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Chapitre 1 Les déchets marins

IV. B. Mesures d’atténuation des risques

La réduction du nombre de déchets est certainement la solution la plus simple et la plus efficace pour diminuer la pollution par les déchets dans le milieu marin. Cela passe par l’élimination des déchets inutiles, notamment les emballages individuels, la réutilisation et l’allongement de la durée

25 d’utilisation des produits. Il est nécessaire d’éradiquer l’obsolescence programmée des objets et les produits à usage unique. Les déchets restant doivent être gérés de façon à limiter leurs rejets intentionnels, par négligence ou par accident. À l’échelle des collectivités, la gestion des déchets peut être améliorée en limitant les possibilités de fuite lors de leurs collectes et transports, ainsi qu’en instaurant des systèmes de stockage fiable et hermétique, à l’opposé des décharges à ciel ouvert. À l’échelle des individus, plusieurs mesures préventives, incitatives ou coercitives peuvent être prises. Enfin, le ramassage des déchets entrés dans l’environnement est fastidieux, coûteux et sans fin, mais nécessaire.

IV.B.1. Mesures préventives

La réduction des déchets passe par une prise de conscience de la problématique des déchets à travers l’éducation et la sensibilisation des citoyens. Pour être efficace, l’ensemble de la problématique doit être abordée, de la production des produits aux conséquences des déchets en mer, ainsi que les solutions de réduction du risque. Outre la théorie, le ramassage des déchets dans les environnements naturels permet de réaliser l’ampleur d’un problème parfois considéré comme anecdotique, accidentel ou restreint aux pays peu développés. De nombreux acteurs, notamment les associations nationales du réseau international Zero Waste, proposent des solutions simples à l’échelle individuelle et collective pour réduire notre production de déchets. Ils mettent à disposition des guides, fiches pratiques et dossiers d’enquêtes, mettent en place des opérations de réparations et d’autres formations, des conférences, des festivals.

IV.B.2. Mesures incitatives

Pour être efficaces, les mesures préventives doivent s’accompagner de dispositifs facilitant la transition vers une société sans déchets, telle que la vente en vrac, le reconditionnement et la réparation, la mutualisation, l’échange et la location. Ces alternatives sont parfois plus coûteuses que les achats conventionnels, et des incitations monétaires pourraient les rendre plus abordables.

Parmi les incitations monétaires, la consigne des produits afin d’inciter les acheteurs à les ramener en état est plus efficace et moins coûteuse en énergie que le recyclage. Les taxes peuvent également

26 dissuader l’achat et la mise au rebus, tout en créant des fonds de soutien aux solutions alternatives.

En France, il existe une taxe générale sur les activités polluantes imputables à chaque tonne de déchets envoyée en décharge ou en incinération. Autres mesures incitatives, l’augmentation du coût de prise en charge des déchets est nécessaire à la fois pour dissuader et pour compenser le coût environnemental des déchets.

IV.B.3. Mesures coercitives

La production de déchets peut également être limitée par les réglementations. Ainsi, la France, tout comme de nombreux pays européens a interdit la production de quelques objets à usage unique : sac plastique à usage unique en caisse en 2016, les cotons tiges en 2018, les gobelets, verres et assiettes jetables en 2020. Enfin, en dernier recours, le rejet des déchets dans l’environnement doit être pénalisé. En France, le décret n° 2015-337 du 25 mars 2015 relatif à l’abandon d’ordures et autres objets prévoit une amende de 80 euros pour le rejet de détritus sur la voie publique. Plusieurs conventions internationales ont pour objectif de prévenir et de réduire la pollution en mer par les déchets, notamment MARPOL au niveau mondial et la convention de Barcelone en Méditerranée (Chap 1.I). En France, des efforts à l’échelle locale sur l’application de ces décrets doivent encore être menés.

IV.B.3.a. Collecte des déchets dans l’espace naturel l’environnement

La solution la plus efficace serait de ramasser les déchets au plus tôt, dès leurs entrés dans l’espace naturel, afin de limiter leurs impacts et leurs transformation en petites particules beaucoup plus difficiles à extraire (Chap 2.I.D). Ces ramassages aux niveaux des sources terrestres seraient bien moins fastidieux et coûteux qu’en pleine mer. Ainsi, les collectes dans les cours d’eau, par lesquels transitent les déchets lessivés sur les bassins versants, limiteraient efficacement l’entrée des déchets en mer. Ces mesures sont difficiles à mettre en place sur les fleuves, qui ont une grande importance écologique et peuvent être soumis à de trop fortes turbulences lors des crues. Les fossés et les

27 canaux, artificialisés, chenalisés et facilement accessibles par les services techniques, semblent plus propices à l’accueil de dispositif de collecte à l’échelle du bassin versant.

Finalement, le ramassage dans l’environnement marin, bien que beaucoup plus coûteux, peut s’avérer nécessaire mais sur des lieux de déposition et de concentration bien précis comme les plages (UNEP et GRID-Arendal, 2016). Andrady (2017) estime que le ramassage des plastiques sur les plages limite l’introduction de microplastiques en mer, car les conditions d’échouage sont plus favorables à la dégradation. De nombreux programmes et associations réalisent des ramassages sur les plages, et le programme « World CleanUp Day », ayant pour but de fédérer toutes ses initiatives autour d’un ramassage annuel simultané aurait rassemblé environ 5 % de la population mondial en 2014. À la surface des océans, un programme « The Ocean Cleanup » se distingue par son ambition à nettoyer des déchets les gyres océaniques (Fig. 1.11). Le prototype mis en place en 2018 agit comme un barrage flottant concentrant les particules, qui doivent ensuite être récupérées par bateau.

Ce type de structure fait pollémique (Stokstad, 2017), car il pourrait également piéger des organismes marins accidentellement. Il a néanmoins déjà contribué à l’accroissement des connaissances sur les déchets marins par le biais de 7 publications scientifiques internationales.

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Figure 1.11. Prototype de collecte des déchets flottants du projet The ocean clean up (https://www.theoceancleanup.com/). A) Les courants déplacent le système plus vite que les déchets qui sont capturés au centre du système. B) Sa forme en U et son écran sous la surface regroupent le plastique au centre du système. C) Un bateau vient collecter les déchets. D) Les plastiques sont triés sur le continent.

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