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1.1. Essai de définition de la forme urbaine et morphologie urbaine :

La notion de forme urbaine nous semble assez large et complexe. Par la spécificité dynamique de la ville, la forme urbaine est l’expression des changements profonds qui interagissent à l’intérieur de la ville.

Pour définir ce concept, nous tentons d’éliminer toute confusion entre morphologie urbaine et forme urbaine que nous avons tendance à utiliser comme synonyme.

Selon, Philippe PANERAI et Julien LANGE, 2001, « La morphologie urbaine est l’étude des causes qui contribuent à la formation et à la modification de la structure physique de la

ville»28. La morphologie urbaine est l’étude de la forme urbaine dans son développement

historique, à partir des éléments la constituant29 (le site d’implantation, le plan de la ville, le

tracé des voies…).

Albert LEVY a défini la morphologie urbaine comme : « L’analyse de la dynamique de la forme urbaine, sa formation/ transformation, son mode d’évolution, ont été l’objet principal

28 Panerai, Ph. et Langé, J. (2001). Formes urbaines, Tissus urbains, Essai de bibliographie raisonnée 1940-2000.

Paris, France : Ministère de l'équipement, des transports et du logement, Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction - DGUHC, Centre de documentation de l'urbanisme, 92 p.

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d’études de la morphologie urbaine, ou morphogénèse »30

. Donc, l'objet principal de la morphologie est de permettre la lecture de la ville en comprenant l'évolution de la forme urbaine. Cette dernière constitue un objet d'étude construit à partir d'une hypothèse de définition, d'une représentation et, d'un point de vue sur la forme.

La morphologie est donc l’étude des formes d’un tissu urbain. Par contre, la forme urbaine a été étudiée dans plusieurs disciplines, par les géographes, sociologues, architectes et urbanistes.

En croisant les différents points de vue, Albert LEVY a distingué cinq approches ou registres de la forme urbaine présentés ci-dessous: le paysage urbain, la forme sociale, la forme bioclimatique, la forme des tissus et tracés urbains. L’ensemble constitue une forme unitaire. Il a donné une référence à chacun de ces volets. Le paysage urbain a été défini par Kevin LYNCH, le tissu urbain par Philippe PANERAI et Julien LANGE, les tracés par Pierre

LAVEDAN31 et la forme bioclimatique et microclimatique par Gisèle ESCOURROU32. Tous

ces volets constituent des éléments pour l’analyse des formes urbaines.

Toutefois, le tissu urbain a été clairement défini par Philippe PANERAI ; il est constitué par

la juxtaposition de la voirie, le découpage parcellaire et les constructions33.

En ce qui concerne le paysage urbain, Kevin LYNCH considère la perception des habitants envers leur ville comme l’élément phare des éléments structurants de la ville (quartier, voies,

repères, etc…)34. Aussi, Saverio MURATORI35 a développé la notion de forme urbaine pour

décrire et analyser la ville dans son ouvrage « Etudes pour une histoire urbaine opérante de Venise ».

30

Lévy, A. (2005). Formes urbaines et significations : revisiter la morphologie urbaine, Espaces et sociétés, 122, 25-48. DOI : 10.3917/esp.122.0025.

31

Lavedan, P. (1959). Géographie des villes. L'Information Géographique, 24-3, Gallimard, pp. 134-135.

32

Escourrou, G. (1991). Le climat et la ville, Paris : Nathan.190 p.

33

Panerai, Ph. et Langé, J. (2001). Formes urbaines, Tissus urbains, Essai de bibliographie raisonnée 1940-2000. Paris, France : Ministère de l'équipement, des transports et du logement, Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction - DGUHC, Centre de documentation de l'urbanisme, 92 p.

34 Lynch, K. (1999). L’image de la cité. M-F. Vénard et J-L. Vénard, (trad.). Paris, France : Dunond, 221 p.

(Ouvrage original publié en 1960 sous le titre The image of the city. Massachussetts, MA : MIT Press).

35

Muratori, S. (1960). Studi per una operante storia urbana di venezia. Roma, Istituto poligrafico dello Stato,

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Figure 1 : Détail des éléments du système morphologique.

Source : Rémy ALLAIN36, traité par l’auteur.

Figure 2: Le système morphologique.

Source : Ibid, traité par l’auteur.

Pour Luc ADOLPHE, la configuration urbaine de la ville est la résultante d'une interrelation très complexe entre plusieurs paramètres, tels que la situation géographique, la situation socio-économique, la géométrie, la typologie, la culture,...etc. Il affirme que la variation importante de la morphologie urbaine à l'échelle « microscopique » a un effet direct sur le climat extérieur et intérieur: la vitesse du vent, la température de l'air, l'échange du rayonnement solaire et la lumière naturelle. À l'échelle « macroscopique » cette variation influence les conditions du confort extérieur, modifie l'équilibre thermique et éclairage artificiel des bâtiments, amplifie l'effet d'îlot de chaleur urbain et le confinement de la

pollution atmosphérique37.

En parlant de ‘morphologie urbaine’, on signifie simplement la forme tridimensionnelle d’un groupe de bâtiments ainsi que les espaces qu’ils créent. La raison principale de travailler avec cette façon de voir la forme urbaine est qu’elle permet aux concepteurs et planificateurs de comprendre les conséquences de choix stratégiques sans perdre les questions de détails

36

Allain, R. (2004). Morphologie urbaine géographie, aménagement et architecture de la ville, armano colin, 257 p.

37

Adolphe, L. (2001). A Simplified Model of Urban Morphology: Application to an Analysis of the Environmental Performance of Cities. Environment and Planning B: Planning and Design , 28(2), 183– 200. doi:10.1068/b2631.

Eléments : Tracés, parcellaire, bâti.

Structure : Mode d’organisation

Moyen : Logiques spontanées ou règlementées, système urbanistique

(sous –système urbanistique).

2. Plan Maillage 1. Parcellaire 3. Bâti 5. Usage 4. Site

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architecturaux. La morphologie urbaine est d’importance primordiale pour le microclimat extérieur.

Pour décrire la morphologie urbaine, on utilisera une gamme de descripteurs de forme qui permettent de faire des liens avec les performances environnementales. Par exemple, on peut discuter de l’influence de la géométrie des bâtiments sur l’ensoleillement, le vent ou le bruit dans un espace ouvert. Le but n’est pas de décrire en détail la physique ou la complexité des phénomènes mais de définir des relations simplifiées.

Les formes urbaines sont toujours perçues de manière globale, indirecte et subjective par les habitants et les usagers de la ville. On ne peut pas opposer paysages et formes. L’analyse d’une rue relève des démarches morphologiques et paysagères. La dimension de la réalité perçue, où entre une bonne part de subjectivité, est essentielle au moment de la conception architecturale ou urbanistique de qualité.

D’après cet état de l’art, la forme urbaine se définirait pour nous, comme suit : « c’est l’évolution complexe et dynamique de la ville, déterminée par une société variable ».

Elle est la part physique et tridimensionnelle, déterminée par, le tracé et le tissu, le rapport entre le bâti et le vide et l’aspect avec lequel elle est perçue et pratiquée ».