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Chapitre II Site d’étude : L’île aux Coudres

2.4. Morphologie de la zone côtière

Le linéaire côtier de l’île est de 27,5 km dont la grande majorité est constituée de terrasse de plage (20,8 km ou 75,5 %). Elles sont réparties principalement au sud et au nord- est de l’île. Ensuite, les côtes à marais maritime sont représentées sur 5,2 km du littoral coudrilois (19 %), surtout sur la côte ouest et nord-ouest. Quelque 600 mètres de falaises meubles et rocheuses sont présents sur la face nord de l’île (2,5%) et 800 mètres de côtes artificielles (3%) composent le secteur de la zone portuaire ainsi que la pointe artificielle de l’Hôtel-Motel Écumé par la Houle.

La morphologie de la zone intertidale de l’île aux Coudres est différente entre les côtes nord et sud. Les deux secteurs possèdent une plage et une plateforme rocheuse, tandis que la vasière et le cordon de basse mer se retrouvent uniquement le long de la côte sud, la zone intertidale, plus large, pouvant atteindre jusqu’à 1 200 m de largeur (figure 12). C’est aussi uniquement sur la côte sud que l’on retrouve un herbier à spartine alterniflore à l’interface de la plateforme rocheuse et de la plage.

Figure 12. Profil type de la zone intertidale au sud de l’île. Exagération verticale 67x. Au nord-est de l’île, l’estran est plus étroit qu’au sud, avec une largeur généralement comprise entre 250 et 300 m (figure 13). Le reste de la rive nord de l’île, au-delà de la pointe à Mailloux et qui n’a pas été étudié, possède des caractéristiques géomorphologiques proches. L’ensemble de ce secteur est à terrasse de plage, sauf un tronçon de 40 mètres à falaise rocheuse basse (moins de 5 mètres de hauteur) dans l’anse à Mailloux (aujourd’hui enrochée). De plus, une terrasse de plage à estran rocheux (écueils rocheux) d’environ 100 m est située sur la rive gauche de l’embouchure du ruisseau Rouge.

Plage

La plage, située sur le haut estran, est assez courte (environ 20 mètres de large) et avec des pentes variant entre 5⁰ et 8⁰. Les plages au sud de l’île sont parfois composées de sable grossier (principalement de minéraux de quartz), tandis qu’à d’autres endroits les graviers schisteux généralement centimétriques, parfois décimétriques, dominent. Certaines plages sont constituées d’un mélange des deux. Au nord-est, les plages sont essentiellement composées de sédiments typiques de la plateforme rocheuse, soit de graviers de schiste.

Plateforme rocheuse

Brodeur et Allard (1983) ont étudié les plateformes de l’île aux Coudres afin d’établir la cause des niveaux d'aplanissement littoraux du moyen estuaire. Ils mentionnent en conclusion que « la morphologie des plateformes de l'île aux Coudres résulte vraisemblablement de la dynamique littorale actuelle ». Ils font aussi référence à des marques d'abrasion glaciaire observées par Dionne (1970; 1972) et par Allard (1981) ainsi que des dépôts glaciaires ou glaciomarins qui recouvrent la plateforme à plusieurs endroits (Lasalle, 1972). Ils précisent aussi que cette entité morphologique de l’estran possède, à marée basse, une superficie de 5,93 km2 (Brodeur et Allard, 1983).

La plateforme rocheuse de type flyschique au sud constitue une portion plus importante de l’estran à marée basse que la plateforme de microgrès au nord-est. Dans le secteur sud étudié (Profil 1 à 4 et Profil 8), la moyenne de la largeur de la plateforme rocheuse est de 235 m, tandis qu’elle est de 180 m au nord-est (Profil 5 à 7). La figure 14 illustre la largeur de cette plateforme rocheuse depuis la flexure jusqu’à la fin de l’affleurement rocheux devant les secteurs étudiés.

Figure 14. Largeur (m) de la plateforme rocheuse entre la flexure et la fin de l’affleurement rocheux devant le linéaire côtier étudié.

Cette caractéristique est importante, car elle joue un rôle déterminant sur la dissipation de l’énergie des vagues qui atteignent la côte. En effet, là où l’estran, et en particulier la plateforme rocheuse, est plus large, l’énergie des vagues dans la colonne d’eau est davantage atténuée par la friction avec le fond (Bonnier Roy et al., 2018).

Tel que le mentionne Brodeur et Allard (1983), les plateformes littorales de l'île aux Coudres sont « en équilibre, du moins tendant à le devenir, avec les conditions hydrodynamiques actuelles ». Ainsi, quelques « témoins d’abrasion des hautes mers » subsistent sur cette zone essentiellement plane du bas estran, c’est-à-dire des affleurements rocheux érodés par l’action actuelle des vagues, des glaces et du gel-dégel laissant sur place des galets anguleux. En plus de ces galets, la plateforme rocheuse est aussi recouverte par

endroits de placages superficiels de sables, de limons et de graviers de schistes. Ces derniers sont transportés par les courants de marée, qui sont d’ailleurs de fortes vélocités sur le pourtour de l’île, les vagues et par le battement des marées, de façon préférentielle au niveau des lits de schistes argileux érodés entre les lits gréseux plus résistants (Brodeur et Allard, 1983) (figure 15).

Figure 15. Plateforme rocheuse flyschique à pendage subverticaux située au sud de l’île recouverte de sédiments fins sablo-limoneux et de graviers de schistes érodés.

Le long de la côte sud de l’île, cette plateforme se poursuit sur la partie distale du bas estran par une zone sédimentaire plane large de plusieurs centaines de mètres découverte à marée basse appelée aussi vasière ou zone sablo-vaseuse. Elle est d’ailleurs décrite comme étant « recouverte inégalement de sédiments grossiers intertidaux ou de blocs et d'un diamicton glaciel » par Brodeur et Allard (1983). Ces derniers précisent que la zone de transition entre la plateforme rocheuse, appelée replat supérieur ou plateforme de haute mer, et la zone sédimentaire nommée plateforme de basse mer, est caractérisée par des gradins successifs ou une pente convexe.

Au nord-est, la plateforme rocheuse de type microgréseuse est surtout recouverte de petits graviers issus de l’érosion par les vagues et la météorisation (figure 16).

Figure 16. Plateforme rocheuse située au nord-est de l'île recouverte de graviers issus de l'érosion et de la météorisation de la roche.

Zone sablo-vaseuse

Cette section de très faible pente de la zone intertidale se situe après la rupture de pente de la plateforme rocheuse et a été surnommée plateforme de basse mer par Brodeur et Allard (1983). Sa largeur est seulement de quelques dizaines de mètres sur la côte nord-est à marée basse tandis qu’elle peut atteindre jusqu’à 800 m sur la côte sud. Elle est essentiellement composée de sédiments grossiers intertidaux (sables) et de limons, ainsi que de galets anguleux. Selon l’article de Dionne et Poitras (1996) portant sur les méga-blocs des battures de Petite-Rivière, au nord-ouest de l’île sur le continent, les blocs de grandes tailles (+ de 3 m de grand axe a) trouvés sur l’estran sont d’origine du Bouclier canadien. Ils auraient été mis en place par l’érosion des dépôts glaciaires près du rivage. Ces auteurs mentionnent aussi que le poids de ces gros blocs est trop important pour qu’ils soient déplacés par les glaces

flottantes. Sur l’île aux Coudres, quelques gros blocs sont présents, mais la majorité sont plus petits que les 3 m du grand axe, ce qui laisse croire que les glaces ont pu déplacer ces blocs erratiques à cet endroit (figure 17). Quelques dépressions de cette zone restent en partie submergées à marée basse puisque l’eau ne réussit pas à être totalement évacuée avant la nouvelle marée montante.

Figure 17. Bloc erratique situé sur la zone sablo-vaseuse de la côte sud de l’île.

Lors du flot et du jusant, les courants de marées de forte intensité forment dans la zone sablo-vaseuse des rides de courants dont la largeur est décimétrique (Brodeur et Allard, 1983) (figure 18).

Cordon de basse mer

À environ 1 kilomètre de la côte, sur la partie distale de l’estran sud de l’île, à la limite du point le plus bas de la marée basse, se situe le cordon de sable et de blocs. Il est constitué de blocs de tailles diverses selon les endroits, centimétriques à décimétriques (figure 19). Le cordon de basse mer peut atteindre une hauteur de 1,5 m et une largeur pouvant aller jusqu’à 100 m. Il est présent sur presque toute la côte sud de l’île. Toutefois, l’élévation du cordon entre les profils 1 et 2 est presque nulle. Les eaux lors de la marée descendante peuvent être évacuées par cet endroit ou aux extrémités du cordon, à l’ouest ou à l’est de la côte sud.

Ce matériel est composé de sable et de blocs ignés provenant du Bouclier canadien. Puisque le socle rocheux de l’île aux Coudres est d’origine appalachienne, il est fort probable que cette forme soit issue d’un till déposé par l’inlandsis lors de la dernière glaciation ou des dépôts plus anciens, et remaniés par les vagues et les courants. Brodeur et Allard (1983) en font mention en parlant de diamicton glaciaire, c’est-à-dire, d’un mélange d'éléments de toutes grosseurs qui est déposé par la glace. Cet élément de la zone intertidale joue aussi un rôle déterminant puisqu’il agit en quelque sorte comme un brise-lame, réduisant l’énergie des vagues qui arrive à la côte.

Figure 19. Cordon de basse mer composé de sable et de blocs de diverses tailles (entre le profil 3 et 4), 19 mai 2015. Photo : Adrien Lambert.

2.5. Conditions météo-marines