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B. Anatomie et physiologie de l’appareil génital du verrat

2. L’épididyme et la maturation et le stockage des spermatozoïdes

2.3 La maturation des spermatozoïdes

La maturation est l’ensemble des modifications morphologiques et physiologiques subies par les spermatozoïdes au cours de leur passage dans l’épididyme, modifications qui leur permettent d’acquérir la mobilité et le pouvoir fécondant. Ces modifications sont morphologiques avec la migration de la gouttelette cytoplasmique proximale et la condensation de la chromatine stabilisée par l’augmentation des ponts disulfures. Elles sont également métaboliques avec une diminution des synthèses lipidiques, une augmentation du métabolisme oxydatif et glycolytique et une accumulation de carnitine transformée en acétylcarnitine, substrat énergétique pour les spermatozoïdes (31).

2.3.1. les changements morphologiques

A la sortie du testicule, le spermatozoïde a une forme pratiquement définitive. Cependant, il présente chez le verrat ainsi que chez d’autres espèces, un résidu cytoplasmique placé au pôle basal du noyau et appelé gouttelette cytoplasmique. Lors du transit dans la tête de l ‘épididyme, cette structure migre jusqu’à la pièce intermédiaire, cette migration est très rapide et se produit dans une région épididymaire précise (figure 20. 1). Elle se détache souvent du spermatozoïde lors de l’éjaculation (33), ce phénomène est appelé spermiation.

2.3.2. l'acquisition de la mobilité

A la sortie du testicule le spermatozoïde présente des mouvements lents d’oscillation du flagelle. Chez le verrat, DACHEUX et PAQUIGNON (32) ont montré que les spermatozoïdes épididymaires observés directement dans leur milieu d’origine sont très peu mobiles mais que ces même spermatozoïdes, plongés dans un milieu salin, sont de plus en plus mobiles au cours du transit épididymaire (figure 20. 2).

Le type de mobilité évolue avec la position épididymaire (31) (figure 19): - dans la partie antérieure de la tête, les spermatozoïdes sont immobiles

- dans la partie distale de la tête, ils présentent une grande courbure statique avec quelques oscillations à l’extrémité du flagelle sans déplacement

- dans le corps ils présentent des mouvements transitoires selon une grande courbure, donc une distribution asymétrique des ondes entraînant des mouvements inefficaces

- dans la queue ils produisent un mouvement mature avec une distribution symétrique des ondes de part et d’autre du flagelle permettant une trajectoire rectiligne (ce qu’on appelle « mobilité progressive » ou « fléchante »)

Figure 19 : Evolution de la trajectoire de déplacement des spermatozoïdes selon les zones épididymaires (DACHEUX et PAQUIGNON, 1980)

Ainsi l’apparition de la mobilité progressive est en rapport avec l’efficacité du battement flagellaire et en particulier avec sa fréquence qui s’accroît au cours du transit épididymaire.

2.3.3. l'apparition du pouvoir fécondant

Au cours du transit épididymaire, des modifications de la membrane des spermatozoïdes se produisent et leur confèrent la capacité de féconder le gamète femelle (figure 21. 3 et 4). Les changements de propriétés de la membrane et les modifications des protéines de surface

constituent les principales modifications membranaires observées lors du transit épididymaire.

L’apparition sur les gamètes mâles de sites de liaison de spermatozoïdes entre eux entraîne une agglutination potentielle des gamètes , maximale dans le corps de l’épididyme. Chez le verrat (comme chez le bélier et le taureau) les spermatozoïdes sont agglutinés seulement in

vitro après dilution mais pas in vivo grâce à une protéine spécifique, l’anti-agglutinine, qui

masque les sites de liaison. Chez les cobayes et les marsupiaux, les spermatozoïdes sont agglutinés dans l’épididyme et ne se séparent que lors de l’éjaculation et, chez l’Homme et l’étalon, ils ne sont pas du tout agglutinés du fait de la forme conique de la tête des spermatozoïdes (31).

Des récepteurs à la zone pellucide et à la membrane plasmique de l’ovocyte apparaissent aussi à la surface des spermatozoïdes, qui vont permettre la reconnaissance ovocytaire (figure 20.3) ; les nombreux travaux n’ont pas permis d’aboutir à un consensus sur leur identification.

Figure 20 : Profil de maturation des spermatozoïdes de verrat au cours du transit épididymaire (DACHEUX et PAQUIGNON, 1980)

1=présence de spermatozoïdes avec gouttelettes en position proximale 2=pourcentage de spermatozoïdes mobiles

3=aptitude des spermatozoïdes à se fixer sur un ovocyte dépellucidé 4=pourcentage des ovocytes complètement recouverts de spermatozoïdes 5=taux d’agglutination entre spermatozoïdes après incubation en milieu salin L’analyse biochimique globale des protéines de surface de la membrane des spermatozoïdes révèle trois phases importantes dans la maturation des gamètes mâles :

- une première phase de disparition des protéines testiculaires (de haut poids moléculaire) dans les premières régions épididymaires

- une phase de transition avec apparition de protéines dans le corps amenées à disparaître dans la queue

- une troisième phase avec apparition de protéines de faible poids moléculaire et fortement sialylées, caractéristiques du spermatozoïdes fécondant, dans la queue de l’épididyme Certaines protéines apparaissent sur le spermatozoïde testiculaire sous forme de précurseurs inactifs et subissent au cours de leur passage dans l’épididyme une maturation biochimique déclenchée par déglycosylation et/ou clivage protéique.

La membrane du spermatozoïde présente une structure classique de bicouche phospholipidique dans laquelle sont insérées des protéines. Cependant le spermatozoïde est une cellule polarisée et les protéines ne sont pas distribuées de façon homogène. On peut distinguer cinq régions spécialisées ou domaines sur un spermatozoïde mature :

- la région antérieure ou acrosome, impliquée dans l’adhésion à la zone pellucide

- le segment équatorial et la région post-acrosomique, impliquées dans la fusion à la membrane ovocytaire

- la pièce intermédiaire et la pièce principale, assurant la mobilité.

Les domaines commencent à apparaître dans le testicule et se mettent progressivement en place lors de la spermiogenèse mais ceux apparaissant tardivement dans le testicule sont modifiés au cours du transit épididymaire.

Conclusion :

La maturation des gamètes dans l’épididyme est une phase décisive dans l’acquisition du pouvoir fécondant, elle conditionne la fertilité du verrat. Il est donc possible d’estimer l’état de fonctionnement de l’épididyme grâce à des indices de maturation du gamète utilisés en routine pour apprécier la qualité de semence tels que la position de la gouttelette cytoplasmique ou encore le pourcentage de gamètes mobiles et progressifs (33).