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LA PLAQUETTE SANGUINE

2.3. Structure et anatomie fonctionnelle des plaquettes

2.3.1. La membrane plaquettaire

La membrane plaquettaire présente la structure trilaminaire classique, avec une bicouche phospholipidique composée de 2 feuillets lipidiques (un externe et un interne) asymétriques et différents, maintenant une couche riche en glycoprotéines de membrane. [20]

La membrane plaquettaire est constituée de façon générale de 15% de lipides et de 60 % de protéines, voire même plus. [20]

2.3.1.1 Les lipides membranaires

Ils sont représentés majoritairement par des phospholipides qui constituent environ 80% du total de la composition lipidique membranaire. Le feuillet externe est essentiellement composé de Phosphatidylcholine (PC) et de Sphyngomyéline (SM), tandis que le feuillet

interne contient principalement de la Phosphatidyléthanolamine (PE), de la Phosphatidylsérine (PS) et du Phosphatidylinositol (PI). [14]

L’asymétrie de distribution des lipides confère à la membrane une charge négative localisée essentiellement au niveau du feuillet interne. Suite à l’activation plaquettaire, ces charges négatives basculent du côté du feuillet externe, étape primordiale dans l’hémostase. [25] Lorsque l’on s’intéresse à la composition moléculaire des phospholipides en acides gras, cette dernière est particulièrement riche en acide arachidonique. De la phospholipase A2 est libérée durant l’activation de la plaquette. Ensuite, une cyclo-oxygénase (la peroxydase plaquettaire) entraînera la formation d’endoperoxydes et une thromboxane synthétase permettra de produire des prostaglandines, du malondialdéhyde et de la thromboxane A2. Cette dernière étant par exemple directement impliquée dans le mécanisme d’action des AINS à dose d’antiagrégant plaquettaire, par inhibition de production de ces agents. [25]

Enfin, la membrane contient aussi des lipides neutres dont le cholestérol qui jouent un rôle dans la stabilité membranaire. Toute cette panoplie de lipides réalise une base essentielle à l’activation des facteurs de coagulation.

2.3.1.2. Les systèmes membranaires intracellulaires

Il existe deux système membranaires plaquettaires : le système canaliculaire ouvert connecté à la surface et le système non connecté aussi appelé système tubulaire dense. [26]

Le système canaliculaire ouvert est une sorte d’ensemble de vacuoles ou d’invaginations profondes de la membrane externe réalisant une communication entre les milieux extra et intracellulaires. Il permet d’étendre la surface membranaire extérieure afin d’augmenter les zones de contact et d’échange. En effet, ce système rend plus facile l’étalement des thrombocytes, et permet d’exposer plus de glycoprotéines à la surface, ces dernières jouant un rôle nécessaire lors de l’activation plaquettaire. [25]

Le système tubulaire dense quant à lui correspond au vestige du réticulum endoplasmique lisse (REL) résiduel du mégacaryocyte. Son rôle est multiple et très important. Il contient les enzymes nécessaires à la production de nombreuses prostaglandines à l’origine de la cyclo-oxygénase (COX) et de la thromboxane A2. Le système tubulaire dense joue aussi un rôle

dans la régulation et le transport du calcium intracellulaire libéré lors de l’activation plaquettaire. [26]

Figure 10: Systèmes membranaires plaquettaires [27]

2.3.1.3.Les glycoprotéines de membrane

Les glycoprotéines (GP) présentes à la surface des plaquettes possèdent le rôle le plus important dans la fonction thrombocytaire. En effet, certaines GP ont sont des médiateurs de l’adhésion plaquettaire à la matrice extracellulaire (MEC) tandis que d’autres interviennent dans l’agrégation plaquettaire après activation. [28]

Il n’existe pas moins de 40 protéines identifiées à la surface des thrombocytes, mais l’on retiendra surtout les plus importants en regard de leur fonction : les complexes GP Ib-IX-V, GP IIb-IIIa et GP Ia-IIa, mais aussi les molécules GP V et GP IV. [14]

• Le complexe GP Ib-IX-V constitue le récepteur du facteur von Willebrand (vWF), acteur indispensable lors de l’hémostase primaire et permettant l’adhésion plaquettaire. [28]

• Le complexe IIb-IIIa, qui est le complexe majeur de la membrane plaquettaire (50.000 par plaquette), fait partie de la famille des intégrines. Son rôle réside dans la reconnaissance des molécules à structure RGD (arginine, glysine, aspartique) : cela lui permettra de se lier à de nombreuses molécules dont on peut citer le fibrinogène, la fibronectine, la thrombospondine mais aussi le facteur vWf. Ce complexe intervient dans l’agrégation plaquettaire. [28]

• Le complexe GP Ia-IIa constitue le récepteur du collagène intervenant dans la phase initiale d’adhésion au sous-endothélium. [28]

• La molécule GP IV se lie au collagène et à la thrombospondine tandis que la GP V se lie à la thrombine. [28]

Tableau 2: Principales protéines de la membrane plaquettaire et leur ligand [29]

Protéine Autre dénomination Principal Ligand

Intégrine .2.1 CD49b Collagène

GP VI GMP 140, PADGEM Collagène

GP IV CD36 Collagène - Thrombospondine

Intégrine .5.1 CD49e Fibronectine

Intégrine .6.1 CD49f Laminine

Intégrine .IIb.3 GP IIb-IIIa Fibrinogène (facteur vWF)

GP Ib-IX-V CD42a,b,c Facteur vWF (Thrombine)

PAR Récepteur couplé à la protéine G Thrombine

P2 Récepteur couplé à la protéine G ADP

Il existe aussi de nombreuses autres molécules comme le facteur 3 plaquettaire (F3P), l’ICAM 2 pouvant interagir avec les leucocytes ou encore la P-selectine représentant un marqueur d’activation plaquettaire. Il y a aussi des récepteur tels que le TPO-R spécifique de la thrombopoïétine, des récepteurs PAR pour la thrombine ou encore P2 spécifiques de l’ADP.

La plaquette possède aussi à sa surface de nombreux antigènes plaquettaires spécifiques : de HPA 1 à HPA 13. Nous les détaillerons plus tard lorsque nous aborderons l’immunologie plaquettaire un peu plus bas.

2.3.2. Le cytosquelette

Le cytosquelette est la structure principale regroupant les composants essentiels au fonctionnement, à la forme ainsi qu’à l’activation de la plaquette. [26]

Il est majoritairement constitué de réseau de filaments d’actine enchevêtrés à des protéines diverses. Au niveau cytoplasmique, les filaments sont essentiellement liés à la myosine, la vinculine, la gelsoline, la tropomyosine ou encore l’Actin-Binding-Protein. Ils sont aussi reliés à la partie cytoplasmique du complexe membranaire GP IIb – IIIa, dont le rôle important dans l’agrégation plaquettaire réside dans sa fonction de récepteur du fibrinogène. [26]

Il existe aussi un autre cytosquelette membranaire fait d’enchevêtrement de filament d’actine et d’Actin-Binding-Protein. Ce dernier est relié quant à lui au complexe GP Ib – IX.

La forme discoïde de la plaquette au repos est maintenue grâce à un anneau circonférentiel de 8 à 24 microtubules (tubuline) situé dans la partie périphérique interne de la plaquette. Cette structure se désassemble après activation du thrombocyte. Lors de l’activation plaquettaire se passe une redistribution et une réorganisation des filaments d’actine et des protéines du cytosquelette, le tout s’associant à la myosine afin de créer l’activité contractile nécessaire à la sécretion. [26]

Il est à noter aussi la présence de filaments intermédiaires de vimentine, structure dynamique jouant un rôle important dans la flexibilité de la cellule, mais aussi dans l’ancrage et le soutien de la position des différents organites au sein du cytoplasme. [26]