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La destruction périphérique des plaquettes

THROMBOPENIQUE IMMUNOLOGIQUE

1.1. La destruction périphérique des plaquettes

Elle résulte dans l’ensemble d’une réponse immunitaire inadaptée, et ce par le biais de plusieurs composants du système immunitaire. L’épitope le plus souvent incriminé dans cette destruction se localise soit sur le complexe GP IIb-IIIa ou sur le GP Ib-IX. Ainsi, ce dernier

peut être non seulement la cible d’anticorps dans la réponse humorale, mais aussi celle de lymphocytes T ou encore des cellules présentatrices d’antigènes telles que les macrophages.

1.1.1.Rôle de la réponse immunitaire humorale

Parmi les mécanismes incriminés dans le cadre du PTI, nous retrouvons la présence d’auto-anticorps antiplaquettes dirigés contre certains épitopes présents à la surface des thrombocytes, ce qui a été prouvé par Harrington et al. en 1951. [48]

Ces anticorps sont dirigés contre des antigènes principalement situés au niveau des complexes GP IIb-IIIa (récepteurs du fibrinogène) et plus rarement au niveau de GP Ib-IX ou GP Ia-IIa. Ces anticorps sont produits par des lymphocytes B (LB) ayant subi une mutation somatique sous l’influence des lymphocytes T (LT), notamment dans leur processus de maturation et de stimulation au niveau des organes lymphoïdes. [48]

Une fois l’auto-anticorps fixé sur la plaquette, la destruction de cette dernière se fera alors par différents mécanismes possibles : phagocytose par les macrophages spléniques, hépatiques ou médullaires, destruction par cytotoxicité dépendante des anticorps ou parfois même dépendante du complément. [48]

Par ailleurs, il est utile de préciser que cette interaction Ac-Ag n’altère pas beaucoup les fonctions des plaquettes et leur rôle dans l’hémostase primaire. Ceci est associé au fait que les plaquettes circulantes sont toujours jeunes et de plus gros volume, ainsi qu’à la présence d’un seuil de stimulation des granules α (permettant la libération des substances essentielles à l’hémostase primaire) plus bas que la normale. Il en résulte donc un risque hémorragique relativement faible par rapport aux chiffres parfois impressionnants de la thrombopénie. La connaissance de volet humorale de la physiopathologie est très importante dans le cadre de la thérapeutique car l’inhibition spécifique des LB par des Ac monoclonaux Anti-CD20 (Rituximab) permet d’observer chez plus de la moitié des patients une augmentation de leur numération plaquettaire.[48]

De plus, les lymphocytes B sont influencés par de nombreuses cytokines dans leur processus de maturation et de stimulation. Par ces dernières, on retrouve le BAFF ou B cell-Activating

Factor. Les taux sériques de ces derniers sont élevés au cours du PTI mais se normalisent

lorsque la pathologie est inactive ou régulée par des immunosuppresseurs. Actuellement, la recherche d’Ac anti-BAFF est en train d’ouvrir de nouveaux horizons thérapeutiques. [48]

Figure 17: Rôle de l’immunité humorale dans le PTI [49]

1.1.2.Les lymphocytes T

Les LT, plus principalement les LT CD4+ ou LT auxiliaires, seraient directement incriminés dans le PTI par un déséquilibre de la balance entre les populations de LT auxiliaires à réponse Th1 par rapport aux LT à réponse Th2. Le déséquilibre se fait en faveur des Th1, ce qui

s’accompagne d’une augmentation de la sécrétion d’interleukine 2 (IL-1) et d’interféron gamma (IF-γ) et la diminution de sécrétion d’IL-4. S’ajoutent à cela la stimulation de la voie anti-apoptotique des LT avec l’augmentation du taux intracellullaire de Bcl-2 (B-cell Lymphoma 2), une molécule anti-apoptotique, et la diminution du taux de la molécule

pro-apoptotique Bax (Bcl-2 associated X protein). Tous ces phénomènes favoriseraient

l’émergence et l’activation de la réponse auto-immunitaire. [48]

Cependant, d’autres mécanismes impliquant les LT peuvent être aussi responsables de cette réponse auto-immunitaire. En effet, les travaux d’Olsson et al. en 2003 suggèrent la présence de LT CD8+ pouvant directement détruire des plaquettes autologues dans le cadre du HLA.[48

1.1.3.Rôle des macrophages

La destruction des plaquettes après leur liaison aux anticorps se fait essentiellement par le biais des macrophages spléniques. Cependant, ces derniers joueraient un rôle plus important dans la chronicité du PTI car ils auraient un effet stimulant de la réponse immunitaire au cours de la pathologie. [48]

En effet, on observe une hyper-activation des cellules dendritiques (DC), des macrophages ainsi que des cellules présentatrices d’antigènes (CPA) au cours du PTI. Les macrophages participent à la diversification des épitopes et leur reconnaissance par le système immunitaire comme ceux du complexe GP IIb-IIIa. [48]

1.1.4.Déclenchement de la réaction auto-immune

Ce phénomène auto-immun ne possède pas de cause précise. Pour essayer de déterminer cette dernière, de nombreuses recherches se sont penchées sur les éléments déclencheurs du PTI. La théorie la plus vraisemblable reste cependant celle du mimétisme antigénique : certains éléments pathogènes ou étrangers au corps peuvent induire en erreur le système immunitaire à cause de la similarité entre leurs déterminants antigéniques et ceux des plaquettes. [48,50] Ainsi, le PTI peut être observé dans le cadre de certains syndromes ou pathologies impliquant l’immunité, qu’elles soient auto-immunes (le lupus érythémateux systémique par exemple) ou non (Syndrome d’Immunodéficience Humaine « SIDA », Hélicobacter Pylori, hépatites B ou C). [50]

Parfois, le PTI peut apparaître au décours d’une vaccination ou d’une prise médicamenteuse. Parmi les principaux médicaments incriminés, nous pouvons citer notamment l’héparine, la quinine et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’aspirine. Parfois, la cause du PTI reste inconnue et le lien direct entre un élément déclencheur et la pathologie reste très difficile à affirmer.