• Aucun résultat trouvé

Mesures de l’exposition due aux stations de base sur des réseaux 5G opérationnels

Dans le document RAPPORT d expertise collective (Page 93-97)

4 Données d’exposition à la 5G

4.3 Évaluation du niveau d'exposition dans les bandes de fréquences inférieures à 6 GHz

4.3.4 Mesures de l’exposition due aux stations de base sur des réseaux 5G opérationnels

(France)

4.3.4.1 Mesures effectuées au Royaume-Uni

Des mesures ont été effectuées par l'organisme régulateur des services de télécommunications du Royaume-Uni (Office of Communications – Ofcom) sur 22 sites du pays, et notamment à Londres, Belfast et Cardiff. L'objectif était d'évaluer le niveau d'exposition au voisinage des BS, un résumé succinct en a été publié (OFCOM, 2020). Les zones sélectionnées sont celles où on peut s'attendre à un usage important de la téléphonie mobile, comme des hubs de transport ou des centres commerciaux. Dans ces zones, la 5G est en cours de développement et coexiste avec les réseaux 2G, 3G et 4G.

Les relevés ont été faits dans l'intervalle de fréquences 420 MHz – 6 GHz, grâce à un mesureur de champ connecté à une sonde omnidirectionnelle placée à une hauteur de 1,5 m au-dessus du sol, la technique de mesure étant indiquée dans le rapport de l’Ofcom (OFCOM, 2020). À partir de ces relevés, moyennés sur une période de 6 minutes, en accord avec les recommandations de l’Icnirp (Icnirp, 1998), le champ électrique moyen a été calculé, soit pour chacune des sources potentielles de rayonnement, soit sur toute la largeur de bande. Il faut noter qu'une seule période de 6 minutes a été envisagée, ce qui ne permet évidemment pas de connaitre l'évolution de l’exposition au cours du temps, comme une journée.

Les résultats mentionnés dans ce rapport indiquent que la contribution principale à l'exposition du public provient de l'ensemble des réseaux des générations précédentes. L'exposition due à la totalité des émetteurs ne dépasse pas 1,5 % des valeurs limites recommandées par l’Icnirp (10 W/m2). Si on envisage la bande 5G seule, ce niveau maximum relatif n'est plus que de 0,04 %.

Il faut noter que ce rapport de mesures ne donne pas d'information sur le nombre possible d'UE dans ces zones, ni sur les caractéristiques des BS 5G. Il est indiqué que les mesures ont été faites « au voisinage » de BS, mais sans autre précision sur l'intervalle de distance entre les points de mesure et ces BS. Les valeurs qui viennent d'être mentionnées ne peuvent donc donner qu'un ordre de grandeur des champs moyens dans une zone urbaine, et uniquement en l'état actuel de déploiement de la 5G. Lorsque celui-ci aura été mené à son terme, l'Ofcom prévoit d'effectuer d'autres mesures afin d'obtenir une meilleure représentativité des résultats.

4.3.4.2 Mesures effectuées en Corée du sud

Début avril 2019, les trois opérateurs historiques KT, SKT et LGU+ ont activé leur réseau 5G en Corée du sud. Afin d'avoir une vue d'ensemble de l'exposition en ville et en zone rurale, des campagnes de mesures ont été effectuées par la société Cetim, à la demande de l'Ineris113 (Institut national de l'environnement industriel et des risques), suite à une consultation préalable de l'ANFR pour mettre au point les méthodes de mesure. Les valeurs de champ mesurées et toutes les informations qui sont indiquées ci-dessous sont extraites du rapport Cetim (Cetim, 2019).

Les fréquences d'émission de la 5G sont comprises entre 3,42 et 3,70 GHz et la bande passante allouée aux opérateurs est de 100 MHz, sauf pour LGU+, cette bande étant de

113 le Ministère de la transition écologique et solidaire a commandé à l’Ineris une étude visant à caractériser l’exposition des personnes aux rayonnements émis par les nouveaux réseaux 5G, dans un contexte d’exploitation commerciale déjà effective.

80 MHz. Le nombre de stations KT 5G déployées sur tout le territoire est de 38 999 dont 9 878 à Seoul (hors agglomération) à la date du rapport.

Des campagnes de mesures, notamment à Séoul et à Naji, ont été menées dans divers types d'environnement :

 une zone commerciale urbaine dense, comprenant entre autres une zone d'affaires et une partie souterraine ;

 une zone urbaine avec un quartier commercial, un parc et une zone résidentielle ;

 une zone rurale avec des parties commerciales, administratives et résidentielles.

De plus, d'autres enregistrements ont été effectués soit sur des voies urbaines, le trajet couvrant dans ce cas l'ensemble du centre de l'agglomération de Séoul, soit sur une voie extra urbaine, reliant le centre de Séoul à l'aéroport.

En se déplaçant au sein de ces diverses zones, les enregistrements ont été effectués durant environ 2 h, la fréquence d'échantillonnage étant de 1 point toutes les 3 ou 5 s. À cette fin, 2 exposimètres couvrant la bande 88 MHz – 5 GHz ont été utilisés et programmés pour différencier les types d'émission et mesurer le champ moyen reçu dû à chacun d'eux, de la modulation de fréquence (FM) à la 5G. Les résultats ci-dessous ont été obtenus avec l'exposimètre « Fields at Work / ExpoM-RF ». Le Tableau 14 résume les niveaux mesurés soit sur la 5G seule dans la bande 3,4 – 3,6 GHz, soit sur l'ensemble de la bande de fréquences prenant en compte la totalité des services : GSM, UMTS, LTE, 5G, etc. (« Niveau moyen global »). Rappelons que les niveaux maximums de champ précisés par l'Icnirp pour l'ensemble des bandes sont indiqués sur la Figure 20, ce niveau étant de 61 V/m pour la bande 3,4 – 3,6 GHz.

Tableau 14 : Valeur des champs électriques obtenus dans différentes zones ou sur les trajets concernés

Niveau moyen 5G (V/m)

Niveau moyen global (V/m)

Niveau maximum 5G (V/m)

Zone urbaine dense 0,14 1,8 2,1

Zone urbaine 0,02 0,5 0,3

Zone rurale 0,02 0,3 0,8

Trajet urbain 0,05 0,8 1,5

Trajet extra urbain 0,02 0,3 0,5

Les zones sont définies suivant la surface bâtie et non suivant la densité de population. Source : Rapport Cetim.

Le rapport du Cetim fournit également des résultats concernant la répartition des champs mesurés en fonction des services, qui montrent que la contribution de la 5G à l'exposition totale est loin d'être majoritaire. Signalons enfin que d'autres enregistrements ont été menés sur des lignes ferroviaires ou sur des trajets en voiture et en bus. Les résultats sont du même ordre de grandeur que ceux décrits précédemment.

Il faut cependant souligner que ces résultats ne donnent qu'un ordre de grandeur des champs mesurés dans les diverses zones et ne sont pas extrapolables à d'autres sites. En effet, la puissance des émetteurs, leurs distributions, les distances relatives entre les différentes BS et les points de mesure sur le trajet suivi par le système d'enregistrement, ne sont pas précisées.

De plus, le niveau moyen 5G s'avère très nettement inférieur à celui dû à la 4G et au GSM,

mais aucun commentaire ni explication, basée par exemple sur une comparaison entre les densités de trafic en 4G et en 5G, ne figurent dans le rapport.

4.3.4.3 Mesures sur des sites 5G non encore pleinement opérationnels en France Dans le cadre des expérimentations pilotes pour le déploiement de la 5G autorisées par l'Autorité de régulation des communications et des Postes, des mesures d’exposition ont été réalisées par l'Agence nationale des fréquences (ANFR 2019b, ANFR 2020c) sur un certain nombre de sites radioélectriques avec divers opérateurs, constructeurs, et types d’antennes.

Elles ont été menées dans les villes de Pau, Marseille, Lille, Douai, Bordeaux, Lyon, Nantes, Rouen, Saint-Ouen et Toulouse et dans lesquelles Orange, Bouygues Telecom et SFR effectuent les premiers déploiements pilotes dans la bande 3,4 GHz – 3,8 GHz. Les réseaux d'antennes des BS permettent souvent de réaliser 64 antennes en émission (T) et 64 en réception (R), et sont notés 64T64R. Quelques réseaux 32T32R et un seul 8T8R ont aussi été déployés.

Dans tous les cas, les niveaux de champ ont été évalués en valeur moyenne sur 6 minutes.

On envisagera successivement les configurations suivantes :

 configuration sans trafic ;

 configuration avec trafic continu dans un faisceau bloqué ;

 configuration de transfert de fichiers dans une direction donnée.

Les résultats mentionnés ci-dessous sont extraits du rapport ANFR (ANFR 2020c)114. 4.3.4.3.1 Configuration sans trafic

Il faut d'abord noter qu'avant la mise en route des antennes 5G, aucune émission dans la bande n’a été détectée : les niveaux ont en effet été mesurés à moins de 0,01 V/m, bien inférieurs à 0,05 V/m, seuil fixé dans le protocole de l'ANFR pour définir une émission significative.

Après mise en route mais sans trafic, les seuls signaux émis durant cette phase de

« signalisation » correspondent aux blocs SSB envoyés périodiquement par la BS, ainsi que quelques signaux de référence. Le nombre de faisceaux générés par la BS dans cette phase préliminaire est compris entre 1 et 8, ce nombre étant variable suivant les opérateurs et les sites. Le balayage total de la zone de couverture s'effectue en moins de 2 ms et avec une périodicité de 20 ms.

Le niveau moyen de champ électrique mesuré sur 6 minutes, à des distances variant de 35 m à 200 m de la BS sur les 100 MHz de bande de fréquences des émetteurs, se situe entre 0,01 V/m et 0,6 V/m suivant les sites.

114 ANFR, 2020c. "Evaluation de l'exposition du public aux ondes électromagnétiques 5G. Volet 2 : premiers résultats de mesures sur les pilotes 5G dans la bande 3400-3800 MHz." Rapport ANFR disponible en ligne

4.3.4.3.2 Configuration avec trafic continu dans un faisceau bloqué

Au moment des tests, les BS 5G n’étant pas ouvertes aux abonnés des opérateurs, le trafic a été généré grâce à l'utilisation d'un mode test de la BS et, notamment, d'un équipement mobile de test en réception (CPE pour Customer Premises Equipment).

Dans cette première configuration, la BS envoie un flux de données constant et de façon continue, dans une direction donnée où les mesures de champ sont effectuées. Soulignons que, pour un réseau 5G opérationnel, la probabilité d'occurrence de cette configuration est très faible car cela supposerait que toutes les ressources temps-fréquence de la BS soient utilisées en continu pour un lien descendant à débit maximum dans un seul faisceau. Ceci implique qu'il n'y ait, sur toute la zone couverte par la BS, qu'un seul utilisateur, ou qu'un groupe d'utilisateurs suffisamment près les uns des autres pour que la BS ne puisse utiliser des faisceaux différents pour communiquer avec chacun d'eux.

La liaison étant en mode TDD, il y a des intervalles de temps prévus pour la liaison montante, même si ceux-ci ne sont pas utilisés, et donc durant lesquels aucun signal n'est envoyé par la BS. Dans les différentes configurations qui ont fait l'objet de test, environ ¼ du temps est réservé pour ces liaisons.

- Champ au voisinage immédiat du terminal de réception

Sur l’ensemble des sites considérés, sauf pour une configuration où le terminal CPE était à l'intérieur d'un bâtiment, les mesures du champ électromagnétique réalisées par l'ANFR ont été menées en extérieur, à une hauteur de 1,5 m au-dessus du sol, la BS étant située en visibilité directe du récepteur. Tous les détails précisant la configuration géométrique des essais sont donnés dans (ANFR 2020c). À titre indicatif, mentionnons que les antennes des BS se situent à des hauteurs comprises entre 8 m et 45 m, la distance entre le CPE et la BS étant, dans la plupart des cas, de l'ordre de 120 m.

Pour les mesures ponctuelles qui ont été effectuées, les niveaux de champ électrique mesurés en extérieur et à proximité du CPE et sur différents sites sont compris entre 6 V/m et 9 V/m, pour une transmission sur 100 MHz de largeur de bande et une puissance maximale injectée dans l'ensemble des antennes d'un réseau de l'ordre de 200 W. Pour déterminer la puissance émise dans une direction particulière, il faut multiplier la puissance par le gain du réseau dans cette direction. Sur un site particulier, des niveaux plus faibles ont été obtenus et cela peut s'expliquer par les caractéristiques du faisceau de trafic, comme le gain du réseau, et dont la gestion est au libre choix de l'opérateur.

- Variation du champ autour du CPE

Le terminal CPE étant fixe, le champ a été mesuré à différentes distances de celui-ci. Des fluctuations locales du champ sont observées, dues à des réflexions sur le sol ou sur des bâtiments proches. De façon générale, le champ diminue évidemment si on s'écarte du terminal CPE sur lequel la puissance est focalisée, mais l'allure de cette décroissance qui traduit la « tache au sol » dépend fortement de l'environnement et des caractéristiques du faisceau de trafic.

- Configuration avec transfert de fichier dans une direction donnée

Dans cette configuration, le CPE ou le modem de réception déclenche un téléchargement de fichiers dont les tailles peuvent varier entre 150 Mo et 10 Go. Les essais ont été effectués sur 3 sites. À titre d'exemple, le niveau de champ moyenné sur 6 minutes à proximité du CPE de réception et lors de la réception d'un fichier unique de 1 Go est de 1,1 V/m. Le temps de chargement de ce fichier est de 15 s, ce qui correspond à un débit moyen du lien descendant

de 530 Mbits/s. Durant les 345 s restantes, aucun signal de données n'est donc envoyé par la BS.

Si on extrapolait ce résultat à un téléchargement continu, on trouverait une valeur de champ électrique estimée sur 6 minutes à 5,4 V/m. Cette dernière valeur est proche de celle qui avait été mesurée sur ce site, égale à 6,5 V/m, dans la configuration avec trafic continu dans un faisceau bloqué.

Dans le document RAPPORT d expertise collective (Page 93-97)