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2 RÔLE DES DONNÉES PROBANTES ET DES MODÈLES D’ÉVALUATION INTÉGRÉE (MEI)

2.3 Mise en contexte de l’utilisation actuelle et passée des MEI au sein du gouvernement fédéral

autonome sur les questions économiques au sujet de l’environnement et des changements climatiques. La division d’analyse économique de la Direction générale de la politique stratégique (DGPS) se charge de produire les analyses et de conseiller la ministre d’ECCC sur les questions économiques. Les fonctionnaires de cette division utilisent différents outils d’analyse économique. L’équipe chargée du développement des modèles et de la recherche quantitative (DMRQ) utilise différents modèles économiques, énergétiques et environnementaux, tels que GCAM, EC-PRO, E3MC et EC-MSMR. Le modèle GCAM est utilisé à titre de MEI. Les MEI font donc partie de la gamme des outils utilisés au gouvernement fédéral par ECCC.

L’utilisation des MEI au sein du gouvernement fédéral du Canada a débuté en 2008 avec le modèle MERGE (model for estimating the regional and global effects of greenhouse gas reductions). Le modèle servait à connaitre l’effet de différentes politiques énergétiques et climatiques sur l’évolution des émissions de GES au pays. Les scénarios du Energy Modeling Forum (EMF) de l’Université Stanford étaient au cœur des options de politiques modélisées. Le modèle a toutefois été délaissé au cours des dernières années en raison de plusieurs difficultés techniques et du peu de ressources humaines capable d’actualiser, de développer et de modéliser de nouveaux scénarios.

Quelques années plus tard, le gouvernement fédéral a décidé d’utiliser le modèle GCAM. Décrit en détail dans le chapitre 3, GCAM a été développé par le Pacific Northwest National Laboratory (PNNL) pour plusieurs usages liés à l’intervention des gouvernements. Par exemple, il peut servir à évaluer les répercussions des politiques d’atténuation et de développements technologiques ainsi qu’aux développements des politiques énergétiques. L’idée d’utiliser GCAM au gouvernement fédéral est principalement liée au fait que les États-Unis utilisent ce modèle. À cet effet, les États-Unis possèdent une version adaptée à leur pays, soit GCAM-USA. L’idée de développer une version spécifique au Canada, soit GCAM-Canada, s’inspire des États-Unis. Aux États-Unis, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) utilise GCAM pour évaluer des scénarios d’émissions domestiques et internationales (Steven, Page et Pralit, 2015). À titre d’exemple, GCAM soutient la planification à long terme des mesures environnementales, climatiques et énergétiques des États-Unis (Environnmental Protection Agency, 2016).

À la suite de l’élection du Parti Libéral de Justin Trudeau en 2015, le gouvernement fédéral du Canada et le gouvernement américain, présidé à l’époque par Barack Obama, ont entrepris des démarches pour travailler conjointement en matière de lutte contre les changements climatiques. L’utilisation du même

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modèle que les États-Unis apparaissait comme une opportunité intéressante pour le gouvernement canadien. De plus, suite de la tenue de la COP21, le gouvernement fédéral du Canada s’est fixé pour objectif d’élaborer une stratégie à long terme pour lutter contre les changements climatiques. Il y avait par conséquent une nécessité d’obtenir un modèle.

Dans ces circonstances, le modèle GCAM a été sélectionné pour participer à l’élaboration de la stratégie

visant l’horizon du milieu du siècle en vue d’effectuer une transition vers une économie à faibles émissions.

La participation de GCAM dans cette stratégie est centrale. GCAM a en effet permis au gouvernement fédéral d’explorer les implications de contenir la température à 1,5 °C et 2 °C et de connaitre les enjeux technologiques liés à la transition vers une économie sobre en carbone. C’est dans ce contexte que GCAM fut utilisé pour la première fois par le gouvernement canadien. L’idée d’employé GCAM était, et est encore aujourd’hui, d’acquérir des informations sur l’évolution des technologies et le climat. Il est fondamental de comprendre comment les développements des technologies évoluent en fonction des différentes interventions du gouvernement. Le déploiement des technologies ne peut pas être reflété dans les prévisions à court terme car ils se développent sur une longue échelle temporelle. GCAM a donc l’avantage, contrairement aux autres modèles du gouvernement, de refléter cette tendance.

Bien que limité sur certains aspects comme les développements technologiques, le gouvernement fédéral avait la possibilité d’utiliser les modèles qu’il possédait déjà. Par exemple, il aurait pu utiliser le modèle EC-MSMR (international multi-sector, multi-region computable general equilibrium). ECCC a néanmoins une approche diversifiée en matière de modélisation. Il utilise plusieurs modèles en raison du fait que chaque modèle possède des forces et faiblesses. Par exemple, le modèle EC-MSMR possède une représentation économique dynamique développée, mais ses composantes environnementales sont restreintes. Le modèle GCAM est construit à partir de composantes environnementales très détaillées et est adapté pour les modélisations en long terme. En contrepartie, les composantes économiques du modèle sont moins développées et demeurent statiques. De ce fait, l’utilisation d’une pluralité de modèles permet d’effectuer des analyses plus rigoureuses.

2.4 Conclusion

Ce chapitre a démontré l’utilité évidente et incontestable des résultats des MEI auprès de décideurs politiques. En distinguant les MEI des MEGC par leurs caractéristiques qui leurs sont propres, il a été possible de faire ressortir clairement les raisons pour lesquelles les MEI ont été créés. L’utilité politique y est centrale. Par leur structure de mise en interrelation du système biogéophysique et des activités humaines, qui peut être plus ou moins détaillée et économique, les MEI permettent d’obtenir des données

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probantes. Ces informations guident les décideurs dans leurs prises de décision en matière de lutte contre les changements climatiques. Cet état de la littérature semble, à priori, concorder avec l’utilisation des résultats des MEI au sein du gouvernement fédéral.

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