• Aucun résultat trouvé

Impair et gagne

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 116-120)

Impair et gagne

Sergio et le général Lamrache étaient arrivés près de la camionnette ; Sergio avait été fouillé. Son œil exercé avait situé quelques personnages qui le guettaient.

- Je vous préviens, rappela-t-il, au moindre problème, tout saute !

- Moi aussi, je vous avertis, cette mallette possède un code ; si vous tentez quoi que ce soit sans mon aval, c’est l’explosion assurée.

Le baroudeur qui escortait le général ressortait de la camionnette qu’il venait d’examiner, rassuré.

- Allez Lamrache, montez, ajouta Sergio; préparez la mallette, et mettez en marche.

A l’intérieur, l’émissaire s’assit au volant sur le seul siège situé à l’avant du véhicule.

- Alors, ces preuves, vous me les donnez !? S’inquiéta le général pressé de conclure, après avoir ouvert la mallette et l’avoir remise à Sergio.

- Tenez. On va éplucher ça, chacun de son côté. Le commissaire déposa son sac contenant l’appareil photo ainsi que le dossier Abou Ralil aux pieds du comploteur et récupéra la mallette qu’il ouvrit grâce au code donné par le colonel. Les deux hommes jetèrent un œil rapide sur le contenu, et le militaire fit un signe pour libérer Samia qui partit en voiture avec Hector.

«Une bonne chose de faite», pensa Sergio qui se retournait fréquemment.

Au moment où, à travers la vitre, il jetait un coup d’œil à la terrasse du café de façon à être bien vu à partir de l’extérieur, il commença à égrener les secondes dans sa tête. 1, 2 …

A cet instant même, le militaire se leva et se dirigea vers la belle rousse… Sergio se crispa légèrement.

Il faisait simplement entrer les consommateurs attablés dehorsdans le café.

- Ouf, tant mieux, fausse alerte.

Sergio la vit s’asseoir à la fenêtre du café. Le temps passait ! Vite !!!

- Je vais m’asseoir à l’arrière, dit Sergio. Surtout, ne bougez pas, je vous ai à l’œil. Le temps de compter la somme et je sors. Je vous rappelle que je pars avec la voiture que vous voyez là, trente minutes avant vous. Si quoi que ce soit ne va pas, tout explose, et vous avec!

Il passa à l’arrière et tira légèrement le petit rideau de séparation, l’air de ne pas y toucher. Pendant que le général trépignait d’impatience en ouvrant le sac, Sergio, tout en lui parlant pour le rassurer, retira rapidement la trappe cachée sous le tapis qu’il avait pris soin de dévisser à l’avance durant la nuit.

- 35,36…Allez, vite, les égouts. Déjà quarante secondes de passées! pensa-t-il.

Il se laissa descendre dans le conduit dont il avait aussi déplacé la plaque sur le côté, pendant que le général vérifiait les documents. La sueur perlait à son front. - 46, 47…Tamara était en train d’égrener les secondes. Allez, Sergio, dépêche-toi!

- 54, 55… comptait Sergio en essayant de remettre silencieusement la plaque qui grinça cependant. A l’avant du véhicule, la Général entendit un bruit métallique. Inquiet, il se leva, se précipita à l’arrière, et

ouvrit le rideau. Horreur ! Sergio s’enfuyait avec la mallette ! Il cria, sortit son arme et tira dans l’interstice laissé par la plaque que Sergio refermait.

- 60 !!! Tamara avait mis la main dans son sac discrètement.

Le Général constatant la disparition de Sergio, avait compris. Un rictus couvrit son visage et il tira encore. A ce moment-là, Tamara appuya sur un bouton.

Le cri du militaire et les détonations furent couverts par une explosion si forte que Sergio, bien que sous terre, fut projeté très fortement, heurtant les murs et atterrissant dans l’eau. Abasourdi, il se releva, ses habits en lambeaux, des contusions sur tout le corps, et se précipita comme il put, vers le bout du tunnel, pendant qu’on entendait encore les bruits des débris de toutes sortes qui retombaient dehors.

Puis bien que très secoué, il rejoignit, mallette en main, ses amis, Hector, Genti, et Samia qui l’attendaient non loin de là, à l’endroit convenu dans une autre voiture. Pas fous, ils avaient abandonné la première. Il serra une seconde sa dulcinée dans ses bras, et ils s’enfuirent sans perdre de temps dans un troisième véhicule, on n’est jamais trop prudent.

Arrivés chez Hector, Tamara était déjà là, à la grande joie de celui-ci. Elle s’était démaquillée et avait enlevé sa perruque rousse et ses habits provocants.

Samia, après la joie des retrouvailles, leur communiqua alors les informations dont elle disposait : Souad devait

rencontrer Abou Ralil demain à dix heures à la Grande Mosquée. Elle avait entendu parler d’explosion, de manifestation, d’armée...

Ils en restèrent bouche bée. Ainsi Souad allait-elle au sacrifice, et les comploteurs comptaient-ils se débarrasser demain, de tous les dirigeants venus des quatre coins du monde !!!…

Pendant ce temps, les télévisions étaient arrivées sur place, rue Vercingétorix, et annonçaient la mort du Général Lamrache et du commissaire du quartier de Charlie Hebdo dans ce qui semblait être aussi un attentat. Après les meurtres commis par les frères Kouachi ainsi que par Coulibaly, après la disparition de l’urgentiste, les morts dans un appartement, dans une ferme et dans une cité, cela faisait beaucoup pour la Police…

Sergio était sur les rotules après tout ce qu’il venait de vivre. Il savait tout maintenant. Il ne devait pas se montrer jusqu’au lendemain, à la mosquée. La journée serait difficile. Alors, il décida de faire une bonne sieste pour reprendre des forces. Il prit un somnifère, un antalgique, et s’endormit rapidement.

Dans le document LES 5 JOURS DE CHARLIE, Gardane (Page 116-120)