• Aucun résultat trouvé

Un dossier Top Secret

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 58-62)

Sergio était, pour l’instant, davantage préoccupé par Pierre Gentil, l’urgentiste qui l’avait contacté d’une cabine publique dans la journée, et qui désirait le voir pour lui faire part de certains de ses doutes. Le médecin lui avait avoué qu’il n’avait plus confiance en grand monde, et qu’il s’adressait à lui en dernier ressort, compte tenu des bonnes relations que le commissaire avait entretenues avec l’équipe. Gentil, qui semblait terrorisé, lui avait rapidement expliqué ce qui s’était passé chez ses amis à la campagne. Sergio avait en effet vaguement entendu parler de cet événement en banlieue, mais il ne se doutait pas qu’il pouvait impliquer le médecin, ni, hélas, ses connaissances.

Il commençait à trouver que ça faisait beaucoup !... Il lui avait donc conseillé de faire profil bas pour passer inaperçu et de se trouver au bar dans lequel ils s’étaient rencontrés quelquefois, sans en dire davantage au

téléphone. Il descendrait, ouvrirait sa portière arrière, et Pierre plongerait sur la banquette.

Ensuite, après l’avoir récupéré, le commissaire l’avait emmené en lieu sûr jusqu’à la fin de l’enquête.

De son passé mouvementé, il avait gardé des amis fidèles et dévoués, Hector et Tamara, qui travaillaient eux aussi pour «le Service», sur lesquels il pouvait compter en cas de coup dur, et qui s’étaient fait un plaisir de lui rendre ce service.

Quand ils étaient arrivés chez eux, Tamara leur avait préparé un café bien serré. Pierre était en sueur, tout tremblant devant sa tasse. Les scènes de guerre et d’horreur qu’il avait découvertes la veille au matin, la mort de ses meilleurs amis dans leur ferme et la traque dont il avait été l’objet n’étaient pas les seules raisons. L’idée avait eu le temps de faire son chemin; il réalisait que l’information qu’il détenait pouvait expliquer ce drame. Il raconta tout au commissaire qui écouta attentivement : l’avant-veille, le 5 janvier, pendant la nuit, il avait été appelé en urgence chez le Général Lamrache qui avait fait un arrêt cardiaque. Pendant que son collègue était occupé à réanimer le haut gradé, Pierre, fatigué après une dure journée, s’était assis quelques secondes, devant un secrétaire, dans une petite pièce adjacente d’où il pouvait contrôler la situation; c’est alors qu’il avait vu par inadvertance, posé là, un dossier marqué « TOP SECRET ». Sa curiosité aidant, il l’avait ouvert et avait parcouru en diagonale la première page, à

toute vitesse. Il n’avait pas très bien compris, mais il était question d’un complot, avec une liste de noms.

Il n’avait pas hésité et avait pris des clichés des quelques pages, avec son appareil photo qui ne le quittait jamais, de peur de ne pas avoir le temps de tout lire et d’être surpris. Puis, il s’était empressé de revenir auprès des autres. Mais, il s’était rendu compte que le Général qui commençait à aller mieux à ce moment-là, l’avait vu réintégrer la pièce et avait eu un air soupçonneux. Ensuite, le militaire avait été emmené en observation à l’hôpital.

Sergio était perplexe: après tout, des dossiers « top secret », il en existait pas mal à la DGSE, et de toutes sortes! Cependant, trop de faits s’imbriquaient les uns dans les autres; ce ne pouvait être le fait du hasard. Son opinion était faite: «on» voulait la disparition de l’urgentiste pour cette raison-là et pas une autre!

Voilà pourquoi il était poursuivi. « Mais quel complot ???» se demandait-il.

Ensuite, Sergio était allé donner son cours de Taï Chi. Cette nuit-là, Sergio et Samia se rejoignirent donc chez elle, comme convenu, après sa leçon. Il lui parla du cas Gentil et des photos du dossier « top secret » qu’il devrait voir au plus vite ; puis celle-ci le pressa de prendre aussi connaissance de ses investigations à la DGSE concernant le troisième homme, Abou Ralil, et ce dès son retour chez lui.

Elle aborda aussi, en pleurs, la question de sa famille et de son cousin; mais Sergio était tellement absorbé et préoccupé par les évènements à Charlie Hebdo, qu’il lui promit simplement de s’en occuper au plus vite, dès la conclusion de son affaire.

Ensuite, ils eurent bien d’autres choses en tête que de parler de l’affaire « Charlie », et Sergio s’attacha à la consoler.

Rentré chez lui, il ne dormit pas beaucoup, surtout après s’être imprégné du dossier qu’elle lui avait remis.

Les cauchemars habituels des enfants pour commencer, puis des visages de Gentil, de la jeune fille assassinée, de la policière, des assassins, de Samia se superposaient, dans une danse macabre, et s’imbriquaient avec les mots «Classifié», «Top Secret», «Djihad».

L’ombre du troisième homme s’étendait sur tout cela, telle celle de Nosfératu sur les murs de la ville. Le sang imprégnait tout. Il lui semblait tomber dans un puits sans fond.

Le même genre de pressentiment que la veille le réveilla brusquement, en sueur, vers quatre heures du matin: Samia!!!

CHAPITRE 3

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 58-62)