• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

III. METHODES DE GESTION DES POPULATIONS DES RAVAGEURS

Plusieurs méthodes sont utilisées pour contrôler les populations de ravageurs dans les stocks des denrées alimentaires et principalement la lutte chimique qui malgré ses effets écotoxicologiques sur l’environnement et sur la santé humaine reste à court et à moyen terme, la plus efficace pour assurer une protection efficiente des stocks. Mais des méthodes alternatives tels que les biopesticides d’origine végétale sont également utilisées particulièrement en Afrique. Dans cette partie, l’accent sera uniquement mis sur ces deux méthodes de lutte.

1. Les méthodes de lutte chimique et leurs conséquences

Les traitements insecticides souvent pratiqués dans les cultures de légumineuses alimentaires pendant la croissance végétative sont pour la plupart effectués pour lutter contre les défoliateurs, les foreurs de tiges et les ravageurs des bourgeons et des boutons floraux. Mais ces traitements ne sont pas appliqués en période de récolte et permet aux ravageurs de gousses et de graines de se retrouver dans les produits de récolte. En conditions de stockage, la lutte chimique contre les déprédateurs de légumineuses est assurée par deux groupes d’insecticides :

- les insecticides de contact : ce sont des produits de synthèse qui pénètrent dans les tissus de l’insecte. Les plus recommandés dans la plupart des pays africains sont la Deltaméthrine (K-Othrine, Sofagrain), un pyréthrinoïde de synthèse qui peut être associé aux organophosphorés tels que le Malathion, le Pyrimiphos – méthyle (Actellic), le Fénitrothion ou à d’autres pyréthrinoïdes telles que les Pyréthrines. Cependant en milieu rural, les paysans utilisent certains produits prohibés tels que les organochlorés notamment le Lindane et le DDT pour la conservation de longue durée principalement des graines destinées à la commercialisation et les semences.

- les fumigants : ce sont des produits insecticides qui agissent sur le système respiratoire des insectes (Dreuse, 1980 ; Champ et Dyte, 1976). Ils sont utilisés pour traiter des quantités plus importantes de graines et sont plus indiqués pour le traitement des légumineuses alimentaires car leurs graines portent toutes les formes de contamination des bruches avant leur stockage dans les greniers ou les silos étanches. Ces produits agissent à l’état de gaz mais sont commercialisés sous forme solide. Ce sont les pastilles de Phosphine, le Phosphure

Cardona et Karel, 1990 ; Singh et al., 1990 ; Ly, 1980).

Ces insecticides de contact et ces fumigants conventionnels admis dans nos pays africains quand bien même ils sont très efficaces sur les ravageurs (Alzouma et al., 1996 ; Ly, 1980) sont onéreux et d’utilisation peu pratique pour les paysans africains (Bal, 1992 ; Seck, 1992 ; Van Huis, 1991). Ils présentent par ailleurs des dangers pour le bien être de l’utilisateur, du consommateur et pour l’environnement (Alzouma et al., 1996 ; Kossou et Aho, 1993 ; Waage, 1992 ; Haines, 1984). En effet, certains de ces fumigants participent à la destruction de la couche d’ozone (WMO, 1995). Selon Daxl et al. (1995), la plus grande partie de la matière active (99%) des produits chimiques utilisés contre les ravageurs sont très toxiques et polluent l’environnement ; il n’y a que seulement 1% de cette matière active qui atteint réellement les insectes nuisibles. Ces produits, parfois non spécifiques sont utilisés à des doses inadéquates. Leurs résidus peuvent créer un déséquilibre des écosystèmes en affectant la chaîne alimentaire (Ramade, 1979). En outre, leurs produits de dégradation peuvent persister dans le corps des animaux, même celui de l’Homme pendant des années (Labeyrie, 1981 ; Ly et Diop, 1980) causant ainsi des cancers, des malformations congénitales ou des transformations génétiques (Garry et al., 1989). Les résidus peuvent aussi avoir des effets néfastes sur la fertilité du sol en éliminant la faune utile endogée (Séri-Kouassi, 2004). L’utilisation des insecticides de synthèse peut par ailleurs entraîner le développement de phénomène de résistance chez les déprédateurs de légumineuses alimentaires (Bell et Wilson, 1995; Chaudhry, 1995 ; Poirié et Pasteur, 1991) et provoquer aussi l’élimination des ennemis naturels qui sont des organismes utiles (Waage, 1992 ; Haines, 1984). Cette élimination des ennemis naturels peut conduire non seulement au phénomène de réapparition du ravageur mais aussi à sa pullulation.

Face à ces dangers que représente l’utilisation des produits chimiques de synthèse, il s’avère indispensable de rechercher des méthodes alternatives de lutte, moins nocives et moins coûteuses contre les déprédateurs des denrées stockées dans nos pays africains au sud du Sahara.

2. Mise au point des méthodes alternatives avec les produits dérivés des plantes

De nos jours, la lutte contre les ravageurs des produits agricoles entre dans une nouvelle phase avec le regain d’intérêt pour les biopesticides d’origine végétale. Daglish et al.

Seth W. Nyamador (2009) Revue Bibliographique

et les fumigants, le succès des traitements des bruches n’est pas garanti et que les recherches sur le contrôle de leurs populations se poursuivent. Certains de ces pesticides induisent dans bien de cas le phénomène de la résistance chez les insectes traités et ont des effets néfastes sur l’environnement et la santé du consommateur (Ketoh, 1998). De nouvelles perspectives, à base d’insectides biologiques ou naturels ayant une faible répercussion écologique sont ainsi, entrain de se développer. Ces substances naturelles d’origine végétale sont constituées de molécules organiques biodégradables. Ce sont les métabolites secondaires des plantes et leurs dérivés. De nombreuses stratégies de lutte contre les ravageurs sont donc élaborées à partir de ces substances naturelles. Ainsi, les biopesticides phytochimiques sont utilisés de diverses manières :

- les organes entiers : ce sont généralement des rameaux feuillés qui sont disposés en couches alternes dans la masse de graines.

- les poudres de plantes entières ou d’organes végétaux sont utilisées pour l’enrobage des graines à traiter. Cette formulation reste toutefois difficile à appliquer à grande échelle ; la répartition de la poudre n’étant jamais uniforme dans la masse de graines. On note par ailleurs, un entraînement des particules vers le fond de la structure de stockage laissant ainsi les graines en surface sans protection (Ketoh, 1998). L’énorme quantité de matière première à utiliser dans ce traitement limite l’utilisation de cette formulation en dehors du laboratoire (Taylors, 1974).

-les extraits bruts de plantes sont obtenus par extraction au solvant suivie de son évaporation. On obtient ainsi des extraits concentrés que l’on peut utiliser dans les traitements phytosanitaires. L’utilisation des extraits bruts standardisés est plus rentable que celle des composés purs, le coût de production étant réduit (Arnason et al., 1992). L’effet synergique d’autres composés présents dans les extraits bruts renforce l’activité du principe actif (Nuto, 1995). Toutefois, l’action des composés antagonistes n’est pas à exclure.

Divers insecticides sont donc recommandés pour réduire les dommages causés par C. maculatus en conditions de stockage. En milieu rural, les graines de niébé sont généralement conservées avec des produits d’origine végétale. L’action de ces produits est destinée à empêcher le développement des œufs ou leur adhérence aux graines de niébé (Bilal, 1987), à réduire la durée de vie des adultes (Glitho et al., 1997 ; Nuto, 1995) ou encore à empêcher tout mouvement de ces adultes à l’intérieur de la masse de graines (Zehrer, 1987). A la récolte, 2% environ des graines portent toutes les formes de contamination. Ce taux passe à 30% un mois après (Glitho et Nuto, 1987). Un traitement curatif précoce est le mieux indiqué

conservation des graines de niébé en conditions de stockage doivent être efficaces sur plusieurs stades de développement de l’espèce (Fatope et al., 1995).

Traditionnellement, les paysans utilisent les plantes aromatiques pour protéger les denrées stockées. Les huiles essentielles extraites de ces plantes ont en effet un potentiel insecticide et insectifuge qui parfois n’est pas suffisamment étudié pour une utilisation rationnelle de ces plantes dans la conservation des récoltes. Les huiles essentielles sont composées de matières volatiles qui agissent par fumigation. Elles atteignent toutes les interstices dans la masse de graines par évaporation et assurent une bonne répartition du biopesticide dans un espace confiné ; elles permettent ainsi le traitement de grands stocks.

Selon Ketoh (1998), le contrôle de la population de C. maculatus par fumigation, peut

s’avérer efficace au cours des traitements en conditions de stockage. La fumigation permet d’atteindre tous les stades de développement du déprédateur. L’utilisation des huiles essentielles extraites de plusieurs plantes aromatiques permet de noter différentes activités biologiques. Leur efficacité par rapport aux insecticides de contact réside dans leurs activités larvicide et ovicide en plus de leur toxicité pour les adultes. Selon Credland (1992), les pesticides utilisés par contact n’ont pas d’effet sur les œufs de C. maculatus.

Les travaux réalisés par Ketoh (1998) sur l’activité biologique de différentes huiles essentielles ont montré que les huiles essentielles de Ocimum basilicum et de Cymbopogon schoenanthus présentaient une action sur tous les stades de développement de C. maculatus et pouvaient donc être utilisées pour la protection du niébé. L’essai de conservation d’un stock de niébé infesté avec tous les stades de développement de l’insecte, réalisé par cet auteur au laboratoire, a montré que ces deux huiles essentielles contrôlaient parfaitement le développement de la bruche dans un milieu confiné en verre avec une seule application d’huile essentielle. Cependant, dans une structure de stockage moins étanche, comme le grenier en argile, Ketoh (1998), a observé que seule une application répétée de l’huile essentielle a réduit de manière significative, le nombre d’individus à la génération F1 ainsi que les dégâts. Cet auteur a conclu sur la nécessité de renforcer l’étanchéité des structures traditionnelles de stockage pour permettre de réduire au cours de la conservation du niébé, le nombre d’applications des huiles essentielles par fumigation.

Seth W. Nyamador (2009) Revue Bibliographique

- la sélection variétale basée sur une augmentation des substances antinutritionnelles contenues dans la graine de niébé enfin d’inhiber le développement des larves de bruches (Ofuya et Credland, 1995a ; 1995b)

- la pertubation de la relation entre la plante-hôte et le ravageur ou sa physiologie (Philogene, 1992).

- l’élimination des insectes. Cette dernière option est pour le moment la plus couramment utilisée compte tenu des moyens disponibles en milieu rural (structure de stockage, techniques de traitement) et de l’état de la recherche sur les médiateurs chimiques en Afrique (Ketoh, 1998).

Plusieurs pesticides sont utilisés dans la lutte contre les ravageurs de culture et de stock. Ces pesticides constitués pour la plus part des produits de synthèse, peuvent être aussi d’origine végétale, minérale ou organique capables d’agir sur la physiologie des insectes. Ils agissent par fumigation, par contact ou par ingestion (Bloomquist, 1999) et provoquent des troubles de comportement aboutissant à la mort de l’insecte.

IV. MECANISMES D’ACTION DES COMPOSES D’ORIGINE VEGETALE :

Documents relatifs