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Monter en compétences

Dans le document DOSSIERS THÉMATIQUES (Page 112-117)

« Il est toujours utile de développer ses compétences et de se remettre en question pour toujours progresser et ne pas s’ennuyer dans son métier »

Nous avons vu combien la prédisposition à acquérir et à mobiliser de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences revêtait une importance certaine pour les formateurs et les RF. L’assimilation de nouvelles connaissances et de nouvelles techniques leur permet effectivement de prendre du recul, mais également de se tenir informés des derniers textes de lois ou autres modalités pédagogiques adaptés à leurs actions de formation. S’intéresser aux compétences qu’ils jugeraient utiles d’acquérir ouvre pour ces raisons les portes de leurs besoins professionnels et de ce qu’ils jugent aujourd’hui nécessaire de découvrir pour avancer les réflexions qu’ils mènent sur leur activité.

Les compétences visées

À la question « Souhaiteriez-vous acquérir de nouvelles compétences ? », 68% des répondants ont avancé un avis positif, l’enthousiasme étant plus fort chez les CPIP, avec 90% de oui. Cet élan est globalement justifié par le fait d’être « toujours à la recherche de nouvelles compétences pour ne pas s’enfermer dans cette fonction ».

118 Les autres perspectives citées sont de rejoindre une autre fonction, comme le renseignement pénitentiaire, ou une autre administration, d’être mis à disposition, de rejoindre le secteur privé, de réaliser un projet de vie personnel dans un domaine professionnel reconnu à l’extérieur, de quitter un service jugé dysfonctionnel ou d’obtenir une affectation, tandis que d’autres précisaient être en pleine période de réflexion quant à l’avenir professionnel qu’ils souhaitaient.

Graphique 39 : Si oui, quelles compétences ? – Citations

Dans un premier temps, il faut souligner que les perspectives avancées par les répondants concernent davantage des domaines d’activités (comme le conseil, le management…), plutôt que des compétences réelles. Cette précision posée, l’idée première ressortant de ce graphique indique la recherche d’un approfondissement, d’une réactualisation des savoirs. Puis, les attentes se regroupent autour de plusieurs domaines dont les principaux sont l’accompagnement de collègues, le passage de monitorats, le management, l’animation pédagogique et l’informatique. Ces domaines d’activités excessivement variés reflètent des besoins en formation hétérogènes, mais également des situations et des perspectives très diverses.

L’accompagnement des collègues dans leur parcours professionnel a regroupé de nombreuses réponses, notamment autour de l’acquisition d’un savoir complet sur les mobilités carrière et les possibilités d’y associer des formations idoines de manière à pouvoir individualiser les parcours de formation :

« Il faudrait créer un site pour la promotion sociale (spécial concours interne) avec des fiches synthétiques sur la réglementation, les mises en page des documents comme les notes, les annales, etc.… »

Être un relai pour les demandes individuelles des agents et devenir à terme un conseiller mobilité-carrière ont ainsi été exprimés à plusieurs reprises, avec cette volonté inaltérable « d’accompagner les agents qui souhaitent changer ou évoluer dans leur carrière ou se reconvertir vers un tout autre domaine. »

Coach, formateur RAEP, préparateur aux concours, conseiller en VAE, « pour aider les agents à valoriser leur expérience », conduire un bilan de compétences, sont les déclinaisons concrètes de cette volonté d’accompagner les agents au cours de leur carrière.

De même, être habilité à devenir moniteur (conduite, tir, premiers secours, incendie,

ARI, techniques d’intervention et de menottage), voire instructeur, a fait l’objet de plusieurs observations, notamment pour répondre aux difficultés de ressources humaines qu’ils rencontrent :

« Obtenir divers monitorats, car il n’y a plus de moniteur sur mon établissement et la mutualisation est très difficile pour les établissements excentrés et isolés ».

Essentiellement formulées par des CPIP, les réponses ayant trait aux techniques du management portent sur la gestion des conflits, l’entretien d’évaluation, la gestion des ressources humaines et les risques psycho-sociaux. « Donner du sens positif à une équipe » a également été mentionné.

Concernant les compétences liées à la pédagogie, au face-à-face et aux techniques d’animation, plusieurs idées ont été émises, mais la plus souvent mentionnée réside dans la disposition à innover et à être à la pointe de ce qui peut se faire : « pédagogie inversée », « mind-mapping », « checknote », « brain gym », en sont des exemples, mais il s’agit également d’acquérir des compétences supplémentaires avec les outils et les supports. La prise de parole en public, dans un amphithéâtre a été aussi évoquée.

Le développement de connaissances sur la formation des adultes, l’andragogie, mais également l’ingénierie pédagogique ont fait l’objet de quelques réponses.

De même, des séances de perfectionnement sur les logiciels et des programmes informatiques ont été mentionnées (Outlook, traitements de textes, Excel, Harmonie, IRIS…), des formations spécifiques sur des logiciels permettant de réaliser des outils pédagogiques, esthétiques, ludiques et performants, seraient également bienvenues.

À titre d’illustration, ont été citées la mise en place d’e-learning, l’utilisation de nouveaux médias (internet, vidéos, visioconférences…) ainsi que la réalisation et le montage de films. La maîtrise des réseaux sociaux, destinée à en expliquer les limites et les dangers, a fait l’objet de quelques citations.

Dans une perspective de perfectionnement, des formations continues sur la réglementation pénitentiaire, en évolution constante, satisferaient certains répondants, notamment sur des questions de sécurité, de droit pénitentiaire et sur le droit à la formation. Dans une logique plus technique, certains répondants pensent qu’une remise à niveau de leurs pratiques professionnelles, ou encore sur le fonctionnement en détention (CPU, procédures disciplinaires…), du greffe, leur serait bénéfique.

Quatre personnes souhaiteraient être formées sur la justice restaurative.

L’acquisition de nouvelles compétences dans les domaines du renseignement, de la radicalisation et de la lutte contre le terrorisme ont également fait l’objet de réponses, toujours dans le but de pouvoir animer des formations sur ces thèmes. La catégorie

« divers » regroupe quant à elle des compétences qui n’ont été citées qu’une seule fois119.

Des formateurs en formation

Dans la continuité de ce listing exhaustif de compétences à acquérir, une question sur la manière dont ces dernières pourraient être acquises a ensuite été posée. Voici la retranscription graphique de leurs réponses.

119 Statistiques, psychologie du relationnel formateur/apprenant, prévention de la violence, risques et menace dronique, prise en charge des détenus auteurs d’infractions à caractère sexuel, découverte des pratiques internationales en termes de gestion de la détention, apprendre à dire non, gestion du budget formation, formateur fraude documentaire, approches relative à la conduite du changement sous l’angle de la formation, PNL, systémie ou autres CCP, entretien motivationnel, criminologie, module respect, animation de réseaux.

Graphique 40 : Qu’est-ce qui pourrait vous permettre d’acquérir de telles compétences ? Citations

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Un parcours de formaon Le travail personnel Valider et cerfier son statut Rencontrer les collègues Des stages Avoir du temps L’Énap Des formaons

Sans grande surprise, surtout pour des membres de la communauté pédagogique, la formation a été la réponse la plus souvent avancée comme moyen d’acquérir les compétences exprimées.

« Une formation organisée, pensée et construite avec un organisme de formation sur une durée suffisamment importante pour acquérir une certification professionnelle ou un titre professionnel reconnu. »

« Une VAE ou une valorisation dont le principe reste à déterminer plus avant ».

Certains ont d’ailleurs exprimé leurs préférences pour une formation qui aboutirait à l’obtention d’un certificat ou d’un titre professionnel, bref, une formation valorisée et reconnue, qui leur permettrait ainsi de booster un peu leur carrière. Nous reviendrons plus loin sur ce point.

Toujours sur le principe de la formation, l’Énap est apparue de loin comme le lieu possible du déroulement de ces formations, les DISP et les pôles ayant à l’inverse, regroupé peu de réponses. L’école est citée en vue d’y élargir et d’agrandir son offre de formation, en y organisant notamment davantage de cessions de monitorats. D’autres propositions mentionnent la possibilité de disposer de documents que seule l’Énap possède, tels que les fascicules de remise à niveau des équipes d’escortes locales, ou encore la mise en place de « véritables collaborations avec les enseignants-chercheurs de l’école et les formateurs ». Plusieurs formateurs ont également mentionné la possibilité de venir travailler à l’Énap, en y assimilant la possibilité d’acquérir des compétences via des stages d’immersion.

Concernant les questions de durée et de disponibilité, plusieurs formateurs et RF déclarent manquer de temps du fait d’une charge de travail trop élevée, due, entre autres, aux procédures administratives ou encore aux statistiques à fournir. Il faudrait

« pouvoir utiliser les 15 jours de formation annuels pour découvrir d’autres organismes ou école de formation » et disposer de « plus de disponibilité pour la réflexion, la documentation et la formation individuelle et universitaire ».

La notion de stage a également été abordée avec 15 répondants qui y ont fait allusion.

Des stages en maison centrale ont été avancés, mais le plus souvent, les formateurs et RF soulignent le souhait de retourner en établissement, probablement afin de souligner l’importance de garder contact avec les évolutions du métier et l’environnement de la détention. Rester au contact des personnels et des élèves demeure également l’un des objectifs de cette orientation.

Communiquer, rencontrer des collègues, rejoignent un peu la même idée que celle de réaliser des stages, à la différence près qu’il s’agit ici de ne rencontrer que des formateurs, de l’administration pénitentiaire ou d’autres fonctions publiques, indépendamment du lieu. En voici les propos les plus éclairants, tenus par un lieutenant :

« Je voudrais également découvrir l’activité des RF et formateurs des autres DISP pour pouvoir la comparer à la mienne. En discutant avec les collègues des autres DISP (et parfois même au sein de la sienne), on se rend compte que les pratiques, les orientations, les méthodes, les moyens... sont complètement différents. L’échange sur les pratiques permet de se remettre en question, d’évoluer, de progresser. Dans la même veine, je voudrais multiplier les contacts avec mes homologues dans les institutions partenaires (Gendarmerie, Douanes, Police, services judiciaires, hôpitaux, Préfecture etc....) pour continuer à développer les partenariats. »

D’autres formateurs et RF ont également pensé aux possibilités de réaliser des stages d’immersion dans d’autres écoles des forces publiques en France, voire à l’étranger.

Un lieutenant a souligné à ce sujet qu’il s’inscrivait à des sessions de formation organisées par des plateformes interdirectionnelles et interministérielles.

Plus rares sont les réponses mentionnant des échanges avec d’autres professionnels tels que des magistrats, les services de renseignements et de recherche, des groupes d’experts en psychologie, ou exerçant à la direction de l’administration pénitentiaire.

Passer un monitorat, devenir référent d’un domaine de formation spécifique, préparer un concours, être inscrit dans un parcours de formation qui serait proposé aux formateurs et RF et travailler en partenariat, représentent les autres solutions pour acquérir les compétences définies plus haut.

Globalement, les réponses apportées par les formateurs sur les compétences à acquérir marquent donc une grande ouverture, illustrant clairement leurs dispositions à actualiser leurs connaissances. En filigrane de leurs déclarations se dessinent clairement les perspectives professionnelles qui les intéressent, à savoir devenir conseiller carrière, obtenir des monitorats et progresser dans le domaine du management.

Des propositions de réformes de la formation et de

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