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Deux modèles de Hall et Soskice (2001)

Dans le document RENÉE LÉGARÉ (Page 29-32)

PREMIÈRE PARTIE Problématique de recherche, cadre théorique et méthodologie

CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE

1.2 Analyse comparative du capitalisme

1.2.1 Deux modèles de Hall et Soskice (2001)

L’approche des variétés du capitalisme des auteurs Hall et Soskice (2001) est centrée sur l’entreprise, et plus particulièrement sur les acteurs économiques et leurs prises de décision pour résoudre des problèmes centraux de coordination de leurs activités. Ces acteurs peuvent être définis comme des particuliers, des entreprises, des groupements de producteurs ou des gouvernements. L’élément de base de leur approche est l’entreprise. Pour ces auteurs, l’entreprise est l’acteur essentiel dans une économie capitaliste. Ils voient les entreprises comme des acteurs qui cherchent à développer et à exploiter des compétences de base ou des capacités dynamiques, incluant les capacités de développement, la production et la distribution des biens et de services rentables. Une entreprise se heurte à de nombreux problèmes de coordination. Son succès dépend de sa capacité de

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coordonner et d’influencer efficacement un large éventail d’acteurs comme les employés ou les associations d’employés, les investisseurs, les fournisseurs, et les clients.

Les auteurs identifient deux types d’économie politique : les économies de marché libérales (ÉML) et les économies de marché coordonnées (ÉMC). Les ÉML sont des systèmes dans lesquels les entreprises comptent sur les relations de marché pour résoudre les problèmes de coordination. Dans ces économies, les entreprises coordonnent leurs activités principalement par l’intermédiaire des hiérarchies et des arrangements d’un marché concurrentiel. Les relations de marché se caractérisent par l’échange de biens ou de services dans un contexte de concurrence et de contrats formels. Selon les auteurs, dans la majorité des cas, les institutions du marché fournissent un moyen très efficace pour la coordination des efforts des acteurs économiques.

Les ÉMC sont des systèmes dans lesquels les entreprises et les individus investissent non seulement dans des machines et des technologies matérielles, mais également dans les compétences basées sur les relations avec les autres. Les entreprises dépendent plus fortement des relations non marchandes pour coordonner leurs efforts avec d'autres acteurs afin de construire leurs compétences.

Ces modes de relations et de coordination non marchandes impliquent généralement des relations plus étendues ou des contrats incomplets et un réseau de surveillance basé sur l'échange d'informations privées à l'intérieur des réseaux;

elles s'appuient davantage sur la collaboration, par opposition à la concurrence.

Contrairement aux ÉML, où l'équilibre du marché est généralement atteint par le mécanisme de l’offre et de la demande pour les conditions d'approvisionnement sur des marchés concurrentiels, les équilibres du marché dans les ÉMC sont plus souvent le résultat de l'interaction stratégique entre les entreprises et les autres acteurs.

Pour identifier dans quel type d’économie de marché (libérale ou coordonnée) les pays se retrouvent, Hall et Soskice (2001 :7) ont utilisé cinq domaines dans lesquels

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les entreprises doivent développer des relations pour résoudre les problèmes centraux de coordination de leurs compétences de base.

1) Le premier domaine est celui des relations industrielles. Les entreprises se voient confrontées au défi que pose la coordination des négociations sur les salaires et les conditions de travail avec leur force de travail, les organisations qui représentent les travailleurs, et d'autres employeurs. Les enjeux de coordination concernent les niveaux de salaires et la productivité, qui conditionnent le succès de l'entreprise, ainsi que le taux de chômage ou l'inflation au sein de l'économie dans son ensemble.

2) Le deuxième est le domaine de la formation professionnelle et de l'éducation. D’un côté, les entreprises sont confrontées au problème de la sécurisation d'un effectif possédant des compétences appropriées, et de l’autre les travailleurs sont confrontés au problème de décider combien investir et dans quelles compétences investir. L’enjeu de coordination ne se retrouve pas seulement au niveau de la fortune des entreprises et des travailleurs individuels, mais au niveau de la compétence des employés et de la compétitivité de l'économie globale.

3) Le troisième est le domaine de la gouvernance d'entreprise, celui vers lequel les entreprises se tournent pour un accès au financement et celui pour lequel les investisseurs cherchent des assurances de retour sur leurs investissements. Les solutions imaginées pour ces problèmes affectent à la fois la disponibilité de financement pour des types particuliers de projets et les conditions dans lesquelles les entreprises peuvent obtenir des fonds.

4) Le quatrième domaine est celui des relations interentreprises, un terme que les auteurs utilisent pour définir les relations d’une entreprise avec d'autres entreprises, notamment avec ses fournisseurs ou ses clients, en vue d'assurer une stabilité de la demande pour ses produits, de son approvisionnement et de l'accès à la technologie. Les problèmes de coordination proviennent du partage de l'information et des risques afférents à l'exploitation dans des co-entreprises.

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5) Enfin, les entreprises font face à un ensemble de problèmes de coordination en matière de gestion de leurs propres employés. Leur principal problème est de s'assurer que les employés possèdent les compétences requises et qu’ils collaborent bien entre eux pour faire avancer les objectifs de l'entreprise. Les travailleurs développent des réservoirs d'information spécialisée sur les opérations de l'entreprise qui peuvent être utiles à la gestion.

Dans les cinq domaines à l’étude, les auteurs ont conclu que pour les économies de marché coordonnées, les entreprises dépendent davantage de relations non marchandes. Ces économies ont un réseau de surveillance basé sur l’échange d’informations privées à l’intérieur des réseaux et s’appuient sur la coordination par opposition à la concurrence. Les équilibres sont plus souvent le résultat de l’interaction stratégique entre les entreprises et les autres acteurs (l’économie de l’Allemagne en est un exemple) (Hall et Soskice, 2001). Pour ce qui est des économies de marchés libérales, les entreprises coordonnent leurs activités principalement par l’intermédiaire de la hiérarchie2 des formes institutionnelles et des arrangements du marché concurrentiel. Les relations de marché se caractérisent par l’échange de biens ou de services dans un contexte de concurrence et de contrats formels (l’économie des États-Unis en est un exemple) (Hall et Soskice, 2001).

Dans le document RENÉE LÉGARÉ (Page 29-32)