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Vautour fauve et grands corbeaux.

Jusqu'à la fin des années 1960, l'ensemble des rapaces furent persécutés par tous les moyens. Ils faisaient l'objet d'affirmations et de croyances totalement erronées. Si le vautour fauve a réussi à survivre dans les Pyrénées, il a disparu ailleurs en France: massif central (Cévennes), montagnes de Provence et massif des Alpes. On rencontre aujourd'hui en Pays Basque, une population forte de 250 couples reproducteurs (figure 1), au moins, alors qu'il n'en restait plus que 20 à 30 il y a une trentaine d'années. Cette croissance spectaculaire s'explique davantage par une longé-vité importante, qui peut atteindre 30 années, ainsi que par des moeurs grégaires, que par son taux de reproduction au

demeurant faible. Dans le meilleurs des cas, chaque couple produit un jeune à l'envol par an (en réalité ce taux est voisin de 0,7 jeune par couple ayant pondu un oeuf). Un pro-gramme de réintroduction dans les Cévennes a porté ses fruits dès le début des années 1980 : aujourd'hui, 300 à 350 individus, dont 75 couples reproducteurs peuplent à nouveau ce massif. Les Alpes du sud et la Provence attendent leur tour...

Le vautour percnoptère (Neophron percnopterus)

Beaucoup moins répandu que le vautour fauve, le vautour percnoptère se rencontre parfois au détour d'une crête ou bien en maraude sur les pâturages. Impossible de le confondre: son plumage dominé par une blancheur nuancée d'ocre semble être emprunté à un rayon de soleil. Seules les rémiges contrastent de leur noir profond, et sa face, pour les observateurs les plus chanceux, présente une peau glabre, jaune-orangé. Son envergure modeste de 1,5 met son poids, trois fois inférieur à celui du vautour fauve, lui confèrent une grâce et une aisance remarquable.

Dans la province ce qui signifie «la dame blanche du chemin des vaches». Grand migra-teur, le percnoptère re-vient dans le pays au début du printemps, à l'époque où le bétail re-prend le chemin de la montagne.

L'élégance de son vol et sa clarté l'allient au mythe d'une pureté féminine («dame blanche»). En Pays Basque, le vau-tour percnoptère fait partie des tous premiers oiseaux à revenir de ses quartiers d'hiver. En 1999, j'observais deux

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Figure 1. Évolution de la population du vautour fauve en Pays Basque nord.

Source SAIAK.

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de la migration, chaque couple réoc-cupe un territoire qu'il défend contre l'intrusion d'individus de la même es-pèce. La survie du vautour percnoptère exige des ressources alimentaires régu-lières et suffisantes, fournies essentiel-lement par la mortalité naturelle du bétail. Oiseau rupestre, il recherche des falaises abritées du dérangement pour mener à bien sa reproduction. Hélas, de plus en plus de pistes créées au bull-dozer jusque dans les endroits reculés de la montagne pour le seul usage de quelques bergers, forestiers ou chas-

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seurs, menacent le maintien de l'espèce... La popu-lation forte d'une vingtaine de couples, ce qui re-présente environ le tiers de la population fran-çaise, semble stable mais demeure toujours fragile et sensible à toute altération de son milieu. L'u-sage de poison, pour la limitation des soi-disant

«nuisibles», lui est fatale quant il s'agit d'appâts formés de morceaux de viande que l'on dépose dans la nature. Les campagnes d'extermination de petits rongeurs employant des substances toxi-ques peuvent être également très néfastes.

Le percnoptère pond jusqu'à deux oeufs, mais bien souvent seul un jeune subsiste et arrive au terme de sa croissance. Entre la fin du mois d'août et de septembre, les percnoptères quittent le Pays pour le sud (figure 2), et se laissent guider par un infaillible instinct de migration abou-tissant en Afrique tropicale.

On appelle aussi cet oiseau «percnoptère d'Égypte», alors que les Égyptiens l'ont baptisé la

«poule du pharaon». Ces dénominations attestent d'anciennes croyances mystiques et situent le ber-ceau de l'oiseau dans le nord de l'Afrique. Fait remarquable, les percnoptères hivernant sous les contrées tropicales consomment des oeufs d'au-truches grâce à une technique exceptionnelle.

Afin d'en briser la dure coquille, ils saisissent une pierre dans le bec et la projettent dessus. En Pays Basque, les percnoptères s'intéressent aux cadavres issus du pastoralisme mais leur bec fin, faiblement crochu, ne leur permet pas d'entamer de grosses proies aux cuirs trop épais. Bien sou-vent, ils doivent attendre que les vautours fauves commencent leur repas afin d'en récupérer les débris oubliés, ou bien d'en curer les os. Le percnoptère s'intéresse aussi à des cadavres de petite taille.

Comme pour le vautour fauve, l'évolution des activités pastorales conditionne étroitement la survie de l'espèce.

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Figure 2. Voies de migration automnale et aire d'hivernage de deux jeunes percnoptères (Neophron percnopterus percnopterus) suivis par

satellite depuis le Luberon.

Le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) Le gypaète barbu rassemble des caractéristiques à la fois remarquables et exceptionnelles. Il fait partie des oiseaux les plus rares : seulement une centaine de couples en Europe. Le massif Pyrénéen, réparti entre la France et l'Espagne, abrite encore près de 80 couples, dont quatre à cinq en Pays Basque nord. Ces derniers occupent la limite occidentale de l'aire de répartition européenne. Dans les Alpes, d'où il avait définitivement disparu depuis le début du xx0 siècle, un ambitieux programme de réintroduction fonctionne depuis 1986. Cet effort considérable mobilise la participation des pays répartis sur tout l'arc Alpin : France, Suisse, Italie et Autriche.

LE NATURALISTE CANADIEN, VOL 124 Nc 2 ÉTÉ 2000 âmelmu

L'allure de ce rapace est fort originale avec la livrée orange du poitrail, du cou et de la tête chez l'adulte. Cette coloration n'est pas due à un pigment, mais à une oxydation des plumes résultant de bains de boues ferrugineuses. Les sujets captifs restent blancs.

La silhouette en vol du gypaète fait penser à un faucon géant, possédant des ailes fines et coudées, teintées de noir.

L'envergure est comprise entre 2,6 et 2,9 m. La queue noire, présente une forme de losange allongé. Curieusement, si le gypaète est nécrophage, il ne s'intéresse guère à la viande (qui constitue seulement 20 à 30 % de son régime alimen-taire); il préfère consommer les os des cadavres d'animaux.

Et, comme s'il voulait amplifier ses caractéristiques pres-tigieuses, le gypaète ale secret d'un comportement élaboré:

en vol, il jette les plus gros os sur des pierriers afin de les briser.

En dehors du Pays Basque et à la différence du vau-tour fauve et du vauvau-tour percnoptère, le gypaète est moins tributaire des cadavres issus du pastoralisme. Dans les hautes montagnes de l'est Pyrénéen, les populations d'on-gulés sauvages telles que les isards (chamois dans les Alpes, Rupicapra rupicapra) lui fournissent d'importantes res-sources alimentaires. L'habitat de cette espèce est typi-quement montagnard; il niche à une altitude comprise entre 1 000 et 2 000 ni, mais les couples du Pays Basque nichent plus bas et sont de ce fait plus vulnérables aux dérangements humains. Le régime alimentaire du gypaète barbu est donc complémentaire de celui du vautour fauve et du vautour percnoptère. En consommant des os, dernier stade dans le recyclage d'un cadavre, il participe à la fonction naturelle d'épuration de la montagne. Symbole de cimes et de grands espaces, le gypaète incarne l'âme profonde de la vie sauvage Pyrénéenne. À ce titre, il mérite, de notre part, les meilleures compétences en matière de conservation.

Pour des renseignements supplémentaires, on peut communiquer avec le Centre permanent d'initiatives pour l'environnement, B.P. 08, Place de la Mairie, 64430 Saint-Étienne-de-Baïgorry (France).

Téléphone: 05 69 37 47 20; Télécopie :05 59 37 45 88;

Courriel : cpie.paysbasque@wanadoo.fr

Références

RAzIN, M., 1998. Rapport du programme Pyrénéen LIFE-gypaète barbu, Fonds d'intervention pour les rapaces, 83 p.

RAZN, M., 1999. Rapaces de France, suppléments n° 1 de Oiseau Magazine, Ligue pour la protection des oiseaux, p. 32 à p. 33.

DENDALETCH[, C., 1988. Grands rapaces et corvidés des montagnes d'Europe, CBEA, Pau, 190 p.

GÊROUDET, P., 1984. Les rapaces diurnes et nocturnes d'Europe, Delachaux et Niestlé, 426 p.

GENsBoL, B., 1988. Guide des rapaces diurnes d'Europe, Delachaux et Niestlé, 384 p.

MARGUERAT, D. & P. léarra, 1998. À la découverte des rapaces du Pays Basque, Éditions lzpegi, 100 p.

Programme de conservation du gypaète barbu

Cet oiseau, en fort déclin en Europe, est classé parmi les espèces menacées. Il est inscrit en annexe I de la Directive CCE 79/409, en annexe II de la Convention de Berne et dans tous les livres rouges des États membres qui abritent encore l'espèce. Sous l'impulsion d'un programme européen bap-tisé LIFE, un important travail d'analyse et de conservation a été réalisé sur l'ensemble du massif Pyrénéen depuis 1994.

La connaissance de la dynamique de cette population a progressé en mettant au jour les facteurs qui limitent son expansion. On s'est aperçu que la population du Pays Basque nord subissait un vieillissement par manque de juvéniles, ce qui menace l'avenir de l'espèce par défaut de régénération. Des actions coordonnées de nourrissage, à partir de pattes et d'os de brebis, tentent de fixer des juvé-niles sur le versant nord des Pyrénées, compte tenu que l'on en observe plus fréquemment au sud.

Ces juvéniles constituent les futurs reproducteurs poten-tiels. Le médiocre taux de reproduction du gypaète peut se résumer ainsi: chaque année, environ un tiers des couples ne pondent pas, un tiers des pontes ne donnent pas de pous-sin, et un tiers des poussins meurent avant leur envol... Et lorsqu'un jeune prend son envol, il doit traverser au moins dix années de dures épreuves avant de commencer à se re-produire.

Si des raisons naturelles peuvent causer l'échec de la re-production du gypaète, d'autres facteurs sont créés par l'humain et ses activités: dérangements près des nids (sports de pleine nature, travaux sur chantiers proches de nids), collisions avec câbles électriques, câbles de remontée méca-nique et tirs illégaux pour ne citer que les principales causes.

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Lâcher d'un gypaète blessé par un chasseur.

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