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De multiples cultures sonores à travers le monde

3. Quand les sons et leur acceptation révèlent la diversité des cultures à travers le

3.2 De multiples cultures sonores à travers le monde

Les cultures occidentales peuvent être considérées comme

« bouillantes » en comparaison avec une culture comme celle du Japon. Dans Callando se entiende la gente (trad: Les gens se taisent pour se comprendre mieux), Enrique Balmaseda Maesta, professeur de philosophie à l’Université de La Rioja, en Espagne, souligne l’importance profonde de la limitation du volume sonore dans la société nippone.

« Le Japon est aussi connu pour sa culture de respect. Le silence est une manière de manifester son respect à l’espace public. Cet aspect est explicité non seulement par des numéros étudiés du son, mais il est aussi réfléchi dans la structure linguistique du japonais. Par exemple, j’ai retenu l’expression « wanu Ga Hanna » qui se traduit comme « faire silence est une fleur ». »

Le ministère de l’Environnement du Japon a produit en 1996 une compilation de Cent sons du Japon. Sélectionnés par le groupe japonais des sons naturels, ces enregistrements traduisent un certain mouvement conservateur de protection face au bruit et à la pollution sonore. Dans cette compilation, des sons, issus de tout le pays, représentent différents paysages sonores qui peuvent se révéler symboliques pour les résidents du Japon. Cent sons du Japon est donc constitué de sonorités naturelles comme composées qui forment en quelque sorte un registre des différentes identités sonores japonaises.

Sonidos de Mexico est une série de vidéos, produite par l’agence Canal 22, qui reconstitue dans 14 documentaires courts différents sons typiques des zones urbaines mexicaines. Ces vidéos ont pour objectif de narrer l’histoire mais aussi le folklore caractéristique de la ville mexicaine. C’est à la fois un projet de diffusion, mais aussi de conservation culturelle. L’immersion dans des sons distinctifs du contexte urbain fait prendre conscience au public de l’existence de différents modes d’habiter l’espace public. Ces

documentaires traduisent également le fait que les sons peuvent aider à aiguiller nos actions à l’échelle individuelle comme à l’échelle de la ville.

La nature sonore de la vie urbaine. Bruit, conflit et coexistence à Mexico est une investigation anthropologique qui se donne pour objectif l’étude et l’analyse des phénomènes sonores en ville. Le son et les bruits n’y sont pas considérés comme une simple construction esthétique, mais comme un véritable produit psychologique, historique et culturel de la vie urbaine. Cette étude présente également les processus d’adaptation des habitants à des environnements acoustiques hostiles.

Dans un TEDx Talk donné en Louisiane en 2015, l’architecte Shea Trahan, passionné par les questions sonores, traite de la relation qui peut exister entre sons et architecture, et comment le design acoustique peut dans le futur être mis au service de la qualité des espaces de vie communs. Il nous montre comment au cours de l’histoire, le son a pu être utilisé pour améliorer les espaces publics. Il estime alors, à l’aide de ce retour historique, que l’utilisation du design acoustique se révèle indispensable pour mieux adapter les espaces publics aux citoyens. En quelques mots, Trahan souhaite souligner « le pouvoir qu’un instrument a pour changer la perception de l’homme ».

Selon lui, le son est à même de remplir ce rôle et devrait donc être véritablement considéré dans une optique d’amélioration de la qualité de vie du citoyen et de ses espaces de vie.

Recyclers est une série de films d’animation qui représentent les tissus culturels et sociaux noués dans l’espace urbain, au moyen de l’animation expérimentale. Des figues « recyclées » sont issues d’objets trouvés dans la rue, comme des détritus, des emballages de biens de consommations et des produits locaux typiques, qui sont ensuite animés dans cette œuvre, et qui créent une

Des sons urbains caractéristiques ont en effet été enregistrés dans certaines villes pour être ajoutés au film a posteriori. Le résultat est la réalisation de « portraits expérimentaux », de documentaires alternatifs sur différentes métropoles comme Berlin, Paris, Buenos Aires, Taipei ou encore Mexico. Ces films permettent de souligner l’existence de différentes ambiances sonores à travers le monde. Ils évoquent aussi le fait que la production de déchets issus de l’activité humaine n’est pas uniquement tangible et matérielle, mais qu’elle peut également se révéler immatérielle avec les sons.

Soundcities : The Global soundmaps project est la première base de données (en open source) de sons urbains du monde entier. Elle compile actuellement de nombreux sons trouvés et enregistrés sur le train, puis mis en ligne. Ce projet permet ainsi au public de mélanger, comparer, analyser des centaines d’échantillons sonores de zones urbaines. Cette base de données et les sons qu’elle contient peut ainsi être sollicité pour mieux comprendre les politiques culturelles du son à travers le monde.

Tout comme le projet précédent, Listen to Africa - An audio adventure through Africa est un réseau public dont le but est de conserver et de partager la culture du continent africain à travers le son. Réalisé au cours d’un voyage en vélo de 24 000 kilomètres dans le Nord-Ouest du continent, le projet a enregistré différents types de sons, naturels comme composés, qui définissent pour ses instigateurs l’identité sonore des territoires traversés, avec leurs musiques, leurs voix, et leurs ambiances propres.

Anthony Pecqueux nous permet de poursuivre notre réflexion en évoquant le fait que la vie en collectivité doit être organisée selon des normes communes, d’où la difficulté d’appréhender l’immatériel et le subjectif dans les textes de loi : « Cela permet de rappeler, à l’encontre de certaines analyses sans doute rapides, que l’espace public urbain ne se compose pas uniquement d’une juxtaposition de bulles privatives, hermétiques les unes aux autres ; que nous continuons pour l’essentiel à partager le même

espace sensible, même si nous y occupons chacun une place particulière qui peut changer la perspective. »

Quels sont les enjeux de la traduction dans les textes législatifs de la conception du son ? Nous avons vu précédemment que cette conception évolue. En effet, elle est liée à une période, à un lieu, une aire géographique et la culture associée. Nous nous attachons ici au cas de la France contemporaine, dont les spécificités culturelles ont été développées dans cette première partie, explicitées via leur comparaison avec d’autres temps et d’autres cultures.

B> L’encadrement législatif d’un