• Aucun résultat trouvé

Mod´elisation de la relaxation par les collisions polariton-

2.4 Relaxation des polaritons par collisions polariton-´electron

2.4.1 Mod´elisation de la relaxation par les collisions polariton-

2.4.1 Mod´elisation de la relaxation par les collisions polariton-´electron

D’apr`es les ´etudes pr´ec´edentes, dans les microcavit´es de semiconduc-teurs III-V, les collisions polariton-polariton permettent d’obtenir des fac-teurs d’occupations de l’ordre de 1 lorsque le couplage fort disparaˆıt. Le syst`eme semble donc ˆetre tr`es proche d’un r´egime de relaxation stimul´ee. Ainsi, si l’on r´eussit `a trouver un m´ecanisme de relaxation plus efficace que les collisions polariton-polariton, le syst`eme fonctionnera comme un laser `a polaritons.

d’injec-Fig. 2.9 – Distribution de population atteinte en r´egime permanent pour une puissance de pompe constante. La distribution de population est cal-cul´ee en prenant en compte (a) seulement la relaxation par interaction avec les phonons, (b) en ajoutant les collisions polariton-polariton (npol = 5 × 1010 cm−2), et (c) en ajoutant les collisions avec un gaz d’´electrons (npol= 1.3 × 109 cm−2 et ne= 5 × 1010cm−2). Figure extraite de [56] et de [67].

ter un gaz d’´electrons de faible densit´e dans la zone active et d’acc´el´erer la relaxation des polaritons grˆace aux collisions polariton-´electron [67, 56]. La figure 2.8 montre le processus ´el´ementaire d’une collision polariton-´electron. Au cours de cette collision, un polariton du r´eservoir relaxe vers l’´etat kk = 0, tandis qu’un ´electron absorbe la diff´erence d’´energie et de vecteur d’onde entre les deux ´etats de polariton. D’apr`es Malpuech, ce m´ecanisme serait plus efficace que les collisions polariton-polariton. D’une part, les collisions polariton-´electron font intervenir une esp`ece charg´ee, et l’´el´ement de ma-trice d’interaction est donc plus important que pour une collision entre deux esp`eces neutres. D’autre part, les ´electrons ont une masse beaucoup plus faible que celle des excitons, donc la relaxation en ´energie des polaritons du r´eservoir excitonique jusqu’`a l’´etat kk = 0 requiert un moins grand nombre de collisions.

Malpuechet al. ont calcul´e les taux de diffusion associ´es aux collisions polariton-´electron et mod´elis´e la dynamique de relaxation des populations `a partir d’´equations d’´evolution des populations. La figure 2.9 montre la distri-bution de population atteinte en r´egime stationnaire lorsque l’on inclut suc-cessivement (a) l’´emission de phonons, (b) les collisions polariton-polariton, et (c) les collisions polariton-´electron avec une densit´e ne = 1010 cm−2 d’´electrons. D’apr`es ces calculs, seule la relaxation par collisions avec un

gaz d’´electrons libres est suffisamment efficace pour faire franchir le seuil de 1 polariton par ´etat. La relaxation est alors stimul´ee et la distribution de population se rapproche d’une distribution thermalis´ee, donn´ee par la ligne pointill´ee de la figure. L’´etude de la relaxation par collisions polariton-´electron parait donc particuli`erement int´eressante, puisque non seulement l’effet laser `a polaritons, mais ´egalement la condensation de Bose-Einstein sont attendus.

2.4.2 Premi`eres exp´eriences r´ealis´ees sur une cavit´e `a concen-tration variable d’´electrons

Sur le plan exp´erimental, une microcavit´e dans laquelle une concentra-tion variable d’´electrons peut ˆetre inject´ee optiquement a ´et´e r´ealis´ee par Loren Pfeiffer et ´etudi´ee par le groupe Isra´elien d’E. Cohen [86, 87], avant mˆeme que Malpuech ne propose d’utiliser les collisions polariton-´electron (l’objectif initial de ces exp´eriences ´etait d’observer un d´eplacement des polaritons charg´es sous l’action d’un champ ´electrique).

Dans cet ´echantillon, la zone active de la cavit´e est constitu´ee par un puits quantique dit de type mixte, c’est `a dire qu’un puits quantique de type II pour les ´electrons est plac´e juste `a cˆot´e d’un puits quantique de type I. Deux faisceaux lasers sont alors utilis´es. Le premier (L1), de basse ´energie, est absorb´e uniquement dans le puits quantique de type I, dont l’exciton est en couplage fort avec le mode de la microcavit´e. Ce premier faisceau laser permet de cr´eer une population de polaritons. Le deuxi`eme faisceau, L2, a une ´energie suffisante pour ˆetre absorb´e dans le puits quantique de type II. Les ´electrons et les trous cr´e´es lors de l’absorption de ce faisceau sont alors spatialement s´epar´es : les trous restent dans le puits quantique de type II, alors que les ´electrons relaxent dans le puits quantique de type I. Le principe de fonctionnement des puits quantiques de type mixte est pr´esent´e plus en d´etail dans le chapitre 3, chapitre dans lequel la zone active de notre propre cavit´e est ´etudi´ee. En conclusion, dans cette structure, une concentration variable d’´electrons, proportionnelle `a la puissance du faisceau laser de haute ´energie peut ˆetre inject´ee optiquement dans le puits quantique de type I.

Dans un premier temps, le groupe d’E. Cohen a montr´e que les ´electrons ont un effet important sur les relations de dispersion [86, 87]. En effet, en pr´esence d’un gaz d’´electrons, l’exciton charg´e X, ´egalement appel´e trion, acquiert une force d’oscillateur suffisante pour passer en r´egime de couplage fort. Une nouvelle branche de polaritons apparaˆıt, qui est une superposition d’´etat du photon, de l’exciton, et du trion.

L’´etude des collisions polariton-´electron commence en 2002 avec un ar-ticle de Ramon [85]. `A partir de mesures de r´eflectivit´e, ce dernier montre que les raies de polaritons sont ´elargies en pr´esence d’un gaz d’´electrons, et peuvent ˆetre d´ecrites en supposant un exciton ´elargi par les collisions exciton-´electron, puis en consid´erant le couplage de cet exciton au mode de

la microcavit´e. Dans ce travail, les interactions polariton-´electron sont mises en ´evidence par leur effet sur les largeurs de raies, et leur importance sur la relaxation des polaritons n’est pas abord´ee.

Qarry est la premi`ere `a rapporter, en 2003, une augmentation de la relaxation des polaritons en pr´esence d’un gaz d’´electrons [83]. Sur la figure 2.10(c) est trac´ee la relation de dispersion des polaritons. Les 4 branches ob-serv´ees proviennent du couplage fort entre 1 mode de cavit´e et 3 r´esonances excitoniques : l’exciton de trou lourd, neutre et charg´e, et l’exciton de trou l´eger.

Les spectres exp´erimentaux obtenus font l’objet de la figure 2.10(a). L’ex-citation lumineuse est r´esonnante avec la branche not´ee P 4, et la lumines-cence des branches P 1 et P 2 est int´egr´ee sur une plage angulaire de 28˚, marqu´ee en gris sur la figure, le param`etre IL2 report´e ´etant proportion-nel `a la densit´e ne d’´electrons inject´es. Plus cette densit´e est importante, plus l’intensit´e de luminescence de la zone observ´ee est forte, augmentant d’un facteur de l’ordre de 10 entre la plus faible et la plus forte densit´e observ´ee. Qarry ´etablit que l’augmentation de la luminescence provient d’une meilleure relaxation des polaritons en pr´esence du gaz d’´electrons. Les diff´erents canaux de relaxation envisageables entre l’´etat dans lequel les polaritons sont cr´e´es et l’ensemble des ´etats d´etect´es sont marqu´es par des fl`eches sur la figure 2.10(c). Ces diff´erents canaux de relaxation sont uti-lis´es pour construire un mod`ele reproduisant qualitativement les spectres observ´es (Figure 2.10(b)).

Des constatations similaires sont faites `a d’autres d´esaccords. L’inten-sit´e de photoluminescence dans la zone s´electionn´ee augmente d’un ordre de grandeur en pr´esence du gaz d’´electrons, puis sature lorsque la densit´e d’´electrons s’approche de la densit´e d’´ecrantage du couplage fort.

Dans l’´etude de Qarry, la luminescence est int´egr´ee sur une large plage angulaire et il n’est pas possible de d´eterminer la contribution de chacun des ´etats `a la raie de luminescence observ´ee. Dans un travail ult´erieur, Lagoudakis[63] ´etudie sp´ecifiquement l’augmentation de la luminescence dans l’´etat kk = 0, en s´electionnant angulairement l’´emission de la cavit´e. L’influence des ´electrons sur la relaxation est mesur´ee par le facteur d’am-plification de la luminescence η, d´efini comme le rapport

η = P L(L1+ L2) − P L(L2)

P L(L1) + P L(L2) , (2.3)

o`u P L(L1), P L(L2) et P L(L1+ L2) d´esignent les intensit´es de photolumi-nescence en pr´esence du faisceau laser L1 seulement, du faisceau laser L2 seulement ou des deux faisceaux simultan´ement. Lagoudakis montre que η d´epend du d´esaccord exciton-photon, comme nous pouvons le voir sur la figure 2.11 : alors que l’on a η = 0 pour δ = 0, η augmente vers les d´esaccords

Fig. 2.10 – (a) Spectres de photoluminescence observ´es `a δ = −4 meV. (b) Spectres de photoluminescence calcul´es pour diff´erentes densit´es ne. (c) Relations de dispersion r´esultant du couplage fort du photon avec les trions (X), les excitons de trou lourd (X) et les excitons de trou l´eger (Xlh). La zone de d´etection est marqu´ee par une bande grise. Figure extraite de [83].

Fig.2.11 – Amplification de la photoluminescence en kk = 0 en fonction du d´esaccord exciton-photon. Figure extraite de [63].

n´egatifs, jusqu’`a une valeur maximale de η ≈ 40% `a un d´esaccord optimal de δ = −15 meV.

La valeur obtenue semble en contradiction avec l’augmentation d’un fac-teur 10 observ´ee par Qarry sur le mˆeme ´echantillon. Pour estimer l’aug-mentation maximale de la luminescence, il est n´ecessaire d’estimer la densit´e maximale d’´electrons, c’est `a dire celle au del`a de laquelle l’exciton est en r´e-gime de couplage faible. Pour estimer cette densit´e maximale, Lagoudakis s’est plac´e en δ = −15.5 meV, et a pris comme crit`ere le d´ecalage vers le rouge de la raie excitonique. Ce d´ecalage vers les basses ´energies est in-terpr´et´e comme la signature du passage en couplage faible, alors que nous pensons qu’il s’agit de l’apparition du trion dans les spectres de photolumi-nescence. Ainsi, les mesures de Lagoudakis sont probablement effectu´ees `

a relativement basse densit´e d’´electrons, ce qui permettrait de comprendre la diff´erence entre les deux exp´eriences.

Lagoudakisobserve de plus qu’en pr´esence d’une intensit´e constante du laser L2 injectant les ´electrons, la largeur de raie de l’exciton diminue avec la temp´erature. Nous verrons que cette baisse s’explique plus probablement par la baisse de la densit´e d’´electrons elle-mˆeme lorsque l’on augmente la temp´erature que par une baisse de l’efficacit´e des collisions polariton-´electron dans la relaxation.

2.5 Conclusion

Au d´ebut de cette th`ese, le probl`eme du goulet d’´etranglement de la relaxation est clairement identifi´e. Les interactions des polaritons avec les phonons comme les interactions polariton-polariton sont trop peu efficaces pour permettre une condensation de Bose-Einstein des polaritons [15]. Une proposition de G. Malpuech [67] est `a l’origine d’un renouveau du sujet : il pr´edit en effet que les collisions polariton-´electron sont suffisamment

effi-caces pour stimuler la relaxation et permettre `a la population de polaritons d’atteindre l’´equilibre thermique.

Les premi`eres exp´eriences r´ealis´ees sur une microcavit´e contenant un gaz d’´electrons [83, 63] montrent qu’effectivement, une forte augmentation de l’intensit´e de luminescence est observ´ee en pr´esence du gaz d’´electrons, mais sans montrer quantitativement comment le goulet d’´etranglement de la relaxation est r´eduit, ni si l’´equilibre thermique est effectivement atteint. Dans ce travail de th`ese, nous poursuivons ces premi`eres ´etudes de la re-laxation des polaritons. Nous nous sommes en particulier attach´es `a quanti-fier la redistribution de la population de polaritons en pr´esence du gaz d’´elec-trons (Chapitre 4), ainsi qu’`a ´etudier la dynamique de relaxation des pola-ritons (Chapitre 5). Avant de s’int´eresser aux collisions polariton-´electron proprement dites, il nous est apparu n´ecessaire de v´erifier que l’on injecte effectivement des ´electrons dans la structure et de quantifier la densit´e d’´elec-trons en fonction de la puissance du laser HeNe. Cette ´etude est pr´esent´ee en d´etails dans le prochain chapitre.

Photoinjection d’un gaz

d’´electrons dans un puits

quantique

Sommaire

3.1 Introduction . . . . 81

Documents relatifs