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La mesure de la réalité en fonction des quantités 50


Dans le document Les rationalisations du médium numérique (Page 50-52)

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 Des méthodes de la construction idéaltypique 48


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 La mesure de la réalité en fonction des quantités 50


Lorsque vient le temps d’analyser les pratiques sociales et musicales à l’aide d’un médium technique, autrement dit d’un moyen technique servant de support ou d’interface, il est possible de mesurer plusieurs processus d’interaction sociale allant de l’activité économique d’un côté à des analyses plus orientées vers les valeurs morales dont les agents investissent leur activité. L’ensemble de ces pratiques se répercute sur la construction et l’actualisation d’un ensemble non exhaustif de possibilités mise en œuvre par ce médium. Il convient d’insister sur le caractère non exhaustif des pratiques associées à une technologie donnée qui autoriserait malgré tout d’autres pratiques non exploitées. En effet, dans le cadre de la théorie de la construction sociale de la technologie et la conception wébérienne des techniques, les technologies peuvent offrir beaucoup plus de modes d’utilisation que ce qui est employé par les utilisateurs ou suggéré par les concepteurs dans une période donnée, permettant ainsi d’implémenter, au fil du temps, de nouvelles pratiques à partir de dispositifs techniques qui existent déjà. Il s’agit d’un propre au développement des technologies (Bijker et al., 1987; Hughes, 1983).

Dans le cadre de cette étude, des sources de données très variées seront mises à profit afin de tracer un portrait idéaltypique des pratiques ayant cours à l’aide du médium numérique décrivant les utilisations musicales de création ainsi que les modes d’utilisation pour l’écoute. En effet, aussi important est-il de décrire comment les agents produisent la musique et la distribuent, il convient également de découvrir comment un groupe beaucoup plus grand d’agents utilise l’Internet pour d’autres tâches en général. Cette étape permettra de comparer les pratiques proprement musicales ou artistiques aux pratiques plus généralement orientées vers la socialisation en ligne ou la navigation quotidienne, par exemple.

Une première source à mentionner est représentée par les sites de mesure de l’activité sur Internet, j’ai choisi à cet égard les sites Alexa.com, Compete.com et Quantcast.com. Ces sources de données, avant tout quantitatives, permettent de décrire l’activité qui se produit sur un site Internet donné ou de comparer différents sites choisis pour leur ressemblance ou leur distinction. Alexa.com sera grandement employé pour la

simple raison que ce site permet un plus grand choix de mesures sans devoir payer un abonnement. Les sites sélectionnés sont avant tout conçus afin de favoriser le « marketing » ciblé en fonction du profil des visiteurs circulant sur les sites Internet et cherchent par conséquent à rejoindre un auditoire composé d’entreprises désirant tirer profit de revenus publicitaires plus efficaces. Les données extraites de ce site permettent aussi une analyse sommaire des caractéristiques de la population. Il y a toutefois de nombreux problèmes reliés au site Alexa.com qui sert de base pour l’analyse. On a reproché à ce site de ne pas arriver à mesurer convenablement le rang des sites et particulièrement les sites de petite taille tel que mentionné par le site en question :

« Some Important Disclaimers

The traffic data are based on the set of toolbars that use Alexa data, which may not be a representative sample of the global Internet population. To the extent that our sample of users differs from the set of all Internet users, our traffic estimates may over- or under- estimate the actual traffic to any particular site. » (Alexa Internet Inc, 2010a)

Il semblerait que les problèmes soient encore plus importants (Arrington, 2007) puisque ces statistiques sont compilées grâce à une application téléchargée volontairement qui permet de mesurer le trafic tel que généré par les détenteurs de cette application. Il convient d’être prudent lors de l’emploi de telles statistiques. Une bonne technique est de croiser les données obtenues avec d’autres instruments semblables, d’où l’utilisation des trois sites de mesure du trafic Internet.

En plus de ces données, il y a la possibilité d’utiliser de nombreuses statistiques déjà traitées dans des études portant sur les radios hertziennes, mais surtout sur les radios Internet. Certaines études permettent de mesurer l’ampleur de la pénétration des pratiques dites interactives (Lenhart & Madden, 2005; Madden, 2004, 2009; Seelig, 2008); d’autres permettent de comprendre les caractéristiques sociodémographiques des auditoires. Ces derniers sont disponibles sous forme d’articles (Dryburgh, 2001; Madden, 2009; Peterson, 2005; Peterson & Kern, 1996; Sciadas, 2006; Veenhof et al., 2008) ou de bases de données (National Endowment for the Arts, 2003; The Pew Research Center's Internet & American Life Project, 2009). Enfin, il est possible de tirer profit de descriptions des pratiques d’écoute et de diffusion pour les radios hertziennes et les radios Internet (Ahlkvist, 2001; Albarran et al., 2007; Nyre & Ala-Fossi, 2008; Ren & Chan-Olmsted, 2004).

En ce qui concerne les études statistiques concernant les sites de réseaux sociaux sur Internet, des études de Statistiques Canada, du PEW Internet & American Lifestyle Project seront employées. Dans un autre registre, une étude concernant le développement des pratiques amateurs de musique apportera quelques descriptions particulièrement intéressantes pour les pratiques musicales d’un groupe particulier de musiciens non professionnels (Pouts-Lajus, 2004). Il faut toutefois garder à l’esprit la disparité des sources et de la mesure de leur objet. Leurs résultats peuvent difficilement être simplement mis en lien pour en tirer des conclusions. Pour cette raison, des données de type qualitatif seront aussi mises à profit. Ces données permettent de relier les différentes pratiques dans un ensemble cohérent de possibilités et nous aiderons à tracer le contour des idéaltypes des modes de diffusion de musique en ligne sur Internet qu’il faut comparer.

Dans le document Les rationalisations du médium numérique (Page 50-52)