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Utilisation de la technologie paiement mobile

3. Le modèle collaboratif

participation d'un tiers non bancaire ou opérateur mobile, pouvant créer un lien entre les deux principaux acteurs. Les différents acteurs tirent ici leur revenu des commissions prélevées sur les commerçants et les auteurs des transactions. Les revenus sont généralement répartis entre les banques, les opérateurs et parfois le tiers de confiance. Il arrive que ces acteurs se répartissent aussi les tâches, par exemple l’opérateur souhaitant devenir fournisseur de service peut collaborer avec un tiers qui sera considéré comme le tiers de confiance. C’est le cas de l’offre proposée conjointement entre l’opérateur mobile Orange et Gemalto, responsable de la sécurité numérique, et qui développe des services de paiement sans contact. Depuis juin 2012, les partenaires ont lancé en France des cartes SIM dotées de la technologie NFC (SIM UpTeq NFC), rendant les téléphones mobiles communicant entre ou avec d’autres objets (TPE, parcmètre, téléphone mobile).

Une enquête réalisée par la Smart Card Alliance (2012) montre que le modèle de collaboration est considéré par 86% des participants comme ayant le plus grand potentiel de propagation à long terme. Ce modèle semble plus raisonnable que les autres parce qu’il permet à chaque acteur de se concentrer sur ses compétences. Les banques se concentrent sur la responsabilité financière et les opérateurs sur le réseau. Ce modèle est a priori donc plus facile à mettre en place techniquement que les trois autres modèles. Cependant, le partage des recettes reste problématique : ce partage nécessite de mettre en place un processus coopératif avancé pouvant nécessiter un certain apprentissage pour des partenaires souvent méfiants.

3.1. L’exemple BNP Paribas Mobile

La banque BNP Paribas et l’opérateur mobile Orange se sont alliés en novembre 2011 pour offrir à leurs clients respectifs de nouveaux services basés sur leur domaine d’excellence nommés KIX. L’offre cumulée des deux acteurs comprend une offre mobile banking comprenant la gestion et la consultation des comptes, une offre de paiement mobile pour le règlement d’achats auprès de commerces de proximité grâce à la technologie NFC, enfin quatre forfaits mobiles.

3.2. Le modèle

Nous présentons un modèle illustrant ce scénario. Nous y avons disposé les éléments de nature à différencier la contribution des banques de celle des opérateurs, de même que leurs éléments de tarification respectifs dans le coût supporté par l'usager. Nous négligeons le

tiers dont la contribution et le profit pourraient être réintroduits dans une version plus avancée.

3.2.1. Utilité des utilisateurs

Les utilisateurs se différencient par leur capacité à utiliser l'un ou l'autre des services proposés en matière de paiement mobile. Par simplification, nous supposons que tous les utilisateurs effectuent le même nombre de petits paiements m’ leur fournissant à chacun une utilité brute u' . En revanche, nous supposons qu’ils effectuent un nombre différencié de gros paiements ou transferts. L’utilisateur n distribué sur le segment [0;m] selon le nombre de « gros » paiements effectués : chaque « gros » paiement leur apporte une utilité brute u . Chaque utilisateur a la possibilité d'employer les moyens de paiement traditionnels ou la technologie paiement mobile pour effectuer la totalité de ses paiements.

Utilisation de la manière traditionnelle

Si l'utilisateur i utilise les moyens traditionnels, son utilité est donnée par l'Équation 9 :

Équation 9 : Di  m'u'iu ( m'i )t

où t représente la tarification unitaire de l’utilisateur pour la méthode de paiement traditionnelle.

Utilisation de la technologie paiement mobile

Quand le consommateur utilise la technologie paiement mobile, son utilité est donnée par l’Équation 10 :

Équation 10 : Ri  m'u'iu  m' g1ig2 m' jei( je hf )

paiements proposés par l'opérateur ou la banque. Par simplification, nous n’avons pas appliqué de dégressivité à ces tarifications. L'opérateur fournit l’effort e et la banque l'effort f. L'efficacité de ces efforts est liée respectivement au niveau de j et h, (j, h > 0). Le type de transactions bénéficiant de ces efforts n'est pas une question simple à trancher. Une option consiste à supposer que l’effort de l’opérateur s’applique à toutes les transactions (quand l’opérateur améliore la qualité technique du système de transferts, l’utilité de toutes les transactions augmente), tandis que l’effort de la banque s’applique seulement aux grosses transactions (uniquement les transactions ayant besoin de services bancaires). Cette option (qui pourrait être remise en cause par de nouvelles observations et technologies) explique l'écriture de la fin de l'Équation 10.

Lemme 6 Si le système de paiement mobile fait l'objet d'une adoption partielle, il est

utilisé par les agents effectuant le plus grand nombre de gros paiements.

Démonstration du lemme 6 : Si l'adoption du paiement mobile est partielle,

l'utilisateur seuil est défini par l'égalité des Équation 8 et Équation 9. On vérifiera que le nombre marginal i* de gros paiements égaux aux Équation 8 et Équation 9 est donné, quels que soient g1, g2, e et f, par i

*

m'( g1 t  je )

je hf  t  g2

. Cette expression est positive quand les tarifs appliqués par les banques g2 ont un niveau raisonnable et quand le service fourni par

l’opérateur apporte un avantage positif (g1– t – je > 0).

En termes d'adoption, les caractéristiques du modèle collaboratif se rapprochent de celles du modèle avec tiers : les premiers adoptants sont les agents qui effectuent de nombreux gros paiements.

3.2.2. Le partenariat

Nous supposons que le partenariat prend la forme de la mise en commun des coûts et des moyens et de la maximisation du profit joint. Ce profit est alors partagé de manière négociée entre les participants : on peut imaginer diverses formules de négociation, selon les avantages concurrentiels dont bénéficient alors les partenaires. D'autres modalités de résolution du modèle sont bien sûr possibles : par exemple, une détermination séquentielle des tarifs et efforts dans le cadre du leadership de l'un des partenaires. Compte tenu des actifs

stratégiques de chacun d'eux, cette solution est cependant peu plausible. La menace de rupture de la coopération - notamment par la banque - demeure une crédible tant que les réglementations en vigueur et d'éventuelles opérations de croissance externe n'ont pas transformé les opérateurs téléphoniques en établissements financiers. Le profit joint s'écrit donc selon l'Équation 11 :

Équation 11 : c m' g1 ni*n m     g2 xm n dx C  c( e)( f ) n' n

Le premier terme m' g1 ni*n m   

 représente les recettes issues des petits paiements.

Le second terme g2

xm n dx

n' n

représente les recettes des gros paiements, compte tenu du fait que n’ = i*n/m. C représente les coûts fixes supportés par les deux partenaires, c(e) et (f)

sont leurs coûts variables. On attribue à la fonction (f) les mêmes propriétés que celles de

c(e), f étant défini comme e entre 0 et 1.

Lemme 7. Il existe un niveau des variables de contrôle (g1, g2, e, f) maximisant le profit joint des deux partenaires.

Démonstration du lemme 7 : L'Équation 11 est continue de toutes les variables, sur

la totalité de leur domaine de définition pour g1, e, f et dans le domaine de variation

garantissant l'adoption partielle du paiement mobile pour g2. Le premier terme de l'Équation

11 est quadratique de g1, atteint un maximum en g1 et tend vers - quelles que soient les

valeurs des paramètres et des variables compatibles avec l'usage du paiement mobile quand g1

 -. Le premier terme est décroissant de g2. Le second terme est d'abord croissant puis

décroissant de g2 sur son intervalle de définition. Les autres termes ne dépendent pas de g2.

Comme les deux premiers termes augmentent linéairement et les deux derniers termes décroissent rapidement quand e et f sont proches de 1, un maximum en e et f existe. Je déduis à partir de ces observations qu’il existe un vecteur (g1, g2, e ,f) de contrôle optimal.

Proposition 3. Les modèles collaboratifs de paiement mobile ont des conditions de

viabilité satisfaisantes. Leur activation peut prendre différentes formes dépendant de la redistribution des profits résultant du partenariat entre les banques, des opérateurs mobiles et de la probable participation d’une troisième partie.

Démonstration de la proposition 3 : Il s'agit d'une conséquence des deux lemmes et

de la discussion sur les hypothèses de travail adoptées.

Le modèle collaboratif a donc un potentiel de viabilité non négligeable. Il est cependant susceptible de s'organiser de diverses manières, pas forcément conformes à la présentation retenue ici. Bien que nous avons envisagé son implantation en zone bancarisée, il peut aussi convenir à une zone non bancarisée, les utilisateurs pouvant contracter avec le seul opérateur, ce dernier recherchant alors le partenariat d'une banque pour être en mesure de fournir la totalité des services de paiement à distance.

Les nouvelles législations en place (Cf. Chapitre 2) permettent à des acteurs d’obtenir des statuts proches de ceux d’établissements bancaires. Les établissements de paiement et les établissements de monnaie électronique sont deux statuts permettant à des acteurs qui n’étaient pas susceptibles d’offrir des services de paiement, de le faire en toute légalité. Le modèle collaboratif est de ce fait bien plus attractif rendant les alliances et les fournitures de services de paiement plus abordables. Le modèle Buyster en est l’exemple. Buyster est un établissement de paiement qui peut ainsi grâce à ce statut fournir des services de paiement en toute légalité et sécurité. La collaboration de cet établissement et des trois opérateurs mobiles Bouygues, Orange et SFR, proposent une offre complète de services de paiement via une application ou un site mobile d’un commerçant.