CHAPITRE 3 CARACT ´ ERISATION DU DISPOSITIF
3.1.3 Mod` ele th´ eorique de la d´ eformation
Pour confirmer que le cath´eter et le guide se comportent comme des poutres encastr´ees libres soumises `a une force appliqu´ee `a l’extr´emit´e et pour mieux comprendre les interactions magn´etiques qui surviennent quand plusieurs billes sont utilis´ees, nous d´eveloppons un mod`ele th´eorique simple de la d´eformation du cath´eter.
3.1.3.1 D´eveloppement du mod`ele
On consid`ere un embout de cath´eter compos´e de deux billes identiques en mat´eriau f´erro- magn´etique doux, libres de tourner `a l’int´erieur d’un boitier rigide. Le mod`ele pourra ensuite ˆ
etre simplifi´e dans le cas d’une seule bille.
Pour ´evaluer la force magn´etique sur l’embout du cath´eter `a l’int´erieur d’un appareil IRM, nous mod´elisons les deux sph`eres comme ´etant des dipˆoles magn´etiques de force m et que nous appelons S1 et S2 comme pr´esent´e sur la figure 3.3. Le syst`eme de coordonn´ees de l’IRM
(⃗ex,⃗ey,⃗ez) est repr´esent´e. La direction ⃗ez correspond `a la direction du champ ⃗B0. Un syst`eme
(a) (b) θe eθ e r ey Fm Fm FSS FSS T S S M M r ez
Figure 3.3. Sch´ema du mod`ele de dipˆole des billes ferromagn´etiques. (a) montre la position relative des dipˆoles S1 et S2 et (b) repr´esente les forces et les couples
r´esultants
passant par le centre des deux billes. θe est l’angle d´efini entre ⃗ey et ⃗ez. Puisque les billes
sont libres de tourner dans le boitier, nous supposons que leur magn´etisation est align´ee avec le champ permanent de l’IRM, soit ⃗m = m⃗ez. Dans les conditions qui nous int´eressent, le
champ permanent est beaucoup plus fort que le champ de l’un des dipˆoles. Nous pouvons alors n´egliger les effets que le dipole S2exerce sur la magn´etisation du dipole S1 et vice-versa.
Cependant, comme cela est montr´e sur la figure 3.3, le dipole S2, positionn´e `a ⃗r par rapport
au dipˆole S1 per¸coit le champ magn´etique de S1 [75] et s’exprime, dans le rep`ere de l’IRM,
par
⃗ BS2S1 =
µ0m
4πr3[−⃗ez+ 3(⃗ez.⃗er)⃗er], (3.2)
o`u µ0 = 4π × 10−7 Tm/A est la perm´eabilit´e de l’espace vide.
Sachant que le syst`eme de coordonn´ees cylindriques li´ee aux billes se d´efini tel que ⃗er= sin θe⃗ez+ cos θe⃗ey,
⃗eθ= cos θe⃗ez− sin θe⃗ey,
⃗ez = sin θe⃗er+ cos θe⃗eθ,
(3.3)
l’´equation 3.2 peut se r´e´ecrire en coordonn´ees cylindrique comme suit : ⃗
BS2S1 = µ0m
4πr3[2 sin θe⃗er− cos θe⃗eθ]. (3.4)
exprim´e dans le syst`eme de coordonn´ees cylindrique comme suit : ⃗
M ⋅ ⃗∇ = M ⃗ez⋅ ⃗∇ = M(sin θe⃗er+ cos θe⃗eθ) ⋅ ⃗∇
= M(sin θe ∂ ∂r + cos θe r ∂ ∂θe). (3.5)
La force ⃗FS2S1 appliqu´ee sur le dipˆole S2 due au champ magn´etique du dipˆole S1 est obtenue en substituant 3.4 dans 3.1 exprim´e en coordonn´ees cylindriques `a l’aide de 3.5.
⃗ FS2S1 =
3µ0m2
4πr4 [(1 − 3 sin 2θ
e)⃗er+ sin 2θe⃗eθ], (3.6)
o`u π2 − θe est l’angle entre la direction de magn´etisation ⃗ez et le vecteur de position ⃗r. Par
antisym´etrie, ⃗FBA= − ⃗FAB.
Puisque les deux sph`eres sont contenues dans un boitier rigide, elles ne peuvent pas bouger l’une par rapport `a l’autre et leurs composantes de force d’attraction/r´epulsion s’annulent. Cependant, la composante de leur force perpendiculaire `a ⃗r (Figure 3.3) cr´e´ee un couple T sur l’embout du cath´eter
⃗T = ⃗r× ⃗FS2S1 =
3µ0m2
4πr4 sin 2θe⃗ex, (3.7)
o`u ⃗ex= ⃗ey× ⃗ez est la direction qui sort du papier sur la figure 3.3.
3.1.3.2 La force magn´etique dans le cas de dipˆoles multiples
Dans notre mod`ele, les dipˆoles sont des billes ferromagn´etiques magn´etis´ees `a saturation dans la direction z, avec ⃗m = MsV⃗ez, o`u V = πd
3
6 . L’´equation 3.1 de la force due au champ
magn´etique ⃗Fm peut ˆetre reformul´ee telle que
⃗ Fm=
πd3
6 MsGz⃗ez, (3.8)
o`u Gz est le gradient magn´etique produit par les bobines de Maxwell (mT/m), Ms (A/m)
est la magn´etisation `a saturation de la bille, et d (m) est le diam`etre de la bille. La force de l’´equation 3.8 agit sur le cath´eter qui peut ˆetre mod´elis´e comme une poutre de Euler-Bernouilli ayant une rigidit´e en flexion EI uniforme. En supposant que la poutre est inextensible, dans la limite des forces ´etudi´ees ici, les forces de cisaillement sur la longueur de la poutre sont ´
egales `a la composante normale de la force appliqu´ee sur l’embout [69]
EI∂
2θ
o`u n est le nombre de dipˆoles magn´etiques (1 ou 2), θ = θ(s) est l’angle d´ecrivant la d´efor- mation de la poutre, et s est la coordonn´ee lagrangienne d´efinie le long de la longueur de la poutre depuis son encastrement jusqu’`a son extr´emit´e libre. Les conditions aux limites sont diff´erentes selon si un ou deux dipˆoles sont pr´esents. S’il n’y a qu’un dipˆole, les conditions aux limites sont simplement
θ∣s=0= 0,
EI∂θ
∂s∣s=l= 0,
(3.10)
o`u l est la longueur entre l’encastrement et le centre du dipˆole `a l’extr´emit´e libre. Pour deux dipˆoles, les conditions aux limites incluent le couple de l’embout
θ∣s=0= 0,
EI∂θ
∂s∣s=l−r= T + Fmr cos θe,
(3.11)
o`u θe est l’angle de la poutre au niveau de l’extr´emit´e libre.
3.1.3.3 D´efinition des nombres adimensionnels
Dans la suite, nous utilisons les ratios de longueur suivants ρ= r l, ζ= s l, ξ= v l. (3.12)
Pour simplifier encore l’analyse, nous d´efinissons les nombres adimensionnels suivants :
η=πd 3l2M sGz 6EI , κ= µ0πd 6M2 s 48EIl2 . (3.13)
Le param`etre η repr´esente le ratio de la force d’actuation magn´etique par rapport `a la rigidit´e du cath´eter, tandis que κ est le param`etre d’int´eraction des dipˆoles ajust´e par la rigidit´e du cath´eter.
Le nombre de dipˆoles et la force adimensionnelle qu’un dipˆole g´en`ere apparaissent toujours ensembles sous la forme d’un produit nη de telle sorte que n aurait pu ˆetre introduit dans
la d´efinition du param`etre η. Cependant, comme le but de notre mod`ele est, en partie, de montrer l’avantage d’utiliser plus qu’une seule bille sur le cath´eter, garder n et η s´epar´es permet de discerner plus facilement les effets du nombre de sph`eres sur la d´eflexion dans la section des r´esultats.
En utilisant les nombres adimensionnels de l’´equation 3.13, nous pouvons r´e-´ecrire l’´equa- tion 3.9 telle que
∂2θ
∂ζ2 = −nη cos θ, (3.14)
en utilisant une des conditions aux limites suivantes selon si l’embout est compos´e d’une ou de deux billes. Dans le cas d’une seule bille, les conditions aux limites sont
θ∣ζ=0= 0,
∂θ
∂ζ∣ζ=1= 0,
(3.15)
et dans le cas de deux billes, les conditions aux limites sont θ∣ζ=0= 0, ∂θ ∂ζ∣ζ=1−ρ= κ ρ3sin 2θe+ nηρ 2 cos θe. (3.16) 3.1.3.4 R´esolution
Les ´equations 3.14 et 3.15 peuvent ˆetre r´esolues num´eriquement. Nous utilisons la m´ethode de tir et nous devinons l’angle de la poutre `a l’extr´emit´e libre θe. Nous consid´erons ensuite le
probl`eme comme ´etant un probl`eme de valeur initiale et nous int´egrons la forme de la poutre sur toute sa longueur en utilisant l’algorithme de Runge-Kutta. L’algorithme de M¨uller est utilis´e pour converger it´erativement vers la valeur correcte de l’angle final θe. Une fois que la
d´eformation de la poutre est trouv´ee, elle peut ˆetre int´egr´ee pour donner le d´eplacement de l’embout dans la direction transverse dans le cas d’un dipˆole unique et de deux dipˆoles, ce qui donne respectivement
ξ= ∫ 1 0 sin θdζ, (3.17) ξ= ∫ 1−ρ 0 sin θdζ+ ρ sin θe. (3.18)
Les mesures de d´eflexion exp´erimentales sont compar´ees avec les pr´edictions th´eoriques dans la section suivante.
3.1.4 Comparaison du mod`ele avec les exp´eriences