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des Hautes-Gorges- de- la- Rivière- Mai baie

LE NAIUFIALLSTE CANADIEN, VOL 124 N 2 FTÉ 2000

L oeuvre du temps

Le site témoigne aussi des forces titanesques de la nature qui ont façonné son relief surprenant et majestueux.

Deux importants phénomènes géologiques ont modelé le paysage et lui confèrent aujourd'hui son caractère excep-tionnel. Les mouvements de la croûte terrestre, associés à la formation du Bouclier canadien, ont d'abord provoqué de grandes cassures dans l'écorce terrestre, qui ont mené à la formation des vallées très encaissées aux parois abruptes, parfois verticales. Ces fractures ou failles ont formé des gorges impressionnantes dans la vallée de la rivière Malbaie, du ruisseau du Pont et dans celle de la rivière des Martres.

Puis, les glaciations successives ont enseveli l'Amé-rique du Nord sous quelques milliers de mètres de glace. Des traces évocatrices racontent le lent passage des glaciers. Polis par le mouvement des glaces, de grands blocs de pierre for-ment, au sommet, des massifs arrondis et des monts en dos de baleine qui s'élèvent à des altitudes de plus de 1 000 m.

D'autres phénomènes visibles découlent de cette période. Ainsi en est-il des auges glaciaires, ces vallées en forme de «U», qui résultent du travail d'érosion des langues glaciaires. De même, modelées par des langues secondaires, des vallées suspendues sur les plateaux se déversent en hau-teur vers les vallées principales. Sur les sommets, on aperçoit aussi des cirques glaciaires.

«Cest le pays où l'air est frais comme une source et l'eau, pure comme l'air»

Par son travail inlassable et créateur, le temps a sculpté cinq oeuvres vivantes où le grandiose et le gigan-tesque côtoient la douceur et le calme. Ce sont les cinq secteurs du parc.

Les hauts monts

À plus de 1 000 m, les hauts sommets culminent: les monts des Érables, Élie et Jérémie. Du mont des Érables, on peut apercevoir, par temps clair, les villes de La Baie au nord, et de La Pocatière au sud. À cette altitude, la végétation arctique-alpine couvre le territoire. Les hauts monts sont découpés par de profondes vallées, comme celles du ruis-seau du Pont. Une faune abondante, typique d'une forêt boréale, parcourt le secteur. Les lacs, comme celui au fond de l'imposant cirque du lac Noir, sont peuplés par l'omble de fontaine.

Le coeur du parc:

la vallée de la rivière Malbaie

Étroite et profonde, au profil tantôt en «V» mais le plus souvent en« U», la vallée de la rivière Malbaie forme un angle droit sur son parcours, en un lieu nommé fort judi-cieusement l'Équerre. Les parois rocheuses colossales de cette vallée sont ponctuées ici et là de chutes de toutes tailles.

La plus haute paroi, l'Acropole des draveurs, ainsi baptisée par Félix-Antoine Savard, constitue un phéno-mène plutôt rare dans le Québec méridional avec son déni-

LA SOCIÉTE PROVANCHER D'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA

velé de 800 m. Une autre paroi, la Pomme d'Or, haute de 400 ni, est qualifiée de paroi la plus impressionnante à l'est des Rocheuses par les amateurs d'escalade de glace.

De plus, au pied des falaises, on observe des talus d'éboulis de 300 à 400 m. Enfin la rivière Malbaie accueille maintenant en ses eaux le saumon de l'Atlantique, récem-ment réintroduit, qui retrouve un habitat qu'il avait jadis parcouru.

Les dômes du plateau du lac Scott Le haut plateau du lac Scott présente un paysage étrange fait de bosses et de creux dénudés par l'érosion. Ici, les monts formant de grands dômes sont recouverts de végétation arctique-alpine. Le plus célèbre est celui de la Romane dont la forme rappelle un pain de sucre.

Les eaux tumultueuses:

la vallée des Martres

Dans le secteur sud se profile une autre vallée étroite et profonde: la vallée des Martres. Plusieurs chutes dévalent ses versants abrupts. Celle du ruisseau des Érables est re-marquable par sa hauteur et par l'importance de son débit, qui alimente au fond de la vallée la fougueuse rivière des Martres aux eaux claires et limpides. Les plateaux qui sur-plombent cette vallée sont couverts de quelques vestiges des forêts matures typiques des vieilles forêts du massif des Laurentides.

Les vallées suspendues:

le plateau de l'ouest

Plusieurs vallées suspendues et des cirques glaciaires définissent le paysage du plateau de l'ouest. On y observe une forêt en régénération après les coupes réalisées dans les années 1970. On y trouve aussi les plus grands plans d'eau du parc dont les lacs Porc-Épic et Malfait. Se reproduisant habituellement sous des latitudes plus nordiques, l'omble chevalier, poisson d'affinité arctique, vit dans les eaux froides du lac Porc-Épic. Le plateau est aussi le domaine par excellence de l'orignal et du castor. Il est également fréquenté par le pygargue à tête blanche, une espèce rare au Québec.

Un parc de conservation

À cause du caractère exceptionnel de son reliefet de sa végétation, le gouvernement du Québec se propose de créer un parc de conservation aux Hautes-Gorges de la rivière Malbaie. Sa superficie, selon la proposition soumise à la consultation publique de juin 1999, couvrirait 227,5 km 2. La principale partie du parc fera l'objet d'un zonage de pré-servation. De même, les limites de la réserve écologique des Grands-Ormes, qui est enclavée dans le parc, seront revues.

Les visiteurs du futur parc pourront apprécier ses caractéristiques uniques grâce à son programme éducatif.

Des infrastructures seront aménagées pour donner accès aux points de vue en toute sécurité. Le programme abordera

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Québec

er- aussi l'occupation à différentes époques du territoire par ces

hommes draveurs, bûcherons ou coureurs des bois, venus y gagner leur vie loin de leur famille.

Les amateurs de plein air ne seront pas en reste. Le milieu naturel exceptionnel des Hautes-Gorges se laissera découvrir par la randonnée sous toutes ses formes. Plusieurs sentiers seront déployés pour permettre à toutes les caté-gories de visiteurs de s'imprégner des grands espaces du parc. Il sera aussi possible de parcourir, en canot ou en kayak, la rivière Malbaie et les autres plans d'eau. Sur les lacs, la pêche sportive sera autorisée. Enfin, le parc offrira diverses possibilités de séjour, que ce soit en camping, en refuge ou en chalet.

Un parc en devenir

« C'était la retraite à Menaud. Il s'en venait là, par des beaux dimanches d'été, se remplir l'âme de sagesse et de paix.>)

Par la création de ce parc, le gouvernement du Québec entend assurer la protection permanente de ce patrimoine exceptionnel, tout en offrant des activités et des services axés sur la découverte en harmonie avec ce milieu naturel remar-quable. Comme elle en est mandatée depuis avril 1999, la

Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) aura la responsabilité de gérer et de mettre en valeur ce nou-veau parc québécois. En février 2000, Sépaq annonçait sa décision de confier à une seule direction le développement des deux parcs de Charlevoix, celui des Hautes- Gorges-de-la- Rivière- Malbaie et celui des Grands-Jardins. La nomi-nation du futur directeur et l'adresse administrative de la nouvelle direction n'étaient pas encore connues au moment d'écrire ce texte. La Sépaq mettra aussi cri place une table d'harmonisation pour ces deux parcs. À ce forum, elle désire que tous les acteurs soucieux notamment de l'avenir des Hautes-Gorges soient réunis autour d'un objectif commun:

laisser la nature évoluer à son rythme et ainsi redonner au pays de Menaud, la liberté dont il rêvait tant.

Citations tirées de Félix-Antoine Savard, Menaud, maitre draveur, Les Éditions Fides, 1978.

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LE NATURALISTE CANADIEN, VOL 124 N' 2 ÉTÉ 2000

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Section de la réserve écologique de la Matamec.