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Haro sur Sergio

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 73-78)

Ce matin-là, très tôt, Sergio s’habilla rapidement et prit son petit déjeuner sur le pouce. Le temps de passer un

coup de fil à son Commissariat pour se faire expliquer quelques affaires en cours et donner des consignes à ses inspecteurs, une demi-heure s’était déjà écoulée. Sergio téléphona à Samia. Normalement, elle devait être encore chez elle à cette heure-là. Il était persuadé maintenant qu’elle était en danger. Cela faisait trop de coïncidences ! - Allo Samia, attends-moi, j’arrive ; fais attention, ne va pas au…

Il n’entendit pas la réponse, mais un bruit de chocs successifs, et plus rien. Il essaya de rappeler plusieurs fois, mais le téléphone sonnait dans le vide…

Il sortit précipitamment. Il devait en avoir le cœur net. Il traversa la rue pour prendre sa voiture. Il ouvrait la portière en grand, quand soudain, un camion lancé à vive allure arriva sur lui, tous feux éteints. Quand il entendit le bruit du moteur, le fourgon était déjà sur lui ; il eut juste le temps de se jeter par-dessus le capot et de faire une roulade, ce qui lui permit de l’esquiver. La portière avait été arrachée et le véhicule bien endommagé sous la violence du choc.

L’autre était déjà loin. Il resta quelques secondes à l’abri derrière la voiture. Non, décidément, ce troisième homme portait la guigne !

Il avait dû trop remuer le cocotier, après avoir rencontré la jeune habitante du quartier de Charlie Hebdo, et en posant de nombreuses questions aussi bien dans ses recherches dans les archives policières que dans les rédactions télévisuelles. Il repensa aussi aux clichés pris

par l’urgentiste et se dit qu’il devait en prendre connaissance au plus vite.

Et tout cela renforçait ses craintes concernant Samia… Mais il était pressé de la voir, alors il regarderait ça plus tard.

Il allait entrer dans le véhicule pour voir l’étendue des dégâts, quand il réalisa que son pied gauche était à moitié sorti de ses mocassins suite à la roulade. Il se baissa donc, et à ce moment-là, la vitre de la portière arrière explosa : on venait de lui tirer dessus!

Se jetant à plat ventre, il dégaina son arme dont il ne se séparait jamais, et fit feu sur l’homme casqué qui se trouvait à une vingtaine de mètres sur une moto tournant au ralenti. Il entendit un cri, mais le motard eut le temps de décamper. Il l’avait certainement blessé.

« Jamais deux sans trois ! » pensa-t-il. Il essaya de faire démarrer la voiture, mais peine perdue : le choc avait été trop violent.

« Vite, le métro !» Il se dirigea vers la station la plus proche. Son instinct de félin était maintenant complètement réveillé. « Comme au bon vieux temps !», se dit-il. Il eut tôt fait de remarquer un individu qui le suivait à pied. Un professionnel, car il fallait toute l’expérience de Sergio pour l’avoir repéré. L’homme n’osait pas trop se manifester, ayant pu juger des capacités du commissaire.

Sergio était maintenant au bord du quai, sur ses gardes. La rame arrivait quand il entendit une femme crier

«Attention!». Cet avertissement allié à sa longue pratique des arts martiaux internes et du relâchement lui permit d’absorber la forte poussée dirigée vers son épaule droite ce qui fit passer l’individu, sûr de son coup, par-dessus lui ; celui-ci s’écrasa sur les rails. La rame le réduisit immédiatement en bouillie, et Sergio ne put même pas voir à quoi il ressemblait.

Au rythme où les tentatives se succédaient, Sergio se dit qu’« ils » avaient sorti les grands moyens. La rame était bloquée maintenant, alors il remonta à toute vitesse à l’air libre.

«Taxi !» Il donna l’adresse de Samia et fut déposé devant son immeuble. Il sonna, encore et encore. Personne… Trop tard, elle était déjà partie. Il rageait intérieurement. Comment faire ? Il se décida donc, malgré tout, à lui téléphoner encore. Toujours aucune réponse… A ce moment-là, trois hommes cagoulés qui étaient arrivés silencieusement juste derrière lui, l’attaquèrent au couteau. Il n’eut que le temps d’esquiver la première attaque, mais il sentit la lame pénétrer profondément dans son bras gauche.

Le fauve était lâché : clé sur le poignet, et la lame se retourna contre son agresseur, pénétrant dans son cœur. Les «quinna» que l’on traduisait souvent approximativement par

« armlock » ou clés de bras, avaient du bon. Un tourbillon déferla sur les deux autres. Alors que le deuxième agresseur levait l’arme pour l’abattre, clé au

coude, et la lame récupérée par Sergio s’enfonça dans la nuque de l’attaquant. Le troisième l’attaqua de face. Sergio

«entra en enfer pour sortir en Paradis » comme eut dit Miyamoto Musachi le célère sabreur japonais: fermeture du tai chi et la nuque de l’assaillant se brisa. Les trois hommes étaient maintenant à terre et Sergio se penchait pour leur enlever leur cagoule afin de voir leur visage quand une fusillade éclata. Des hommes cagoulés sortaient d’une estafette, le prenant pour cible, et il dut s’enfuir sous les balles, zigzagant comme à l’entrainement, pour essayer de les éviter. Il sentit une forte douleur à la jambe gauche alors qu’il tournait au coin de la rue : une balle l’avait touché.

Puis, malgré la traque dont il était l’objet, il se perdit dans la nature…

Il pensa à nouveau qu’il devait rapidement prendre connaissance du dossier Top Secret de l’urgentiste. Aussi préféra-t-il ne pas rentrer chez lui, et se dirigea-t-il, avec d’infinies précautions, essayant de comprimer ses blessures, vers le domicile de ses amis, Hector et Tamara qui cachaient le médecin, afin de se faire soigner et prendre le temps de réfléchir.

Pendant le trajet lui parvint un appel téléphonique ; les ravisseurs lui proposaient un échange : le dossier d’Abou Ralil et l’appareil photo de l’urgentiste contre Samia et leur liberté.

- Allo Sergio, au secours, aide-moi, dit-elle, hoquetant et en larmes.

- Ne t’en fais pas, je vais te sortir de là, compte sur moi.

Puis Sergio leur promit de les appeler sur ce numéro qu’il mémorisa. Et immédiatement, il jeta son téléphone et alla s’acheter un portable à carte.

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 73-78)