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Chapitre II Site d’étude : L’île aux Coudres

2.5. Conditions météo-marines

Le climat subpolaire subhumide et continental de l’île aux Coudres est influencé par la mer, ce qui atténue les écarts de température entre le jour et la nuit (Robitaille et Saucier, 1998). Il est aussi caractérisé par une courte saison de croissance pour les végétaux. La durée de la saison sans gel totalise 120 jours (Bernier et al., 2006). La température moyenne quotidienne est de 4,5 ⁰C tandis que la température moyenne mensuelle la plus froide est de -10,6 ⁰C en janvier et la plus chaude survient en juillet avec 18 ⁰C. Les précipitations annuelles moyennes sont de 932,9 mm, dont 24 % sont sous la forme neigeuse (Environnement Canada, 2018, période de 1981 à 2010).

Marées

En amont du moyen estuaire du Saint-Laurent, vers l’île d’Orléans, l’hydrodynamique littorale est dominée par les marées (Centre Saint-Laurent, 1996). C’est également le cas sur l’Isle-aux-Coudres. Ces marées sont de type semi-diurne, soit deux hautes mers et deux basses mers par jour. Le marnage moyen est de 4,67 m, alors qu’il est de 6,95 m lors de marnage extrême (Brodeur et Allard, 1983). Le tableau 1 présente les différentes caractéristiques de la marée à l’île aux Coudres. Le niveau de pleine mer supérieure de grande marée (PMSGM), à 7,1 m au-dessus du zéro marégraphique, équivaut à la limite de la ligne de rivage sur le littoral, tandis que la basse mer inférieure de grande marée (BMIGM), à 0,1 m, limite la zone intertidale (estran). Le niveau moyen de la mer (zéro géodésique) est situé à la limite entre la plateforme rocheuse et la zone sablo-vaseuse.

Tableau 1. Caractéristiques de la marée à l'île aux Coudres (Pêches et Océans Canada, cité dans Roche ltée, 2010).

Vagues

Sur l’île aux Coudres, il existe un double gradient spatial dans l’intensité des dynamiques de vagues, soit du large à la côte et d’ouest en est (Bonnier Roy et al., 2018). Néanmoins, l’intensité de ces dynamiques est faible, car les moyennes des hauteurs de vagues significatives enregistrées entre 2014 et 2016 au large de la côte sud-est (limite infralittorale) sont inférieures à 0,16 m. Ainsi, le climat de vagues est généralement calme avec quelques pics d’intensité.

La figure 20 présente une spatialisation de la distribution des hauteurs de vagues significatives en fonction de la direction des vagues sur le littoral de la côte sud-est de l’île.

Figure 20. Distribution des hauteurs de vagues significative en fonction de la direction des vagues sur le littoral de la côte sud-est de l’île, mesurée à la position de l’ADV du 20/05/2015 et le 15/12/2015 (Bonnier Roy et al., 2018).

Les résultats obtenus de l’ADV (Acoustic Doppler Velocimeter), placé au sud-est de l’île pour la période du 20/05/2015 au 15/12/2015, ont permis d’établir qu’une majorité des vagues proviennent du sud (44 % des observations) et du nord-est (19 % des observations), ce qui correspond aux deux distances de fetch les plus longues, situées globalement dans l’axe de l’estuaire. Même si les vagues provenant du nord-est sont moins fréquentes que celles du sud, elles sont néanmoins plus élevées en moyenne : 0,25 m contre 0,18 m pour le sud.

Cela va de pair avec les directions des vents principalement enregistrées à l’Isle-aux- Coudres entre 1976 et 2009 (figure 21).

Courants

Les courants de surface autour de l’île sont régulés par le battement des marées. Ainsi, lors du jusant, la direction des courants de surface se fait d’est en ouest tandis que durant le flot, les courants de surface se font d’ouest en est (figure 22).

Figure 22. Carte des principales directions des courants autour de l’île aux Coudres. L’intensité du courant est ajustée au marnage de la marée au port de référence à l’aide d’un facteur de correction (Pêches et Océans Canada, 1997).

Glaces

Dans ce secteur, le fleuve est couvert de glaces de décembre à avril (Senneville et al., 2014). Étant donné la largeur de l’estran sur la côte sud de l’île, la couverture de glace est plus importante sur cette côte de l’île. Sur la rive nord, les glaces ont plus tendance à dériver dans le chenal maritime. Selon Dionne (1973), le pied de glace de haut estran, plus stable, a généralement une épaisseur comprise entre 40 et 100 cm et une largeur de 20 à 50 m tandis que le pied de glace de bas estran (plus dynamique) possède une épaisseur entre 50 et 150 cm et une largeur pouvant atteindre plus de 1000 m en raison du large estran. Ces chiffres de la littérature scientifique sont avérés sur les côtes de l’île aux Coudres grâce aux images des caméras installées sur le site d’étude (figure 23). Au printemps, la température s’adoucit et le débit du Saint-Laurent augmente, ce qui accentue le taux de transport de ces glaces à la dérive (Roche, 2010).

Figure 23. Images des caméras Spypoint et l’étendue du pied de glace sur le haut estran et le bas estran sur la côte sud et nord-est le 22 février 2015.

Dans l’estuaire moyen, dès la fin novembre ou début décembre, une couche de glace continue se forme rapidement près du rivage appelée pied de glace (Dionne, 1973). La période de formation du pied de glace sur le haut estran dure environ 15 jours à 1 mois. Durant l’hiver, les glaces servent de carapaces de protection aux berges durant les tempêtes hivernales. Lors du retour des températures supérieures à zéro au printemps (fin mars ou

début avril), les marées de vives-eaux, le vent et le débit élevé entraînent la débâcle des glaces sur les battures. Le pied de glace exerce une action morpho-sédimentologique importante sur l’estran, en particulier au printemps lors de la débâcle (Dionne, 1973). En effet, les glaces favorisent l’abrasion et l’affouillement en agissant comme des « agents de transport de matériel sédimentaire et érodent les zones intertidales et de faibles profondeurs » (Dionne, 1973, Centre Saint-Laurent, 1996).

CHAPITRE III