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• La Lorraine ducale en héritage : 1766 -1804

« Au XVe siècle, sous le règne de René II (1473-1508), la Lorraine devient une nationalité et commence à jouer un rôle en Europe. Elle a à se défendre contre les convoitises de deux voisins puissants le roi de France, Louis XI, et le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, (…) »47. Après avoir enlevé la plupart des places

du pays et mis le siège devant Nancy en octobre 1475, les bourgeois de Lunéville négocient les bonnes grâces de Charles le Téméraire et laissent les Bourguignons occuper la ville. Lunéville détient ainsi une garnison de 400 Bourguignons lorsque les Lorrains réagissent et mettent le siège sous les murs de la ville avec 4 000 hommes en 1476. Avec la mort de Charles le Téméraire, « le grand duc d’Occident », aux abords de Nancy en janvier 1476, la Lorraine est « débarrassée » des Bourguignons. Au début du XVIe siècle, Lunéville commence à prendre de l’importance. Plusieurs commerçants s’y établissent. « La neutralité de Charles II ne réussit pas

cependant à assurer à la Lorraine les bienfaits de la paix. De 1562 à 1576, le pays est souvent traversé par des armées allemandes qui vont secourir les réformés de France, et commettent impunément maints brigandages» 48. En 1575, les murailles

de Lunéville sont surélevées en prévision d’éventuelles guerres à venir entre les partis religieux. Le duc de Lorraine Charles III se déclare ouvertement pour la Ligue en 1585. Il accepte le titre de lieutenant général de la Ligue et se jette dans la lutte avec opiniâtreté. Lunéville est mise en état de défense mais les Réformés pillent la ville en septembre 1587. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, des travaux importants sont entrepris permettant à la ville de se doter d’une nouvelle enceinte composée de sept bastions, reliés par autant de courtines, et protégés par des fossés remplis par les eaux de la Vezouze. « L’espace compris entre les deux enceintes était très resserré,

sauf à l’Est, où les nouveaux remparts englobaient le faubourg d’Allemagne, appelé aussi ville neuve ». Ce faubourg communiquait avec la campagne par la porte de

Chanteheux, située à une cinquantaine de mètres de la porte Saint-Jacques et « s’ouvrait un peu à l’Est de la porte Joly, à l’extrémité de la rue qui s’appela plus tard

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BAUMONT (Henri), Histoire de Lunéville, Lunéville, éditions Bastien, 1900, 768 p., p. 17.

rue de la Brèche» 49 . D’autres transformations laissent penser que Lunéville peut

aussi avoir déjà une fonction de « ville résidence ».

« Le successeur de Charles III, Henri II, paraît avoir formé le projet qu’un de ses descendants réalisera un siècle plus tard, de quitter Nancy pour Lunéville. Du moins il ne négligea rien pour embellir sa résidence préférée et en rendre le séjour agréable. Il démolit le donjon du vieux château et fit construire, sur l’emplacement du château actuel, deux nouveaux pavillons et un corps de logis. (…) Ce château, couronné de créneaux et de mâchicoulis, entouré de fossés, munis de herses et de ponts levis, était une forteresse en même temps qu’une gracieuse maison de plaisance» 50.

Charles IV succède à Henri II et se prépare à la guerre contre le roi de France Louis XIII, après plusieurs intrigues contre le cardinal Richelieu. En septembre 1633, Lunéville ouvre ses portes à un régiment français. L’année suivante, le gouverneur de Nancy fait démolir une partie des fortifications de Lunéville. Malgré le peu de valeur militaire de la place, Lunéville est assiégée par le colonel lorrain Laurent Cliquot qui tente vainement de la reprendre aux Français. Pédamont, le gouverneur français, l’abandonne finalement aux Lorrains et met le feu au château et à la ville. Un mois plus tard, les Français font le siège de la ville et y commettent un nouveau sac. A chaque fois, la population de Lunéville est violentée par les soldats du roi. Toutefois les violences des Français et des Lorrains ne sont rien comparées aux excès commis par les Impériaux. En Lorraine, c’est surtout aux Suédois que les légendes populaires attribuent, quelquefois à tort, les dévastations, les tueries et les incendies du XVIIe siècle.

En 1678, à la fin de la Guerre de Hollande, le château de Lunéville est démantelé par le maréchal de Créquy51. Douze ans plus tard, quelques légères réparations sont ordonnées.

Après le traité de Ryswick, signé entre la France et l’Empire, le 30 octobre 1697, Louis XIV est obligé de rendre la souveraineté du duché de Lorraine et de Bar à Léopold Ier, fils de Charles V de Lorraine et petit-fils de l’empereur d’Autriche. Le 15 mai 1698, dans un cortège qui fait sensation auprès de la population, il fait une

49 Ibid., p. 32.

50 Ibid., p. 53.

51 François de Blanchefort de Créquy de Bonne, marquis de Marines (1629-1687). Sous les règnes de Louis XIII

puis Louis XIV, il s’illustre dans de nombreuses batailles durant la guerre de Trente Ans (1618-1648) et la guerre de Hollande (1672-1678). Il est maréchal de France en 1668.

entrée remarquée à Lunéville, quelques mois avant d’épouser la nièce du roi de France, Elisabeth-Charlotte d’Orléans.

« Le 15 mai 1698, le nouveau duc fit son entrée à Lunéville dans un appareil presque royal. Il y trouva deux compagnies d’infanterie et quelques cavaliers que le général de Bissy52 avait envoyé lui rendre les honneurs. M. de Bissy s’empressa de venir lui-même saluer Léopold. Mais les habitants de Lunéville avaient pris les armes, et de toutes parts arrivaient des paysans, des bourgeois improvisés en garde d’honneur. Aussi, Léopold ne conserva que quelques jours auprès de lui les soldats de Louis XIV, et les renvoya après leur avoir fait ses libéralités et témoigné à M. de Bissy toute sa reconnaissance»53.

Dans un jeu politique subtil entre le royaume de France et la maison d’Autriche, le duc Léopold ouvre une ère nouvelle de prospérité en s’attelant à résorber les misères laissées par la guerre de Trente ans. Evitant Nancy et la présence des Français, il choisit définitivement Lunéville comme résidence principale, et pourrions nous même ajouter, comme « résidence capitale » de la Lorraine. Délaissant le « vieux château » historique de la cité, il décide de confier à Germain Boffrand54, élève de Jules Hardouin-Mansart55, la construction au même endroit d’un nouveau château aux traits et apparences de celui de Versailles. A la fin de l’année 1712, la nouvelle résidence du duc de Lorraine s’embellit des « Bosquets », ornements créatifs et judicieux de jardins aux essences multiples.

« Avec Léopold étaient revenues les fêtes et les réjouissances publiques ; les feux de joie et les feux d’artifice pétillèrent fréquemment en son honneur. (…) Mais en 1701, la guerre éclata entre France et l’Empire, et devint générale l’année suivante. Il était d’autant plus difficile à Léopold de maintenir sa neutralité que l’on connaissait à Versailles ses sympathies pour Vienne. Louis XIV fit occuper Nancy le 3 décembre 1702. La veille, le duc et la duchesse de Lorraine s’étaient retirés à Lunéville, où les suivirent les principales

52 Jacques de Thiard, marquis de Bissy, (1649-1744), lieutenant général des armées du roi, est gouverneur de la

Lorraine et du Barrois.

53 BAUMONT (Henri), op. cit., p. 96. 54

Germain Boffrand (1667-1754), après avoir été reçu à l’Académie Royale d’architecture en 1709, est nommé premier architecte de Léopold Ier en 1711. Ses talents d’architecte sont mis essentiellement au service de commandes privées, comme des hôtels particuliers à Paris ou des châteaux en Lorraine. A consulter sur l’œuvre de Germain Boffrand, l’ouvrage écrit sous la direction de Michel Gallet et de Jörg Garms, Germain Boffrand 1667–1754. L’aventure d’un architecte indépendant. Herscher, Paris 1986, 295 p.

55 Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), est Premier Architecte et Surintendant des Bâtiments du Roi sous le

règne de Louis XIV. Incarnant le classicisme français de la fin du XVIIe siècle, il est l’auteur de plusieurs réalisations célèbres au château de Versailles, comme la galerie de Glaces, l’Orangerie ou les Grandes Ecuries. A consulter sur l’œuvre de Jules Hardouin-Mansart, l’ouvrage écrit sous la direction d’Alexandre Gady, Jules Hardouin-Mansart - 1646-1708, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2010, 610 p.

familles lorraines. On se logea provisoirement, comme l’on put, dans les pièces encore habitables du château, à l’hôtel de ville et chez divers particuliers »56.

Malgré ces tensions erratiques avec la France, le règne de Léopold s’apparente à trente années bénéfiques pour Lunéville qui connaît de notables transformations. L’espace urbain se modifie en s’agrandissant et en proposant de nouveaux axes de déplacement propices à la circulation des hommes et des chevaux. Le nombre d’habitants triple pendant son règne, les rues et les habitations s’embellissent autour du château qui accueille désormais une cour nombreuse et brillante servie par une Maison civile comprenant plus de trois cent cinquante serviteurs au début du XVIIIe siècle. Une Maison militaire composée de gardes du corps, de chevau-légers et de Cent-suisses est articulée en cinq compagnies et a pour tâche principale de rendre les honneurs au duc et aux personnalités de sa cour. Ainsi, selon le mot de Voltaire habitué à séjourner à Lunéville auprès du duc qu’il qualifiait volontiers de « despote éclairé », « on ne croyait pas avoir changé de lieu

quand on passait de Versailles à la cours de Léopold ». Ainsi dans la première moitié

du XVIIIe siècle, Lunéville bénéficie d’une attention particulière des cours européennes et attire à elle des personnages importants qui viennent grossir la population de la cité autour de son duc. La ville en est « métamorphosée » selon l’expression de l’abbé Burgard.

« A l’époque où les moindres souverains, les yeux fixés sur Versailles, rivalisent d’efforts pour copier la Cour du Roi-Soleil, Lunéville devient le Versailles lorrain »57.

Au début du XVIIe, après une période troublée de sièges et de destructions, la disparition de l’enceinte fortifiée de Lunéville sur ordre de Richelieu, a pour conséquence la perte de la fonction militaire défensive de la ville. Pendant près d’un siècle, en perdant de nombreux habitants, la cité semble décliner irrémédiablement. Cependant en 1725, le duc Léopold fait transférer son Académie militaire de Nancy à Lunéville. Créée en 1699 comme une Académie d’exercice, véritable école de cavalerie, chargée d’instruire les enfants de la noblesse de France, elle jouit d’une grande renommée qui franchissant les frontières du royaume, attire de nombreux gentilshommes étrangers. C’est une aubaine pour Lunéville qui renoue avec une nouvelle page d’histoire militaire. L’Académie de Léopold inaugure-t-elle alors

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BAUMONT (Henri), op. cit., p. 107-108.

« l’assise cavalière » de Lunéville ? Si cette initiative aristocratique semble donner ses cachets de noblesse à celle qui deviendra la « cité cavalière par excellence », elle est fragilisée par les difficultés économiques que rencontre le duc qui voit ses courtisans l’abandonner peu à peu.

« Les constructions de Léopold, ses prodigalités, sa passion pour le jeu, sa diplomatie couteuse avaient de bonne heure épuisé le trésor. Il fallut d’abord augmenter les impôts, puis recourir aux emprunts, et enfin vivre d’expédients. La détresse alla sans cesse s’accroissant, et la cour de Lunéville, jadis si animée, si brillante, devint fort triste pendant les dernières années du règne» 58.

La présence éphémère de cette Académie d’exercice souligne toutefois l’environnement élitiste qui prévaut autour de l’apprentissage de la maitrise de l’équitation en Lorraine. Cette caractéristique semble être le point de départ de la définition d’un espace de cavalerie citadin qui est appelé à se développer dans les années suivantes autour d’un legs historique et aristocratique. L’origine de la présence et de la permanence de différentes formations de cavalerie à Lunéville jusqu’au milieu du XXe siècle, tient peut-être à cette union non avouée mais consentie entre le cheval et le château ducal et entre le château ducal et la ville.

Après sa mort, survenue le 27 mars 1729, son fils, François III, réside à peine un an en Lorraine et retourne à Vienne où il avait déjà vécu depuis 1723. Il laisse la régence à Elisabeth-Charlotte d’Orléans, sa mère. Le 6 mars 1737, cette dernière quitte définitivement Lunéville sous les clameurs et les lamentations des habitants de Lunéville. Le 21 novembre 1740, François III, dernier duc héréditaire de Lorraine, devient Corégent d’Autriche sous le nom de François Ier. Le 4 octobre 1743, il est couronné empereur du Saint Empire Romain Germanique à Francfort-sur-le-Main.

Privés de duc, les Lorrains voient désormais dans la duchesse douairière, dernière duchesse de Lorraine, la vivante personnification de l’indépendance nationale et manifestent de profonds regrets lors de ses funérailles à Commercy, le 23 décembre 1744.

58 BAUMONT (Henri), op.cit., p. 118.

Quelques années auparavant, Stanislas Leszczynski est élu roi de Pologne59 par la Diète une première fois en 1704, grâce à l’appui du roi de Suède, Charles XII, mais il est entrainé dans sa chute en 1709. Il trouve un refuge provisoire à Deux- Ponts, puis à Wissembourg. Il est élu roi de Pologne une deuxième fois en 1733, mais son règne est encore plus court et ouvre la guerre de succession de Pologne. Cette nouvelle tentative de retour au pouvoir se termine en désastre face aux troupes russes à Dantzig en 1734. Echappant de peu à la capture, il rejoint le château de Königsberg et obtient la protection du prince héritier Frédéric, futur roi de Prusse sous le nom de Frédéric II. Par le traité de Vienne, le 3 avril 1737, Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau père du roi de France Louis XV60 depuis 1725, reçoit en viager les duchés de Lorraine et de Bar. Il établit sa résidence dans le château de Lunéville au sein d’un espace urbain qui va désormais s’apparenter pour lui et les Polonais qui le suivent à une ville refuge. Bien que considéré à son avènement comme un usurpateur par ses nouveaux sujets lorrains, il s’astreint à conquérir leur cœur, même si parfois, il lui faut composer avec l’impopulaire chancelier Chaumont de La Galaizière61. Titré du rang de Duc, il renonce à tout pouvoir effectif mais garde cependant espoir de revenir régner un jour en Pologne. Lunéville n’est dans son esprit qu’une ville étape : cette « étape » dure pendant 29 ans jusqu’à sa mort en 1766. Menant une vie princière au milieu d’une cour importante, il garde une grande liberté dans le domaine intellectuel et artistique et possède en outre le génie de l’architecture, de l’urbanisme et des jardins. D’une grande hospitalité avec les aristocrates français ou allemands faisant étape au château de Lunéville, mais aussi avec les grands esprits de l’époque, savants ou éclairés, il place la Lorraine parmi les brillantes cours européennes. Par ses initiatives architecturales et urbaines à Lunéville, mais aussi à Nancy ou Commercy, et par son goût prononcé pour les arts et la culture, Stanislas Leszczynski, devient ainsi en Lorraine pour la postérité « Stanislas le bâtisseur » et « Stanislas le

59 MURATORI-PHILIP (Anne), Le roi Stanislas (1677-1766), Paris, Fayard, 2000, 477 p.

60 Dans la cathédrale de Strasbourg devant le cardinal de Rohan, grand aumônier de France, Marie Leszczynska

(1703-1768), seconde fille de Stanislas Leszczynski, épouse par procuration le duc d'Orléans, en sa qualité de premier prince du sang, le 15 août 1725. Elle se marie à Fontainebleau avec le jeune roi Louis XV de sept ans son cadet, le 5 septembre de la même année.

61 Chaumont de La Galaizière (Antoine-Martin, marquis) né à Namur le 22 janvier 1697, décédé à Paris le 3

octobre 1783, est nommé chancelier du roi Stanislas et intendant des troupes françaises en Lorraine, de 1737 à 1768. Détesté des Lorrains qui l’identifient volontiers à un tyran, il a pour tâche principale d’introduire en Lorraine l'administration française dans l'attente du rattachement du duché à la France. Malgré son impopularité, Stanislas lui conserve sa confiance jusqu’à sa mort. A consulter en particulier : BROSSEL (Alfred), Antoine- Martin de Chaumont, marquis de La Galaizière, intendant de Lorraine, chancelier de Stanislas, 1967-1783, Nancy, G. Thomas, 1968, 38 p.

bienfaisant »62, supplantant de fait les réalisations effectuées par le duc Léopold quelques années auparavant.

« Mais le château de Lunéville ne dut au roi de Pologne, dans le cour du règne, que des transformations peu importantes. C’est aux Bosquets que Stanislas s’abandonna tout entier à son goût pour les constructions et les embellissements. Il confia à Héré le soin d’agrandir et de transformer ce parc : les marais de la Vezouze furent desséchés et devinrent les Petits Bosquets63 ; des machines amenèrent l’au en abondance pour alimenter les bassins et une cascade, ça et là s’élevèrent des kiosques, des pavillons, des chalets, des constructions légères et originales»64.

Le 23 février 1766, la mort de Stanislas inaugure définitivement la fin de la Lorraine en tant qu’Etat. Elle marque aussi la fin d’une époque et d’une prospérité pour Lunéville et son château. Dès le lendemain, Louis XV annonce officiellement le rattachement du duché de Lorraine au royaume de France. La Lorraine est désormais une province française administrée par le secrétariat à la Guerre. La mort de Stanislas et le rattachement de Lunéville à la France suspendent son développement.65

Les principales conséquences dans le domaine militaire et plus particulièrement dans le cadre de l’installation de troupes montées, sont la mise en place des gendarmes rouges, de 1766 à 1788 puis des carabiniers de Monsieur, de 1788 à 1791.

A la mort de Stanislas, pour dédommager Lunéville de la perte de sa cour, un premier détachement des gendarmes rouges est envoyé en garnison à Lunéville, le 13 novembre 1766. Rejoint le surlendemain par un second détachement, cette

62

Cette expression restée pour la postérité est à rapprocher du surnom donné au roi de France « Louis XV le Bien aimé ».

63 L’essentiel des travaux pour l’aménagement des jardins du château de Lunéville a lieu à partir de 1708, date à

laquelle on construit une orangerie au sud-est des bâtiments. Deux ans plus tard, « les Bosquets », devient le nom usuel pour désigner l’ensemble de la superficie dédiée à l’aménagement des jardins. Ceux-ci prennent alors une extension considérable. Lorsque le roi Stanislas, nouveau duc de Lorraine, s’installe au château le 3 avril 1736, il attache un soin particulier à leur embellissement et leur agrandissement. Il conforte l’axe central jusqu’au salon de Chanteheux, pavillon de plaisance qu’il fait construire à environ trois kilomètres de Lunéville. En augmentant ainsi la perspective, il ouvre le jardin sur la campagne et fait aménager l’ancienne prairie, la transformant en « Nouveaux (ou Bas) Bosquets ». Les « Petits Bosquets » sous la façade nord du château accueillent le canal dérivé de la Vezouze.

64 BAUMONT (Henri), op.cit., p. 157. 65

Cet état de « stagnation » politique et administrative persiste même après l’installation d’une sous-préfecture sous le Premier Empire. Lunéville devient une « ville moyenne » de province.

gendarmerie de France dite aussi gendarmerie d’ordonnance66, unité d’élite montée venant juste après la maison militaire du roi selon l’ordre protocolaire en vigueur au milieu du XVIIIe siècle, s’installe au château, dans l’Orangerie et les hôtels des Cadets et des Gardes, situés à proximité. En 1767, les dix compagnies de gendarmerie dispersées dans les provinces du royaume sont réunies à Lunéville. La couleur écarlate des uniformes confère à cette troupe devenue de fait la gendarmerie

de Lunéville, une identité unique qui semble annoncer et marquer la magnificence

des tenues des cavaliers à Lunéville et en définir une stature, qui est plus qu’un habit d’apparat, mais peut-être et sans doute, un état d’esprit, un trait marquant dans l’imaginaire collectif, jusqu’aux engagements sur le champ de bataille du XXe siècle.

« Habit, parements et collet de drap écarlate, bordé d’un galon d’argent d’un pouce de large, les revers garnis de six brandebourgs du même galon, boutons argentés, doublure,

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