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Mod`ele analytique de l’imp´edance spectroscopique

Une autre application importante de ce r´esultat est le d´eveloppement d’un mod`ele analytique de l’imp´edance spectroscopique. Au chapitre 1, nous avons pr´esent´e un mod`ele de circuits ´equivalents simplifi´es d´evelopp´e par Keddam et Takenouti. Dans l’esprit de ce mod`ele, on peut repr´esenter l’imp´edance d’une g´en´eration quelconque par un circuit ´equivalent incluant l’imp´edance de la g´en´eration pr´ec´edente. En utilisant cette proc´edure de mani`ere it´erative, on peut ´ecrire l’imp´edance de fa¸con explicite sous la forme d’une fraction it´erative. Ce mod`ele, bas´e sur une image physique naturelle, n’a pas de justification math´ematique. En se fondant sur une analyse approfondie des modes propres de l’op´erateur de Dirichlet-Neumann, on peut construire un autre mod`ele analytique de l’imp´edance spectroscopique. Dans cette sous-section, nous allons d´ecrire ce mod`ele et son application `a la courbe de Von Koch quadrangulaire (Df = ln 5/ ln 3). Ensuite, nous passerons `a l’´etude d’autres fronti`eres irr´eguli`eres pour lesquelles on peut construire des mod`eles similaires. Ces r´esultats nous permettront de d´evelopper un mod`ele assez g´en´eral dont l’analyse est donn´ee dans la section 5.7.

En examinant les spectres g´eom´etriques de la figure 5.7, on peut ´emettre les observa- tions suivantes :

1. A premi`ere approximation, la g-i`eme g´en´eration de la courbe de Von Koch poss`ede g + 1 pics (modes principaux) dont les positions sont d´etermin´ees par les valeurs propres µα, tandis que leurs amplitudes sont d´etermin´ees par les composantes spec-

5.3 Courbe de Von Koch de dimension Df = ln 5/ ln 3 159

trales Fα. Dans la suite, on r´ef´erence ces modes propres par µ(g)k et F (g)

k , o`u l’indice k prend des valeurs enti`eres entre 0 et g. Par exemple, pour la g´en´eration g = 4, on a :

µ(4)0 = µ0, µ(4)1 = µ1, µ2(4) = µ7, µ(4)3 = µ37, µ(4)4 = µ187 2. Les pics de mˆeme indice k pour diff´erentes g´en´erations g sont `a peu pr`es situ´es `a la

mˆeme position, c’est-`a-dire que µ(g)k (5/3)gL ne d´epend que de l’indice k (le facteur (5/3)gL correspond au p´erim`etre de la g´en´eration g, voir l’´echelle sur la figure 5.7). 3. La distance (`a l’´echelle logarithmique) entre pics successifs d’une mˆeme g´en´eration

est `a peu pr`es constante :

µ(g)k ' 5µ(g)k−1

En combinant cette expression et l’observation pr´ec´edente, on trouve l’approxima- tion suivante :

µ(g)k ' 5k(3/5)gµ0 (5.6)

µ0 ´etant une constante proche de (3/5)L−1. Le tableau 5.10 contient les valeurs µ(g) k calcul´ees par cette relation (comparer avec les valeurs exactes dans le tableau 5.8). 4. La composante spectrale F0(g)est ´egale `a l’inverse du p´erim`etre Ltot: F0(g) = (3/5)gL−1. 5. Pour une g´en´eration donn´ee, les composantes spectrales Fk(g) augmentent progressi-

vement avec l’indice k. Si l’on consid`ere la premi`ere g´en´eration, l’amplitude F1(1)peut ˆetre d´etermin´ee en se souvenant que la somme de toutes les amplitudes est ´egale `a l’inverse de la longueur la zone active de Dirichlet : F0(1)+ F

(1)

1 ' L−1dir. Comme cette longueur est proche du diam`etre L, on obtient : F1(1) ' L−1− L−1

tot = (1− 3/5)L−1. Cette estimation est proche de la valeur num´erique F1(1) ' 0,41 L−1. On peut donc constater que la valeur F1(1) exprime la diff´erence entre l’inverse du diam`etre et l’inverse du p´erim`etre de cette courbe. En d’autres termes, cette valeur est ´egale `a la diff´erence entre les inverses des p´erim`etres de la g´en´eration d’ordre 0 (segment lin´eaire) et de la premi`ere g´en´eration. On peut maintenant essayer d’appliquer ce raisonnement `a des g´en´erations d’ordre plus ´elev´e en disant que, `a premi`ere approxi- mation, chaque valeur Fk(g) (avec k > 0) peut correspondre `a la diff´erence entre les inverses des p´erim`etres de la g´en´eration g − k et de la g´en´eration g − k + 1, d’o`u l’on tire la relation suivante :

Fk(g)L' (

(1− 3/5)(3/5)g−k, k = 1,...,g

(3/5)g, k = 0 (5.7)

Le tableau 5.10 contient les valeurs Fk(g) calcul´ees par cette relation (comparer avec les valeurs exactes dans le tableau 5.8).

En utilisant les relations (5.6) et (5.7), on peut approcher des pics repr´esentant les modes principaux. On aboutit donc `a l’approximation analytique Z(g)(Λ) suivante pour l’imp´edance effective Z(Λ) : Z(g)(Λ) = ρΛ g X k=0 Fk(g) 1 + Λµ(g)k (5.8)

g k = 0 k = 1 k = 2 k = 3 k = 4 µ(g)k Ltot 1 0 3 2 0 3 15 3 0 3 15 75 4 0 3 15 75 375 Fk(g)L 1 0,6000 0,4000 2 0,3600 0,2400 0,4000 3 0,2160 0,1440 0,2400 0,4000 4 0,1296 0,0864 0,1440 0,2400 0,4000

Tab. 5.10 – Mod`ele analytique : modes principaux pour les quatre g´en´erations de la courbe de Von Koch de dimension Df = ln 5/ ln 3.

Afin de v´erifier la qualit´e de cette approximation analytique, on compare l’imp´edance spectroscopique calcul´ee par la relation exacte (4.11) avec celle donn´ee par notre mod`ele. L’erreur relative est pr´esent´e sur la figure 5.12. On peut constater que, sur 5 ordres de gran- deur de valeurs Λ/L, l’erreur relative est inf´erieure `a 12%. Compte tenu de la complexit´e de la quatri`eme g´en´eration et de la relative rusticit´e du mod`ele, une telle pr´ecision est vraiment remarquable. On peut en conclure que l’expression analytique simple (5.8) trans- crit effectivement toute la complexit´e du comportement de l’imp´edance pour la courbe de Von Koch consid´er´ee. Plus important encore, cet accord valide les r`egles g´en´erales ´etablies par les relations (5.6) et (5.7) pour les modes principaux. Par cons´equent, on peut uti- liser ces relations afin d’approcher le comportement pour des g´en´erations beaucoup plus ´elev´ees que la quatri`eme. Le calcul direct de l’imp´edance spectroscopique ´etant inacces- sible pour une g´en´eration de l’ordre de 10 ou 20, ce mod`ele nous offre donc un outil que nous utiliserons dans la section 5.7 en l’appliquant `a des g´en´erations plus ´elev´ees.

Cependant, il est raisonnable de se demander si ces r`egles conservent leur validit´e lorsque l’on augmente la g´en´eration. En effet, `a chaque passage d’une g´en´eration `a la suivante, le nombre et les amplitudes des pics secondaires deviennent de plus en plus importants. En particulier, les pics secondaires autour de α = 187 pour la quatri`eme g´en´eration pr´esentent des contributions plus importantes que le pic principal α = 1. Peut on alors n´egliger ces pics secondaires ? Nous pouvons proposer la r´eponse suivante : la g´eom´etrie autosimilaire de la courbe de Von Koch conduit `a une certaine hi´erarchie de va- leurs propres, chaque pic principal correspondant `a une ´echelle particuli`ere de la fronti`ere. Par cons´equent, on peut fusionner les pics situ´es autour de chaque ´echelle caract´eristique de l’interface. Dans ce cas, l’existence d’un pic principal dans chaque groupe n’est pas mˆeme n´ecessaire. Il suffit d’approcher la contribution de tous les pics dans chaque groupe par un seul pic dont l’amplitude Fk(g) est ´egale `a la somme des amplitudes de ces pics, la position moyenne µ(g)k ´etant alors d´etermin´ee par l’´echelle caract´eristique de ce groupe. On obtient ainsi une s´erie de (g + 1) pics principaux effectifs. La position moyenne µ(g)k peut ˆetre approch´ee par la relation (5.6). En revanche, il nous faut justifier l’utilisation de la relation (5.7) pour calculer les amplitudes Fk(g). Nous reviendrons sur cette question dans la section 5.7.

5.3 Courbe de Von Koch de dimension Df = ln 5/ ln 3 161 10−2 10−1 100 101 102 −1 −0.5 0 0.5 1

Λ/L

g=4

Fig. 5.12 – Erreur relative entre l’imp´edance pour la quatri`eme g´en´eration de la courbe de Von Koch calcul´ee `a l’aide du mod`ele analytique et l’imp´edance r´eelle. Cette erreur reste inf´erieure `a 12% sur 5 ordres de grandeurs de Λ/L.

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? (a) (b) (c)

Fig. 5.13 – Courbe al´eatoire : (a) probl`eme due `a la d´econnexion ; (b) ´elimination simple d’une partie d´econnect´ee ; (c) modification l´eg`ere de la courbe pour ´eviter la d´econnexion sans modification du p´erim`etre (en basculant une partie de la fronti`ere).