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• Un espace militaire dans la guerre : 1870 - 1871

Entre 1870 et 1873, Lunéville suit la guerre franco-prussienne à travers différentes phases qui la font passer de la « guerre préparée » au sein d’une garnison de cavalerie, à une « guerre subie » au contact de l’occupation prussienne et des privations qui en découlent, pour aboutir à une « nouvelle renaissance » dans un espace régional reconfiguré par la défaite de l’armée française.

Si l’année 1873 apparaît comme une date clef dans la reconstruction d’une identité militaire dédiée à la cavalerie dans la cité, nous pouvons reprendre la typologie définie par Jean Cathal pour identifier, avec réserves, les quatre années précédentes 130: L’année 1870 est alors « l’année de la honte » ; 1871, « l’année de

l’effondrement » ; 1872, « l’année de l’espérance » ; 1873, « l’année de la délivrance ». L’espace frontalier devient dès lors un nouvel espace militarisé pour la

cavalerie française de Lunéville.

En juillet 1870, la guerre qui s’annonce inéluctable semble être considérée comme « une promenade militaire » pour aller « à Berlin ! », comme en témoigne Auguste François131 alors âgé de treize ans à Lunéville à cette époque.

« Depuis plusieurs mois déjà, la presse de Paris est remplie de l'affaire de la vacance du trône d'Espagne. On la croit terminée par la renonciation du prince de Hohenzollern, mais en juillet tout s'aggrave. Le bruit circule que l'Empereur a été insulté et tout à coup c'est la guerre. On crie " à Berlin, à Berlin ". Chaque soir la ville se porte à la gare, aux nouvelles. On s'y arrache les journaux de Paris. Le 22 juillet, la guerre est déclarée officiellement. C'est l'enthousiasme. Personne ne doute que les Prussiens ne soient enfoncés d'un seul coup de l'invincible armée impériale, une promenade militaire. Dans chaque maison on pique au mur des cartes, hâtivement éditées, qui ne commencent qu'au Rhin et qui marquent les étapes jusqu'à Berlin »132.

130 CATHAL (Jean), L’occupation de Lunéville par les Allemands 1870-1873. Préface de M. le général Farny,

ancien commandant de la 2e division de cavalerie à Lunéville, ancien commandant du 5e corps d’armée, Nancy- Paris, Berger-Levrault, 1913, 221 p.

131 Auguste François (1857-1935). Né à Lunéville, ses parents tiennent un commerce de draperie place Saint

Jacques. Jeune adolescent, il assiste au départ des troupes de la garnison pour l’Alsace au début du mois d’août 1870. Il entreprend par la suite une carrière de diplomate et devient consul général en Chine puis ministre plénipotentiaire. Il est connu pour avoir laissé une importante collection de photographie et de films sur ce pays.

Lunéville semble ainsi partager une confiance totale dans sa garnison à l’image de celle entretenue par tout le pays envers son armée. Le duel qui s’annonce avec la Prusse ne peut que confirmer la suprématie de l’armée impériale et en particulier de son infanterie, dotée du nouveau fusil Chassepot. Comme Stéphane Audoin-Rouzeau le constate dans son ouvrage sur la guerre de 1870,133 les rapports des préfets soulignent bien une évolution des mentalités dans le sens de la guerre à partir de 1866 et de l’affrontement austro-prussien. Jusqu’au 28 juillet, des trains de soldats appartenant aux garnisons du Centre et de l’Ouest de la France traversent Lunéville sous l’acclamation, la joie et la fierté de la population. Mais il est aussi permis de douter de l’optimisme et de la qualité de la préparation des armées, lorsque Jean Cathal précise que le général de Bonnemains134 aurait demandé au maréchal Lebœuf, major général, s’il devait rejoindre la région de Brumath dès le 2 août avec ses cuirassiers mais aussi avec son artillerie et sa prévôté, ce qui semble indiquer que même à Lunéville « on était peu habitué à la liaison des armes 135».

Dans sa séance du 23 juillet 1870, le conseil municipal autorise le général de division de Bonnemains à faire camper une brigade de cavalerie dans le parc du château et répond favorablement au « désir exprimé par M. le sous-préfet de voir la

ville donner la main à cette mesure qui est réclamée par les circonstances ». En

outre, « il charge M. le maire de prier le général de donner les ordres nécessaires

pour que la propriété soit respectée et suffisamment protégée pour empêcher toute dégradations136». Mais dans sa séance du 27 juillet 1870, « la ville déclare ne pas pouvoir se charger de l’organisation et du service des ambulances » 137.

Pourtant, l’arrivée de la brigade des chasseurs d’Afrique du général Margueritte et la mise à disposition d’une partie du jardin des Bosquets pour leur campement provoquent la curiosité et l’intérêt des habitants pour cette troupe d’élite de l’Armée d’Afrique évoquant les combats d’Algérie, de Crimée, d’Italie ou du Mexique.138

133 AUDOIN-ROUZEAU (Stéphane), 1870 : La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989, 420 p. 134 Général Charles, Frédéric de Bonnemains (1814-1885). Nommé général de division, le 2 août 1869, il prend

le commandement de la division de cavalerie du 3e corps d’armée à Lunéville, en remplacement du général Desvaux, le 4 décembre 1869. Le 16 juillet 1870, il est placé à la tête de la 2e division de réserve de cavalerie de l’armée du Rhin à Lunéville. SHD/DAT Gr 7 Yd 1456. Voir fiche biographique en annexe.

135 CATHAL (Jean), op. cit., p. 4.

136 AM Lunéville, série 1D-D34, délibérations du conseil municipal, 1866-1871. 137

Idem.

Au début du mois d’août 1870, sur trois divisions de réserve de cavalerie, deux ont leur poste de commandement à Lunéville. Elles sont composées chacune de quatre régiments et de deux batteries.

La 1ère division est placée sous les ordres du général du Barail139. Elle comprend la 1ère brigade, commandée par le général Margueritte140 (1er et 3e régiments de chasseurs d’Afrique) et la 2e brigade, commandée par le général de Lajaille141 (2e et 4e régiments de chasseurs d’Afrique).

La 2e division est placée sous les ordres du général de Bonnemains. Elle comprend la 1ère brigade, commandée par le général Girard142 (1er et 4e régiments de cuirassiers143) et la 2e brigade, commandée par le général de Brauer144 (2e et 3e régiments de cuirassiers). Seule cette division tient garnison en temps normal à Lunéville.

Après avoir quitté Lunéville le 2 août, la division Bonnemains rejoint Haguenau deux jours plus tard après avoir traversé Blamont, Sarrebourg et Saverne. Le 5 août, ses régiments campent au nord-est du village de Reichshoffen, en bordure de la route de Bitche à Wissembourg. Le lendemain matin, les premiers coups de feu se font entendre obligeant les cuirassiers à prendre position en avant des bois d’Elsasshaussen et de Frœschwiller. Peu après les charges héroïques et vaines de la brigade du général Michel vers Morsbronn, la division Bonnemains est appelée à son tour à charger dans d’aussi pénibles conditions en début d’après-midi. Sur un terrain très défavorable, composé de fossés, bordé d’arbres à hauteur d’hommes et de houblonnières entourées de clôtures, les masses de cavalerie de Lunéville s’élancent vers une infanterie ennemie bien retranchée. Le 1er régiment de cuirassiers du colonel de Vandoeuvre s’élance en premier suivi par les escadrons du 4e régiment de cuirassiers commandés par le colonel Billet. Puis au sein de la

139 Général François, Charles du Barail (1820-1902). SHD/DAT 7 Gr Yd 1466.

140 Général Jean, Auguste Margueritte (1823-1870). Promu général de division le 1er septembre 1870, il est

mortellement blessé sur le plateau de Floing aux abords de Sedan, alors que parti en reconnaissance, il prépare une nouvelle charge de cavalerie sur l’infanterie allemande. Remis en selle par son ordonnance, le capitaine Braun, futur officier général, chef de la 6e BC à Lunéville de 1896 à 1901, il quitte le champ de bataille et laisse son commandement au général de Galliffet. Il décède au château de Beauraing (Belgique) peu après, le 6 septembre.

SHD/DAT 7 Gr Yd 1482.

141 Général François, Charles, Louis de Lajaille (1822-1889). SHD/DAT Gr 8 Yd 3756. 142 Général Léopold, Stanislas, Maximilien Girard (1819-1870). SHD/DAT Gr 8 Yd 3749. 143

En août 1870, le 1er RC de la brigade du général Girard quitte le camp de Châlons pour rejoindre la division du général de Bonnemains à Lunéville. Il participe à la « charge de Reichshoffen », dans la plaine de Woerth, le 6 août 1870. Par ordre ministériel du 20 avril 1881, il fait partie de la 2e DC. Il retrouve alors son ancienne garnison en mai pour reformer une brigade de cuirassier avec le 2e RC arrivé en avril de la même année. Sept ans plus tard, affectés à la 3e DC, les deux régiments quittent Lunéville pour Angers et Niort.

deuxième brigade, le colonel Rossetti lance le 2e régiment de cuirassiers dans la bataille. Enfin, le colonel de Lafutsun de Lacarre s’apprête à charger à la tête du 3e régiment de cuirassiers lorsque sa tête est emportée par un obus. Après un affrontement dense et incertain, la retraite est ordonnée. Près de sept cents cuirassiers de ces quatre régiments sont tués, blessés ou faits prisonniers.145

Carte postale allemande de la charge de la division Bonnemains (s.d.n.l.)

Les unités de cavalerie de Lunéville se font donc remarquer sur le champ de bataille par leur combativité, mais ne peuvent empêcher la défaite et l’occupation annoncée de la cité par l’ennemi. Dès le 5 août, les rumeurs des premiers revers de l’armée française dans la région de Wissembourg circulent dans Lunéville. Le lendemain, en fin d’après-midi, l’échec de Frœschwiller est connu. C’est la consternation et le doute qui s’installent. Malgré deux dépêches officielles confirmant la nouvelle, les autorités cherchent à montrer que « notre armée n’a pas été

vaincue » et que « comme en 1792 et comme à Sébastopol, que nos revers ne soient que l’école de nos victoires ! 146». Mais le désastre semble inéluctable au retour des premiers blessés et surtout des cuirassiers « tristes et mornes » de la division Bonnemains dans leur garnison, dès le 9 août.

145 Par une délibération du conseil municipal de Lunéville en date du 1er octobre 1971, l’appellation « quai de

Reichshoffen » est donnée à une portion de la voirie de la ville. Un siècle après les évènements, cette décision ouvre un nouveau champ mémoriel et inscrit (enfin) dans le paysage urbain, le souvenir des cuirassiers ayant tenu garnison à Lunéville.

« C’est dans la matinée, l’arrivée par une pluie battante, de nos cuirassiers ! Dans quel état sont-ils ! On jurerait qu’ils reviennent d’une campagne de six mois et il n’y a pas huit jours qu’ils ont quitté Lunéville ! Plusieurs officiers et un nombre important de cavaliers ont la tête bandée »147.

Le 8 août, les premières évacuations de malades et de blessés du corps de Mac-Mahon arrivent dans les hôpitaux de Lunéville.

« Les défaites succédaient aux défaites, les places tombaient les unes après les autres, et chaque mois, chaque semaine, chaque jour nous amenaient de nouveaux prisonniers épuisés par les fatigues de la campagne, par les privations du voyage, par les fatigue, par les rigueurs de la saison » 148.

Comme nous le verrons plus loin dans notre étude, l’administration militaire s’était occupée de développer les ressources hospitalières de la ville, consciente de l’importance du nombre de soldats en garnison à Lunéville, mais aussi du rôle que cette dernière pouvait jouer en cas de conflit sur le territoire.

« D’une part, cette ville était un centre de ravitaillement important, en raison des approvisionnements considérables qui y avaient été accumulés par l’Intendance ; d’autre part, son hôpital civil et militaire, ses casernes devaient recevoir, quelles que fussent les éventualités de la guerre, les malades et les blessés des premiers combats, et tenir leur place dans les établissements hospitaliers de seconde ligne »149.

Un comité local de la Société de secours aux blessés150 s’organise pour subvenir aux besoins et à la gestion d’un hôpital temporaire mis en place au quartier de l’Orangerie. Mais le traitement de ces blessés français au combat est aussi une triste désillusion sur le sort réservé aux soldats vaincus ;

« Qui de nous s’imaginait que nos vastes magasins de subsistances seraient, trois semaines après l’entrée en campagne, la proie facile des Prussiens, et que pendant six mois

147 Ibid., p. 10.

148 SAUCEROTTE (Tony, docteur), Lunéville pendant la guerre et le rapatriement (1870-1872), Paris, Cusset,

1872, 21 p., p. 3.

149

Ibid, p. 8.

150 Sous l’impulsion d’Henri Dunant (1828-1910), une Société de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.) est

créée le 25 mai 1864, quelques semaines avant la signature de la convention de Genève par la France et d’autres pays européens. La guerre de 1870-1871 lui donne son premier rôle d’importance et la légitime auprès des institutions civiles et militaires, mais aussi auprès des combattants blessés dans les combats. De nombreux comités locaux voient progressivement le jour sur tout le territoire national.

nous traiterions dans nos hôpitaux nos propres soldats, comme prisonniers de l’armée ennemie ? »151.

Les éléments de la garde nationale de l’arrondissement de Lunéville152 sont rassemblés au quartier des Carmes pour former le 2e bataillon de la garde nationale mobile de la Meurthe. Même si « la mobile n’est ni habillé ni armé » au moment des adieux aux familles, « ceux qui vont bientôt manier le fusil » 153 semble se préparer à partir d’un pas alerte vers la zone des combats en passant sur la place du château une dernière fois, comme le suggère un tableau d’Emile Gridel154. Ayant perçu finalement des vieux fusils à tabatière, ils quittent Lunéville par le faubourg de Viller pour rejoindre Langres où ils reçoivent leurs cartouches sept jours plus tard.

Des quatre chefs de corps de la division du général de Bonnemains, seul le colonel Leforestier de Vandeuvre155, commandant le 1er régiment de cuirassiers est indemne. Les colonels Rossetti156 et Billet157 sont faits prisonniers, le colonel de Lafutsun de Lacarre158 meurt au champ d’honneur à la tête de son régiment, dont plus de la moitié des effectifs est tuée ou blessée dans des charges plus héroïques qu’efficaces. Parmi les unités de cavalerie qui se replient vers Lunéville après les premiers affrontements en Alsace dans la région de Woerth, l’arrivée de la brigade de cuirassiers du général Michel159, composée des « restes » des 8e et 9e régiments de cuirassiers, provoquent aussi un profond malaise dans la cité.

151 SAUCEROTTE (Tony, docteur), op. cit., p. 3.

152 Malgré les efforts du maréchal Niel, ministre de la Guerre de 1867 à 1869, la réserve de l’armée d’active n’est

que partiellement organisée en 1870. En 1868, il est à l’origine d’une loi (« loi Niel » voté le 14 janvier 1868) créant une garde nationale mobile composée de tous les hommes valides dispensés du service actif. A la déclaration de guerre, celle-ci est organisée en bataillon et n’a pas de réelle formation militaire.

153 CATHAL (Jean), op. cit., p. 10. 154

Joseph, Emile Gridel (1839-1901). Artiste Lorrain.

155 Colonel Raimond Leforestier de Vandeuvre (1813-1887). Il est nommé général de brigade le 25 août 1870. Il

est admis à la retraite en 1875. Il est élu député du Calvados. SHD/DAT Gr 8 Yd 3783.

156 Colonel Gustave, Victor, Scipion, Marie Rossetti (1813-1876). SHD/DAT : dossier inconnu. 157

Colonel Auguste Billet (1817-1871). Placé à la tête du 1er RC en 1867, il participe à la bataille dite « de Reichshoffen » et reçoit l'ordre de charger l’ennemi pour couvrir la retraite de l'infanterie à Elsasshaussen. Après une première attaque sans succès, le maréchal de Mac-Mahon l’interpelle en lui faisant remarquer que « ça n'est pas là charger à fond ». Le colonel Billet lui réplique que « nous allons mieux faire » et charge de nouveau à la tête d’un de ses escadrons. Tombé de cheval, il reste sans connaissance aux mains de l'ennemi. Après six mois de captivité, il retrouve le commandement de son ancien régiment. Engagé dans la répression des émeutes de Limoges en avril 1871, il est mortellement blessé alors qu’il dispersait un attroupement. SHD/DAT Gr 5 Ye 63.840.

158

Colonel Louis, Charles, Henri de Lafutsun de Lacarre (1814-1870). SHD/DAT Gr 5 Ye 61 598.

159 Général Alexandre, Ernest Michel (1817-1898). Promu général de brigade le 27 mars 1868, il commande

d’abord une brigade de cavalerie à Lunéville, puis est mis à la tête de l’Ecole de cavalerie à Saumur. Au début des hostilités avec la Prusse, il prend le commandement de la 3e brigade de la division de cavalerie de l’armée du Rhin. Composée des 8e et 9e RC, cette brigade est pratiquement anéantie lors des combats de Frœschwiller et de Morsbronn. Promu général de division, le 20 octobre 1870, il prend successivement le commandement des

« Comme un affreux cauchemar, la vue des débris de cette brigade produit sur les curieux une impression d’épouvante »160.

Par l’action de ces deux régiments de cavalerie lourde, la charge dite « de Reischoffen » du 6 août passe à la postérité. Devant le feu dévastateur de l’infanterie ennemie, l’engagement de ces cuirassiers se termine tragiquement dans le village de Morsbronn fermement tenu par les fantassins prussiens.

Les 10 et 11 août, les corps d’armée battant en retraite du général de Mac- Mahon161 et du général de Failly162 s’établissent pour quelques heures à Lunéville ou à proximité163. Le spectacle offert semble tout aussi affligeant pour une population de plus en plus inquiète.

« De quelle douloureuse émotion sont saisis les habitants à la vue de ces régiments sans ordre, exténués de fatigue, la pluie augmentant encore le poids du sac ; les officiers, qui souffrent comme leurs hommes, n’osent plus commander ; officiers et soldats marchent pêle-mêle ! Les uns et les autres ont jeté leur schako »164.

Après avoir installé son quartier général dans les bâtiments de la sous- préfecture, le général de Mac-Mahon cherche à soustraire ses troupes de l’avancée ennemie. Décidé à poursuivre son mouvement vers le sud-est pour traverser la Meuse et se réorganiser à l’abri du plateau de Vaucouleurs, il lui faut encore patienter afin de trouver dans la ville les « cartes du pays » nécessaires pour reprendre sa route. Cette « anecdote cartographique », rapportée par Jean Cathal, souligne une fois encore l’impréparation de la campagne. C’est l’échec d’une armée de métier mal commandée comme le souligne Joseph Monteilhet.

divisions de cavalerie des 17e puis 16e CA. Après la guerre, il est nommé inspecteur de cavalerie en Algérie. SHD/DAT Gr 7 Yd 1488.

160 CATHAL (Jean), op. cit., p. 12.

161 Marie, Edme, Patrice, Maurice de Mac-Mahon, duc de Magenta (1808-1893). Maréchal de France, Président

de la République. SHD/DAT Gr 6 Yd 57.

162 Le général Pierre, Louis, Charles, Achilles de Failly (1810-1892). Il commande le 5e CA. SHD/DAT Gr 7 Yd

1338.

163 En dehors des unités de cavalerie, le corps d’armée du général de Failly, qui n’a été que partiellement engagé

dans les combats en Alsace, stationne à Rehainviller, à 4 kilomètres au sud de Lunéville.

« Ainsi, l’armée de métier a été surtout un corps expéditionnaire, apte aux offensives rapides et courtes, ses exploits se bornent à des expéditions à l’étranger : Espagne, Morée, Afrique, Crimée, Italie, Chine, Mexique» 165.

Pendant les premiers combats du mois d’août 1870, la cavalerie de Lunéville, de garnison ou d’étape, agit donc au-delà des frontières de la cité et de la Lorraine. Engagées sur des terrains peu ou pas reconnus, les unités cuirassées s’épuisent et se brisent dans les charges d’Alsace avant de revenir désarticulées et moribondes en Lorraine. C’est aussi un terrible échec pour les cuirassiers de la garnison de Lunéville qui marquera durablement les esprits jusqu’au « retour » de régiments de cuirassiers dans la garnison, comme nous le verrons plus loin dans notre étude.

« En voyant cette admirable cavalerie, commandée par des chefs rompus à la guerre comme leurs soldats, et parmi ceux-ci tant de médaillés de Crimée, d’Italie, du Mexique, nous nous laissions aller à l’espoir le plus complet. Nous n’apercevions qu’un coin du tableau ; aussi notre déception fut cruelle, plus cruelle sans doute que pour les Français de l’intérieur »166.

Après la fermeture des services publics et des différentes administrations de la ville, les Lunévillois, abandonnés par les militaires de la garnison et ceux des

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