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III. 1.1 “Invisibilité de la cellule tumorale”

IV.2 Cibler le microenvironnement tumoral

IV.2.3 Molécules immunosuppressives

Comme mentionné précédemment, l’enzyme IDO possède un rôle dans l’immunoévasion des cellules tumorales. Bloquer son activité devrait donc augmenter la réponse immune anti-tumorale et ainsi induire une régression de la tumeur. Des études récentes démontrent que l’inhibition de l’enzyme, en association avec une chimiothérapie, permet la régression de tumeurs établies chez la souris [503]. Une autre étude démontre qu’un inhibiteur d’IDO1 (INCB024360) promeut la prolifération et la production d’IFN-γ par les cellules T et NK, en co-cultures. Egalement, la conversion en Tregs serait diminuée et le nombre de CDs exprimant le CD86 fortement augmenté, in vitro. De plus, l’administration de cet inhibiteur à des souris porteuses de tumeurs diminue significativement la croissance tumorale, et ce, selon une voie dépendante des lymphocytes [504]. Cependant, une étude randomisée de phase III incluant des patientes atteintes de cancer ovarien, a démontré une augmentation significative de la survie sans progression des malades. Le premier bras de l’essai comprenait un traitement par chimiothérapie et IFN-γ et l’autre bras la chimiothérapie seule [505]. Une autre

préventives pour la rechute du cancer de la vessie [506]. Ainsi, comme l’IFN-γ est un inducteur puissant d’IDO [507], ces études remettent en question les inhibiteurs d’IDO comme thérapeutique anti-tumorale. Cependant, on ignore encore si l’injection d’IFN-γ induit l’expression d’IDO chez ces patientes.

Une étude récente a évalué l’effet du sunitinib sur des tumeurs métastatiques murines de colon greffées dans des souris. Cet inhibiteur de récepteur à tyrosine kinase est capable de diminuer le nombre de MDSCs et de Tregs dans les tumeurs implantées. Les auteurs ont observé une diminution d’expression d’IL-10, de TGF-β et à l’inverse une augmentation d’IFN-γ ainsi que du nombre de lymphocytes CD4+ et CD8+ au sein des TILs. Enfin, ces lymphocytes T des TILs étaient négatifs pour CTLA-4 et PD-1 alors que les MDSCs et pCDs présentaient une diminution d’expression de PD-L1. Cette molécule cible donc plusieurs composants du stroma tumoral et pourrait se révéler intéressante en combinaison avec d’autres thérapeutiques. En effet, l’association du sunitinib avec l’IL-12 et le 4-1BB permet d’augmenter le taux de survie à long terme des souris [508]. Une autre molécule, un inhibiteur spécifique de COX-2 (nimesulide), a récemment démontré sa capacité à diminuer l’expression de PD-L1 à la surface de cellules de cancer du sein, par inhibition de l’IFN-γ. Etonnamment, cet effet est indépendant de la voie COX-2/PGE2. Ainsi, des études in vivo devraient confirmer ces résultats encourageants, d’autant que le nimesulide est aussi capable d’induire l’apoptose et d’inhiber la prolifération des cellules tumorales [509].

Plusieurs inhibiteurs de la voie du TGF-β sont actuellement en essais cliniques. Ces inhibiteurs peuvent bloquer les ligands naturels, tels les anticorps monoclonaux anti-TGF-β1 (CAT-192), -β2 (CAT-152) ou anti-isoformes (1D11, 2G7), les protéines de fusion RII/Fc (sTβRII:Fc) ou le TβR-III soluble. Une autre approche consiste à bloquer l’activité catalytique des récepteurs avec des inhibiteurs compétitifs de la liaison à l’ATP de la kinase TβR-I (SB-431542, NPC 30345, LY364947). Des essais cliniques sont actuellement en cours pour évaluer la toxicité de ces molécules et établir leur efficacité. Ainsi, un essai de phase I a été initié avec un anticorps monoclonal (GC1008) antagoniste de toutes les isoformes du TGF-β et incluant des patients atteints de carcinome rénal avancé ou de mélanome. Une autre étude de phase II est

actuellement en cours pour l’évaluation d’une petite molécule inhibitrice de l’activité kinase du TGFβR-I (LY573636) sur des patients atteints de cancers du poumon et de mélanome métastatiques. Cette étude fait suite à une phase II sur des patients atteints de cancer ovarien, du poumon, du thymus ainsi que de sarcome réfractaires. L’administration intraveineuse tous les 21joursdel’inhibiteuraété bien tolérée[510].D’autresessaisprécliniquesoudephaseI/II sont actuellement en cours concernant ce type d’inhibiteurs. Enfin, le blocage de la traduction du TGF-β2 par un oligonucléotide anti-sens (AP12009) est aussi une approche évaluée. Ce dernier inhibiteur diminue la prolifération des cellules de lignées de gliome, pancréas et mélanome dans des études précliniques. Il a également démontré sa bonne tolérance dans une étude de phase I/II, en injection intra-tumorale à des patients avec un gliome de haut grade. De plus, cet essai a montré que les PBMC de patients possèdent une meilleure cytotoxicité contre des cellules de gliomes autologues in vitro. Un essai de phase IIb en comparaison de la chimiothérapie est en cours dans la même indication, ainsi qu’un essai de phase I/II pour des patients porteurs de carcinomes pancréatiques ou de mélanomes [511]. Une autre approche combine des vaccins tumoraux et des inhibiteurs de TGF-β. Ainsi, un essai clinique de phase I évaluant la sécurité d’une thérapie vaccinale à partir de cellules tumorales autologues génétiquement modifiées par un vecteur anti-sens du TGF-β2 a été initié. Les 6 patients avec un astrocytome de grade IV ont bien toléré les 5 à 7 injections sous-cutanées. 2 patients ont présenté une régression partielle et 2 ont eu une stabilisation de leur maladie. La survie moyenne globale a été de 68 semaines et la médiane de survie des patients répondeurs de 78 semaines. Comparativement à la survie moyenne de 47 semaines pour des patients traités de façon conventionnelle, ce type de traitement semble très encourageant dans les gliomes. Ces résultats sont cependant à prendre avec précaution puisqu’il s’agit d’une phase I, c'est-à-dire sans randomisation, sans bras comparatif et avec un très petit nombre de patients [512].

Cibler la voie du TGF-β dans les tumeurs comme les gliomes, les mélanomes ou le carcinome rénal se justifie donc par ses effets immunosuppressifs. De plus, son inhibition pourrait promouvoir les fonctions anti-tumorales du système immunitaire. Cependant, ces thérapeutiques sont à utiliser avec précaution puisque le TGF-β, selon le contexte, peut avoir des effets pro-tumoraux. Enfin, son inhibition pourrait engendrer des effets secondaires susceptibles de déséquilibrer la balance bénéfice/risque d’une telle thérapie.

L’objectif de mes travaux de recherche a concerné l’optimisation de l’action anti- tumorale des lymphocytes T-Vγ9Vδ2, au regard de l’immunoévasion des tumeurs.

Malgré leurs fonctions cytolytiques contre de nombreuses cellules tumorales, les cellules T-γδ peuvent, dans certains cas, avoir une moindre efficacité. Mes premiers travaux ont porté sur l’étude d’une nouvelle approche consistant à associer un anticorps monoclonal aux lymphocytes T-Vγ9Vδ2, dans l’optique d’améliorer cette activité cytotoxique.

Les cellules tumorales et leur microenvironnement produisent de nombreuses molécules responsables d’immunorésistance et donc susceptibles de limiter l’efficacité des thérapies anti- tumorales à base de cellules immunitaires. Le TGF-β est une de ces molécules immunosuppressives majeures pour les cellules de l’immunité innée et adaptative. Mes travaux se sont donc portés sur le rôle de cette cytokine vis-à-vis des fonctions anti-tumorales des lymphocytes T-Vγ9Vδ2.

Les résultats des études précédentes permettent d’envisager l’approche thérapeutique décrite en premier lieu, dans le cancer du sein. La dernière partie de mon projet de thèse est donc consacrée à l’étude de ce concept dans un modèle de tumeur humaine mammaire xénogreffée à des souris immunodéficientes.

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Amélioration des fonctions anti-tumorales des lymphocytes T-Vγγγγ9Vδδδδ2 par

l’association avec un anticorps monoclonal

I.1 Publication 1 : Bromohydrin pyrophosphate enhances antibody-dependent cell-