2.3 Absorption en micro-r´eacteur
2.3.3 Micro-r´eacteurs `a dispersion de phase
Les micro-r´eacteurs `a dispersion de phase sont g´en´eralement compos´es d’un syst`eme
d’alimentation permettant la dispersion d’une phase dans l’eau et de micro-canaux. Ces
dispositifs destin´es au m´elange ont ´et´e d´evelopp´es pour mettre en contact deux fluides
immiscibles afin de produire des dispersions sur des ´echelles de taille inf´erieures au
mil-lim`etre. Ils sont par exemple utilis´es pour r´ealiser des r´eactions en phase liquide
(cataly-tiques et non-cataly(cataly-tiques) ou en phase gazeuse (oxydation, hydrog´enation) [30].
Plusieurs principes de m´elange peuvent ˆetre appliqu´es (figure 2.9) [31] :
– la lamination en parall`ele permet de diviser les deux flux d’entr´ee en multiples
flux qui se recombineront deux `a deux dans une seule sortie. On produit ainsi un
arrangement de couches de tr`es faible ´epaisseur qui permettent une diffusion rapide.
– la lamination en s´erie (aussi appel´ee ≪ split-and-recombine≫) est bas´ee sur la
r´ep´etition d’une mˆeme s´equence qui consiste en la division du flux central en deux
flux secondaires qui sont recombin´es par la suite.
– l’injection de nombreux flux d’une phase dans l’autre permet aussi le m´elange ou
Entrée
gaz
Sortie
gaz
Joint
Maillage
Joint
Sortie
liquide
Entrée
liquide
Figure 2.9 – Sch´ema des diff´erents principes de m´elange possibles. Source : IMM.
Ces principes sont appliqu´es pour la conception de diff´erentes technologies de
micro-m´elangeurs. Les micro-m´elangeurs avec jonction en T, en Y ou≪flow-focusing≫utilisent
le principe de lamination parall`ele pour m´elanger deux fluides miscibles mais sont aussi
efficaces pour r´ealiser des dispersions. Ils peuvent servir `a r´ealiser des ´emulsions dont les
propri´et´es sont bien contrˆol´ees [32]. En tant que contacteurs gaz-liquide, on les trouve
souvent coupl´es `a un micro-canal qui sert `a prolonger le temps de contact entre les phases.
Le principe de lamination en s´erie est appliqu´e dans les micro-m´elangeurs Caterpillar et
StarLaminator produits par l’Institut f¨ur Mikrotechnik Mainz.
Micro-canal
Les ´ecoulements en micro-canaux sont r´egis par des ph´enom`enes diff´erents des ´ecoulements
en conduites de taille macroscopique. Premi`erement, l’importance des forces de surface
vis-`a-vis des forces volumiques augmente de mani`ere significative. Deuxi`emement, les
nombres de Reynolds sont g´en´eralement faibles et le r´egime est le plus souvent laminaire
(les forces visqueuses l’emportant sur les forces inertielles). Enfin, les ph´enom`enes li´es
aux parois du canal ne sont plus n´egligeables et leur texture et mouillabilit´e influe sur
l’´ecoulement.
Des observations visuelles ont montr´e que les ´ecoulements diphasiques en
micro-canaux prennent des formes similaires `a celles des mˆemes ´ecoulements observ´es en
macro-canaux. Comme on l’a ´evoqu´e plus haut, les transitions entre les diff´erents r´egimes
d’´ecoulement sont tributaires des propri´et´es physico-chimiques du syst`eme. On peut
ce-pendant repr´esenter un sch´ema global dans un espace dont les axes sont les vitesses de
chacune des phases (figure 2.10).
UL
UG
Régime dominé
par les forces de
tension de surface
Régime
intermédiaire Régime dominé par les forces inertielles
Figure 2.10 – Carte des ´ecoulements gaz-liquide en micro-canal. [25]
A faible d´ebit de gaz, ce sont les forces de tension de surface qui sont pr´epond´erantes.
Lorsque la vitesse du liquide est significativement plus ´elev´ee que celle du gaz un ´ecoulement
dit ≪`a bulles ≫ (≪bubbly flow ≫) se forme. On y observe des bulles de gaz de taille
inf´erieure aux dimensions du canal. A param`etres fix´es, c’est la forme de l’injecteur de
gaz qui d´ecide de la taille des bulles. Lorsque les deux d´ebits sont faibles, on observe
un ´ecoulement `a bouchons dit ≪de Taylor≫ (aussi appel´e ≪slug flow ≫ ou ≪
intermit-tent flow ≫) qui se caract´erise par l’alternance de bulles allong´ees de diam`etre ´equivalent
sup´erieur aux dimensions du canal et de ”bouchons” de liquide. La disposition des deux
phases implique que la dispersion axiale est faible.
En augmentant la vitesse du gaz par rapport `a celle du liquide, l’augmentation de la
fraction de gaz conduit `a la coalescence des bulles dans un r´egime qualifi´e de≪
bouchon-annulaire≫ (≪Taylor-annular flow ≫). Le centre du canal est alors occup´e par le gaz
tandis qu’un film liquide d’amplitude variable se d´eplace contre les parois. Lorsque la
vitesse du gaz est tr`es sup´erieure `a celle du liquide, ce r´egime se stabilise pour devenir
purement annulaire. Lorsque les deux d´ebits sont importants, l’interface gaz-liquide est
perturb´ee et de petites bulles de gaz se forment dans le liquide. L’´ecoulement est alors
qualifi´e d’h´et´erog`ene (≪churn flow ≫ en anglais).
Parmi ces diff´erents r´egimes c’est l’´ecoulement annulaire qui g´en`ere l’aire interfaciale la
plus importante. Cependant, c’est le r´egime de Taylor qui a ´et´e le plus ´etudi´e, notamment
parce qu’il permet la plus grande variation des conditions op´eratoires (voir figure 2.10).
transfert de matière
LB LS
UB
Figure 2.11 – Repr´esentation sch´ematique du transfert de mati`ere en ´ecoulement de
Taylor.
Les param`etres influant sur le transfert de mati`ere sont (figure 2.11) :
– l’hydrodynamique dans la phase liquide
– la forme, la taille (LB) et la vitesse des bulles (UB)
– la taille des bouchons liquides (LS) et l’´epaisseur du film liquide `a la paroi (δ).
Les d´ebits ´etant faibles, l’´ecoulement est majoritairement laminaire, ce qui est `a
priori un frein au transfert de mati`ere. Cependant, si la dispersion axiale est fortement
d´efavoris´ee `a cause de la pr´esence de bulles, le m´elange radial n’est pas n´egligeable.
G¨untheret al. [33] ont utilit´e laµ-PIV pour ´etudier le m´elange dans les bouchons liquides
d’un ´ecoulement ´ethanol-air en micro-canal. Ils observent une recirculation importante
qui peut ˆetre am´elior´ee en imposant des m´eandres sur le parcours de l’´ecoulement. Ce
mouvement au sein de la phase liquide a une influence sur le transfert de mati`ere puisqu’il
contribue au renouvellement de l’interface gaz-liquide.
Lorsque les bulles se d´eplacement lentement, la r´epartition des phases dans le canal est
r´egie par la tension interfaciale. Les extr´emit´es des bulles sont alors quasi-h´emisph´eriques.
Lorsque le d´ebit de gaz augmente, l’´epaisseur du film `a la paroi augmente et la bulle se
d´eforme. La longueur des bulles et des bouchons de liquide d´epend surtout des conditions
d’entr´ee dans le canal car l’importance des forces de tension de surface permet d’´eviter
les ph´enom`enes de coalescence ou la rupture [28].
La quantification du transfert de mati`ere passe souvent par l’expression du
coeffi-cient volum´etrique de transfert kLa. Bercic et Pintar [34] ont d´etermin´e un coefficient
global pour l’absorption du m´ethane dans l’eau en ´ecoulement de Taylor et d´evelopp´e
une corr´elation qui donne des valeurs de l’ordre de 0,25s−1. La plupart des autres ´etudes
consid`erent des contributions s´epar´ees de la part des extr´emit´es des bulles en contact
avec les bouchons de liquide et du corps de la bulle en contact avec le film. C’est la partie
en contact avec le film qui produit l’aire interfaciale la plus importante (d`es lors que la
longueur de la bulle est sup´erieure au diam`etre du canal). L’´epaisseur du film ´etant faible,
la concentration de saturation est rapidement atteinte. Pohorecki et al. [35] pr´econisent
que le crit`ere suivant doit ˆetre respect´e pour ´eviter ce ph´enom`ene :
LB
UB <<
δ2
D (2.26)
o`u D est la diffusivit´e du gaz dans le liquide dans le cas d’une absorption physique et la
diffusivit´e du co-r´eactif dans le cas d’une absorption chimique avec r´eaction instantan´ee.
Yue et al. [36] ont ´etudi´e l’absorption du dioxyde de carbone dans un micro-canal.
Pour l’absorption physique, ils ont observ´e que le coefficient volum´etrique de transfert
kLa augmente avec les d´ebits dans les deux r´egimes ´etudi´es : Taylor et annulaire et ont
d´evelopp´e une corr´elation du nombre de Sherwood en fonction deReG,ReL etScL dans
ces deux cas. Par absorption chimique dans un tampon de carbonates, ils ont trouv´e une
tendance identique et une valeur de kLa l´eg`erement plus faible `a cause de la plus faible
diffusivit´e du CO2 dans le tampon. L’absorption de CO2 dans une solution de soude a
permis de d´eterminer l’aire interfaciale et de montrer qu’elle augmente avec le d´ebit de
gaz via l’augmentation de la longueur des bulles. La valeur de kL d´eduite par division
augmente avec le d´ebit de liquide.
La figure 2.12 positionne les capacit´es des micro-canaux en terme de kLa et a par
rapport `a des contacteurs gaz-liquide plus conventionnels.
Micro-canal
Mélangeur statique
Venturi
Canal
Colonne à garnissage
Cuve agitée
Colonne à bulle
Réacteur à écoulement Taylor-Couette
Micro-canal
Venturi
Canal
Cuve agitée
Colonne à garnissage
Réacteur à écoulement Taylor-Couette
Mélangeur statique
Colonne à bulle
kLa (s-1)
a (m-1)
Typ
e
de
co
nt
act
eu
r g
az-liq
ui
de
Figure 2.12 – Coefficient volum´etrique de transfert de mati`ere kLa (en haut) et aire
interfaciale a (en bas) pour diff´erents types de contacteurs gaz-liquide [37].
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Valorisation du biogaz par purification et par reformage
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