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Dans cette thèse nous élaborons un modèle formel de la morphologie flexionnelle qui tente de répondre aux exigences définies ci-dessus. Notre modèle, nommé parsli, présente les caractéristiques suivantes.

Un modèle formel de la flexion canonique Le concept de

apparaît avec les travaux de Corbett ( ) et a pour but de permettre une meilleure compréhension de ce qui, dans le système formel que constitue une langue, différencie un idéal hypothétique, canonique, des différentes réalisations concrètes de phénomènes observables dans les langues. Une réalisation canonique se définit par une régularité maximale pour exprimer une ambiguité minimale. En particulier, Corbett ( a) donne une définition explicite de ce qui constitue la ainsi que les différents phénomènes irréguliers observables dans les paradigmes flexionnels des langues et appelés . Le modèle que nous proposons dans cette thèse a pour but de formaliser les critères définis par Corbett ( a) afin de rendre compte de manière formelle de la phénoménologie établie dans le paradigme de la flexion canonique.

L’approche canonique de la morphologie permet d’évaluer qualitativement les dévia- tions par rapport à un canon défini, grâce à des critères de canonicité précis. Mais quand

déviations par rapport à ce canon. C’est entre autres ce manque que nous tentons de pallier en proposant dans cette thèse un nouveau modèle formel de la morphologie flexionnelle.

parsli a ainsi été spécifiquement conçu pour rendre compte des primitives qui sous-tendent l’approche canonique de la morphologie flexionnelle. Il propose une représentation explicite de la structure du paradigme de chaque entrée lexicale d’une langue donnée ainsi que de sa déviation par rapport au canon. La structure du paradigme y est conçue comme la conséquence des éléments constitutifs de la définition d’une entrée lexicale spécifique. L’étendue de chaque phénomène non canonique dans un paradigme donné peut ainsi être identifiée à partir des informations associées à l’entrée lexicale elle- même.

À partir de la formalisation que propose parsli, nous avons de surcroît défini des

permettant de rendre compte du degré de non-canonicité d’un paradigme ou d’une langue, et ce, explicitement, phénomène par phénomène.

parslipermet ainsi d’étendre la puissance de l’approche canonique de la morphologie flexionnelle en lui offrant la possibilité non seulement de qualifier les différences d’un système flexionnel donné par rapport au canon, mais également de les quantifier.

Un modèle dans la tradition M P Mais au-delà de la formalisation de

la flexion canonique,parsliconstitue également un modèle indépendant de morpholo-

gie flexionnelle, et en particulier du rapport entre et - , comme l’indique son nom acronymiqueparsli, signifiant «paradigmshape

andlexiconinterface». Ce modèle est un modèle - au sens

de Stump ( ) s’inscrivant dans une approche de la morphologie de type M P - . Il se caractérise par une vision hautement structurée de la réalisation : une des inno- vations principales deparsliest ainsi la généralisation du concept de partitions (Pirrelli & Battista, ) ou d’espace thématique (Bonami & Boyé, ) au système exponentiel par l’introduction de la notion de .

Une approche modulaire articulée de la grammaire parsli repose sur une vision

modulaire de la grammaire supposant à la fois une existence indépendante de la morpho- logie flexionnelle par rapport aux autres composantes de la grammaire, notamment de la syntaxe, et une interaction complexe avec ces dernières. En particulier, nous défendons

grammaire (morphologie, syntaxe, phonologie, lexique…) et la modélisation optimale de cette répartition comme le résultat d’un critère externe objectif, à savoir celui de la compa- cité des descriptions indiqué plus haut.

En particulier, parsli comporte une théorisation de l’interaction de la composante

flexionnelle avec un : parsli cherche ainsi ainsi à rendre compte explicitement du rapport entre la structuration des entrées lexicales dans le

d’une part et l’organisation des opérations de la . Il comporte notamment des définitions précises des notions de

, de l’ , de et

d’ .

Les outils d’implémentation et d’évaluation de descriptions Le modèle formel

parslis’accompagne enfin d’un système d’implémentation Alexinaparsli spécialement

adapté du formalisme lexical Alexina (Sagot, ). En particulier, nous avons pris soin de rendre le plus transparent possible le langage d’implémentation afin de permettre l’implémentation aisée des descriptions morphologiques développée en morphologie théorique. L’implémentation en Alexinaparsli des analyses conçues en parsli donne

également accès aux outils de mesure de compacité mentionnées plus haut pour l’évaluation quantitative du degré d’économie d’une description donnée.

Plan

Cette thèse est structurée en deux parties comportant respectivement trois et quatre chapitres.

La première partie constitue une introduction méthodologique à l’étude de la morphologie flexionnelle par des approches typologiques et formelles ainsi qu’un état de l’art général de ces approches dans ce domaine.

Chapitre : Méthodologie pour l’analyse formelle en morphologie : le cas des

déponents latins Dans le premier chapitre nous posons les choix méthodologiques

sous-jacents au travail développé dans la suite de la thèse. À l’aide de l’exemple particulier des verbes déponents latins, nous illustrons la démarche générale de l’analyse morphologique allant de l’observation des données à l’analyse proprement dite en

part et Hippisley ( ) de l’autre, en les confrontant aux exigences méthodologiques qu’il nous importe de définir. Nous y mettons notamment l’accent sur l’importance de la modélisation complète et de l’implémentation quasi-exhaustive comme garants de la cohérence globale d’une analyse. Nous illustrons la méthodologie générale par une proposition d’analyse originale des verbes déponents dont l’implémentation complète est indiquée disponible en ligne . Ce chapitre présente également de façon informelle les caractéristiques générales du modèle formel que nous introduisons dans la seconde partie de cette thèse.

Chapitre : Approches formelles de la morphologie flexionnelle Le deuxième

chapitre présente les notions principales intervenant dans les

qui nous ont guidée dans la conception de notre modèle formel de la flexion. Nous présentons également les caractéristiques principales de deux -

dont parslise rapproche le plus : Paradigm Function Morpholo

(PFM) (Stump, , ) et Network Morpholo (Corbett & Fraser, ; Brown & Hippisley, ) Enfin, à la section . , nous mettons en place notre

qui jouera un rôle crucial dans les questions d’économie descriptive discutées au chapitre .

Chapitre : ualifier la différence : la typologie canonique Au chapitre , nous

présentons les caractéristiques principales de trois familles d’approches typologiques de la flexion : les approches fondées sur les notions d’ et de

issus de la tradition de Greenberg ( ), la (Mayerthaler,

; Wurzel, ; Dressler, ) et la (Corbett, ).

Nous discutons les raisons qui nous ont amenée à choisir la typologie canonique comme fondement conceptuel du modèle formel que nous introduisons dans la seconde partie de cette thèse. Dans cette partie nous définissons également plus en détail les concepts sous- tendant l’approche canonique de la flexion (Corbett, a) et présentons les différents phénomènes non canoniques qui ont été définis à partir des importantes études empiriques réalisées dans ce paradigme.

paradigmatiques observables dans les langues du monde. Dans la seconde partie, nous in- troduisons notre proposition de formalisation de ces irrégularités au sein deparsli, un modèle formel de la flexion dont les primitives reposent directement sur les concepts définis dans le paradigme de la flexion canonique.

Chapitre : parsli : un modèle formel pour la morphologie flexionnelle Ce

chapitre est consacré à l’introduction du modèle formel de la morphologie flexionnelle

parsli. Il comporte, en un premier temps (sections . et . ), une présentation des pro- priétés saillantes et des primitives théoriques du modèle. Nous y décrivons notamment

les notions de , de et de ,

ainsi que la - de la flexion et les notions de

et - flexionnels. Y figurent également la définition formelle des

, des , des différents phé-

nomènes non canoniques comme l’ et les ou le

représenté par la notion de -

.

À la section . , nous présentons les que nous avons élaborées à partir de la formalisation en parsli des définitions des phénomènes non canoniques issues de la typologie canonique. Nous montrons comment chacune d’entre elles permet d’indiquer quantitativement, phénomène par phénomène, le degré de non- canonicité affiché par une entrée lexicale ou un système flexionnel donné.

Chapitre : Implémentations de descriptions Dans ce chapitre, nous présentons le

formalisme Alexinaparsli que nous avons mis au point pour permettre l’implémentation

de descriptions morphologiquesparsli. Après une discussion des avantages de l’implé-

mentation, et notamment de l’implémentation à grande échelle ( . ), nous présentons à la section . les caractéristiques générales d’Alexinaparsli. À la section . , nous illustrons à

l’aide d’un exemple d’implémentation d’une descriptionparslide la flexion du maltais les avantages concrets de l’implémentation à grande échelle en tant que garant de la cohé- rence et de la complétude d’une description morphologique.

Chapitre : Évaluations externes de descriptions morphologiques Dans ce chapitre,

Nous décrivons l’élaboration de notre

(section . ) et montrons son influence sur la question de la ’

et celle de la ’

. En particulier, nous montrerons l’impact sur la compacité globale d’une description de la distribution de l’information entre la composante morphologique d’une part et les composantes du lexique (section . ), la (mor-)phonologie (section . ) et la syntaxe (section . ) de l’autre. Ce chapitre montrera ainsi également, à l’aide d’exemples du français, du maltais et du kurde sorani, le rôle de l’articulation entre les différentes composantes de la grammaire dans la conception d’une description globale visant à satisfaire le principe descriptif de l’optimisation de l’économie descriptive.

Chapitre : Mesures de canonicité et longueur de description Ce dernier chapitre

est dédié à l’application de l’ensemble de nos mesures à un exemple particulier. Nous y reprenons notre description de la flexion verbale du latin présentée au chapitre et lui opposons une description alternative. Nous comparons ces deux descriptions à l’aide de notre métrique de compacité et leur appliquons également les mesures de canonicité mises en place au chapitre . Nous comparons enfin quantitativement ces deux descriptions à une implémentation d’une descriptionparslide l’analyse traditionnelle, en termes de compacité comme de canonicité.