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4-Bilan d’extension en cas de TTG :

3. Moyens d’étude :

Pour bien comprendre et suivre les moles hydatiformes nous avons besoin de l’étude de la cytogénétique.

Cette étude doit répondre à deux principales questions : la ploïdie et l’origine paternelle ou maternelle des jeux chromosomiques. D’ou l’intérêt des techniques si dessous.

a. L’anatomopathologie :

La môle complète se caractérise par une dégénérescence généralisée des villosités choriales ainsi que par une hyperplasie trophoblastique. Elle ne comporte ni cavité amniotique ni tissu embryonnaire.

La môle partielle ou embryonnée est caractérisée par une hyperplasie focalisée et discrète du trophoblaste, une dégénérescence localisée des villosités choriales et une structure fœtale ou un tissu embryonnaire identifiable.

Les signes histologiques ne sont pas toujours présents ni spécifiques, notamment pour la MHP [11]. Le recours à la cytogénétique est alors nécessaire pour la fiabilité du diagnostic.

b. La cytogénétique :

Les techniques d'étude utilisées sont multiples [8,9].

L'hybridation in situ en interphase explore également la ploïdie et le sexe [8].

L'analyse cytogénétique en métaphase permet d'étudier la ploïdie, l'homo ou l'hétérozygotie et l'origine parentale.

L'utilisation de sondes en génétique moléculaire permet également de déterminer l'origine parentale du tissu. Cette méthode peut être combinée à des techniques de restriction enzymatique ou d'amplification génique [10].

Cependant à l'heure actuelle, il n'existe aucun marqueur génétique ni aucune méthode de biologie moléculaire pour prédire l'évolution (agressivité) d'une maladie trophoblastique [10].

Les principes de chaque technique seront développés ci-dessous.

i. Le caryotype standard :

Principe : Le caryotype est l'arrangement standard de l'ensemble des chromosomes d'une cellule, à partir d'une prise de vue microscopique. Les chromosomes sont photographiés et disposés selon un format standard : par paire et classés par taille et par position du centromère.

Après un prélèvement sur l'individu, des cellules (souvent des lymphocytes obtenus par un prélèvement sanguin) sont mises en culture in-vitro. La culture est alors mise en présence de colchicine qui perturbe les fuseaux mitotiques et bloque les cellules en métaphase de la mitose. Les cellules en mitose sont alors récoltées, on les fait gonfler par une incubation dans un milieu hypotonique ; on les met ensuite en présence d'un fixateur et l'on étale la suspension cellulaire fixée sur une lame de verre, en vue de l'observation microscopique, c'est ce que l'on appelle un étalement chromosomique.

Cette préparation est ensuite colorée. La coloration la plus classique est la coloration au Giemsa qui entraîne, après l'application d'un traitement approprié, l'apparition de bandes sombres et claires alternées sur les chromosomes : le « G-banding ». La topographie des bandes est caractéristique d'un chromosome et permet de l'identifier (les deux chromosomes d'une même paire ont la même

topographie de bandes). Il existe également d'autres méthodes de coloration qui font apparaître d'autre types de bandes (Q-Banding, R-Banding, etc.). Certaines de ces méthodes font appel aux colorants fluorescents.

Le caryotype standard est rarement réalisé en routine, car il nécessite un matériel placentaire frais. Or, en pratique, la grossesse étant souvent arrêtée, le tissu placentaire est en partie involué avec échec de la culture cellulaire, par ailleurs la plupart des produits de conception parviennent au pathologiste après fixation formolée.

ii. L’immuno histochimie :

Principe : L'immuno histochimie (IHC) est une méthode de localisation de protéines dans les cellules d'une coupe de tissu, par la détection d'antigènes au moyen d'anticorps. L'immuno histochimie exploite le fait qu'un anticorps se lie spécifiquement à un antigène dans les tissus biologiques. Les anticorps peuvent être d'origine polyclonale ou monoclonale, les anticorps monoclonaux étant plus spécifiques.

Le couple anticorps-antigène peut être visualisé de plusieurs façons. Dans la plupart des cas, l'anticorps est conjugué à une enzyme (ex :peroxydase) qui peut catalyser une réaction de production de couleur (ex. : coloration immunoperoxydase). Les anticorps peuvent aussi être marqués par un fluorochrome (ex : FITC, Rhodamine, Texas Red ou Alexa Fluor) : voir immunofluorescence.

L’immunohistochimie est d’une aide précieuse dans les cas difficiles.

L’étude de l’expression de l’anticorps anti-p57, dirigé contre CDN1K, gène d’expression maternelle, permet de distinguer une MHC (absence de marquage par p57 des cellules cytotrophoblastiques et mésenchymateuses des villosités),

d’une MHP et d’une fausse couche précoce non môlaire (les deux dernières expriment p57 dans toutes les cellules trophoblastiques) [12,13].

En revanche, l’étude de p57 ne permet pas de faire la différence entre une MHP et une fausse couche précoce non môlaire.

iii. L’étude de la ploïdie :

Plusieurs méthodes permettent d’étudier la ploïdie sur matériel paraffiné : la FISH et la cytométrie en flux.

Principe de la FISH : La technique FISH utilise des sondes spécifiques de certaines séquences de nucléotides, et non des colorants qui se fixent sur tous les chromosomes.

Des séquences d'ADN complémentaires de la séquence d'un gène ou d'une partie du génome sont préparées in vitro et couplées à des fluorochromes. Cette sonde ainsi que les chromosomes sont chauffés, ce qui a pour effet de dissocier les brins complémentaires (dénaturation thermique). Ils sont alors mis en présence et on les laisse refroidir. De cette manière, la sonde (fluorescente) peut s'apparier avec sa séquence homologue sur le chromosome. On obtient donc un ADN hybride. Ceci permet de repérer à l'aide d'un microscope à fluorescence, la position d'un gène ou d'une séquence génomique sur le caryotype et donc de mettre en évidence, par exemple, une position anormale due à une translocation.

Principe de la Cytométrie en flux : Technique qui permet de compter et de caractériser des cellules en les faisant défiler à grande vitesse dans un faisceau lumineux. La caractérisation est basée sur l’étude de la lumière réémise (par diffusion ou fluorescence). C’est une Technique de caractérisation individuelle, quantitative et qualitative de cellules en suspension dans un liquide.

L’étude de la ploïdie permet, en présence de signes histologiques évocateurs de MHP, de différencier un avortement spontané précoce (diploïde) d’une MHP (triploïde), mais ne précise pas l’origine parentale du lot chromosomique excédentaire.

Compte tenu de leur coût, le choix de ces techniques complémentaires doit s’intégrer dans une stratégie diagnostique. De plus, ces techniques ne sont pas réalisables dans tous les laboratoires, et leurs résultats doivent faire l’objet d’une interprétation raisonnée, ce qui justifie le recours au réseau des pathologistes experts [14].

iv. La génétique moléculaire :

Principe : C’est une cartographie des gènes d’un individu.

Plus récemment, le génotypage moléculaire, fondé sur l’étude des microsatellites, apporte des informations sur l’origine parentale des chromosomes contenus dans le produit de conception.

Les microsatellites sont de courtes séquences d’ADN, polymorphes, hérités de façon stable, propres à chaque individu et identiques dans tous les tissus d’un même individu.

Au cours des maladies trophoblastiques, leur identification permet de mettre en évidence la présence d’allèles non maternels (paternels) dans les môles et les tumeurs, en comparant le profil obtenu à celui du tissu maternel (Fig. 9D) [15,16].

Figure 9: A. Aspect macroscopique en « grains de raisin » de la MHC.

B. Histologie de la MHC précoce : hyperplasie trophoblastique modérée, axe dense et cellulaire contenant des vaisseaux.

C. Absence d’expression de p57 dans les cellules des villosités de la MHC. D. Génotypage moléculaire de la MHC : présence d’un seul pic d’allèles non maternels, caractéristique d’une monospermie.

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