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ARCHITECTURALES DES MEDERSAS DU MAGHREB (XIII ème – XVIII ème

2. LECTURE CONFORMATIONNELLE RELATIVE AUX AMBIANCES LUMINEUSES DANS LES MEDERSAS DU MAGHREB

2.3. Medersa d’el- c eubbãd (Tlemcen)

Le vestibule de la medersa reçoit un éclairage latéral direct sur les deux côtés par la porte d’accès et la cour centrale, ce qui produit un contraste. A son tour, la cour centrale reçoit un éclairage zénithal direct. Grace aux différentes matières (zellige, plâtre etc.) et la polychromie du revêtement du sol, la lumière est réfléchie et diffusée en créant les deux

155 effets, clarté et radiosité. La galerie est éclairée latéralement et directement par la cour centrale dont elle est séparée par des grilles en bois. Ainsi, la lumière admise, réfléchie et filtrée donne un contraste et un dégradé.

Dans la salle de prière, la lumière est latéralement et directement admise par la porte d’accès et trois hautes baies en plâtre ajourée du mur en face de celui de la qibla.

Réflexion, diffusion et filtration sont les stratégies adoptées dans la salle de prière, générant ainsi une pénombre (Figure V.3). Les chambres du rez-de-chaussée reçoivent un éclairage latéral indirect provenant de la galerie à travers la porte d’accès et d'une fenêtre haute équipée d’une grille en bois. La réflexion de la lumière génère une pénombre dans les chambres. Quatre chambres à côté de la salle de prière s’éclairent uniquement par leurs portes d’accès qui donnent sur une petite courette à ciel ouvert. La lumière est admise et réfléchie, ce qui donne un contraste. Quant aux latrines, elles s’ouvrent sur une petite courette à ciel ouvert équipée d’un petit bassin pour les ablutions. Les latrines reçoivent un éclairage latéral direct par les portes d’accès et des hautes fenêtres s’ouvrant sur la courette. A l’étage, les chambres s’éclairent directement et latéralement par leurs portes et leurs fenêtres qui donnent sur un passage ouvert entourant la cour centrale. Les stratégies adoptées sont la réflexion, la diffusion et la redirection, un tout produisant les deux effets de contraste et dégradé.

Figure V.3 : Vues des environnements lumineux de quelques lieux de la medersa d’el-ceubbãd ; la salle de prière en à gauche et en haut à droite, la cour centrale en bas à droite.

156 2.4. Medersa el-Slimãniya (Tunis)

La medersa el-Slimãniya est caractérisée par un plan simple, elle contient un seul étage.

Son vestibule est éclairé latéralement et directement par la porte d’accès et indirectement par la cour centrale. La stratégie adoptée est la réflexion qui donne à son tour un dégradé.

La cour centrale reçoit un éclairage direct, une grande réflexion de la lumière par les surfaces en plâtre lisses et les colonnes en marbre. Deux effets lumineux y sont produits ; la clarté et la radiosité. Pour ce qui est de la salle de prière, plusieurs dispositifs sont mis en place. Trois portes d’accès assurant un éclairage latéral direct, deux fenêtres encadrées équipées d’une grille en fer forgé donnant sur l’extérieur, huit petits percements pourvus de claustra au niveau de la coupole et une fenêtre haute sur le mur du mihrab. La réflexion, la diffusion et le filtrage sont les stratégies adoptées et qui sont l’origine de deux effets lumineux le contraste et le dégradé.

Dans les trois autres côtés de la medersa, on y trouve les chambres des étudiants. Les chambres sont éclairées latéralement et directement par deux fenêtres équipées de grille en fer forgé : la premières est une fenêtre haute au-dessus de la porte tandis que la deuxième est une fenêtre basse dans le côté gauche de la porte. Les chambres du troisième côté, sont dotés d’une seule fenêtre basse. La pénombre est l’effet lumineux régnant dans les chambres (Figure V.4).

Figure V.4 : Vues des environnements lumineux de quelques lieux de la medersa el-Slimãniya; la cour centrale en haut à gauche, la salle de prière en bas à gauche, la chambre dotée de deux fenêtres (hautes et basses) à droite.

157 2.5. Inventaire des dispositifs d’éclairages utilisés dans les medersas du Maghreb Afin d’offrir des ambiances lumineuses variées, les concepteurs des medersas faisant appel à différents procédés d’éclairage naturel. Chaque espace possède un ou plusieurs dispositifs selon la fonction exercée. La qualité des ambiances lumineuses des medersas maghrébines est le résultat d’une mise en place d’une multitude de dispositifs et qui sont soigneusement choisis en vue d’avoir une bonne gestion de lumière naturelle au sein de tous les espaces composant la medersa.

2.5.1. Les portes d’accès

Les portes d’accès sont parmi les dispositifs d’éclairage majeurs dans les medersas (Figure V.5). Elles laissent pénétrer la lumière naturelle dans l’espace à travers la paroi. La pénétration de la lumière se fait latéralement et directement, ce qui génère un éclairage en profondeur. Pour les salles de prières, le nombre des portes d’accès dépend de leur surface.

En outre, les portes d’accès prennent deux positions. La première se situe sur le mur de la galerie qui assure la protection. La deuxième quant à elle, se positionne sur les murs de la cours dépourvue de galeries. En outre, les portes d’accès prennent plusieurs formes, les portes avec un ou deux vantaux, les arcades, les portes dotées d’une ou deux petites fenêtres superposées et les portes en bois ajourées. Ces dernières sont des grilles à jour qui laissent pénétrer la lumière aux vestibules.

Figure V.5 : les différentes portes utilisées dans les medersas du Maghreb : une porte d’une chambre avec deux petits percements superposés (à gauche), la porte d’accès d’une salle de prière sous forme d’arcade (au milieu) et une porte en

bois ajourées (à droite).

2.5.2. Les fenêtres

Les nombreuses fenêtres utilisées dans les medersas, changent de forme et d’emplacement selon la vocation de chaque espace (Figure V.6). Quand elles donnent sur la cour, leurs dimensions s’élargissent. Par contre, quand elles s’ouvrent sur l’extérieur, elles

158 s’apparentent de petites dimensions rectangulaires ou arquées. Par contre, les fenêtres s’ouvrant sur la cour centrale sont généralement équipées d’une grille en bois ajourée pour filtrer la lumière. Tandis que les fenêtres donnant sur l’extérieur sont équipées d’une grille en fer forgé. Vu la grande épaisseur des murs extérieurs, les embrassures des fenêtres sont évasées afin d’augmenter la quantité de lumière passée par l’ouverture. Les fenêtres qui s’ouvrent sur la cour centrale sont basses afin de donner une vue sur la cour. En revanche, les fenêtres qui s’ouvrent sur les couloirs ou l’extérieur sont hautes et étroites afin de donner une répartition uniforme et un bon éclairage au fond de l’espace. Pour ce qui est des salles de prière, elles s’éclairent par des hautes baies en plâtre ajouré.

Figure V.6 : Les fenêtres pratiquées dans les medersas du Maghreb.

2.5.3. Les cours

La cour est un autre dispositif d’éclairage imprégnant dans les medersas maghrébines. Ce grand dispensateur de lumière offre un éclairage naturel direct et indirect, latéral et zénithal aux différents espaces qui l’entourent. Sa forme et son emplacement varie selon la configuration de la medersa (Figure V.7). En plus, sa configuration en forme de cuvette génère une sorte de microclimat. En effet, dans l’une de plus grandes medersas maghrébines celle de Ben Youssef à Marrakech, on y trouve une grande cour centrale et d’autres courettes entourées par les chambres d’étudiants. Par ailleurs, la medersa d’Abù el-Hassane de Salé possède une cour centrale et une courette latérale. Ce dispositif capte la lumière puis la redirige vers l’intérieur. Quand il est au centre de la medersa, il assure la

159 diffusion et la réflexion de la lumière vers les espaces qui l’entourent. Or, son orientation, sa surface et ses matériaux (de sol et des murs) affectent l’environnement lumineux.

Généralement, les cours des medersas sont des espaces libres dépourvus de la végétation, à part la medersa d’el-Nakhla qui contient un palmier au centre de sa cour. Par ailleurs, la galerie ayant un rôle indispensable dans la régulation de la lumière naturelle dont elle assure la diffusion de la lumière vers les espaces entourant la cour (Belakehal, 2004). En été lorsque le soleil est au zénith, les colonnes projettent une ombre profonde, ce qui protège les espaces intermédiaires de la cour des rayons solaires directes.

Figure V.7 : Les cours et les courettes dans les medersas du Maghreb

2.5.4. La coupole

Les coupoles dotées de percements sont l’un des dispositifs d’éclairage naturel dans les medersas tunisiennes (Figure V.8). Elles sont installées dans les salles de prières au-dessus du mihrab. Aussi, les percements sont équipés de claustras qui permettent le filtrage de la lumière naturelle et ils assurent un éclairage zénithal. De plus, la partie intérieure des coupoles est enduise en plâtre ciselé en vue de permettre la diffusion de la lumière naturelle venant des petites hautes baies.

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Figure V.8 : Une couple dotée de percements

2.5.5. Les surfaces réceptives enduisant les murs et les sols

La composition matérielle des murs mise en place dans les medersas du Maghreb n’est pas le fait du hasard, elle sert de dispositif d’éclairage naturel et de générateur de qualité visuelle. Entre lisse et rugueuses, claires et foncées, les surfaces revêtant les murs et les sols participent fortement dans la gestion de la lumière naturelle dans la medersa. Une utilisation consciencieuse de la matière, dont chaque lieu est revêtu selon sa vocation et les activités y exercées. Afin de favoriser l’éclairage naturel par réflexion, l’on fait appel aux surfaces lisses et multicolores (Plâtre et zellige), alors que pour diminuer l’intensité lumineuse, l’on privilégie les matières foncées et rugueuses pour plus d’ombre (Figure V.9).

Figure V.9 : La composition matérielle des murs de la cour centrale

161 2.6. Les stratégies d’éclairage naturel adoptées

Filtrée, diffusée, redirigée, réfléchie, la lumière est parfaitement gérée en vue de donner aux espaces des ambiances lumineuses relatives à leur usage (transition, isolement, recueillement etc.). La lumière naturelle pénètre directement et/ou indirectement à l’édifice par les différents percements mis en place, indirectement par la réflexion et la diffusion qui permettent la redirection de la lumière naturelle. Le filtrage, quant à lui, est assuré par les écrans poreux à savoir ; les grilles en bois au niveau de la galerie et les hautes baies pourvues de claustras dans les salles de prière. Un autre moyen adopté est l’emplacement des surfaces murales. En effet, la forte réflexion de la lumière sur les surfaces lisses et claires améliore parfaitement l’intensité lumineuse de l’espace. Tandis que, les surfaces rugueuses et lisses ont pour but de la diminuer en créant de l’ombre par diffusion.