• Aucun résultat trouvé

5.3 Dynamique de relaxation des polaritons

5.3.3 Mod`ele ` a trois ensembles

u .a .) PTiSa (µW) ne=4x109 cm-2 ne=0

δ=0 meV

ne=4x109 cm-2 ne=0 réservoir In te n s it é i n g e ( u .a .) PTiSa (µW)

Fig. 5.21 – Intensit´e de photoluminescence int´egr´ee dans le temps en fonc-tion de la densit´e de polaritons pour un d´esaccord nul. La figure de gauche montre l’´etat kk = 0 et la figure de droite montre les ´etats du r´eservoir. L’effet de la pr´esence du gaz d’´electrons est montr´e pour chacun de ces deux ´etats.

les collisions polariton-polariton jouent un faible rˆole et n’entraˆınent pas de redistribution de la population. De mˆeme, l’intensit´e int´egr´ee dans l’´etat kk = 0 est multipli´ee par 1.5 au maximum en pr´esence du gaz d’´electrons, ce que l’on attribue au fait que le r´eservoir est principalement trionique. Ces r´esultats indiquent qu’`a d´esaccord nul, la relaxation par ´emission de pho-nons est le m´ecanisme de relaxation pr´edominant, et que la distribution de population n’est pas modifi´ee lorsque l’on augmente la densit´e de polaritons ou d’´electrons. Les populations de polaritons en kk = 0 et dans le r´eservoir ont alors la mˆeme dynamique, et l’influence des m´ecanismes suppl´ementaires de relaxation sur la dynamique reste faible.

5.3.3 Mod`ele `a trois ensembles

Dans ce chapitre, nous avons analys´e en d´etail les processus ayant un effet sur la dynamique de la luminescence, depuis la formation des exci-tons jusqu’`a la relaxation entre le r´eservoir et les ´etats proches de kk = 0. Les ´equations de notre mod`ele sont pr´esent´ees sur la Figure 5.22. Une den-sit´e d’´electrons ne inject´ee par le laser HeNe est pr´esente dans le syst`eme avant l’arriv´ee de l’impulsion provenant du laser TiSa. L’impulsion laser cr´ee instantan´ement une densit´e additionnelle n0 d’´electrons et de trous. Nous n´egligeons la dynamique de thermalisation des ´electrons, des trous et des

Électrons Réservoir excitonique Trous Polaritons proches de k//=0 h e h e n n C t n t n t n − = = ( ) d d d d 0δ 2 d d X X e X X h e X n B n n A n n n C t n − − − = τ 0 0 2 0 d d τ= = = + − k X X e k n n B n n A t n

Fig. 5.22 – Sch´ematisation de la formation des excitons `a partir des paires ´electron-trou ainsi et de la relaxation des polaritons. Les ´equations sont uti-lis´ees pour mod´eliser la photoluminescence r´esolue en temps des polaritons.

excitons, que nous supposons ˆetre instantan´ement `a la temp´erature du r´e-seau. Ceci nous permet de ne retenir dans les ´equations que les densit´es totales, et d’utiliser des constantes effectives, moyenn´ees sur la distribution de population, pour la formation des excitons, leur temps de vie radiatif et les processus de collision. Nous avons repris la constante C = 1 cm2s−1 et le temps de vie radiatif τX = 700 ps mesur´es lors de l’´etude de l’´echantillon grav´e, et consid´er´e un temps de vie du r´eservoir τX = 400 ps lorsque le r´eservoir est trionique en pr´esence du gaz d’´electrons. Le temps de vie τ0 des ´etats proches de kk= 0 est ´egal `a 2.2 ps. Les param`etres A et B sont gard´es ajustables et permettent de rendre compte des collisions polariton-´electron et polariton-polariton respectivement.

Malgr´e sa simplicit´e, ce mod`ele permet de rendre compte des exp´eriences que nous avons faites en d´esaccord n´egatif. La Figure 5.23 compare les me-sures exp´erimentales et les ajustements issus de ce mod`ele. Nous regardons simultan´ement la dynamique du r´eservoir et de l’´etat kk = 0 pour diff´e-rentes valeurs de n0 et de ne. Ces diff´erentes conditions exp´erimentales sont correctement rendues par notre mod`ele lorsque l’on consid`ere A/B = 1.4. Notons que l’on ne peut pas donner les valeurs absolues des constantes A et B. En effet, celles-ci n’interviennent que sur les facteurs d’occupation de l’´etat kk = 0, qui ne sont pas mesur´es de mani`ere absolue sur ce disposi-tif exp´erimental. En cons´equence, seul le rapport A/B a un sens physique. Nous retrouvons donc grˆace aux mesures r´esolues en temps que les deux m´e-canismes de collision ont la mˆeme efficacit´e, aux incertitudes exp´erimentales pr`es.

0 500 1000 1500 2000 10-8 10-7 10-6 10-5 10-4 10-3 10-2 a) δδδδ=-8 meV k||=0, expérience ne=0 ne=4x109cm-2 In te n s it é ( u .a .) Time (ps) 0 500 1000 1500 200010 -8 10-7 10-6 10-5 10-4 10-3 10-2 b) δδδδ=-8 meV k||=0, simulation ne=0 ne=4x109cm-2 Time (ps) 0 500 1000 1500 2000 102 103 104 105 106 c) δδδδ=-8 meV réservoir, expérience ne=0 ne=4x109cm-2 In te n s it é ( u .a .) Time (ps) 0 500 1000 1500 200010 2 103 104 105 106 d) δδδδ=-8 meV réservoir, simulation ne=0 ne=4x109cm-2 Time (ps)

Fig. 5.23 – Comparaison entre les courbes de d´eclin exp´erimentales et les ajustements issus du mod`ele de la figure 5.22. Les spectres exp´erimentaux sont ceux des figure 5.18 et 5.19 `a δ = −8 meV.

5.4 Conclusion

On trouve dans la litt´erature assez peu d’´etudes de la photoluminescence r´esolue en temps des polaritons sous excitation non r´esonnante. La plupart des articles se consacre en effet soit `a la dynamique sous excitation r´eson-nante [108, 9, 32, 109], soit `a la dynamique de relaxation du spin [59, 89], de sorte que seuls M¨uller et ses collaborateurs ont r´ealis´e un travail proche de celui qui a ´et´e pr´esent´e ici [74]. Dans cet article, M¨uller ´etudie la dy-namique de relaxation d’une microcavit´e de semiconducteurs II-VI dans le r´egime lin´eaire, o`u l’´emission de phonons gouverne la relaxation. `A l’inverse des r´esultats pr´esent´es dans ce chapitre, il trouve que le temps de d´eclin de la photoluminescence augmente dans les ´etats proches de kk = 0. Il explique ce r´esultat contre-intuitif par la pr´esence d’un r´eservoir d’excitons localis´es, situ´e `a 3.5 meV sous l’´energie de l’exciton, ayant un temps de vie plus long que les excitons libres et alimentant les ´etats proches de kk = 0 pendant toute sa dur´ee de vie. Grˆace `a la bonne qualit´e de notre ´echantillon, nous avons pu mettre directement en ´evidence que les ´etats proches de kk = 0 s’adaptent instantan´ement aux variations de population du r´eservoir.

Dans ce chapitre, nous avons ´etudi´e la dynamique de relaxation des po-laritons en pr´esence d’un gaz d’´electrons `a l’aide de mesures de photolu-minescence r´esolue en temps. Ces mesures montrent que le gaz d’´electrons acc´el`ere fortement la dynamique d’´emission des ´etats du r´eservoir. Ce com-portement n’est pas sp´ecifique `a la pr´esence de la microcavit´e, puisqu’il a ´egalement ´et´e observ´e dans un puits quantique de r´ef´erence non coupl´e `a une microcavit´e. Il peut ˆetre expliqu´e par une formation plus rapide des excitons et, en pr´esence d’´electrons, par des effets trioniques. De plus, les exp´eriences montrent clairement que la dynamique du r´eservoir n’est pas affect´ee par la diffusion des polaritons vers les ´etats proches de kk= 0.

Puisque le temps de vie global de la population de polaritons est plus long que le temps de vie radiatif des polaritons en kk = 0, nous avons ´ega-lement montr´e que la population dans les ´etats proches de kk = 0 suivait instantan´ement la population dans le r´eservoir. En cons´equence, la dyna-mique des ´etats proches de kk = 0 refl`ete directement celle du r´eservoir. Lorsque les collisions polariton-polariton sont le m´ecanisme de relaxation dominant, la luminescence en kk = 0 d´ecline en un temps deux fois plus court que celui du r´eservoir. Lorsque les collisions polariton-´electron sont le m´ecanisme dominant, la dynamique observ´ee en kk = 0 est identique `a celle du r´eservoir.

En conclusion, en ´etudiant la dynamique du puits quantique seul puis celle de la microcavit´e compl`ete, nous avons expliqu´e que la modification de la dynamique d’´emission provient simultan´ement de la physique des excitons dans le r´eservoir et de la physique de la relaxation des polaritons.

Conclusion

Dans ce dernier chapitre, nous rappelons dans un premier temps les motivations de ce travail de th`ese ainsi que les principaux r´esultats obtenus. Nous proposons ´egalement des ´etudes qu’il serait int´eressant de r´ealiser pour compl´eter les donn´ees pr´esent´ees dans ce manuscrit. Enfin, des perspectives de recherches envisageables sont pr´esent´ees `a la fin de ce chapitre.

6.1 Bilan

Les microcavit´es en r´egime de couplage fort pr´esentent une relation de dispersion fortement modifi´ee par rapport `a celle de l’exciton, et il a ´et´e propos´e de tirer partie de la faible densit´e d’´etats des polaritons dans les ´etats proches de kk = 0 afin de r´ealiser un laser d’un genre nouveau : le laser `

a polaritons. Ce laser fonctionne sur le principe d’une relaxation stimul´ee des polaritons dans les ´etats proches de kk = 0, et de nombreuses exp´eriences indiquent qu’il a d´ej`a ´et´e r´ealis´e dans les semiconducteurs II-VI[90, 10].

Dans les microcavit´es de semiconducteurs III-V, les exp´eriences r´ealis´ees dans les ann´ees 1999 `a 2001 ont montr´e que quel que soit le m´ecanisme de relaxation (relaxation par ´emission de phonons ou par collisions polariton-polariton), une accumulation des polaritons dans les ´etats de grand kk est observ´ee et le r´egime de relaxation stimul´ee n’est pas atteint [124, 106]. Au d´ebut de cette th`ese, une proposition th´eorique sugg`ere que les collisions polariton-´electron sont plus efficaces que les collisions polariton-polariton, et permettent d’obtenir une stimulation de la relaxation. Au cours de cette th`ese, nous nous sommes attach´es `a tester exp´erimentalement cette propo-sition th´eorique. Ainsi, ce manuscrit pr´esente des mesures spectroscopiques r´ealis´ees sur une microcavit´e o`u une densit´e d’´electrons peut ˆetre inject´ee optiquement.

Pour r´ealiser un contrˆole optique de la densit´e d’´electrons, nous avons utilis´e un puits quantique de type mixte, dans lequel deux puits quantiques

´etroits sont plac´es de part et d’autre d’un puits quantique large. Nous avons montr´e que la densit´e d’´electrons et la densit´e d’excitons pr´esentes dans le puits quantique large peuvent ˆetre contrˆol´ees de mani`ere ind´ependantes en utilisant deux faisceaux lasers d’´energies diff´erentes.

En ´etudiant la zone active seule, sur une partie grav´ee de l’´echantillon (Chapitre 3), nous nous sommes attach´es `a mesurer pr´ecis´ement la densit´e d’´electrons inject´ee dans le puits quantique large de fa¸con `a obtenir une me-sure quantitative de l’efficacit´e des collisions polariton-´electron. Pour cela, nous avons combin´e plusieurs m´ethodes. `A basse densit´e d’´electrons, nous avons exploit´e l’´equilibre thermodynamique entre les excitons et les trions : X + e⇋X. `A plus forte densit´e d’´electrons, nous avons mesur´e le niveau de Fermi du gaz d’´electrons d´eg´en´er´e. Nous avons enfin mesur´e la force d’os-cillateur du trion en r´egime de couplage fort afin de raccorder les mesures `

a faible et forte densit´e. De cette mani`ere, nous avons obtenu une mesure quantitative de la densit´e d’´electrons de 0 `a 1011cm−2 avec un facteur d’in-certitude de l’ordre de 2.5.

Nous avons ensuite ´etudi´e en d´etail l’effet du gaz d’´electrons sur la lu-minescence des polaritons de cavit´e. Comme dans les travaux r´ealis´es dans les groupes d’E. Cohen et de J. J. Baumberg [63, 83], nous avons observ´e une augmentation de la luminescence de plus d’un ordre de grandeur en kk = 0. Cependant, pour extraire quantitativement l’effet des ´electrons sur la relaxation des polaritons, nous avons montr´e qu’il faut tenir compte de la pr´esence des trions dans la cavit´e. Nous avons en particulier montr´e que le r´eservoir devient trionique ; une partie de l’augmentation de la lumines-cence provient donc de la diminution de l’´energie de pi`ege avec la densit´e d’´electrons.

Pour observer la modification de la relaxation des polaritons en pr´esence d’un gaz d’´electrons, nous avons donc r´ealis´e des mesures de photolumines-cence r´esolue en angle pour une ´energie de pi`ege constante. Comme dans les ´etudes pr´ec´edentes, un goulet d’´etranglement de la relaxation est observ´e `

a basse densit´e de polaritons, puis disparaˆıt partiellement `a forte densit´e lorsque les collisions polariton-polariton deviennent pr´edominantes. L’injec-tion d’un gaz d’´electrons permet elle aussi, grˆace aux collisions polaritons-´electrons, de diminuer le goulet d’´etranglement de la relaxation. En d´esac-cord n´egatif, nous avons obtenu une r´eduction d’un facteur 5 du goulet d’´etranglement.

Nous avons enfin compar´e l’efficacit´e des collisions polariton-´electron `a celle des collisions polariton-polariton. `A faible densit´e de polaritons, les col-lisions polariton-´electron l’emportent sur les colcol-lisions polariton-polariton. `A forte densit´e de polaritons, nous avons montr´e que les collisions polariton-polariton ´etaient le m´ecanisme de relaxation pr´edominant quelle que soit la densit´e d’´electrons. Finalement, les deux m´ecanismes ont la mˆeme effi-cacit´e intrins`eque et les valeurs respectives de la densit´e d’´electrons et de

la densit´e de polaritons d´eterminent quel sera le m´ecanisme de relaxation pr´edominant.

Nous avons ´egalement calibr´e notre dispositif exp´erimental de mani`ere `a mesurer les facteurs d’occupation absolus des ´etats de polariton. Nous avons montr´e que les facteurs d’occupation restent inf´erieurs `a 1 quelles que soient les conditions exp´erimentales (d´esaccord, temp´erature, densit´e d’´electrons et densit´e de polaritons). Contrairement aux pr´evisions th´eoriques, les col-lisions polariton-´electron n’ont pas permis d’obtenir une stimulation de la relaxation en r´egime de couplage fort et nous n’avons pas observ´e de relaxa-tion stimul´ee.

Nous avons enfin ´etudi´e la dynamique de relaxation des polaritons `a l’aide d’exp´eriences de photoluminescence r´esolue en temps sous excitation impulsionnelle. Ces mesures montrent que le gaz d’´electrons acc´el`ere for-tement la dynamique d’´emission des ´etats du r´eservoir. Ce comporfor-tement n’est pas sp´ecifique `a la pr´esence de la microcavit´e, puisqu’il a ´egalement ´et´e observ´e dans un puits quantique de r´ef´erence non coupl´e `a une microca-vit´e. Il peut ˆetre expliqu´e par une formation plus rapide des excitons et, `a forte densit´e d’´electrons, par des effets trioniques. De plus, les exp´eriences montrent clairement que la dynamique du r´eservoir n’est pas affect´ee par la diffusion des polaritons vers les ´etats proches de kk= 0.

Nous avons ´egalement montr´e que la population dans les ´etats proches de kk = 0 suivait instantan´ement la population dans le r´eservoir. En cons´e-quence, la dynamique des ´etats proches de kk = 0 refl`ete directement celle du r´eservoir. Lorsque les collisions polariton-polariton sont le m´ecanisme de relaxation dominant, la luminescence en kk = 0 d´ecline en un temps deux fois plus court que celui du r´eservoir. Lorsque les collisions polariton-´electron sont le m´ecanisme dominant, la dynamique observ´ee en kk= 0 est identique `

a celle du r´eservoir.

Documents relatifs