».

L’histoire des sciences a longtemps été guidée par cette volonté de repérer dans les textes anciens les premiers pas posés sur le chemin des techniques à venir, ne craignant pas pour y parvenir de séparer au passage les données qui s’inscrivent dans le parcours édifiant vers nos modes de pensée actuels de celles qui relèvent des erreurs et des errances du passé. Dans cette perspective, on comprend pourquoi la tératologie d’Ambroise Paré a fait l’objet d’un pareil nettoyage et la démonologie tout entière s’est vue qualifiée de « pseudo-

et critiques ; et précédées d’une introduction sur l’origine et les progrès de la chirurgie en Occident du sixième au seizième siècle, et sur la vie et les ouvrages d’Ambroise Paré, par J.-F. Malgaigne, vol. III, Paris, J.-P. Baillière, 1841, p. 1, note 1. Italiques de l’auteur. Toutes les

science » : ni ce livre de Paré ni les traités des démonologues n’ont formulé de théories auxquelles la postérité a accordé une quelconque valeur scientifique. Pourtant, et comme le rappelait à juste titre Jean Céard, rien n’est fortuit dans la manière dont ces savants structurent leurs ouvrages et organisent leur pensée ; il s’agit là d’un témoignage typique de l’épistémè renaissante qui conçoit le monde comme un grand texte à déchiffrer81.

Éprouver le réel à la Renaissance

De fait, pour les penseurs de l’époque, la nature et le monde ne constituent pas un ensemble statique et prévisible, mais bien un « être vivant en perpétuelle activité82 » où toutes les choses se font signe et renouent indéfiniment

leur unité par le jeu de leurs correspondances. Entre le monde terrestre et le monde céleste, entre la physique et la métaphysique, c’est un dialogue permanent qui est à l’œuvre, un véritable chœur où l’harmonie entre les voix est assurée par la main souveraine du Créateur. Des plus petits détails qui régissent l’organisation de la vie quotidienne jusqu’aux phénomènes les plus rares, il n’y a rien qui ne soit constamment travaillé par les échanges entre l’ici-bas et l’au-delà et qui ne concoure à manifester l’étendue de la puissance divine et l’équilibre de

81 Voir l’introduction à son édition critique des Monstres et prodiges d’Ambroise Paré, Genève,

Droz, 1971, p. IX-XLVIII, ainsi que son très beau texte Pour une histoire de l’irrationnel.

L’imaginaire scientifique au XVIe siècle, Liège, Section Histoire, coll. « L’Histoire aujourd’hui », 1983.

82 Cette expression est empruntée à Jean Céard, La nature et les prodiges, op. cit., p. XI. Comme

le souligne Ian Maclean, malgré les différentes définitions ou descriptions générales de la nature répandues à la Renaissance, lorsque les médecins praticiens et les philosophes naturels regardent autour d’eux, c’est à la vision du Timée de Platon qu’ils se réfèrent, laquelle postule que la nature est « un immense vivant aussi rebelle aux formes fixes de la pensée que la vie elle-même [l’est] aux équations mathématiques et aux lois rigoureuses ». (Ian Maclean, Le monde et les hommes

sa création. C’est ce que rappelle d’entrée de jeu Jean Bodin, au premier chapitre de sa Démonomanie des sorciers :

Car on void que ce grand Dieu de nature a lié toutes choses par moyens, qui s’accordent aux extremitez, & compose l’harmonie du monde intelligible, celeste, & elementaire par moyens, & liaisons indissolubles. Et tout ainsi que l’harmonie periroit, si les voix contraires n’estoient liées par voix moyennes : ainsi est il du monde, & de ses parties. Au ciel les signes contraires sont alliez d’un signe qui s’accorde l’un & l’autre. Entre la pierre, & la terre on void l’argille, & le balme. […] Entre les animaux terrestres, & aquatiques sont les amphybies […], & entre toutes les bestes brutes, & la nature intelligible, (qui sont les Anges & Daemons) Dieu a posé l’homme, partie duquelle est mortelle comme le corps, & partie immortelle, comme l’intellect83.

L’image des voix universelles, utilisée ici par le célèbre civiliste, n’est pas qu’une métaphore bien tournée. Elle participe directement de la notion d’harmonie, très importante pour la pensée du XVIe siècle, qui est elle-même

fondée sur deux notions complémentaires : celle de proportion et celle de concorde entre les contraires84. Tout comme l’harmonie en musique, qui est

l’accord des voix contraires par des voix moyennes à travers une division régulière des fréquences, l’univers à la Renaissance est pensé comme une suprême partition où chaque chose, chaque individu, chaque institution véritablement s’exprime d’une manière qui lui est propre et raconte, à ceux qui

83 Jean Bodin, De la Démonomanie des sorciers, op. cit., p. 8ro-vo.

84 Les auteurs du XVIe siècle emploient la notion d’harmonie aux sens que lui confère le grec, à

savoir « adaptation », « convenance », « mise en place » et « appropriation ». Dans cette même famille sémantique, on retrouve également le mot « cosmos », dont le substantif désigne toute espèce d’organisation. Chez Bodin, notamment, les notions de « chœur » et d’harmonie sont fondatrices de toute son œuvre et modèlent sa conception de la justice, son rapport à la connaissance et son idée de la nature et de l’homme. Voir Georges Kouskoff, « Justice arithmétique, justice géométrique, justice harmonique », dans Jean Bodin : actes du colloque

interdisciplinaire d’Angers, op. cit., p. 327-336 ; Cesare Vasoli, « De Nicolas de Kues et Jean Pic

savent entendre son discours, la place qu’il occupe et la signification qu’il revêt dans cette diversité bien ordonnée.

De cet univers perçu comme un ensemble de reflets et de résonances contrastés, il se dégage pourtant l’idée d’un ordre en constante mobilité. Certes, l’activité de la nature s’agence et se déploie selon des règles parfaitement harmonieuses, mais celles-ci restent soumises aux desseins de la Providence divine, laquelle ne répond à aucune sorte de nécessité ou de convention. Contre l’opinion d’Aristote, « qui a soustenu que rien ne change, rien ne varie en la nature, & que les monstres n’adviennent que pour le défaut de la matiere85 », Jean

Bodin réitère que Dieu, en tant que créateur du monde, sait disposer des lois de la nature à sa discrétion. À tout moment, il peut retirer du monde sa bénédiction et l’on verra dès lors « changer les saisons, le bestial mourir, les famines survenir, pluvoir du sang, des pierres, & autres choses étranges86 », comme il est partout

attesté dans les saintes écritures. Bodin n’est ni le premier ni le seul de son temps à penser que l’homme, parce qu’il tient un rôle de premier plan au sein de cette grande symphonie universelle, doit contribuer par ses œuvres à la conservation du monde. Rien de sa conduite, de ses choix ou de ses pensées n’est indifférent aux yeux du Créateur, qui permet que d’étonnants phénomènes, voire de terribles fléaux, surviennent en ce bas monde afin de remémorer aux hommes qu’ils ont quelque chose à voir dans la bonne marche ou dans la ruine de ce grand Tout.

À l’instar de plusieurs de leurs contemporains, Jean Bodin et Ambroise Paré sont extrêmement attentifs aux événements qui sortent de l’ordinaire et qui

85 Jean Bodin, De la Démonomanie des sorciers, op. cit., p. 52 vo.

témoignent de l’immensité de la Création, de sa force déconcertante, mais aussi de l’insondable justice que Dieu, depuis le commencement, sait y distribuer. La plupart des savants de la Renaissance sont en effet attirés par les phénomènes singuliers, insolites et irréductibles à une loi commune, qu’ils dissocient des phénomènes naturels réguliers tout en maintenant, sur le plan général de l’unité du monde, leurs relations indispensables. Ainsi, et bien que l’objet et la finalité de leurs discours diffèrent, la tératologie de Paré et la démonologie de Bodin sont mobilisées par la même volonté de lecture du monde à travers l’examen des écarts merveilleux qui s’y produisent. Leurs ouvrages respectifs fourmillent à cet effet de cas surprenants qu’ils ont pu eux-mêmes observer, qu’ils ont recueillis auprès de leur entourage ou qu’ils ont empruntés à la littérature antique, biblique et profane. L’étonnement que chacun de ces phénomènes leur inspire est manifeste ; or, il n’est pas nécessairement fait de répugnance ou de crainte. Au contraire, plusieurs des êtres et des phénomènes que Paré inclut volontiers parmi les monstres n’ont en soi rien d’exceptionnel. Ce qui leur vaut de figurer à cette enseigne, c’est le fait qu’ils illustrent d’une manière particulièrement éloquente ces « moyens et liaisons indissolubles » que Jean Bodin invoquait comme condition essentielle de l’harmonie du monde. Ainsi en est-il des plantes-pierres que sont le corail, des poissons volants, qui raccordent l’air et l’eau, ou des différentes sortes d’animaux amphibies, voix moyennes entre la terre et l’eau. Ces cas, auxquels s’ajoutent tant d’autres choses dont Paré et Bodin s’émerveillent encore – les éclairs, la « salure de la mer », la répartition géographique des plantes qui guérissent les maux spécifiques au climat où elles

poussent – sont autant de louanges à l’ingéniosité de la nature, laquelle travaille sans relâche à raffiner son unité en réunissant les contraires et en multipliant les intermédiaires.

D’autres phénomènes, en revanche, par leur rareté, par leur caractère effrayant ou parce qu’ils livrent la nature à une violence particulièrement inaccoutumée, suscitent l’inquiétude. Ceux-là seront le plus souvent tenus pour des prodiges, c’est-à-dire des présages divins qui informent les hommes des malheurs à venir ou qui les punissent d’avoir enfreint les lois de la nature et de Dieu87. Parce qu’ils adviennent non pas contre l’ordinaire des choses mais contre

l’ordre de la nature, ces faits prodigieux témoignent d’un dérèglement exceptionnel dans la chaîne des relations et doivent, de ce fait, être considérés différemment. Certains enfants monstrueux, par exemple, qui naissent mi-homme mi-bête, montrent par là combien la nature, en tant que servante de Dieu, sait distribuer les sanctions selon la gravité des offenses à ses lois :

Il est certain que le plus souvent ces créatures monstrueuses et prodigieuses procedent du jugement de Dieu, lequel permet que les peres et les meres produisent de telles abominations au desordre qu’ils font en la copulation comme bestes brutes, où leur appetit les guide, sans respecter le temps ou autres loix ordonnees de Dieu et de Nature88.

87 L’interprétation des monstres et l’intérêt qu’on leur porte évoluent sensiblement pendant les

XVIe et XVIIe siècles, suivant en cela les changements qui s’opèrent dans la manière dont les

savants conçoivent l’idée de nature. Vers la fin du XVIIe siècle, la différence qui existait entre les

monstres manifestant la colère divine et ceux signalant le pouvoir admirable de la nature tend à s’estomper. Peu à peu, l’énorme répertoire des faits monstrueux se restreint (on n’y retrouve plus, par exemple, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques ou les apparitions célestes) et leur relation au divin se perd à mesure que s’affirme celle avec une nature dotée d’une volonté autonome. Sur ces changements épistémologiques, voir Lorraine Daston et Katharine Park, « Unnatural Conceptions : the Study of Monsters in Sixteenth and Seventeenth Century France and England », Past and Present, no 92, août 1981, p. 20-54, ainsi que l’ouvrage de Jean Céard,

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