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Modélisation de la partie dynamique

3.3 Modélisation du système

3.3.2 Modèle de l’actionneur hydraulique

3.3.3.2 Modélisation de la partie dynamique

Le constructeur donne les caractéristiques dynamiques pour le servodistributeur utilisé

(fi-gure 3.14). Ce diagramme de Bode représente l’évolution du gain en déplacement du tiroir

du distributeur et son déphasage en fonction de la fréquence lorsque le signal de commande

(image de la position désirée du tiroir) varie de façon sinusoïdale à une amplitude constante.

Ainsi on observe que pour une amplitude du signal d’entrée égale à40%de la valeur maximale,

la bande passante théorique est égale à300Hz à−3dB. Ces mesures sont réalisées sur des bancs

d’essais spécifiques, en utilisant un piston particulier à faible frottement et inertie réduite, sans

3.3. Modélisation du système 129

fuite, et dont la fréquence propre hydromécanique est très élevée.

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IGURE

3.14 – Réponse en fréquence donnée par le constructeur du servodistributeur.

Ces caractéristiques mettent de toute façon en évidence le caractère fortement non linéaire de

ce composant. Plusieurs approches existent pour la modélisation du comportement dynamique

d’un tel composant, on peut les classer en trois grandes familles.

Modélisation physique :

Dans les modèles de connaissance, les paramètres ont un sens physique et le modèle est déduit

de lois physiques. Ce type de modèle contient une description détaillée du processus. Cependant

un modèle de connaissance peut atteindre un degré de complexité assez grand. Pour un

servo-distributeur à 2 étages, quelques travaux se sont basés sur ce type d’approches [87], [103],

[Xu-Sid10].

Modélisation signal :

Une autre approche issue de la théorie de l’automatique, vise à décrire le système d’une

ma-nière globale, en se basant uniquement sur l’analyse des signaux obtenus expérimentalement.

Cette approche est utilisable dans le cas où il y a un manque de données, des difficultés pour

accéder aux variables d’état d’un système... Dans ce cas, le modèle est une représentation

ma-thématique par des données entrées/sorties uniquement, appelée modèle de représentation de

type "boîte noire". C’est la méthode le plus souvent utilisée dans le cas du servodistributeur.

Un modèle d’ordre 2 a été retenu dans [116] pour un servodistributeur Bosch. Dans ce travail,

les paramètres du modèle sont déduits des courbes du constructeur en considérant une réponse

fréquentielle moyenne des réponses relevées pour des amplitudes du signal de commande égales

à100%et à5% de la valeur maximaleU

n

. Ainsi, la réponse en fréquence du système est

sup-posée identique pendant tout le cycle de fonctionnement quelque soit l’amplitude des signaux

de commande, ce qui n’est pas le cas en réalité.

Dans [111], un modèle du3

`eme

ordre a été proposé. La dynamique de la partie mobile

{armature-palette} est considérée comme un système d’ordre deux auquel on ajoute l’effet intégrateur du

tiroir de distribution. Un modèle linéaire du4

eme´

ordre a aussi été proposé en considérant cette

fois-ci deux modèles d’ordre deux en cascade, le premier pour l’ensemble mobile et le second

pour le tiroir de distribution.

Dans ces travaux, une différence est faite entre la dynamique du tiroir et celle de la partie mobile

{armature+ palette}. Dans les servodistributeur courants, la dynamique du tiroir est nettement

plus élevée que celle de l’ensemble mobile. A titre d’exemple, pour un servodistributeur MOOG

76101 de bande passante à−3dB égale à150Hz , la dynamique du1

er

étage se situe autour de

400 Hz alors que la dynamique du tiroir dépasse les 2400 Hz, [103]. Ainsi, le savoir faire du

constructeur, réside dans la raideur de rétroaction de l’ensemble mobile qui a un effet important

sur la dynamique du1

er

étage. D’un point de vue dynamique, ceci nous permet donc de

don-ner une certaine priorité à chaque partie constituant le servodistributeur. En premier lieu, nous

pouvons nous concentrer sur la dynamique de la partie mobile pour ensuite prendre en compte

l’effet intégrateur du tiroir avant de nous intéresser à la dynamique complète du tiroir.

Modélisation hybride :

Une dernière approche en modélisation consiste en une modélisation dite "hybride" qui vise

à combiner modèles de connaissance et modèles de représentation, ce sont des modèles de

type "boite grise". Ce type d’approche s’appuie d’une part sur la représentation de phénomènes

physiques et d’autre part sur une caractérisation globale des effets majeurs afin de limiter la

complexité du modèle proposé. Citons à titre d’exemple les travaux réalisés dans [5] où le

mo-dèle dynamique d’un servodistributeur "Rexroth 4WS.2EM10" prend en compte l’influence de

l’amplitude du signal d’entrée ainsi que celle de la pression d’alimentation et l’effet de

l’hysté-résis du moteur couple.

Dans ce type d’approche, on retient généralement les hypothèses suivantes pour la modélisation

dynamique d’un servodistributeur. Ainsi, on néglige :

- les volumes de pilotages du tiroir,

- les forces hydrodynamiques sur le tiroir (forces de jet),

- les efforts visqueux au niveau du tiroir,

- l’effort exercé par la tige flexible sur le tiroir.

Autres effets importants :

Pour être représentative dans un large spectre de fonctionnement, une modélisation du1

er

étage

du servodistributeur doit aussi prendre en compte d’autres phénomènes :

- les effets de saturation de l’étage pilote aux grandes amplitudes du signal d’entrée,

- l’hystérésis du moteur couple aux faibles amplitudes,

- la relation non linéaire débit-pression de l’étage pilote (hydraulique du1

er

étage).

La plupart du temps, la partie hydraulique du1

er

étage est considérée comme un gain pur reliant

le débit de pilotage Q

p

à la position de la palettex

p

. En réalité, ce comportement est perturbé

par la différence de pression de pilotage résultant sur le tiroir et on doit considérer que le débit

de pilotage est une fonction de la position de la palette (x

p

) et de cette différence de pression de

pilotage (∆p

P

), voir figure 3.15.

Un grand nombre de modèle est proposé dans la littérature pour la représentation de l’hystérésis

magnétique. Certains sont purement mathématiques, d’autres sont basés sur des considérations

physiques. Généralement, le modèle le plus simple consiste à s’appuyer sur des équations

dif-férentielles. On trouve aussi dans [87], un modèle plus simple dans lequel on considère que

la largeur du cycle d’hystérésis est proportionnelle à l’amplitude de la commande. Dans [5],

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l’équation différentielle intègre un paramètre de forme qui permet d’ajuster la courbure et la

pente initiale du cycle d’hystérésis. Cependant, l’inconvénient de ces deux types de modèle

est qu’ils nécessitent un grand nombre de paramètres à identifier, puisqu’ils sont fonction des

conditions de travail (température).

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3.15 – Variation du débit du premier étage hydraulique, de type buse-palette en fonction

dex

p

et de∆P

p

.

Modèlisation retenue :

Nous avions mis en place une méthode permettant de développer un modèle Quasi-Linéaire

à Paramètres Variables (QLPV) traduisant le comportement dynamique du servodistributeur,

tout en tenant compte des conditions de fonctionnement (signal d’entrée et pression

d’alimen-tation). Pour ce modèle QLPV, les paramètres utilisés sont une combinaison des géométries du

servodistributeur. L’approche finalement retenue correspond donc à deux modèles d’ordre deux.

C’est une approche du type "boîte grise" au cours de laquelle nous avons cherché à identifier

les paramètres du modèle, qui ne sont autres qu’un regroupement des paramètres géométriques

du servodistributeur, en fonction de la commande et de la pression d’alimentation. Cependant,

la validation des résultats obtenus n’a pu être effectuée puisqu’elle nécessitait un banc d’essai

spécifique. Cette approche est détaillée dans l’annexe D.

Nous nous sommes donc appuyés sur des essais dynamiques réalisés chez le constructeur du

servodistributeur ("MOOG France" à Rungis). Sur le banc d’essai, la charge du

servodistribu-teur était représentée par une vanne. Lors des essais la vanne peut être fermée afin de réaliser

des essais sans charge (sans débit). Le servodistributeur est placé sur un banc de test modèle

("valise") et les réponses sont analysées par un transféromètre (Solartron). En fixant l’amplitude

et la fréquence du signal de commandeu, nous avons enregistré manuellement le gain endB et

le déphasage entre le signal d’entrée et la tension image de la position du tiroirx

t

, donnés par

le transféromètre.

Les conditions de mesure sont énumérées ci-dessous :

-p

P

= 210bars,

-T = 55

C: température moyenne de l’huile relevée au niveau du retour,

- amplitude du signal d’entrée en(%U

n

):5,10,25,40,75et100,

- fréquence du signal d’entrée : entre0.1Hz et1kHz.

Suite à ces tests, nous avons alors développé un modèle dynamique de type "boîte noire" valable

uniquement pour ces conditions de fonctionnement. Nous avons évité de choisir les réponses

re-latives aux petites (5%U

n

) et aux grandes amplitudes (100%U

n

), afin d’écarter les non-linéarités

importantes telles que les saturations de l’étage pilote et l’hystérésis. La courbe pour 40% de

U

n

correspond donc au cas le plus favorable pour l’identification d’un modèle linéaire du

ser-vodistributeur.

Un modèle d’ordre 2 a été retenu après analyse des données expérimentales et l’identification

des paramètres du modèle s’est basée sur la méthode des moindres carrés pour le critère

qua-dratique suivant :

min

θ

= [(G

dbe

−G

dbm

)

2

+P

O

(P h

e

−P h

m

)

2

] (3.25)

θ est le paramètre du modèle à estimer, G

dbm

et G

dbe

sont les gains mesurés et estimés en

(dB)de la réponse fréquentielle du servodistributeur,P h

m

etP h

e

sont les phases mesurées et

estimées en degré de cette réponse. P

O

est une pondération de valeur0.01en (dB/

)

2

. Cette

valeur permet d’avoir le meilleur compromis entre la réponse en gain et celle en phase.

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3.16 – Réponse fréquentielle mesurée et estimée

L’identification (voir figure 3.16) conduit à un gain statique égale à1, une pulsation de1403.4

rad/s et un coefficient d’amortissement égale à 1.13. Le modèle d’ordre 2 donne une bonne

approximation des valeurs de gains quelque soit la fréquence. En revanche, pour une fréquence

supérieure à300Hz, l’erreur sur l’estimation de la phase devient importante.