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PARTIE III 6 juin 1944 – 8 mai 1945 : Du débarquement à la Libération, de l'engagement

Chapitre 5 – Le débarquement de Normandie ou l'entrée massive en résistance de la

I. La mobilisation générale des maquis

Face à la pénétration alliée en métropole, les maquis constitués avant le débarquement s'organisent et mobilisent leurs combattants afin de préparer les combats pour la libération du territoire. Enhardis par l'annonce du débarquement, d'autres hommes, vierges de tout engagement résistant ou non, rejoignent les maquis les plus proches afin de participer aux combats. La jeunesse scoute ne fait pas exception à ce modèle.

1. Un engagement massif dans les maquis

Le débarquement de Normandie le 6 juin 1944 marque un nouveau tournant dans l'engagement résistant : la présence des Alliés sur le sol de la métropole rend la libération du territoire imminente et plus concrète qu'en novembre 1942 : elle constitue un espoir de taille pour les résistants, qu'ils soient de ceux qui ont rejoint la Résistance en juin 1940 ou après novembre 1942. Au printemps 1944, en prévision du débarquement, les maquis s'étendent en zone nord et grossissent leurs rangs en zone sud. À partir du 6 juin, les combattants rejoignent massivement les maquis, notamment ceux organisés et nombreux tels que dans le Vercors ou au Mont-Mouchet609.

Juin 1944 est donc une étape supplémentaire dans l'engagement résistant : l'engagement n'est pas

moins risqué, moins illégal et moins réprimé, mais il constitue un cas moins isolé. L'entrée au maquis n'est plus seulement motivée par le refus du STO, l'Occupation ou la déception vis-à-vis du régime de Vichy ; combattre les Allemands et anéantir le régime d'occupation suffisent dorénavant à provoquer des engagements massifs dans les maquis comme au sein d'unités combattantes ensuite.

a) L'entrée massive dans les maquis motivée par la concrétisation des combats

Les FFI, qui résulte de la fusion de l'ORA, de l'AS et des FTP en février 1944610, seraient

environ 50 000 au moment de la fusion contre 100 000 au moment du débarquement611 : les maquis,

dont les combattants sont homologués FFI, connaissent une recrudescence d'engagements aux alentours du 6 juin le débarquement sonnant comme une forme de « mobilisation générale »612.

Parmi la jeunesse scoute étudiée, au moins 30 hommes613 répondent à cette mobilisation et

rejoignent un maquis après l'annonce du débarquement – ce qui ne signifie pas pour tous qu'il s'agisse d'un premier engagement résistant. A ces hommes, il faut ajouter Jean Ayral, Jean-Marie Hérenguel et Gérard de Carville, évadés en Angleterre en 1940, ainsi que Charles Husson, André Bordes et Joseph Cabot, évadés ou ralliés après le débarquement de novembre 1942, tous parachutés en France afin de venir en aide à des maquis, que ce soit en Bretagne, dans le Berry, dans l'Oise et dans le Var614.

Ces jeunes gens, nés entre 1912 et 1929, sont âgés de 15 à 31 ans au moment de leur mort – qui advient entre le 10 juin 1944 et le 30 mai 1945 – et ne sont pas tous décédés lors de leur présence au maquis ; certains contractent un engagement dans une unité militaire régulière après la dissolution de leurs maquis, d'autres sont faits prisonniers avant d'être déportés en Allemagne. Ce sont exclusivement des hommes qui sont le plus souvent agents de liaison dans les maquis, responsables de sabotages comme Jean Bodechon615 ou de renseignement et d'espionnage comme

Amédée Para616. Plus jeunes encore en moyenne que les hommes engagés dans les maquis avant le

610 François Marcot (dir.), La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, Presses Universitaires de Franche- Comté, coll. « colloque international de Besançon 15-17 juin », 1996, p. 167

611 Wieviorka Olivier, Histoire de la Résistance (1940-1945), Perrin, 2013, p. 386 612 Ibid., p. 385

613 D'autres hommes ont peut-être rejoint un maquis après le débarquement, sans cela soit signalé dans les lettres adressées au Mémorial ou que l'information soit connue de la famille. Le tableau récapitulatif de ces hommes, trop volumineux pour être intégré au paragraphe, est consultable, voir tableau-annexe n° 8, p. 223

614 Gérard de Carville et Charles Husson rejoignent la Bretagne, Jean Ayral Toulon, Jean-Marie Hérenguel l'Oise et André Bordes le Berry.

615 MNSMF, Riaumont, fonds Jean Bodechon, Georges Magniez, « L'Empreinte », Scoutisme et collection, n° 44, avril 1996, p. 26-27

616 MNSMF, Riaumont, fonds Amédée Para, Richard Duchamblo, « Amédée Para. Routier Scout de France », Maquisards et Gestapo, Gap, Éd. des Hautes-Alpes, 2005, tome 2, p. 7-8

débarquement, ils n'exercent pas d'activités de commandement comme leurs aînés, ce qui ne les empêche pas d'avoir exercé des responsabilités dans le scoutisme : Albert Denis est assistant dans une troupe à Lyon à partir de 1943, Amédée Para est assistant puis chef de troupe à la 2e Gap à

partir de 1943, Jean Brouchon est chef de groupe entre 1930 et 1944, Jean Bodechon est chef de troupe certainement depuis 1943 ou 1944, Pierre Dupont est chef de troupe de la 2e Belfort et Pierre

Kammerlocher de la 4e Belfort, Jacques Catric est chef de clan des Lilas jusqu'en 1944 et Michel

Deshoullières est chef de troupe entre 1941 et 1942 à Chauvigny – troupe qu'il a fondée lui-même. Par ailleurs, trois autres ont exercé des responsabilités au sein du mouvement avant la guerre : Léon Jail a été chef de troupe à la 2e Grenoble, tout comme Henri Girard, assistant puis chef de troupe

entre 1930 et 1939, et Charles Clavey qui après avoir été chef de troupe à Belfort est devenu commissaire de district jusqu'en 1939. Les responsabilités exercées dans le mouvement par cette jeunesse, cette-ci, ne semblent pas influer sur les responsabilités qui leur incombent au maquis ; la précipitation des événements, l'afflux de volontaires et la présence de chefs dans les maquis depuis l'hiver 1942 rendent peut-être la valorisation de ces responsabilités scoutes inutiles. Leur engagement dans un maquis signe le plus souvent la fin de leurs activités scoutes, sauf peut-être pour les routiers du clan de Belfort, dont l'engagement collectif en tant que clan demeure néanmoins un cas très particulier. Parmi ces hommes, un seul a été, selon les sources, aux Chantiers de la jeunesse – Pierre Kammerlocher ; à nouveau, une adhésion à la politique de Vichy par le passé ne semble pas être en contradiction avec l'engagement maquisard.

Les engagés de l'été 1944 rejoignent des maquis de l'Ain, d'Auvergne – et notamment au Mont-Mouchet, un maquis mobilisateur qui accueille les cousins Paul et Philippe Crouigneau la veille du débarquement –, de l'Yonne, du Nord, de la région lyonnaise, de Belfort, de Saint- Gengoux le National – nous revenons sur cet exemple dans ce chapitre – et des Alpes ; le Vercors, qui avait déjà accueilli cinq individus de la population étudiée avant le débarquement, voit également arriver Léon Jail, Yves Beeseau et Henri Lugan617.

b) Proximité et opportunité, des facteurs explicatifs de l'engagement

L'engagement de ces hommes intervient au mois de juin 1944 ou durant l'été, devant la mobilisation des maquis à l'approche des troupes alliées et devant la retraite des troupes allemandes. Il ne s'agit plus d'échapper à une réquisition pour l'Allemagne ou de dissimuler des activités résistantes aux yeux de la société et des Allemands, mais bien de participer aux combats de la libération du territoire. Neuf d'entre eux étaient déjà engagés en Résistance en tant que routiers du

clan de Belfort ; d'autres avaient déjà participé auparavant à des activités résistantes, tel Amédée Para qui distribuait des exemplaires de Témoignage Chrétien618. Pour les autres, ils entrent

véritablement en contact avec la Résistance par les maquis durant l'été, à l'instar de Jacques Catric qui, pour échapper à la réquisition en février 1943, s'était réfugié à Saint-Aubin de Baubigné et y était devenu moniteur de colonies de vacances. Toujours chef de clan, il campe avec les routiers à Chatel-Censoir dans l'Yonne619, où il rencontre des hommes du maquis de Bazarnes (Yonne) : il

entre au maquis le 10 août 1944 avec cinq de ses jeunes et meurt le 25, exécuté par les Allemands620. Prendre le maquis serait-il un acte moins solitaire ? Amédée Para, qui entre au maquis

du Champsaur le 15 juillet, meurt deux jours plus tard au cours d'une mission de liaison : routier avant d’être chef de troupe, sa mort provoque, selon le chef de groupe 2e Gap Gaston Ribaud, le

départ d'une quinzaine de routiers, de scouts et de chefs vers le maquis621. Relecture posthume ou

non, il demeure que l'engagement d'un homme et sa mort au service dudit engagement restent une motivation pour les autres.

D'autre part, le maquis rejoint est souvent proche du lieu de vie des ces hommes : Amédée Para entre par exemple dans un maquis de la vallée ; dans le Nord, Jean Bodechon rejoint un maquis qui se situe certainement près de Calais, ville où il vit, a fait du scoutisme, ville aussi où il est arrêté et exécuté après un sabotage622. Paul et Philippe Crouigneau, qui travaillaient dans une

mine de Leucamp (Cantal), ont rejoint le maquis du Mont-Mouchet, dans le Cantal. À partir du 8 mai, l'ordre de rejoindre le maquis circule et des maquisards s'y regroupent ; le 20 mai, la mobilisation générale est décrétée et le regroupement de maquisards s'accélère. Devant l'imminence du débarquement, les deux cousins rejoignent le maquis le 5 juin. Ce dernier subit plusieurs attaques allemandes, dont celle du 20 juin, où les deux hommes meurent dans les combats à Chaudes-Aigues623.

Aucun écrit intime d'un des individus engagé après juin 1944 ne nous permet de l'attester, mais on peut également supposer qu'entrer dans un maquis résulte d'une décision plus rapide : les combats pour la libération semblent inévitables et les maquis restent un moyen efficace pour s'y former et y participer. De ce fait, le maquis le plus proche, ou celui où l'on sait comment entrer, devient le plus envisageable pour s'engager. Le but est de rejoindre un maquis, et non d'en choisir un spécifiquement. C'est peut-être dans ce sens qu'il faut envisager les engagements de certains

618 MNSMF, Riaumont, fonds Amédée Para, « Témoignage Chrétien dans les Hautes-Alpes », Jean-Jacques Gauthé, Scoutisme et collection, n° 57, octobre 1999, p. 51-52

619 MNSMF, Riaumont, fonds Jacques Catric, Lettre de Louis Vannini, 4 octobre 1999, p. 1 620 MNSMF, Riaumont, fonds Jacques Catric, Lettre de Louis Vannini, 20 octobre 1999, p. 2

621 MNSMF, Riaumont, fonds Amédée Para, Richard Duchamblo, « Amédée Para. Routier Scout de France », Maquisards et Gestapo, Gap, France, Éd. des Hautes-Alpes, 2005, tome 2, p. 8

622 Voir p. 160

individus dans des maquis Francs-Tireurs et Partisans (FTP), c'est-à-dire d’obédience et d'initiative communistes, dont l'idéologie semble bien éloignée de celles des Scouts de France.

2. Le cas des maquis FTP

Catholiques et scouts certes, ces deux appartenances influent-elles sur les filières dans lesquelles ces individus évoluent pour résister ? Les résistances gaulliste, giraudiste et proche des anciens militaires de l'armée d'armistice, restent relativement prégnante, comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents ; le seul cas de résistance où le catholicisme guide l'appartenance à une unité de résistance demeure un cas isolé624. L'appartenance à un réseau – et un maquis – FTP,

qui ne représente statistiquement que huit cas dans notre étude, soit à peine 2,5% du corpus étudié, semble à l'inverse intéressante à étudier, tant l'idéologie communiste peut sembler éloignée du catholicisme – et par conséquent de la pédagogie des Scouts de France. Cette appartenance individuelle ou collective à la résistance FTP est-elle contradictoire avec la foi ? Comment ces jeunes sont-ils amenés à résister au sein d'unités communistes ? Les sources disponibles ne nous permettent pas d'appréhender l'opinion de ces jeunes lorsqu'ils intègrent un maquis FTP, mais nous amènent à supposer que la proximité de ces maquis, l'opportunité – connaître un maquisard par exemple – et la volonté de combattre font partie des motivations d'entrée – comme pour n'importe quel autre maquis. L'historien Jean Muracciole écrit en ce sens que « le volontaire s'engageait, au gré du hasard des rencontres, dans le mouvement ou le réseau qui se présentait à lui, sans s'interroger sur son orientation politique. L'appartenance à un mouvement ne signifiait d'ailleurs pas l'acceptation systématique des opinions politiques professées par la presse du mouvement. »625 Afin

de nous intéresser à ces engagements pour le moins surprenants, arrêtons-nous d'abord sur les entrées individuelles, avant d'envisager un cas d'engagement collectif.

a) Des engagements isolés dans des régions minières et ouvrières

Claude Liard, né en 1929, appartient au maquis de Chamelis (Haute-Loire), au sein du groupe Franc-Tireur et Partisans français (FTPF) Wodli, fondé en mars 1943 et atteignant un total de 1 000 hommes626. Il meurt à l'âge de 15 ans le 19 août 1944 à Craponne-sur-Arzon dans des

combats avec une garnison allemande627. Le jeune homme, scout à Garches en région parisienne, a

624 Réseau Honneur et Patrie, p. 78

625 Muracciole Jean-François, Histoire de la Résistance en France, Paris, PUF, 2012, p. 97-98 626 MNSMF, Riaumont, fonds Claude Liard, Lettre de [illisible], 1996, p. 2

peut-être quitté la région parisienne au moment de l'exode afin de venir en Haute-Loire, sa mère en étant originaire628. Peut-être a-t-il d'ailleurs été seulement louveteau à Garches, étant donné son

jeune âge au moment de sa mort et le fait qu'il ne soit probablement plus en région parisienne à partir de 1940, au moment où il avait l'âge d'entrer à la troupe. Le fait que Liard ait passé peu de temps au sein de mouvement, et surtout à un âge aussi jeune629 est à prendre en compte, tout en

gardant à l'esprit que c'est vraisemblablement la proximité et l'accessibilité du maquis FTPF qui ont poussé Liard à s'engager au sein du groupe Wodli.

À l'inverse, Jean Bodechon a été scout à Calais avant de devenir chef de troupe. Il meurt fusillé, avec d'autres maquisards de la région, en représailles au sabotage des transformateurs d'une usine de chenilles de char, l'usine Brampton, où il était ouvrier630. C'est un groupe de dix FTPF, au

sein duquel évolue Jean Bodechon, qui mène l'attaque en août 1944 dans le but de créer un climat d'insécurité pour l'occupant. Le jeune homme est arrêté avec d'autres résistants, il est interrogé puis emmené à la citadelle de Calais, où il est fusillé le 3 septembre 1944. Il semble à nouveau que la proximité géographique du maquis ait influencé l'entrée de Bodechon, sans omettre le milieu professionnel – ouvrier – du jeune homme. Il ne semble pas que la double appartenance à la résistance FTPF et au scoutisme catholique de Bodechon ait semblé contradictoire, ou que l'une des appartenances ait eu la primeur sur l'autre : l'épitaphe de sa tombe, encadrée de deux croix potencées, mentionne d'ailleurs sa qualité de « Chef Scout de France » et de « Résistance FTPF »631.

Henri Fromaget est également ouvrier au Puy-en-Velay, en Haute-Loire, où il est en même temps routier. Il est par ailleurs plus âgé que les deux autres hommes précédemment cités : né en février 1919 en Savoie, il est arrêté le 2 mars 1944, à 25 ans, à Roanne, où il est interné deux mois avant d’être transféré à la prison lyonnaise de Montluc. Déporté, il meurt en Tchécoslovaquie au camp de Flossemburg le 23 novembre 1944 en tant que déporté politique632. Membre des FTPF, il

est arrêté pour le vol de tickets d'alimentation. Il est également en contact depuis le début de l'année 1943 avec le parti communiste français, interdit depuis septembre 1939. À la fin de l'année, il participe à l'organisation d'un maquis FTP à Chanteuges, au sein duquel il devient lieutenant633. En

participant à l'implantation du maquis, il ne fait pas preuve d'« opportunisme » dans le choix de l'unité combattante ; il semble que le milieu professionnel du jeune homme ait joué un grand rôle

628MNSMF, Riaumont, fonds Claude Liard, Extrait d’État civil n° 10, 15 mars 1929, Garches, p. 1

629En effet, un jeune n'est pas marqué de la même manière par le scoutisme, sa pédagogie et sa spiritualité s'il appartient au mouvement en tant que louveteau, scout ou routier.

630 MNSMF, Riaumont, fonds Jean Bodechon, Georges Magniez, « L'Empreinte », Scoutisme et collection, n° 44, avril 1996, p. 26

631 Ibid., p. 27

632MNSMF, Riaumont, fonds Henri Fromaget, « Avis de décès », La Haute-Loire, 11 janvier 1946, p. 1

633MNSMF, Riaumont, fonds Henri Fromaget, Jean Souchal, « Henri Fromaget, martyr oublié », L'éveil de la Haute- Loire, 19 février 1994, p. 1

dans cette participation ainsi que dans le recrutement des membres du maquis. D'autre part, son appartenance aux Scouts de France semble, sinon étonnante, pour le moins hors normes. Sa mère en effet n'est pas croyante, de même que les camarades avec lesquels il évoluait dans la Résistance, en témoigne la lettre de Jean Brenas, déporté avec Henri Fromaget, qui écrit à la mère du jeune homme à son retour de camp :

Madame,

J'apprends que les camarades routiers d'Henri ont l'intention de faire dire une messe en souvenir de lui. Bien que cette cérémonie ne signifie pas grand chose pour moi ni pour vous, je ne puis cependant m'empêcher de saisir l'occasion qui s'offre à moi de vous exprimer ma sympathie douloureuse en cette circonstance.634

Le fait qu'Henri Fromaget soit membre d'un clan routier résulte peut-être d'une conversion personnelle, mais toujours est-il que la pédagogie scoute n'a pas jalonné son adolescence, comme chez Jean Bodechon par exemple. Pour ces hommes en tout cas, l'appartenance professionnelle et le fait de côtoyer quotidiennement des ouvriers ont certainement favorisé leur engagement dans la résistance FTP – et encore plus particulièrement pour Henri Fromaget, qui participe à la fondation d'un maquis de cette obédience. Il ne faut pas non plus négliger l'accessibilité de ces maquis pour ces hommes : ils résistent où ils habitent et s'insèrent dans les réseaux où ils connaissent les moyens d'entrer. Cela est d'autant plus valable pour Claude Liard qui, trop jeune pour travailler, a certainement privilégié cette proximité géographique pour résister – Montceau, où il vit probablement, est une ville minière. Quoiqu'il en soit, la résistance au sein d'un réseau ou d'un maquis FTP ne semble pas être contradictoire, ni pour les individus ni pour ceux qui les signalent au Mémorial, avec un engagement scout.

b) Le cas de la libération d'Autun (8 septembre 1944)

Un dernier de résistance communiste peut également être soulignée avec l'engagement collectif de cinq scouts du Creusot dans un bataillon FTP du maquis de Valmy – maquis devenu un régiment le 6 juin 1944 afin de regrouper les hommes des différents maquis FTP du bassin minier du Morvan635. Ces cinq jeunes hommes sont décédés au cours de la libération d'Autun, le 8

septembre 1944. La ville se trouve effectivement dans la zone d'influence du maquis, composé en

634 MNSMF, Riaumont, fonds Henri Fromaget, Lettre de Jean Bréhas à Mme Fromaget, 7 février 1946, p. 1

635 Pour l'histoire du maquis Valmy, voir Plessis-Couillaud Martine, Du Maquis Valmy au régiment Valmy, 1943-1944, S.I. 1985

majorité des mineurs de Montceau et de jeunes des villes et villages de l'ouest du département. Devant l'attaque du maquis afin de chasser l'occupant de la ville, les Allemands se livrent à un massacre sur une section du 6e bataillon du régiment, commandée par Paul Dessolin : les blessés

sont achevés sur place, les survivants sont faits prisonnier quelques heures dans le jardin du petit séminaire de l'institution Saint-Lazare, avant d'y être abattus. Parmi les 27 corps de maquisards FTP retrouvés et identifiés par la population d'Autun se trouvent Jean Beney, Lucien Desbordes, Pierre Dremeau, André Jeunhomme et Roger Thevenet, cinq scouts du groupe Saint-Henri, 2e Le Creusot,

situé à une trentaine de kilomètres d'Autun. Nés entre décembre 1923 et avril 1927, ils entrent dans le maquis après le débarquement de juin 1944, entre 17 et 20 ans ; hormis Roger Thevenet, né en 1923, aucun n'a pu être concerné directement par une réquisition pour le travail obligatoire636.

Nés au Creusot, ils y pratiquent le scoutisme : Pierre Dremeau et Jean Beney sont d'abord