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D. Application de l’Insémination Artificielle dans l’espèce porcine

1. Intérêts, principes et objectifs de l’étude

Afin d’objectiver le constat à l’origine de notre étude, à savoir que la qualité de semence est à l’origine d’un grand nombre de réformes, on a choisi de travailler sur les données de Gènes Diffusion plutôt que de l’U.E.I.C.P., qui est un centre de production et d’expérimentation à la fois. On s’est penché sur les fichiers recensant les données de carrière des verrats pour les années 2000 et 2001 et sur la répartition des différentes causes de réforme dans la population des verrats réformés. Selon D’ALLAIRE et al. (1990), l’analyse de la réforme des verrats passe d’abord par la détermination du taux annuel de réforme toutes causes confondues puis par la détermination pour chaque cause de deux taux : le taux proportionnel, qui est le pourcentage de réformes attribuable à une cause spécifique, et le Annual Culling Rate (A.C.R.) spécifique, qui mesure la probabilité annuelle qu’un verrat soit réformé pour une cause spécifique (39).

En sachant que l’ensemble des centres Gènes Diffusion offre 1710 places avec un taux d’occupation proche de 90% et que les réformes (hors quarantaine) concernaient 1037 verrats en l’an 2000 et 1129 verrats en 2001, le taux de réforme est de 67.4% pour l’année 2000 et de 73.4% pour l’année 2001. Ainsi, plus de deux tiers des verrats sont réformés au cours d’une année dans les centres Gènes Diffusion ; ce constat n’est pas surprenant puisque le taux de réforme global peut aller jusqu’à 100% dans certains centres.

Figure 27 : Répartition des causes de réforme dans l’effectif des verrats réformés de Gènes Diffusion en 2000 et 2001 – taux proportionnels - hors réformes en quarantaine

(source Gènes Diffusion)

32% 2% 9% 19% 27% 4% 7% qualité de semence maladie boîteries mortalités âge avancé génétique divers

L’analyse des taux proportionnels confirme que la principale cause de réforme des verrats de CIA est bien la baisse de qualité de semence. D’autre part l’A.C.R. spécifique est de 20% pour la qualité de semence en 2000 (337 verrats réformés pour qualité de semence sur 1710 verrats présents) et de 24% en 2001 (398 verrats réformés pour qualité de semence sur 1710 verrats présents). Ces taux signifient qu’un verrat réformé en 2000 avait une chance sur 5 de l’être pour baisse de qualité de semence et une chance sur 4 en 2001. Ceci montre l’importance de ce problème et son extension ; la réforme pour qualité de semence constitue donc une préoccupation légitime en CIA et justifie la réalisation d’une étude expérimentale dans un domaine peu exploré auparavant.

Bien que quelques auteurs se soient penchés sur les causes de réforme des verrats dans les élevages de production dans les années 80 (LE DENMAT et RUNAVOT, 1980 ; D’ALLAIRE, LEMAN et DROLET, 1992), le stade de développement de l’I.A. ne justifiait pas à cette époque des recherches dans cette voie pour les verrats de CIA (40)(80). Mais à l’heure actuelle, en relation avec l’évolution du marché de l’I.A., la recherche de la productivité est un impératif en CIA et il semble intéressant de se pencher sur la principale cause de réforme des verrats, qui peut sanctionner des carrières plus ou moins rentabilisées et qui constitue donc un facteur important de diminution de la rentabilité du centre.

L’idée est donc de réaliser une étude préliminaire comparative sur deux groupes de verrats réformés provenant de la SEIA de Rouillé, les uns pour mauvaise qualité de semence, les autres verrats pour une raison autre (problèmes locomoteurs, âge trop avancé …) ; le but étant de mettre en évidence d’éventuelles différences entre les deux groupes de verrats, tant au niveau des profils de carrière et de production qu’au niveau anatomie et histologie du tractus génital, qui constitueront des pistes d’investigation pour des travaux plus approfondis.

1.2. Travail initiateur de l’étude

Ce travail de thèse vétérinaire a été inspiré par une étude réalisée sur 11 verrats réformés pour baisse de qualité de semence sur 2 ans (98-99) par M. Guillouet, directeur de l’Unité Expérimentale en Insémination Caprine et Porcine de l’I.N.R.A. de Rouillé et Me Hochereaux De Reviers, chercheur à l’I.N.R.A. de Tours. Il est donc intéressant de se pencher sur la méthodologie utilisée et les résultats obtenus. Ces verrats, de races différentes (5 Piétrain, 2 LWH, 2 croisés LWP, 1 LW et 1LD), étaient tous des verrats dits « en panne », c’est-à-dire réformés pour baisse de qualité de semence, motivée par baisse du % de spz mobiles (<75%) depuis 3 collectes successives.

Les résultats ont montré que tous les tractus présentaient une ou plusieurs lésions macroscopiques, avec présence d’un liquide semblable à de la lymphe entre les testicules et la capsule testiculaire ainsi qu'une dilatation des vaisseaux lymphatiques du cordon spermatique (7 verrats sur 11) ; de plus, sur 1 tractus des poches de lymphe symétriques entre le T et la tête de l'épididyme ont été observées. Des lésions épididymaires ont été observées sur plus de la moitié des tractus (un abcès, une queue indurée, des œdèmes). Des atteintes des glandes annexes ont été observées : une hypertrophie de la prostate sur 4 tractus, en association à d'autres lésions; ainsi qu'une atrophie d'une vésicule séminale sur 1 tractus et une modification du contenu des glandes bulbo-urétrales sur un autre tractus. Des infections urinaires sont probables sur 3 tractus (urine troublée par du pus ou des particules en suspension).

Ce travail n’a pu être valorisé par une publication du fait de l’absence de cadre expérimental strict et complet, cependant il a permis de mettre en évidence la présence de lésions sur les tractus de verrats « en panne » et a ainsi justifié la mise en route d’un travail de thèse vétérinaire sur le sujet avec l’élaboration d’un protocole expérimental complet s’inspirant des techniques mises en œuvre dans l’étude préliminaire.

1.3. Principes et objectifs de l’étude

Le principe de l’étude expérimentale est la comparaison de deux lots de verrats de CIA réformés :

- un lot témoin constitué de verrats réformés pour des causes diverses, autres que la qualité de semence

- un lot expérimental de verrats réformés pour baisse de qualité de semence en cours de carrière.

Cette étude ne concerne que des verrats ayant eu une carrière, c’est-à-dire ayant produit des doses qui ont été commercialisées. Elle exclut donc les verrats réformés en quarantaine ou à l’entrée en CIA.

La comparaison entre ces deux lots est faite selon trois niveaux d’approche, qui sont : - les profils de carrière des verrats (données de production)

- l’analyse approfondie de la qualité de semence

- l’examen anatomo-histo-pathologique des tractus génitaux

Le principe de l’expérimentation et les trois niveaux d’approche doivent permettre de réaliser les objectifs suivants:

- l’analyse approfondie de la semence de verrats réformés pour cause de baisse de la mobilité des spermatozoïdes, afin de tenter de préciser l’origine de la baisse du taux de spermatozoïdes mobiles

- l’étude morphologique comparative des tractus génitaux des deux groupes de verrats d’un point de vue anatomique et histologique

- l’identification d’hypothèses pouvant expliquer la baisse de qualité séminale , à savoir soit un problème d’infection uro-génitale, soit un problème de maturation épididymaire,

soit un problème de dégénérescence testiculaire.

Il ne s’agit donc que d’une étude préliminaire dont le but n’est pas de chercher l’explication au défaut de semence à l’origine de la réforme des verrats mais seulement de rechercher une direction pour des recherches ultérieures, les différences morphologiques ou histologiques constatées entre les deux groupes de verrats constituant autant de pistes à explorer.

L’étude a été réalisée dans deux centres de production de semence, l’un privé, le centre Gènes Diffusion de Niort et l’autre public, le centre porcin de l’Unité Expérimentale d’Insémination Caprine et Porcine, qui tous deux commercialisent des doses dans la France entière. La réalisation d’une étude expérimentale en centre de production est aussi édifiante que difficile à mettre en place puisqu’il faut concevoir le protocole expérimental en respectant les impératifs de la production commerciale de semence. Ainsi il semblait difficile d’effectuer la comparaison aux trois niveaux sur les deux lots de verrats de façon stricte

puisque l’analyse approfondie de la semence prévue sur trois semaines avec une collecte par semaine risquait de ne pas être systématiquement réalisable sur les verrats du lot témoin, parmi lesquels on risquait d’avoir des verrats réformés pour problèmes locomoteurs, sur lesquels il était impossible d’effectuer des collectes de semence ou encore pour accident, que l’on n’aurait pas pu décemment garder trois semaines avant de les abattre. La solution choisie pour résoudre ce problème est de réaliser la comparaison stricte entre les deux lots seulement pour l’étude morphologique des tractus génitaux et de comparer la semence des verrats du lot expérimental avec la semence de verrats de la même race et du même âge produisant des doses commercialisables et collectés le même jour. Il y a donc deux types de témoins dans cette étude, les témoins pour la semence qui ne sont pas abattus et poursuivent leur carrière et les témoins pour les tractus génitaux qui ne sont pas concernés par l’analyse de la qualité de semence mais sont simplement abattus.

2. Choix des animaux et collecte des données