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CHAPITRE 2 : LES MIGRATIONS AU GABON DANS LE CONTEXTE

1. Les migrations en Afrique centrale

L’Afrique centrale peut paraître, pour qui ne connaît pas la région, simplement comme une entité géographique bien délimitée, comme « chacune des cinq grandes « sous-régions »

que les experts de l’Organisation des Nations Unies ont définies sur le continent noir »

(Decraene, 1993 : 11), à savoir l’Afrique centrale, l’Afrique de l’ouest, l’Afrique de l’est, l’Afrique australe et le Maghreb. En réalité, l’Afrique centrale « reste floue dans ses limites,

dans sa construction et « peut être perçue comme un concept, une construction historique, une réalité économico-politique et une entité géopolitique » (Awoumou, 2003 : 29). Dans

cette partie, nous parlerons des migrations en Afrique centrale. Toutefois, il paraît utile de revenir sur les contours de cette Afrique centrale pour voir si ceux-ci ont une influence sur les mouvements des populations et leur gestion dans cette région.

A. La variété des limites de l’Afrique centrale

Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sao-Tomé et Principe, Tchad, ces pays constituent l’ensemble de l’Afrique centrale. Enumérés de cette façon, les contours de l’Afrique centrale peuvent paraître clairs. En réalité, lorsqu’on parle de l’Afrique centrale, il ne va pas de soi qu’on sache de quoi on parle. Comment délimiter l’espace Afrique centrale ? Pour certains experts et observateurs avisés, la question peut certainement être dénuée de valeur, mais pour toute autre personne, elle mérite au moins d’être soulevée.

Les politiques de gestion des réfugiés et des migrations dans leur généralité sont des enjeux importants dans les relations internationales. De ce fait, il est important de mener une analyse autour de la question des limites de l’Afrique centrale. Selon les rapports qu’un Etat entretient avec un autre, l’accueil des ressortissants de cet autre Etat peut varier. Aussi, dans l’élaboration des politiques régionales, les dispositions d’accueil des populations ne sont jamais identiques entre les ressortissants de l’espace et ceux venant d’ailleurs. Dès lors, il apparaît important de savoir de quelle sous-région nous parlons et quels en sont les différents acteurs. Le titre de l’article de Gérard Prunier, Les Grands Lacs ont-ils coulé jusqu’en Afrique

Centrale ? (Prunier, 2003), traduit l’ambiguïté des frontières entre les pays de ces deux

espaces géographiques. Les dirigeants de l’Afrique centrale, dans l’optique de répondre aux défis de l’intégration sous-régionale et pour une meilleure coordination de leurs politiques, ont créé des cadres de fonctionnement communautaires : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Seulement, l’existence de ces institutions ne règle pas la question des limites géographiques de l’Afrique centrale. Nous allons tenter de la définir en conduisant notre raisonnement sous deux angles : celui des aspects physiques et celui des traits culturels.

Pour Jean Riser (1999), l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale ont un soubassement commun de roches très anciennes, crystallophylliennes et cristallines, stables depuis environ 1 milliard 600 millions d’années. Cependant, l’Afrique centrale, à la différence de l’Afrique de l’ouest qui est une région de Sahel et de désert, et de l’Afrique orientale qui par une structure compliquée et tourmentée de son relief « jouit d’une incontestable personnalité » (Vennetier ; Denis ; Wilmet, 1971), n’est pas un ensemble régional physiquement homogène. Elle couvre aussi bien le désert du Tibesti que le mont du Cameroun, la forêt dense, la cuvette marécageuse du Congo, les hauts plateaux du Katanga et du Rwanda. Malgré cette diversité de composantes physiques, cette région est dominée par sa forêt. Pour Robert Nasi, Jean-Claude Nguinguiri et Driss Ezzine de Blas dans l’introduction de l’ouvrage Exploitation et gestion durable des forêts en Afrique centrale (2007), l’Afrique centrale est assimilée au « bassin du Congo ». Le « ventre mou » de l’Afrique, pour reprendre l’expression qu’utilise Paul Ango Ela (Ango Ela, 2001), est un espace de forêt totalisant 65 millions d’hectares « au sud du 5ème parallèle » (Vennetier, 1972). Cet espace forestier du bassin du Congo (carte 8) abrite « un nombre d’espèces dans une unité de surface et une unité

pour autant que le bassin du Congo est l’Afrique centrale ? Pour expliquer cette assimilation, revenons à la genèse du regroupement de ces pays sur la base dudit bassin.

Carte 8 : Les grandes zones végétales d’Afrique

Le milieu des années quatre-vingt voit l’utilisation de plus en plus forte des termes de « développement durable » et de « gestion durable » par les personnalités et par un certain nombre d’organisations internationales51. Dans ce sens, la gestion de la forêt, un des secteurs centraux de préservation de l’environnement, prend une place de choix dans les politiques publiques. La recherche également consacre plus d’intérêt à la forêt. La foresterie qui trouverait « son origine dans la peur de détruire », selon Richard Eba’a Atyi et Marie Mbolo (Eba’a Atyi ; Mbolo, 2006), devient une discipline scientifique. Dans cette prise de conscience collective, les dirigeants lancent un processus devant conduire à une meilleure

51 Notamment l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dans sa stratégie mondiale pour

la conservation en 1980 et en 1987 dans le rapport Bruntland du nom de la commission mandatée par l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies pour concevoir une stratégie globale de lutte contre

gestion des ressources de la forêt52. Ainsi, en 1999 à Yaoundé, un sommet des chefs d’Etat décide d’un premier regroupement des pays reconnus du bassin du Congo à savoir le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon, le Congo, la RDC, la Guinée-Equatoriale et le Tchad. Si le bassin du Congo ne concernait que ces pays, nous pourrions être finalement amené à dire que l’Afrique centrale c’est la CEMAC puisque ces pays en sont les membres.

En 2005, un autre sommet tenu à Brazzaville approuve un plan d’action commun et signe un traité instituant la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (Comifac). En plus des premiers pays, le bassin du Congo s’agrandira avec le Burundi, le Rwanda et Sao-Tomé et Principe qui signent ce traité. A y regarder de près, ces pays constituent le cercle de la CEEAC si on ajoute l’Angola. Lors de la signature de ce traité, l’Angola a fait savoir qu’il rejoindrait ces pays prochainement. Donc, en incluant l’Angola, nous constatons que l’Afrique centrale est d’abord un ensemble géographique défini par un trait physique commun, la forêt au sein du bassin du Congo, en dépit de quelques différences que relevaient ci-dessus Pierre Vennetier, Jules Wilmet et Jacques Denis.

L’Afrique centrale peut aussi être définie par les populations qui y habitent. Pour les chercheurs du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA), cette aire est celle des Bantu bien qu’avant leur arrivée « les seuls vrais autochtones » soient les Négrilles et les

Pygmées53 (M’Bokolo, 1981). On retrouve en Afrique centrale essentiellement les Bantu

même si les Haoussa sont au Cameroun, au Tchad et au nord du Gabon. L’identité bantu se manifeste sous différents traits linguistiques, artistiques, philosophiques, etc. Nous apprenons avec Joseph Cornet qu’« il est possible de dessiner une sorte de croissant fertile de l’art bantu

qui insère une pointe au Cameroun, traverse le Gabon et le Congo, s’épanouit dans les savanes zaïroises et angolaises au sud de la grande forêt et remonte sa pointe orientale vers les Lega du Kivu et les Mangbetu54 » (Cornet, 1989 : 416). Sur le plan linguistique, François

Nsuka Nkutsi explique que la distribution géographique du parlé bantu se divise en trois groupes. Le premier groupe de type I55 constitue les langues occupant l’aire compacte située

52 Le bassin du Congo est le deuxième massif forestier après la forêt amazonienne. Cette prise de conscience des

dirigeants a été favorisée par la déforestation qui entraîne des conséquences écologiques avec une diminution de la biodiversité mais aussi économiques avec la perte de ressources financières à long terme.

53 On les retrouve au Cameroun, en Centrafrique, au Congo, au Gabon, au Burundi, au Rwanda et en RDC. 54 Les Mangbetu (ou Medje, Makere, Mangbele) sont un peuple présent dans le nord-est de la RDC, notamment

dans la province orientale et en Ouganda.

55 La structure de type I : Ant. + PP/PV – Rv – Fi + Pr.sjt + … (Préfixe (pronominal ou verbal selon les langues)

en accord avec l’antécédent, reste verbal, finale et pronom substitutif)

La structure de type II : Ant. + PP – PV – Rv – Fi + … (Préfixe pronominal en accord avec l’antécédent, préfixe verbal ou sujet de la relative, reste du verbe (formatifs et extensions compris) et une finale).

au centre du domaine bantu et allant du nord (Ngombe56) jusqu’au sud (Tonda57). Le second groupe de type II est représenté par deux groupes de langues situés à l’ouest allant du nord (Bankon58, Bubi59) jusqu’au sud (Herero60) et à l’est. Un dernier groupe de langues mélangeant les deux premiers types se situe en bordure de la forêt dans la partie centre partant du Luba jusqu’à Tonga. Donc, en considérant l’aire bantu, l’Afrique centrale irait jusqu’aux confins de l’Afrique australe (carte 9).

Carte 9 : L’espace culturel bantu selon le CICIBA

56 Les Ngombe sont un peuple de la RDC. Ils vivent principalement dans la province de l'Équateur, c'est-à-dire

dans le nord-ouest du pays.

57 Les Tongas ou Batonga sont un peuple d'Afrique australe, l'un des plus importants groupes ethniques du sud

de la Zambie. On les trouve également au Zimbabwe et au Malawi.

58 Peuple vivant au Cameroun.

59 Bubi peuple vivant en Guinée équatoriale où il forme la principale population de l’île de Bioko, située dans le

golfe de Guinée, au large du Cameroun.

Anne Gaugue (1997) dit que la zone bantu définie par les responsables du CICIBA recouvre 23 Etats avec une population de près de 230 millions de personnes dont 150 millions sont, pour elle, effectivement Bantu. L’explication de cette différence viendrait pour elle du fait que sur les cartes diffusées par le CICIBA, sont localisés les Etats et non le groupe bantu. Si nous prenons en compte le trait physique commun de la forêt du bassin du Congo et le trait culturel de l’aire bantu, les délimitations géographiques de l’Afrique centrale peuvent être celles présentées par la carte 10.

Carte 10 : Délimitation de l’espace Afrique centrale

En dehors des aspects physiques et culturels, une région peut aussi être comprise et cernée à partir d’un pôle politique et économique dirigé par un ou plusieurs Etats autour duquel ou desquels tournent des Etats « satellites ». Autrement dit, une région peut se définir à partir d’un ensemble dans lequel un ou plusieurs Etats leaders tirent les autres comme ce fut

le cas de l’Union Soviétique où la Russie rassemblait les Etats est européen. En Afrique, ce modèle n’existe pas parce que la dynamique soviétique était une logique d’empire avec « un

vaste territoire, une dynamique expansionniste, une diversité culturelle et ethnique, une administration uniforme et centralisée, un chef sacralisé » (Soulet, 2000 : 15). Par contre, si

nous considérons la définition d’une région à partir de la puissance d’un Etat, l’exemple africain que nous pouvons prendre est celui de l’Afrique australe qui a pour puissance l’Afrique du Sud qui s’impose comme le leader incontestable de cette région notamment au sein de la Communauté de Développement d'Afrique Australe (SADC). Ceci permet un meilleur avancement du processus d’intégration.

L’Afrique centrale accuse assurément un retard dans la construction de l’intégration à cause d’une « absence d’harmonie notée entre les Etats susceptibles de s’imposer, de manière

cavalière ou collégiale, comme puissances motrices et mobilisatrices. Il s’en dégage un « problème de leadership » ainsi que des logiques plurielles et concurrentes qui freinent la recomposition et l’affirmation de l’Afrique centrale » (Awoumou, 2003 : 31). Cette situation

redessine également les contours de l’Afrique centrale au gré des rapports de force géopolitiques que les pays essaient d’imposer. En lançant en 1971 un appel pour le regroupement des communautés de l’Afrique centrale et des Grands Lacs, Kinshasa ouvrait un cadre promotionnel de développement de ces pays dans lequel il aurait dû être la locomotive eu égard à sa puissance démographique, géographique et des ressources qu’il possède. Malheureusement, après une parenthèse dictatoriale avec Mobutu Sese Seko, la RDC est entrée dans une période de guerre civile et de guerre avec les voisins qui n’en finit plus. La conséquence de cette situation est qu’elle a du mal à assumer la place de leadership qui fixerait définitivement les contours de l’Afrique centrale, ce d’autant plus qu’elle s’est encore liée à la SADC. D’autres pays, comme l’Angola, tentent ainsi de prendre cette place mais avec beaucoup de difficultés.

Paul Ango Ela explique à ce propos que l’onde de choc déclenchée par la crise rwandaise de 1994 a créé une nouvelle donne politique à cause de la lutte de leadership que se livrent les pays de l’Afrique centrale et des Grands Lacs consécutive à « l’effondrement de

deux pôles de structuration de l’influence britannique en Afrique de l’est (Kenya) et de l’influence francophone en Afrique centrale (le Zaïre) » (Ango Ela, 2001 : 28). Ces deux

pôles ont fait place à une coalition diversifiée qui, pour lui, a donné naissance à une nouvelle entité géopolitique qui n’est plus l’Afrique centrale mais « l’Afrique médiane ». « Cette

de Guinée (qui va de Luanda à Lagos), de l’Afrique agropastorale (qui va de la Tanzanie à l’Erythrée) » (Ango Ela, Idem).

Il est donc difficile de délimiter un espace géographique puisque déterminer un espace engendre absolument des choix géopolitiques. L’Afrique centrale peut être délimitée comme le présente la carte 10, c’est-à-dire l’Afrique du bassin du Congo qui est l’aire de vie des Bantu. Comment s’effectuent les mouvements de populations dans cet espace ?

B. L’évolution des migrations « centrafricaines »

Avant de décliner les formes de migrations en Afrique centrale, il faut revenir sur le sens accordé au terme « centrafricain ». En parlant de migrations « centrafricaines », il ne s’agit pas de réduire les migrations au sein de l’Afrique centrale aux seules migrations de la République centrafricaine. Ce titre permet d’ancrer ces déplacements au sein de l’espace géographique délimité ci-dessus.

Dans l’étude des processus de migrations en Afrique centrale, on distingue trois temps : avant, pendant et après la colonisation. L’ère pré-coloniale est celle de l’occupation de cet espace par les populations actuelles et par les mouvements de découverte des côtes africaines par les Européens. Cette étape est aussi marquée par la migration des peuples de l’Afrique de l’ouest vers la partie centrale du continent. Molongua Iyanga situe cette migration à la période de la pénétration et de la propagation musulmane. Pour lui, « la

présence ouest-africaine en Afrique centrale daterait de la période des incursions musulmanes, c’est-à-dire bien avant la colonisation européenne » (Iyanga, 2003 : 87). Cheick

Oumar Ba, pour sa part, dit que la migration sénégalaise en Afrique centrale a eu lieu dans

« le prolongement des déplacements de tirailleurs à la fin du XIXe siècle » (Oumar Ba, 2003 :

279). Pour Cheik Oumar Ba, cette migration sénégalaise aurait eu lieu durant la colonisation. Les déplacements pendant la colonisation sont davantage liés au travail pour les besoins de fonctionnement de l’administration coloniale, même si l’on note aussi quelques mouvements de certains peuples61. La dimension interventionniste des colons se manifeste en Afrique francophone par le déplacement des populations de l’Afrique de l’ouest vers l’Afrique centrale pour l’exploitation des matières premières ou pour la construction du chemin de fer Congo-Océan. L’activité forestière seule avait besoin d’une « main-d’œuvre

61 Nous pensons ici à la dislocation du royaume haoussa qui entraina la migration et la dispersion de ces

populations du Niger vers le Gabon par exemple. Les Haoussa s’installent au Gabon dans la moitié du XIXe

siècle et ont été reconnus comme ethnie gabonaise par un décret pris en conseil des ministres du 12 mai 2005.

excessivement abondante : d’abord à la prospection (des dizaines d’hommes repérant les okoumés, les limbas, les « acajous », les irokos), puis à l’abattage avec la hache » (Gibert,

1989 : 227). A cela, il faut ajouter la main-d’œuvre qu’il fallait pour le transport du bois. Il s’agissait particulièrement du flottage car, la majorité des permis d’exploitation octroyés aux sociétés étaient dans les zones des lacs, de l’Ogooué et de l’estuaire du Komo. La migration des populations variait en fonction de l’évolution de l’activité forestière. Guy Gibert conclut que « l’exploitation forestière en Afrique centrale a bien été un facteur de migrations des

peuples bantu ; déplacements certes non comparables à ceux dont on a pu noter l’importance avec la construction du Congo-Océan » (Gibert, 1989 : 241).

Les migrations post-coloniales en Afrique centrale prennent en compte trois éléments. Le premier élément est historique. Ces migrations sont historiques dans la mesure où les liens ethniques entre les peuples se situant de part et d’autre des frontières ne se sont jamais totalement rompus en dépit des délimitations territoriales étatiques. Sans forcément constituer des Etats dans les Etats, il n’est pas possible de nier que les aires culturelles et ethniques qui transcendent les frontières des Etats sont des champs migratoires actifs pour les populations habitant ces zones. Dans l’espace dit des « trois Etats » entre le Gabon, le Cameroun et la Guinée-Equatoriale par exemple, la frontière n’est pas un obstacle pour les populations fang qui se trouvent dans ces pays. Le phénomène est identique chez les Nzèbi et les Punu du Gabon et du Congo.

Dans la fédération commune de l’AEF, où les limites n’étaient pas étatiques mais administratives, la circulation était fluide entre les populations du Gabon et du Congo par exemple. C’est ce que nous a raconté le notable Idoko Manassé à Lébamba : « Lorsqu’on

rentrait au Congo, il n’y avait pas de limites entre le Gabon et le Congo. Les limites qu’il y avait étaient comme celles qui existaient entre le district de Lébamba et celui de Ndéndé. Notre capitale était Brazzaville et toute la marchandise qu’on avait ici venait de là-bas. On partait d’ici (Lébamba) jusqu’à Dolisie ou Pointe-Noire sans aucun problème ». Compte tenu

de ce lien ancien et malgré les indépendances, la perception de la délimitation territoriale chez les populations n’est pas totalement comprise. Ces populations ont encore des difficultés à établir une distinction entre leur appartenance citoyenne et celle ethnique. Les frontières, ou du moins les postes frontières, se présentent alors parfois pour eux comme des lieux de privation de liberté.

Le deuxième élément qui occasionne les migrations au sein de l’Afrique centrale ce sont les fluctuations économiques. Le développement et les possibilités économiques qu’offre

par la richesse de son sous-sol, de l’exploitation de l’okoumé et du pétrole, a attiré la majorité des migrants de la sous-région. Toutefois, même si les populations arrivent toujours au Gabon, l’exploitation du pétrole dans presque l’ensemble des pays du Golfe de Guinée fait que l’immigration vers le Gabon est restée beaucoup plus celle des populations venant de l’Afrique de l’ouest et de moins en moins de la sous-région. La Guinée-Equatoriale est devenue désormais aussi un centre attractif des migrants de l’Afrique centrale depuis qu’elle exploite le pétrole. Les expulsions des étrangers dans ce pays montrent justement que la question de l’immigration, notamment de l’immigration des ressortissants de l’Afrique centrale devient un sujet important en Guinée-Equatoriale. En juin 2009 par exemple, les