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5.2

Modèle semi-topologique de recristallisation dyna-

mique discontinue

5.2.1

Représentation du matériau : introduction d’une topolo-

gie simple

Dans les modèles en champs moyens [60,72,77], chaque grain est considéré comme une inclusion interagissant avec une matrice homogène équivalente dont les proprié- tés sont la moyenne des propriétés de l’ensemble des grains. Bernard et al. [70] ont proposé, afin d’être plus représentatif de la microstructure réelle, une première alternative à cette géométrie en considérant que les grains sont entourés de deux do- maines : un domaine recristallisé (RX) et un domaine non recristallisé (NR). Cepen- dant cette hypothèse n’est présente qu’au régime transitoire (car au régime station- naire tous les grains appartiennent à la catégorie recristallisée) et reste déterministe (car tous les grains interagissent avec les mêmes domaines à chaque itération).

Dans un matériau réel, l’évolution de la microstructure dépend de l’interaction entre les grains et leurs voisins. Ces caractéristiques topologiques sont incorporées dans le modèle par l’intermédiaire d’une connectivité simple entre les grains. Le grain n’interagit donc plus avec une matrice homogène équivalente mais avec son grain voisin comme illustré par la figure 5.1. Ainsi pour chaque grain, un voisin est assigné de manière aléatoire et la connectivité entre chaque paire de grains est maintenue jusqu’à disparition de l’un des deux grains de la paire. La relation de voisinage n’est cependant pas réciproque dans le modèle, autrement dit si le grain i possède comme voisin le grain j, celui-ci (le grain j) ne possède pas forcement comme voisin le grain

i. De plus, chaque grain ne possède qu’un seul voisin mais peut être potentiellement,

en fonction du tirage aléatoire, le voisin de plusieurs grains différents.

Figure 5.1 – Géométrie du modèle semi-topologique : un grain interagit avec son voisin.

riques définis à tout instant par leurs densités de dislocation ρi, par leurs diamètres

Di et par leurs voisins vi. Malgré les relations de connectivité, aucune relation d’es-

pace entre les grains n’est connue (cas des modèles en champs complets).

5.2.2

Migration des joints de grains

La différence de densité de dislocations entre le grain i et son voisin j est consi- dérée comme la principale force motrice de la migration des joints de grains, ainsi l’évolution de la taille des grains au cours du temps est donnée par :

dDi dt = 2M τ  ρj − ρi  (5.1) où M est la mobilité des joints de grains, ρi la densité de dislocations du grain i,

ρj la densité de dislocations du grain j voisin du grain i et τ l’énergie de ligne des

dislocations (τ = µb2 où µ est le module de cisaillement et b la norme du vecteur

de Burgers). Le facteur 2 signifie que deux parties sphériques opposées de joints de grains se déplacent dans les sens opposés.

La conservation du volume dans le modèle est assurée par le transfert des volumes entre les grains. Ainsi la croissance ou la décroissance du grain i s’effectue respecti- vement au détriment ou au bénéfice de son voisin le grain j. L’évolution de la taille du grain i, au cours d’une itération, dépend donc de la différence d’énergie avec son voisin j mais également de la variation de volume avec tous les autres grains ayant pour voisin le grain i (s’il y en a).

5.2.3

Écrouissage – restauration dynamique

L’évolution de la densité de dislocations dans chaque grain est déterminée à partir des lois de comportement usuellement utilisées et présentées dans la section 4.2.2.2, qui intègrent à la fois les effets de l’écrouissage et de la restauration dynamique. Dans le cadre du développement du modèle, la loi puissance [60] (PW) est utilisée :

=

Hν+1

ρν (5.2)

où H est le paramètre caractérisant à la fois l’écrouissage et la restauration dyna- mique et ν une constante.

Dans la pratique, l’ensemble des lois de comportement permettent toutes de re- produire de manière efficace les courbes contrainte – déformation expérimentales. De plus, il existe des relations de passage entre les différentes paires de paramètres [67]. La contrainte d’écoulement en sortie du modèle est calculée à l’aide de la relation de Taylor :

5.2 Modèle semi-topologique de recristallisation dynamique discontinue σ = αµb P√ ρiDi3 P D3 i (5.3) où α est une constante. Dans cette relation, la densité de dislocations moyenne est pondérée par le volume des grains, et non par la surface, car la contrainte macro- scopique est la moyenne des contraintes locales dans le volume des grains.

5.2.4

Germination

Pendant la DDRX, les germes se forment préférentiellement au niveau des joints de grains qui constituent les régions du matériau où les déformations locales sont plus fortes. Si plusieurs mécanismes de germination ont été décrits précédemment, leurs observations restent difficiles. Dans le cadre de l’étude sur l’acier austénitique 304L, aucun mécanisme prépondérant de germination n’a pu être mis en évidence. Le modèle utilise donc une loi de germination de forme générale proposée par Mon- theillet et al. [60], où le taux de germination par unité de temps est pour l’ensemble des grains considérés défini par :

dN dt !+ = kNρp X D2i (5.4)

où kN est un paramètre de germination dépendant des conditions expérimentales

et p une constante positive. Dans le cas présent p = 3 afin d’être cohérent avec un exposant de Derby ≈ 0,75 [60].

L’évolution du nombre de grains dans le modèle dépend de l’équilibre entre la ger- mination de nouveaux grains (équation 5.4) et la disparition des grains fortement écrouis implicitement incluse dans l’équation 5.1. Selon le pas de temps du modèle, les transferts de volume entre les grains voisins peuvent être plus ou moins consé- quents. Ainsi si le volume à transférer entre deux grains, calculé à l’aide de l’équation 5.1, conduit à la disparition de l’un des deux grains de la paire, seul le volume du grain qui disparaît est transféré à son voisin. Le grain dont la taille devient nulle est supprimé du système tandis qu’un nouveau voisin est assigné à chaque grain précédemment lié au grain qui disparaît.

Dans une structure réelle, les germes apparaissent au niveau des joints des grains les plus écrouis. Ce germe situé à l’interface entre deux grains, va croître à la fois au détriment du grain dans lequel il se trouve mais également au détriment du grain voisin. De plus, la différence très conséquente de densité de dislocations entre les germes et les grains accélère la décroissance de ces derniers au profit de la croissance des germes. Afin de reproduire ce comportement, lorsque qu’un germe est créé dans le modèle, celui-ci ne peut pas être lié à un autre germe de sa génération. De plus, lorsque le grain j est désigné comme voisin du germe k, alors la paire initiale i − −j

est rompue, le grain j devient le voisin du germe k et le germe k le voisin du grain

i. Cette méthode permet d’intégrer plus rapidement les germes dans le système de

grains du modèle.

5.2.5

Identification des paramètres du modèle

Il est possible de modéliser la recristallisation dynamique discontinue à partir des équations 5.1, 5.2 et 5.4 et ceci quelles que soient les conditions de température et de vitesse de déformation et indépendamment de la taille initiale des grains. Pour cela, il est cependant nécessaire de déterminer les paramètres matériau utilisés dans les équations. À noter que les modifications apportées dans le modèle topologique ne rajoutent aucun paramètre ajustable par rapport au modèle initial de Montheillet

et al.; ce sont donc les mêmes paramètres matériau qu’il faut déterminer.

Les paramètres H et ν sont déterminés à partir des courbes contrainte – défor- mation expérimentales à l’aide de la relation suivante, obtenue par intégration de l’équation 5.2 et application de la relation 5.3 :

σP W = K (ε + ε1)

n

(5.5) où K et ε1 sont des constantes ne dépendant que de H et ν, et n = 1/(2ν + 2).

Dans le cadre du modèle de Montheillet et al. et de l’utilisation de la loi de migration des joints de grains classique (équation 4.5), la loi puissance possède une solution analytique en régime stationnaire permettant de déterminer les paramètres matériaux kN et M [69] : M τ = (2ν + 3)(ν + 1) ν+2 (ν + 2)ν+1H ν+1˙ D¯ σS/αµb 2(ν+2) (5.6) kN = 3 8 (3ν + 4) (3ν + 5) (2ν + 3)2 (ν + 1)ν+2 (ν + 2)ν+1 Hν+1˙ σS/αµb2(p+ν+1)D¯2 (5.7) Ces relations ne sont plus valides dans le cadre du modèle topologique et de l’utili- sation de la loi de migration des joints de grains modifiée (équation 5.1). Cependant elles offrent une première approximation des valeurs respectives de M et de kN, qui

sont par la suite ajustées sur les données expérimentales.

5.2.6

Fonctionnement du modèle

À chaque pas de temps ou de déformation, les étapes suivantes sont effectuées : – évaluation des grandeurs globales (par exemple équation 5.3) pour le pas de