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Mort des frères Kouachi

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 87-93)

Vendredi, aux environs de 17h.

L’ordre de donner l’assaut fut donné au plus haut niveau et retomba en cascade : Président, 1er Ministre et Ministre de l’Intérieur, Préfet, et enfin Chef du Groupe d’Intervention qui gérait en direct et qui prit la décision finale. La porte de l’imprimerie s’ouvrit, et les deux

terroristes tentèrent une sortie, en tirant de tous les côtés. Ils durent rentrer immédiatement à l’intérieur, sous le feu nourri des assaillants. Les grenades suivirent; l’intérieur de l’imprimerie fut ravagé, et les feuilles volaient dans tous les sens. Un seul attaquant fut blessé. Le salarié qui s’était caché et avait communiqué avec le GIGN était indemne.

Treize médias annoncèrent en direct que les affrontements avaient éclaté entre les forces de l’ordre et les terroristes ! Ceci aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher, où se trouvait Coulibaly, car celui-ci avait menacé de les abattre tous, en cas d’attaque à l’imprimerie…

Quand le GIGN entra, les frères Kouachi gisaient là,

recouverts entre autres par les dernières « UNES » de Charlie Hebdo qui avaient été tirées ici même.

Le complot

Hector était un petit homme rondouillard, au crâne dégarni, qui avait une cinquantaine d’années. D’origine arménienne, il adorait les plats traditionnels français bien mijotés, surtout d’ailleurs quand ils étaient réchauffés le lendemain, mais aussi bien sûr, les bons petits mets typiques : les feuilles de vigne, la moussaka, les pistaches, les douceurs, et avait souvent un loukoum dans

la bouche. C’était un homme d’une grande souplesse, et, malgré ses kilos en trop, il ne fallait pas s’y fier...

Du passé de sa famille, il avait développé une haine farouche des Turcs, qu’il considérait comme avoir commis un génocide contre le peuple arménien. Sa famille, ou plutôt ce qu’il en restait, s’était établie à Marseille, mais la colère demeurait au fond de lui, qui pouvait réapparaître en agressivité à l’occasion d’injustices patentes.

Son sourire, sa bonne humeur, sa joie de vivre, avaient fait craquer Tamara qui mesurait une tête de plus que lui et qui l’adorait. Elle était « aux petits oignons » pour lui, et il en était fou. Un couple atypique !

Tamara, belle blonde aux yeux bleus et aux cheveux coupés court, mesurait 1,76m. Elle avait vingt-six ans, quand en 1989, le mur de Berlin fut abattu. Depuis, d’autres murs de la honte avaient été érigés, par Israël pour enclaver les Palestiniens, par les Etats Unis à la frontière mexicaine et en Europe aussi, mais de ceux-là, on ne faisait pas tout un fromage !

Et il y avait tellement d’autres murs, invisibles ceux-là, à l’intérieur même des pays...

Après la perestroïka, ce fut la fin de la guerre froide. Certains allèrent jusqu'à annoncer la fin de l’histoire : « le capitalisme avait triomphé définitivement » disaient-ils. Tamara était agent du KGB, et elle avait vu, à ce moment-là, beaucoup de ses anciens collègues du service action, devenir membres des diverses mafias qui s’étaient

alors constituées à la suite du démantèlement de l’Union Soviétique. A cette époque, beaucoup n’osaient même plus faire du commerce avec la Russie, tant c’était devenu dangereux.

C’est à Cuba, où elle avait le titre d’attaché culturel, qu’elle avait auparavant rencontré Hector. Celui-ci avait été envoyé par le gouvernement français pour infiltrer et aider un groupe de dissidents demeurés sur place, ceux qui étaient partis en Floride étant, eux soutenus par les Etats Unis.

Leurs intérêts étaient contradictoires, mais l’alchimie d’un coup de foudre les avait rapprochés. Cela ne s’était pas démenti jusqu’alors.

Constatant la réduction du rôle du KGB, et suite aux appels pressants d’Hector, elle avait décidé de changer son fusil d’épaule, et était devenue elle aussi membre du service action de la DGSE après une période de probation évidemment…

Elle n’avait rien à envier à ses confrères, sa formation ayant été très poussée sur tous les plans. Depuis, de nombreuses missions lui avaient été confiées, seule ou en duo, et c’est à l’occasion d’une de ces missions, qu’ils avaient fait la connaissance de Sergio Ibanez en 2002. Ils assistaient alors, avec d’autres services d’espionnage, les forces conservatrices soutenues par les médias qui leur appartenaient, à fomenter un coup d’état contre un pays d’Amérique du sud.

Celui-ci avait échoué, la population soutenant très majoritairement son Président, et, à cette occasion, Sergio leur avait sauvé la vie.

Depuis, ils étaient devenus de véritables amis, et entre eux, c’était à la vie à la mort.

Quand Sergio arriva en sang chez eux, Tamara aida Pierre, l’urgentiste, à nettoyer ses plaies qui étaient assez profondes, et à lui faire un bandage à la jambe et au bras. Heureusement, ses blessures, bien que très douloureuses, n’avaient pas touché d’organes importants ; mais elles nécessitaient du repos.

L’urgentiste était complètement surexcité! Il pressa Sergio de prendre connaissance du dossier du Général Lamrache, qui se trouvait dans l’appareil photo. Sergio put enfin regarder les clichés. Stupeur, il découvrit à ce moment-là que le complot en question visait à la prise du pouvoir en France, qu’il était en cours, réunissant des généraux et colonels de corps d’élite, commandos, Légion, ainsi que des membres de la DGSE, des hommes politiques proches du pouvoir, de grands patrons de multinationales et des membres des forces les plus extrémistes de l’extrême droite.

Un coup d’Etat en 2015 ???

Cela lui semblait avoir été relégué aux oubliettes de l’Histoire.

Pourtant, ce qui venait de se passer, les révélations de Pierre, le dossier Abou Ralil !…

Il résuma donc la situation : ces forces extrémistes avaient noyauté les Islamistes, et fait commettre les attentats de Charlie Hebdo dans l’espoir de créer de tels affrontements en France, qu’ils pourraient se poser en sauveurs de la République.

Il connaissait très bien ce genre de personnages, pour les avoir côtoyés longtemps, et se doutait bien que la vie de l’urgentiste ne tenait qu’à un fil. Et la sienne aussi maintenant ! Puis il songea à Samia. Bon sang, elle était dans la gueule du loup! Comment la tirer de là ? Comment faire cesser la chasse à l’homme dont il était l’objet lui-même? Il devait être recherché maintenant, et ses poursuivants avaient « permis de tuer » comme il avait pu s’en rendre compte!

La situation était critique. Il devait réfléchir.

Il s’enferma dans une chambre, fit quelques amples respirations, et laissa son esprit vagabonder, entrant en méditation ; ses pensées affluaient et passaient comme des nuages. Il ne les arrêtait pas et ramenait sans arrêt sa conscience à sa respiration, au calme, jusqu’à ce que l’étincelle se produise.

Au bout d’une demi-heure, son plan était établi.

Il demanda à ses amis s’ils pouvaient se procurer une vieille camionnette avec seulement un siège à l’avant pour le lendemain, ainsi que trois voitures.

Toutes volées bien sûr !

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 87-93)