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D. Principaux secteurs producteurs de déchets plastiques

Chapitre 1 Les déchets marins

V. D. Principaux secteurs producteurs de déchets plastiques

L’industrie du plastique, en tant que producteur primaire est chronologiquement la première source de plastiques aux écosystèmes. Les objets plastiques sont formés à partir de granulés de préproductions de plastique. Ces granulés sont fabriqués en raffinerie à partir de pétrole puis transportés vers des usines de conversions où ils sont fondus, extrudés ou moulés et transformés en objets. Des pertes sont possibles lors du transport, mais aussi lors de la production et de la conversion, notamment par nettoyage. Les étapes de finitions, telles que la découpe et l’extrusion, peuvent créer des fragments de toutes tailles.

Le principal secteur utilisateur de plastique et probablement générateur de déchets plastiques est l’emballage, dont la production représente environ 40 % de la production européenne de plastique

36 (fibres exclues). Ces emballages sont utilisés principalement dans l’emballage alimentaire et les boissons, notamment dans les secteurs de la restauration rapide, de la grande distribution et de l’embouteillage. Ces types de plastique ont une durée d’utilisation très courte et sont des déchets très communs. Ainsi, parmi les 10 objets les plus trouvés lors de l’initiative internationale pour le nettoyage des côtes de 2017 (Ocean conservancy, 2018), 6 furent des emballages et contenants pour la nourriture et les boissons. Lors des ramassages annuels (2015, 2017 et 2018) sur la plage « La crouste » en contact avec l’embouchure de la Têt (Pyrénées-Orientales, Golfe du Lion, France), environ 80% des déchets collectés et identifiés (norme DCSMM) sont des plastiques d’emballage (données CITECO66).

Le second secteur le plus consommateur de plastique est le secteur du Bâtiment Travaux Publics (BTP). Le plastique y est utilisé notamment pour l’isolation, les canalisations, le décapage, la peinture ou encore la protection des matériaux. Les matériaux isolants, de canalisations et les peintures sont faits pour durer mais des pertes peuvent avoir lieu lors du stockage pour les éléments les plus légers, de la mise en place, des découpes (création de fragments) ou lors de démolition (fragments et gros blocs). Si, les parties les plus grosses ont une chance d’être au mieux recyclées, les fragments eux peuvent être soit incorporés au sol sur place ou emportés par le vent et la pluie.

Le décapage ou enlèvement de peinture se fait à l’aide d’abrasif parfois constitué de plastique. Si aucune mesure n’est prise pour les récupérer, ils finiront dans l’environnement. Enfin, l’emballage des matériaux, même s’ils peuvent être recyclés, sont une source potentielle de fragments, compte tenu des conditions favorables à leurs dégradations (vent, soleil, pluie) lors de leurs stockages en extérieur. Malgré toutes ces sources potentielles, aucun bilan n’existe sur la contribution du BTP aux pollutions plastiques.

Le secteur automobile est le 3ème secteur producteur/utilisateur de plastique. Le plastique permet d’alléger la masse des véhicules et ainsi d’économiser du carburant. La majorité des constituants utilisés est potentiellement recyclable, mais comme précédemment, la fabrication peut générer des fragments. C’est surtout l’utilisation des véhicules qui crée des fragments, notamment par l’abrasion

37 des pneus sur l’asphalte. Ce mécanisme pourrait même être une source majeure de plastique rejeté dans l’environnement. Sur la base des kilomètres parcourus par véhicule ou de la consommation de pneu, Essel et al. (2015) estiment de 60 à 100 mille tonnes par ans le rejet de plastiques issus du transport automobile en Allemagne. Lassen et al. (2015) proposent un chiffre de 2 mille tonnes pour le Danemark et Sundt et al. (2014) de 4,5 mille tonnes pour la Norvège. Dans ces trois études, l’abrasion des pneus est la source la plus importante de plastique rejeté dans l’environnement, parmi les sources étudiées (cosmétiques, textiles, granulés, etc.).

Enfin, dernière source sectorielle importante en Europe, l’agriculture. Les plastiques y sont utilisés dans les films pour les tunnels et les serres, l’ensilage, les filets contre les oiseaux, les insectes et la grêle ou encore l’enrobage des balles de foins est en plastique. De plus, leur utilisation se fait dans des conditions très favorables à leur dégradation (au soleil, avec des actions mécaniques, incluant le labour) et à la création des fragments incorporés au sol ou transportés aux hydrosystèmes par les lessivages (Fig. 1.14). Bien que potentiellement recyclable, la vaste majorité des déchets générés ne l’est pas. À noter que leur utilisation dans l’agriculture mondiale est en expansion, notamment du fait de la Chine, qui représente 90 % des zones couvertes et qui a doublé sa couverture entre 2005 et 2010, avec 1,6 millions de tonnes de plastiques, contre 2-3 millions de tonnes au niveau mondial.

Une autre source de plastiques est les engrais chimiques à diffusion lente ou retardée (controlled-release fertilizers en anglais). Ces nutriments (azote, phosphate, potassium) sont encapsulés dans une cellule plastique afin de les libérer plus progressivement et d’en utiliser moins.

Malheureusement la cellule ne se dégrade pas, et peut entrer dans les écosystèmes aquatiques via le lessivage des sols.

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Figure 1.14. Résidus de films plastiques dans un champ en Chine (Liu et al., 2014).

L’industrie textile n’est pas positionnée dans les statistiques de PlasticEurope mais sa production mondiale, en augmentation constante, était proche de 70 millions de tonnes en 2010 dont 70% en matière plastique. Cela représentait environ 15 % de la production mondiale de plastique soit 50 millions de tonnes de fibres. Hormis la génération de rebuts, plus ou moins recyclés, le textile est une source importante de fibres lors des lessives (Napper et Thompson, 2016).

Bien que les secteurs maritimes ne soient pas référencés parmi les plus gros utilisateurs de plastique, leurs utilisations y sont vastes et variées dans les domaines, incluant le transport maritime, la navigation, la pêche et l’aquaculture. Les déchets de ce secteur peuvent représenter jusqu’à 95 % des déchets retrouvés dans les estomacs de Fulmar boréal (Fulmarus glacialis) dans la mer du Nord (Franeker et al., 2011). La navigation, la pêche et l’aquaculture utilisent pour des raisons économiques, techniques et pratiques du plastique dans la structure des bateaux, les peintures, les filets, les cordages, etc.

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VI. Persistance des déchets plastiques: les

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