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Chapitre  1   : Introduction générale 1

1.3   Mytilus edulis (L.) 8

L’espèce de moules étudiée ici, la moule bleue Mytilus edulis (L.), est une des plus importantes en terme d'abondance de la côte Est du Canada. Le phytoplancton constitue la majeure partie de leur diète (Kreger and Newell 1996). Cependant, elles peuvent aussi consommer des bactéries et du zooplancton. La larviphagie a aussi été décrite dans les fermes de moules. Famme et Kofoed (1983) ont montré que la moule bleue adapte son alimentation aux taxons présents dans son environnement. Les particules absorbées, mesurant entre 1 et 35 µm, sont retenues par les branchies pour ensuite passer dans le tractus intestinal (Stoheimer et al. 2012). La rétention est possible mais moindre pour les particules entre 35 et 200 µm. Selon la quantité de nourriture disponible, les moules peuvent réaliser une première sélection juste après le passage par les branchies. Une partie rejoint le tractus digestif, la seconde partie est alors rejetée sous forme de pseudofèces. Suite à la digestion, les moules rejettent des fèces. Les pseudofèces sont produites lorsque la concentration de la matière particulaire en suspension (SPM) est supérieure à 4.5 – 5 mg L-1 (Widdows et al. 1979).

La saisonnalité a aussi son importance pour les moules. Nous avons vu ci-dessus la dynamique de succession saisonnière des protistes. Ceux-ci étant la principale source de nourriture des moules, l’alimentation des bivalves va par conséquent changer au cours de l'année (Ezgeta-Balić et al. 2012). L’état physiologique des moules (par exemple en période de gamétogénèse) est un autre paramètre à prendre en compte. Lorsque les moules produisent des gamètes, la demande en énergie est très élevée. Une fois la ponte effectuée la demande en énergie diminue. L’arrivée de l’automne permet de stocker les nutriments pour passer l’hiver. La demande en énergie est à ce moment-là importante, mais plus lente, car elle dure plusieurs mois.

Le sujet principal de cette thèse est l’interaction entre les moules et la communauté microbienne. En effet, il est connu que les moules peuvent stimuler une efflorescence phytoplanctonique par le recyclage des nutriments lors de la resuspension des sédiments (Asmus and Asmus 1991; Prins et al. 1997). Elles peuvent

aussi entraîner une perte de biomasse de la communauté phytoplanctonique (Stevens et al. 2008), une perte de productivité primaire (Riemann et al. 1990), ou encore un changement dans l'identité des espèces de phytoplancton présentes (Baker et al. 1998). Ces déséquilibres se produisent aux niveaux biotique, abiotique et local (extinction d’espèces, cycles biogéochimiques, pH etc.) (Hooper et al. 2005), entraînant une rétroaction directe ou indirecte sur la production de moules. En effet, si les espèces planctoniques, leur principale source de nourriture, venaient à manquer, les moules ne pourraient plus croître. Si le déséquilibre se fait sur la matière organique, principale source d'énergie de la communauté planctonique, de manière indirecte cela pourra affecter la croissance des moules.

1.3.2 Les acides gras

Une des principales sources d'énergie des moules est l'utilisation métabolique des acides gras (AG). Ceux-ci sont retrouvés dans les lipides qui sont des constituants essentiels pour les organismes.

Les lipides sont des constituants indispensables aux organismes vivants. Ce sont des molécules amphiphiles c’est à dire ayant un côté hydrophyile et l’autre hydrophobes. Ils sont classés par leurs srucutres. Ils sont retrouvés dans de nombreux constituants cellulaires. Par exemple la classe des phospholipides est la classe de lipides qui constitue les membranes cellulaires. La classe des stéroles retrouvés dans les hormaones entre autre. Un dernier exemple comme les triglycérides source d’énergie. Ceux-ci sont constitués de trois molécules de glycérol rattaché chacune à un acide gras.

Les acides gras sont des chaînes carbonées possédant entre 13 et 28 atomes de carbone. Elles sont entrecoupées par une ou plusieurs doubles liaisons ou insaturations. Le nombre d'insaturations permet de diviser les acides gras en trois catégories : les acides gras saturés (SFA), les acides gras monoinsaturés (MUFA) qui possèdent une seule double liaison et les acides gras polyinsaturés (PUFA) avec plusieurs doubles liaisons. Les acides gras ont la particularité de pouvoir être utilisé directement, sans phase de transformation, lors du passage d’un compartiment trophique à l’autre. Le proverbe «nous sommes ce que nous mangeons» est alors approprié.

1.3.3 Méthodologie employée

Les acides gras issus des lipides permettent de caractériser les sources nutritives des moules, en déterminant ceux présents dans la lagune, ceux ingérés par les moules et enfin ceux rejetés dans les fèces. Sur le terrain, de l’eau est filtrée pour identifier les acides gras de la lagune. Après la récolte sur le terrain, ls moules sont misent en stabulation, c’est à dire dans de l’eau pure pour récupérer au bout de 24h la glande digestive et les fèces afin de déterminer la compostion en acides gras. Pour récupérer les acides gras, les lipides sont extraits selon la méthode de Folch modifié par Parrish (1999) puis une trans-estérification totale est réalisée sur les

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lipides afin de ne garder que les acides gras (AG). Deux acides gras standards (le C19:0 et le C23:0) sont utilisés lors de l’extraction et de l’estérification. Les échantillons sont ensuite analysés en chromatographie en phase gazeuse (CPG), couplée à un spectromètre de masse. Ils permettent de distinguer les acides gras selon leur temps de rétention à travers la colonne et leur masse. Les acides gras standards absents des matrices biologiques nous permettent d’avoir une calibration lors du passage en chromatographie puisque leur temps de rétention et leur masse sont connus. Les chromatogrammes issus de cette analyse sont comparés à des banques d'acides gras de référence. Également, pour valider l'identification sur notre propre colonne, nous passons un standard contenant 37 acides gras les plus connus. On peut ainsi identifier la composition de nos échantillons.

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