2.4 Absorption dans un m´elange diphasique
2.4.2 R´esultats de la litt´erature
L’une des premi`eres ´etudes sur le sujet [43] ´evalue l’effet de la pr´esence de substances
organiques sur le transfert de l’oxyg`ene dans l’eau. Les auteurs constatent que :
– Le coefficient de transfert cˆot´e liquide kL diminue fortement aux faibles
concentra-tions de produits organiques, puis augmente l´eg`erement avec l’accroissement de la
concentration ;
– La taille des bulles diminue et l’aire interfaciale augmente ;
– La valeur de kLa en fonction de la concentration de produits organiques prend en
compte ces deux effets antagonistes et pr´esente une allure similaire `a celle de kL
seul.
Tous les produits organiques utilis´es sont des tensio-actifs qui agissent sur l’interface
gaz-liquide. Leur pr´esence rigidifie l’interface et diminue la circulation du liquide dans la
couche limite. Elle permet n´eanmoins de stabiliser de plus petites bulles de gaz, ce qui a
pour effet d’augmenter l’aire interfaciale.
Yoshida et al. [39] obtiennent des valeurs de kLa pour l’absorption d’oxyg`ene dans
diff´erentes ´emulsions en cuve agit´ee. Selon la nature de la phase huileuse, ils observent
deux types de cons´equences sur le coefficient de transfert. Le trac´e du rapport kLaΦ6=0
kLaΦ=0 en
fonction de la fraction d’´emulsion permet de visualiser ces effets (figure 2.16).
Yoshida et al (Kerosène)
Yoshida et al. (Toluene)
Yoshida et al. (acide oléique)
Yoshida et al. (Toluene)
kL
a
/
kL
a0
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
Fraction de phase dispersée
0 0,05 0,1 0,15 0,2
Figure 2.16 – Variation de kLa suite `a l’ajout de diff´erentes quantit´es de produits
orga-niques dans les travaux de Yoshidaet al. [39].
On constate :
– une diminution de kLapour l’ensemble des fractions de phase dispers´ee test´ees (de
Φ = 0 `a Φ = 0,2) pour la paraffine et le k´eros`ene ;
– une diminution de kLaaux fractions tr`es faibles (Φ<0,02) puis une augmentation
pour le tolu`ene et l’acide ol´eique.
Certaines phases organiques permettent donc une am´elioration des conditions de
trans-fert tandis que d’autres les affaiblissent. Les auteurs utilisent le coefficient d’´etalement
pour expliquer ces deux types de comportement : le tolu`ene et l’acide ol´eique ont un
coef-ficient d’´etalement positif, ce qui signifie que s’ils rencontrent une bulle de gaz, ils auront
tendance `a s’y ´etaler pour former un film autour de la bulle. Au contraire, la paraffine
et le k´eros`ene, qui pr´esentent un coefficient d’´etalement n´egatif, ne formeraient que des
gouttelettes `a la surface des bulles, r´eduisant la coalescence de ces derni`eres mais aussi le
renouvellement du liquide `a la surface de la bulle.
Linek et Benes [42] pr´esentent une ´etude similaire `a celle de Yoshidaet al. Le montage
utilis´e permet d’´evaluer l’aire interfaciale de contact gaz-liquide et d’obtenir des valeurs
de kL (figure 2.17). D’autre part, les exp´eriences couvrent toute la gamme des fractions
volumiques : de l’eau pure `a l’huile pure.
Linek et Benes (acide oléique)
Linek et Benes (n-alcanes)
kL
/kL
0
0
0.25
0.5
1
1.25
1.5
Fraction de phase dispersée
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Figure 2.17 – Variation de kL suite `a l’ajout de diff´erentes quantit´es de produits
orga-niques dans les travaux de Linek et Benes [42].
Dans le syst`eme eau-n-alcane dont les propri´et´es physico-chimiques sont similaires `a
celles du syst`eme eau-k´eros`ene, le coefficient de transfert kL reste globalement constant
jusqu’`a l’inversion de phase (autour de Φ = 0,17) puis augmente lin´eairement. En
com-paraison avec les donn´ees de kLa publi´ees par Yoshida et al., il apparait que c’est l’aire
interfaciale qui diminue. Ce r´esultat est mis en relation avec le coefficient d’´etalement
n´egatif de ce syst`eme. Dans le syst`eme eau-acide ol´eique, le coefficient de transfert kL
di-minue brusquement aux faibles fractions de phase organique, puis augmente lin´eairement.
La diminution initiale est attribu´ee `a une r´esistance au transfert accrue, due `a
l’accumu-lation de mol´ecules d’acide ol´eique `a l’interface. Pour retrouver les valeurs dekLapubli´ees
par Yoshida et al., l’aire interfaciale doit augmenter.
Bruining et al. [44] s’int´eressent `a l’intensification du transfert gaz-liquide en
par-tant de l’exemple de l’intensification observ´ee par des particules solides en suspension.
L’oxyg`ene est absorb´e dans une ´emulsion aqueuse de d´ecane ou de cyclohexane. Il est fait
usage de tensioactifs pour stabiliser l’´emulsion et r´eduire la taille des gouttelettes. Les
exp´eriences men´ees montrent que :
– l’effet navette augmente avec la fraction de phase organique,
– l’effet d’intensification diminue lorsque le transfert est acc´el´er´e par la r´eaction
chi-mique.
Les auteurs concluent que pour observer une intensification notable du transfert, les
gouttelettes doivent avoir un diam`etre inf´erieur `a l’´epaisseur du film de diffusion et le gaz
doit pr´esenter une forte affinit´e pour la phase dispers´ee.
Des r´esultats pour l’absorption de CO2 et de prop`ene dans une ´emulsion eau-tolu`ene
sont pr´esent´es par Littel et al. [41]. Un mod`ele est d´evelopp´e pour ´evaluer le facteur
d’intensification. Les deux hypoth`eses principales sont :
– la phase dispers´ee n’est jamais en contact direct avec le gaz ;
– les phases continue et dispers´ee sont `a l’´equilibre.
Le mod`ele est test´e `a l’aide de deux exp´eriences. Une exp´erience d’absorption en cuve
agit´ee avec une interface plane et une exp´erience en film laminaire. Seuls les r´esultats de
la deuxi`eme exp´erience s’accordent avec le mod`ele. Les facteurs d’intensification obtenus
lors de la premi`ere exp´erience sont plus ´elev´es que ceux obtenus par le mod`ele et, `a
fraction de phase dispers´ee constante, ils diminuent lorsque l’agitation augmente. Les
auteurs expliquent ces ph´enom`enes par la formation `a la surface de la cuve agit´ee d’un
film de tolu`ene qui n’a cependant pas ´et´e observ´e directement.
Van Ede et al. [45] ´etudient l’absorption d’oxyg`ene dans une ´emulsion eau-oct`ene.
Un mod`ele bas´e sur la th´eorie du film prend en compte la position et la quantit´e de
phase dispers´ee dans le film `a l’interface gaz-liquide (Film Variable Holdup model). Le
mod`ele repr´esente bien l’exp´erience (ainsi que les donn´ees de [41] et[44]) malgr´e deux
param`etres non mesurables. L’article pointe la n´ecessit´e pour aller plus loin d’obtenir des
informations sur la position et la distribution de tailles gouttelettes `a l’interface.
Dans la th`ese de A.H.G. Cents [46], on trouve une ´etude de l’absorption de CO2 dans
des ´emulsions eau-tolu`ene/dod´ecane/heptane/1-octanol. Des valeurs dekLasont obtenues
par la m´ethode de ≪Danckwerts plot≫. Celles-ci indiquent une intensification dans le
cas du tolu`ene et de l’octanol mais pas pour le dod´ecane et l’heptane. L’auteur explique
ces observations par la pr´esence ou l’absence de gouttelettes de phase dispers´ee dans
la zone de transfert. On peut ´etablir ici un parall`ele avec l’interpr´etation du coefficient
d’´etalement : en effet, le tolu`ene pr´esente un coefficient d’´etalement positif, tandis que
celui des alcanes est n´egatif. Par la suite, un mod`ele est d´evelopp´e pour une particule
unique dans la zone de transfert. L’influence des param`etres suivants est ´etudi´ee :
– la position de la particule,
– la capacit´e (coefficient de solubilit´e relatif sR et de diffusivit´e relativeDR)
La conclusion de l’´etude est que la distance de la particule `a l’interface (L) repr´esent´ee
par L/δ (δ : ´epaisseur de la couche limite) est un facteur tr`es influent et que seules les
particules r´eellement proches de l’interface jouent un rˆole dans le transfert.
Dumont et Delmas [47] pr´esentent une revue des diff´erentes ´etudes existantes. Les
diff´erents param`etres affect´es par la pr´esence d’une phase liquide dispers´ee sont
exa-min´es. Les m´ecanismes de transfert dans la couche limite (transfert en s´erie, transfert en
parall`ele) sont mis en relation avec le coefficient d’´etalement sans qu’il soit possible de
conclure d´efinitivement sur l’influence de ce param`etre. L’effet de l’addition sur kLa (et
de mˆeme surkLet suras´epar´ement) n’est pas clair puisque les diff´erentes ´etudes donnent
des r´esultats contradictoires. Mˆeme dans le groupe des huiles `a coefficient d’´etalement
po-sitif, la tendance n’est pas toujours la mˆeme. Les auteurs remarquent que le m´ecanisme
le plus ´etudi´e dans la litt´erature est l’effet navette. Ils notent aussi que dans les ´etudes
o`u des valeurs exp´erimentales sont publi´ees, ce m´ecanisme sous-estime d’environ 20 %
le facteur d’intensification. Enfin, une classification des mod`eles d´evelopp´es pour rendre
compte des ph´enom`enes d’intensification est pr´esent´ee.
Table2.4 – Variations du coefficient de transfertkLet de l’aire interfacialeaen fonction
de la fraction de phase dispers´ee et du coefficient d’´etalement report´ees dans la litt´erature.
[47]
Allure dekLa a kL Auteurs
Φ ր
ց ր ց Sharma et Mashelkar [48]
ր Mehta et Sharma [49]
ր ց Das et al. [50]
ց Ju et al. [51]
→ van der Meer et al. [52]
ր ց Lekhal et al. [53]
ց ր Centset al. [46]
S >0 , Φ ր
ց ր Yoshidaet al. [39]
ր ց ր Linek et Benes [42]
→ MacMillan et Wang [54]
ր ց Rolset al. [55]
S <0 , Φ ր
ց Yoshidaet al. [39]
ց → Linek et Benes [42]
ր → Hassan et Robinson [56]
ց ր → Hassan et Robinson [56]
Chapitre 3
Reformage
3.1 Introduction
La conversion directe du m´ethane (qu’il provienne du gaz naturel ou du biogaz) en
mol´ecules d’int´erˆet pour l’industrie chimique est difficile `a r´ealiser, principalement `a cause
de l’importance de l’´energie de la liaisonCH3−H(439,3 kJ/mol). Les ´etudes de conversion
directes en restent au stade exp´erimental ([57]). Au contraire, la conversion indirecte est
d´ej`a mise en place au niveau industriel. Elle consiste `a produire du gaz de synth`ese
(m´elange de CO et de H2) qui est un pr´ecurseur pour une grande partie de la chimie
organique industrielle. Il est notamment utilis´e pour la production de m´ethanol et de
carburants liquides via la synth`ese Fischer-Tropsch. Le tableau 3.1 ´etablit la liste des
diff´erents proc´ed´es existants.
Table 3.1 – Les proc´ed´es de reformage du m´ethane et les r´eactions associ´ees.
Proc´ed´e ∆H0
298(kJ.mol−1)
Reformage `a la vapeur (Steam reforming)
(1) CH4+H2O =CO+ 3H2 206
(2) CO+H2O =CO2+H2 -41,0
Reformage au CO2 (Dry reforming)
(3) CH4+CO2 = 2CO+ 2H2 247
(-2) CO2+H2 =CO+H2O 41,0
Oxydation partielle (Partial Oxidation)
(4) CH4+12O2 =CO+ 2H2 - 38,1
Reformage autotherme (Autothermal Reforming)
(5) CH4+32O2 =CO+ 2H2O - 520
(1) CH4+H2O =CO+ 3H2 206
Vapeur Eau de
refroidis-sement
Gaz de
synthèse
Condensat
Gaz de combustion
Désulfuration
Carburant
Air
Vapeur
Gaz naturel
Vapeur
Figure 3.1 – Sch´ema d’une unit´e de vaporeformage [58].
3.2 Proc´ed´es
Dans le document
Valorisation du biogaz par purification et par reformage
(Page 41-48)